Reservoir Dogs
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 Wanna Drink Something (With Me) ?

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Jack AlvarezJack Alvarez
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MessageSujet: Wanna Drink Something (With Me) ?   Wanna Drink Something (With Me) ? Icon_minitimeSam 13 Juin - 14:05

Ces derniers temps, la vie de Mister Alvarez était plutôt tranquille. Agréable même on pourrait dire. Passer ses journées dans la peau d'un banal secrétaire était une expérience enrichissante, du moins, il l'avait rendue intéressante à sa manière. Certes, il était là pour trafiquer quelques papiers, avoir l'oeil sur le cours en bourse et les actions intérieures de la Coleman Business, il était là pour devenir influent sur le PDG, assez pour faire légèrement pencher la balance quand Ils en auraient besoin. Dit comme ça, ça à l'air plutôt simple, non ? La pratique se révélait d'une difficulté jouissive.

En effet, au lieu de se comporter comme le bon employé modèle, Jack faisait tout pour se faire remarquer, et poussait le vice jusqu'a préparer avec une régularité déconcertante les cafés de son patron. Il songeait d'ailleurs à passer à la vitesse supérieure en emmenant à Matthew, comme il l'appelait sans cesser de le vouvoyer pourtant, les repas dans des tupperwares les jours où il n'avait pas le temps de descendre grignoter en ville, et pendant lesquels il se gavait de sandwichs dégueus. Ce qui arrivait souvent soit dit en passant, et révoltait le chef cuisinier endormi au coeur de l'espagnol. Quoiqu'il en soit, se démener au sein de l'entreprise était éreintant, voire même plus quand Alexzander, Garde du corps du chef, traînait un oeil suspect sur lui, l'empêchant parfois de faire ce qu'il voulait. Qu'il était ennuyant ce bonhomme ! Edward aurait pu le prévenir au moins, que quelqu'un veillait sur l'argenté. C'était moins pratique pour faire ami ami avec ce dernier !

Vous auriez eu une meilleure idée, vous, que de vous rapprocher le plus de quelqu'un afin d'en tirer quelque chose quand la violence est proscrite ? Tout cela pouvait paraître risible quand on connaissait le caractère du boss là-bas. Exécrable, plus froid que le Pôle Nord, c'est encore peu dire. M'enfin, ce n'était pas comme si le Dog Number One avait le choix.

Pour se changer les idées qu'incisaient en lui son job premier, l'hispanique avait pris l'habitude, et ce depuis qu'il avait débarqué dans la nouvelle New York, de traîner dans les bars, et plus particulièrement dans un bar, dégoté à force de se perdre dans les ruelles. Le West Coast présentait la particularité de s'inspirer, comme vous vous en seriez douté, des paysages de la côte Ouest des States. Ainsi, dans une ambiance chaleureuse, des citoyens de toutes générations et origines se retrouvaient autour de petites tables rondes qui poussaient dans une profusion de jeunes palmiers en pots et autres plantes exotiques. Entièrement en bois foncé, l'endroit dégageait une atmosphère paisible, tamisée, et les employés étaient sympathiques tout en restant discrets. Toujours, une musique de fond rythmait les discussions enflammées; différents genres de rock, parfois de la salsa quand les esprits s'y prêtaient. Et puis, si l'alcool échauffait un peu trop les fortes têtes, l'un des serveurs faisait office de videur et envoyait, avec l'aide de ceux qui tenaient encore debout, les gêneurs terminer leur bagarre dans la rue. La patron, également barman, était un immigré argentin chaleureux qui s’était lié d’amitié avec notre homme de main, sans rien connaître de sa vie pourtant. En somme, un établissement charmant, accueillant et intimiste selon vos envies.

Et ce jeudi soir, comme beaucoup, Jack pénétrait à l’intérieur en adressant quelques « Hola Hombre, que tal esta noche mh ? ». Quelques poignées de main bourrues étaient échangées, des sourires larges, quelques mots. Un geste en direction de José, le patron, et il s’installait au comptoir, comme à chaque fois. Oui, un Mojito pour commencer. Bien corsé, tu me connais ! Pour ne pas changer, il ne faisait guère attention à son apparence. Non, il n’était pas ici pour draguer des minettes, si c’était le cas il aurait plutôt fait un tour au The Gem comme il l’avait fait dans ses premières années ici. Passer un moment de détente et se noyer dans son verre étaient ses priorités à présent.

Les clients se fichaient bien de son jean délavé, éraflé à quelques endroits, de ces chaussures de cuir usé, entrecroisées dans cette position enfantine, sur le haut tabouret où il avait pris place. Les plis marqués de sa