Reservoir Dogs
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 Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle nous les brise /Jude (Intrigue)

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Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle nous les brise /Jude (Intrigue) Vide
MessageSujet: Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle nous les brise /Jude (Intrigue)   Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle nous les brise /Jude (Intrigue) Icon_minitimeMar 2 Juin - 12:14

Pour un employé moyen du Laudanum Circus, l’heure du lever se situait vers les onze heures et demi, plus souvent carrément midi. Ce n’était pas spécialement un signe de flemme généralisé et de laisser-aller du corps salarial, c’était simplement que les représentations du cirque empiétaient largement sur la nuit (le public visé par Jude n’était pas précisément des enfants qui devaient se coucher tôt), et il fallait bien dormir à un moment ou à un autre. C’était une des raisons pour Malachite adorait les matinées, et qu’il se réveillait tous les jours suffisamment tôt pour aller regarder le soleil qui se levait. (Une autre des raisons étant son insomnie chronique, allez dormir quand votre mère vous hurle dessus dans vos souvenirs, vous ; on fait ce qu’on peut dans la vie, pas ce qu’on veut.) Bref, en ce samedi matin après avoir dormi deux pauvres heures, le cracheur de feu s’était levé avec l’air et les mouvements d’un zombie fraîchement déterré. Il s’était battu une dizaine de minutes avec un de ses plaids en polaire qui ne voulait pas le lâcher, avait (difficilement) retrouvé ses vêtements, et les avait enfilé mécaniquement. Ensuite, il s’était emparé d’un paquet de tabac à rouler et de papier à cigarette, et s’était confectionné mécaniquement une dizaine de clopes en se faisant la réflexion que ça ne lui ferait même pas une heure, et qu’il fallait vraiment qu’il foute la main sur un paquet de blondes. Il était ensuite sorti, laissant la porte de sa roulotte se refermer toute seule derrière lui, coinçant une des roulées entre ses lèvres avant de l’allumer, regardant autour de lui en se demandant où aller. Il traversait donc le cirque endormi sans paraître se soucier de la température très basse ; aujourd’hui la météo avait programmé du vent froid, du brouillard glacial et des plaques d’eau gelée au sol. Le cracheur de feu commença à remarquer qu’il y avait quelque chose de louche dans le cirque quand il passa à côté des cages des singes (lesquels ne servaient à rien durant la représentation, personne n’avait jamais été foutu de les dresser correctement), et fronça des sourcils en regardant autour de lui.
Il n’avait aucun doute sur le fait que leurs primates étaient désespérément cons, mais il n’était absolument pas dans leurs habitudes de s’agiter autant aussi longtemps. Depuis le temps qu’ils étaient là, ils avaient bien compris que personne n’avait ni l’envie ni la compétence pour les sortir de leur cage bien trop petite pour eux, et s’étaient résignés à leur sort, devenant apathiques au fil du temps. Mais ce matin, ils étaient littéralement en train de péter un câble, montrant les dents à Malachite en hurlant, accrochés aux barreaux de leur cage. Les ignorant royalement (déjà qu’il ne voyait pas l’intérêt de communiquer avec les humains la plupart du temps, Mala n’était pas du tout du genre à parler aux animaux), le cracheur de feu fit quelques pas parmi les cages, tirant sur sa cigarette, cherchant la cause de l’agitation des primates les plus cons de l’univers. Malgré l’odeur forte du tabac blond, il ressentit parfaitement une puanteur métallique qui n’était pas sans lui rappeler certains excellents souvenirs familiaux. En l’occurrence, son père éventré par la tarée qui avait été sa mère. Ses sourcils se froncèrent un peu plus, et il s’avança encore en cherchant l’origine du problème. Il se figea en apercevant les deux tigres en liberté, l’un couché au sol et l’autre debout à côté, semblant monter la garde.

« C’quoi c’bordel » râla le brun dégingandé entre ses dents, regardant les fauves avec une expression lourde d’accusation dans les yeux, comme si tout était de leur faute.

Il était bien trop tôt pour que les journaux soient déjà sortis ; et quand bien même ils l’auraient été, avec les gros titres correspondant à des attaques de tigres dans la ville pendant la nuit, Malachite n’aurait jamais été au courant. C’était pas le genre à lire les journaux. Les tigres avaient sans doute zoné non loin du cirque toute la nuit, puis s’étaient rapprochés de leur cage sans y rentrer, par habitude sédentaire bien ancrée dans leurs petites têtes vides de félins. Le cracheur de feu tira rageusement sur sa clope, une dernière fois, avant de s’approcher des deux énormes fauves, pas impressionné le moins du monde, bien déterminé à les refoutre en cage dans les cinq minutes.

« Allez casse-toi, toi » marmonna-t-il en foutant un coup de pied au cul à l’un des tigres, qui baissa les oreilles dans une grimace agressive, avant de partir d’un pas bonhomme vers sa cage.

Le cracheur de feu réitéra l’opération avec l’autre félin, qui bondit souplement dans la cage, pas vraiment conscient que d’un seul coup de patte, ils pouvaient le blesser très sérieusement. C’était pas comme si ça l’intéressait vraiment, en plus. Il referma la cage, foudroyant du regard les deux fauves comme si tout était de leur faute, et tourna sur ses talons avec l’intention de s’allumer une autre cigarette … Quand il le vit. Il n’avait d’abord vu que les fauves en liberté, parce qu’un bout de cage cachait à ses yeux le cadavre à moitié dévoré de ce qui était manifestement (enfin avait été) un homme. Il étrécit les yeux, le fixant avec une expression plutôt creuse, et s’alluma posément sa seconde cigarette de la journée, réfléchissant à ce qu’il était censé faire maintenant. L’envie d’aller réveiller la femme à barbe pour lui montrer le cadavre fit un chemin dans son petit esprit tordu, mais il y renonça lorsque l’image de Jude s’imposa. L’image de Jude ET la colère qu’il ne manquerait pas d’éprouver lorsqu’il saurait qu’on avait retrouvé un cadavre dans SON cirque.
Pour être honnête, c’était pas forcément inhabituel, nombre des employés du cirque étaient aussi des truands avérés, et puis bon … Jude ne prenait pas forcément la peine de maîtriser sa force. N’empêche qu’on avait pas le droit de tuer sans l’accord du chef suprême du cirque. Et que les animaux n’avaient SURTOUT pas le droit de tuer. Il pinça les lèvres, passa la main à travers les barreaux pour foutre une grande claque sur le museau d’un tigre, et tourna les talons en grinçant :

« Connards de tigres de merde. »

Il marcha lentement vers la roulotte de Jude, n’ayant pas vraiment la motivation d’aller lui raconter ce qu’il avait trouvé près de la cage des tigres. Tout autre salarié du cirque aurait couru à toutes jambes réveiller Jude, et tant pis pour les claques qui ne manqueraient pas de tomber, mais Malachite, lui, préférait prendre son temps et heureusement qu’il n’avait pas pensé à laisser faire le sale boulot à quelqu’un d’autre, sinon il l’aurait fait sans aucune hésitation. Il traîna des pieds jusqu’à la roulotte de son patron, épaules écroulées, et prit la peine de frapper à la porte avant d’entrer, dans l’espoir que ça le réveillerait ; peine perdue, Jude était profondément endormi, et ne paraissait pas vouloir se réveiller avant un bon moment … Pourtant il faudrait bien. Mala se déplaça souplement, venant secouer l’épaule de son patron :

« Y’a les tigres qui ont bouffé un mec. Debout ! Debouuuuut ! MERDE RÉVEILLE-TOI ! »

Malachite en réveil, super classe quoi.
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MessageSujet: Re: Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle nous les brise /Jude (Intrigue)   Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle nous les brise /Jude (Intrigue) Icon_minitimeMer 3 Juin - 2:53

Jude avait encore passé la nuit à boire. Comme d’habitude dira-t-on, mais c’était comme ça qu’il fêtait les représentations. Dix spectateurs, un verre, vingt, deux verres, trente… Je vous laisse calculer la quantité d’alcool que Jude devait ingérer chaque soir. Mais comme il disait souvent, il n’y a pas de mal à se faire plaisir. La veille, ils n’avaient pas spécialement fait salle pleine, et le directeur en était plutôt resté sur sa soif. Son spectacle attirait toujours, les gens adoraient baver devant des êtres diminués ou du moins pas aidés par la nature, mais il avait quand même connu meilleures soirées. Des jours où les gens se battaient à l’entrée pour avoir une place… Et les plus grosses cuites de sa vie aussi. Jude avait donc fini sa soirée dans sa roulotte, tranquillement installé devant une bouteille de whisky, le regard perdu dans le vide, la main pendante, et l’esprit résolument absent. En fait, il réfléchissait à ce qu’il pourrait apporter de plus à son cirque pour attirer plus de monde. C’est pas que les gens finissent par se lasser… mais si. Au moins, du temps d’Eliezer, ils avaient tout le temps de nouvelles recrues, ils pouvaient varier, et surtout changer quand certains employés faisaient des overdoses, mais maintenant que son adjoint n’était plus… Le directeur n’avait pas le temps de vadrouiller à travers le monde à la recherche de phénomènes humains, tout simplement parce qu’il avait un cirque à gérer, et ce même si Malachite pensait qu’il ne servait à rien. Et puis il avait son propre numéro aussi. Jude avait placé sa main sur son ventre d’un air las.
Il avait fini par s’endormir quelques heures plus tard, alors que le soleil était déjà haut dans le ciel, en jurant entre ses dents qu’Eliezer avait été un beau connard de l’abandonner comme ça. La bouteille avait fini par rouler au sol, se vidant consciencieusement sur le plancher et Jude avait plongé dans le sommeil profond et sans rêves que lui procurait l’alcool. Et évidemment, il n’entendit pas Malachite frapper deux fois à sa porte.
Si jamais on lui avait dit qu’un jour son cracheur de feu indocile frapperait à sa porte avant d’entrer comme un être civilisé, Jude aurait enfilé une bure pour se convertir à n’importe quelle religion et remercier le seigneur pour ce cadeau du ciel. Il en aurait même arrêté l’alcool. Dommage pour lui, l’alcool faisait son effet de somnifère, Jude ne tressaillit même pas quand Mala cogna son poing contre le bois, tout comme il ne l’entendit pas plus pénétrer dans la pièce. Là où par contre il commença à bouger, ce fut quand le gamin se mit à lui secouer l’épaule. Jude grogna quelques secondes, roulant violemment vers l’autre côté du matelas, et il soupira de soulagement en ne sentant plus les vibrations dans son épaule. Peine perdue, l’emmerdeur se mit à parler. Jude ouvrit les yeux.

« Hein ? »

Petit instant d’adaptation, et Jude referma les yeux. Avant de se redresser d’un grand bond. Malachite au pied de son « lit ». Oh mon dieu.

« QUOI ?! »

Trois minutes plus tard, Jude se tenait en compagnie de Malachite devant la cadavre, vêtu d’un simple boxer, tapotant le sol de son pied, légèrement agacé. Là en fait il était même profondément agacé. En colère. Quel était le crétin qui avait laissé la cage aux tigres OUVERTE ? Et que faisait ce connard de mec en pleine nuit dans son cirque ?!


« Ne me dis pas que c’était un spectateur. »


Et la première baffe vola, direction l’épaule de Malachite. Jude n’était pas fâché contre le cracheur de feu, mais il manifestait sa colère comme il le pouvait. A savoir en cognant. Il se rendit compte toutefois que cogner le gamin n’était pas une brillante idée, surtout quand on connaissait ledit gamin, et le directeur s’éloigna en direction d’un tas de ferraille pour y donner une vague de coups de pieds. Par série de dix (si c’est très important). Lorsqu’il eut atteint la centaine, Jude fit volte face et s'avança vers Mala, ruminant, tremblant de tout son corps tant il se contrôlait.

« MAIS QUEL EST LE CONNARD QUI A FAIT CA ?! JE VEUX QU’ON ME L’APPORTE TOUT DE SUITE ET PLUS VITE QUE CA ! ET VIVANT OUI VIVANT, JE ME FERAIS UN PLAISIR DE LUI BOUFFER SA LANGUE AVANT DE LE PENDRE PAR LES COUILLES ! »


Classe. Evidemment Malachite serait incapable de lui donner une réponse valable, et Jude se pencha en avant (pile au dessus du cadavre) pour se mettre à respirer à toute vitesse. L’odeur du sang lui venait par vague, de manière désagréable et le directeur fronça les sourcils avant de balancer son pied droit dans le flanc du mort. Au point où il en était hein.

« Une clope s’il te plait. On en fait quoi de ce con ? On le file en petit déjeuner aux tigres pour qu’ils le finissent ? OH ET PUIS MERDE ! »

La conclusion était simple : la journée commençait foutrement mal.
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MessageSujet: Re: Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle nous les brise /Jude (Intrigue)   Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle nous les brise /Jude (Intrigue) Icon_minitimeMer 3 Juin - 23:57

La raison pour laquelle Malachite n’avait pas spécialement envie d’aller réveiller Jude pour le prévenir qu’il y avait un cadavre à moitié dévoré tout ça à cause des tigres était évidente. « Le messager en prend toujours plein la gueule », le concept est pas très dur à saisir, et le cerveau de Malachite pourtant peu opérationnel avait très bien imprimé le truc. Il grimaça agressivement quand la main de Jude percuta son épaule, qui n’avait absolument rien fait, ou alors c’était sans le consentement de son propriétaire, et le regarda aller frapper une tôle abandonnée, avec un air neutre, massant son épaule endolorie en silence. Pas une expression blasée, non, un air neutre. Tout le monde aurait trouvé bizarre le fait que Jude s’éclate littéralement à frapper de la tôle ondulée par vagues de dix, Mala lui, il s’en foutait totalement tant que ça lui tombait pas dessus. Comme quoi il était pas si difficile que ça à contenter. Il baissa de nouveau les yeux vers le cadavre, plus vraiment dérangé par l’odeur l’accoutumance aidant à son cas, et ne bougea pas plus quand Jude lui fila un coup de pied, imprimant un mouvement sec à ses boyaux à l’air. Le cracheur de feu se demanda vaguement sans que la réponse ne l’intéresse le moins du monde pourquoi les tigres n’avaient pas bouffé les boyaux, puis releva son regard sombre vers le directeur avec son éternelle expression vide. Il fit un violent effort cérébral pour imaginer ce qu’aurait fait Eliezer dans une telle situation, inclinant un peu la tête sur le côté.
Interrompu dans ses réflexions par la demande de clope de Jude, il porta la main à sa poche qui contenait ses pré-roulées, avec une petite pensée pour elles, et en tendit une à Jude, sans un seul commentaire. Oui, il aimait le provoquer, juste histoire de, mais en l’occurrence ç’aurait été une connerie tellement phénoménale que ça aurait contrarié complètement son instinct de survie démesuré. Il se tut donc soigneusement, laissant Jude gueuler tout ce qu’il voulait, de toute manière il n’attendait certainement pas de réponses de sa part. Les employés, réveillés par les hululements de taureau furieux de leur boss suprême, commençaient à afflue vers les cages des animaux affublés de leurs pyjamas, se demandant ce qu’il pouvait bien se passer. Et la scène aurait sûrement été un des plus grands succès du cirque s’il y avait eu des spectateurs ; imaginez une assemblée de freaks et de saltimbanques en pyjamas sur mesure et robes de chambre monstrueuses en train de regarder un cadavre éventré pendant que l’homme le plus fort du monde fond un plomb et casse la gueule à de la tôle ondulée. Inutile de préciser que Malachite était complètement hermétique à une telle vision de son lieu de travail, et qu’il avait repris sa réflexion sur feu Eliezer en tirant méthodiquement sur sa clope, filant au passage une claque à un des nains qui était venu se faufiler plus près de lui en espérant mieux y voir. Ni Mala ni Jude n’avaient eu l’idée d’établir un périmètre de sécurité autour du cadavre, mais leur présence près de lui assurait une protection que n’aurait jamais établi un déroulement de bandelettes jaunes.
Mais les nains du Laudanum Circus, en plus d’avoir la voix stridente, d’être indisciplinés et agaçants, étaient aussi particulièrement curieux. Ce qui leur valait une bonne dizaine de claques par jour de la part de Malachite, au moins. Le cracheur de feu ignora avec beaucoup de conviction la douleur qui commençait à poindre dans ses épaules fatiguées, et déclara de sa voix trop rauque, résultat de longues heures passées à se cramer la gorge et les poumons pour son numéro :

« Faut appeler les flics. »

Une initiative tout à fait digne d’Eliezer. Enfin, le vrai Eliezer aurait sûrement dit qu’il fallait appeler les flics, que quelqu’un dise à tout le monde de rentrer dans sa roulotte, de coopérer bien sagement avec les flics N’EST-CE PAS JUDE, et enfin, de laisser Malachite en garde du cadavre. Comme ça au moins personne irait le toucher. Mais le brun avait au moins eut une idée de ce qu’aurait pu dire Eliezer, ce qui prouvait qu’il écoutait parfois, même quand il avait l’air absent au possible. Il jeta un regard en coin ultra-noir aux deux tigres, l’air de leur promettre une fin dans des souffrances terribles. (Et effectivement, quelques jours plus tard, on apprit que malencontreusement, le cracheur de feu avait fait sauter une charge d’explosifs trop près de la cage des deux fauves, qui étaient morts de leurs brûlures après plusieurs heures d’agonie.)
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MessageSujet: Re: Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle nous les brise /Jude (Intrigue)   Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle nous les brise /Jude (Intrigue) Icon_minitimeJeu 4 Juin - 20:56

Jude réceptionna la clope de Malachite et la coinça entre ses lèvres, lui adressant un vague signe de tête pour le remercier. C’était un geste machinal, pas un vrai remerciement, mais là c’était tout ce dont il était capable. Tentant de ne pas céder à ses pulsions et de bouffer lui-même le cadavre pour le cacher, il se mit à tourner autour, le détaillant sous tous les angles, l’air de vouloir le transpercer du regard. Il finit par s’immobiliser près de Mala, glissant ses mains dans ses poches à la recherche d’un briquet. Il finit par dénicher le fameux zébré, source de tellement de rancœur, et sans même un regard à son employé, il alluma sa cigarette. Il inspira profondément, ne faisant même pas gaffe au goût de sa première taffe matinale (alors qu’il vénérait particulièrement la première clope de la journée), et il lança le briquet à Malachite. Pas con le monsieur, il savait très bien que ce n’était pas le moment de jouer le gamin à faire de la rétention de briquet. Et puis sur le coup le cracheur de feu avait obéit sans faire d’histoire, et si Jude avait été plus calme, il y aurait été sensible. Attendez, depuis le début Mala avait quand même frappé à la porte avant d’entrer et avait cédé une clope docilement. Ce jour était historique.
Ce fut seulement à ce moment-là que Jude se rendit compte que la foule du cirque avait envahi les lieux. Dans sa tête de taureau dégénéré, ses hurlements n’avaient pas matière à réveiller les employés du cirque – trop habitués selon lui – et en plus ils constituaient une bonne raison de rester à l’écart. Sauf que, de toute évidence, un cadavre était beaucoup plus alléchant que la peur que suscitait Jude, et tous ses employés avaient débarqué en petite tenue pour voir Le Mort. Comme si on n’en avait jamais vu ici… Le directeur tourna lentement sur ses talons et laissa échapper un grognement en apercevant la foule. Et la femme à barbe. Là, ses yeux s’écarquillèrent et un rire étranglé jaillit de ses lèvres pincées. Jude venait de se rendre compte que la femme à barbe n’avait pas qu’une barbe. Ses jambes, ses bras, le haut de son dos, tout ce qui dépassait de sa chemise de nuit en fait, était… noir. Elle était plus poilue que lui et Malachite réunis (certes Malachite, ce n’était pas sa pilosité qui le décrivait le mieux mais Jude était poilu pour deux).

« Mon dieu va t’habiller, tu vas réussir à me faire peur. »

Toujours agréable et empli de tact, le Jude. Il finit par grimper sur son tas de tôles rouillées, tentant de ne pas se casser la gueule, posant une main sur l’épaule de Malachite pour se maintenir, et il toisa la foule.

« ON DÉGAGE MAINTENANT ! ON VA FAIRE SES PETITES AFFAIRES… ET PLUS LOIN ! »

Et… rien. Pour la première fois de sa vie, l’autorité de Jude n’avait aucun effet. Enfer et damnation. Il avait besoin d'un verre... mais plus tard. Quand Malachite ouvrit à nouveau la bouche, le directeur lui jeta un regard étonné, et il sauta à terre pour le secouer. Malachite, dire qu’il fallait appeler les flics ?! Mon dieu, mais on lui avait greffé un cerveau pendant la nuit ? Jude plissa les yeux, tentant de trouver une étincelle d’intelligence dans le regard de Mala, mais en vain. Il finit par le relâcher, regarda une dernière fois le cadavre tant admiré et soupira.

« Bonne idée. »

Il aurait préféré éviter en fait. Les flics, c’est jamais bon pour le commerce, et ça peut trouver des trucs qu’on préférerait garder pour soi. Mais là, avec tout ce public… Il ne pouvait plus se permettre de cacher le cadavre lui-même. Car oui les monstres humains, en plus d’être très laids, étaient de vraies pipelettes. Sûr que ça allait s’ébruiter. Jude passa une main fatiguée sur ses yeux, et se détourna.

« Balance moi un explosif là-dedans, histoire de leur faire peur, et reste là. J’vais téléphoner. »


Et il s’éloigna vers sa roulotte, d’un pas lourd. Il finit par retrouver le téléphone (pour le peu qu’il l’utilisait), décrocha et composa le numéro, après avoir inspiré profondément. Une sonnerie. Deux.

« Jude Guelfe, directeur du Laudanum Circus, à l’appareil. On a un mort sur les bras. »
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MessageSujet: Re: Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle nous les brise /Jude (Intrigue)   Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle nous les brise /Jude (Intrigue) Icon_minitimeSam 6 Juin - 2:29

Malachite se contenta d’acquiescer vaguement en regardant dans le vide aux phrases de Jude, l’air de ne pas l’avoir écouté du tout (son air habituel en fait). Il pinça les lèvres en décrivant un petit cercle autour du cadavre éventré et démembré, se prenant les pieds au passage dans un bras à moitié dévoré qui traînait au sol, et allongea une nouvelle claque à un des nains agaçants qui couina qu’il frappait trop fort. Le cracheur de feu lui lança un regard atone mais menaçant, qui lui promettait silencieusement le retour s’il avait pas décarré d’ici une poignée de secondes, et le nabot préféra reculer. Il avait raison de se méfier de Mala quand il avait ce regard-là. Et il avait raison, parce que pour une fois dans sa vie, le brun décida de suivre un conseil donné par Jude, et fouilla dans sa poche de slim à la recherche d’explosifs, ce qui n’était pas tellement dur à trouver vu qu’il n’y avait que ça, et il en balança un bien bruyant au-dessus de la foule des freaks qui s’amassait autour du cadavre. Ils étaient certainement ravis de tomber sur quelqu’un qui avait eu encore moins de chance qu’eux ; un aspect bien détestable de la nature humaine dont Jude avait fait son business, et que dont Mala ignorait tout.
Un des nains suivit la courbe sifflante et accompagnée de fumée de la petite charge d’explosifs et laissa échapper un cri d’alarme, et tous les employés, habitués aux mesures de sécurité spéciale cracheur de feu un peu jeté sur les bords, se jetèrent tous au sol les mains sur la tête. Une assemblée de freaks, aux petites heures du matin, tous en pyjamas, chemises de nuit, mal réveillés et allongés à plat ventre dans la boue gelée, y’avait bien que Malachite d’Argence pour arriver à déclencher ce genre de trucs. Il n’eut même pas le bon goût de sourire devant la situation, fronçant des sourcils en les foudroyant du regard, prenant une expression froissée en se souvenant que normalement à cette heure-ci, il était peinard et surtout SEUL dans le cirque :

« Cassez-vous ou le prochain, vous le prenez dans la gueule. »

Heureusement pour lui, ils le crurent sur parole (en même temps, il n’aurait pas hésité une seule seconde à le faire, même en mentalisant la réaction forcément violente et très mécontente de Jude. Complètement inconscient, oui, et c’était encore peu dire pour décrire le cracheur de feu. Bref, ses paroles crachées vers le rassemblement des employés du cirque créèrent un mouvement de panique, et ils refluèrent tous vers leurs roulottes, les esprits trop échauffés par la nouvelle du matin et le cadavre qui y était assorti pour se rendormir, mais pas assez fous pour rester près de Malachite quand il était dans de dispositions pareilles. Une fois seul en tête à tête avec le macchabée (encore une fois), Malachite s’alluma une nouvelle clope le plus naturellement du monde, sans se demander où était passé Jude. Il avait décidé de rester là avec leur ami le cadavre sans trop savoir pourquoi, sûrement parce que ça l’agaçait que les autres salariés viennent tourner autour. Il estimait que le spectacle revenait à certains qui avaient l’estomac bien accroché ; lui et euh … Jude, mais c’était bien parce qu’il avait pas le choix.
Malachite étant d’une patience tout aussi proverbiale qu’inattendue, il fit le pied de grue devant le cadavre et dans le vent glacial pendant une heure, le temps que les flics arrivent. Il fixa leur gyrophares bleutés avec son expression détachée habituelle, exhalant la fumée de sa clope par bouffées paresseuses, et partit faire sa promenade dans le cirque lorsqu’on lui signifia qu’il gênait plus qu’autre chose, n’attendant pas que Jude lui refoute la main dessus pour lui donner un quelconque ordre.
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MessageSujet: Re: Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle nous les brise /Jude (Intrigue)   Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle nous les brise /Jude (Intrigue) Icon_minitime

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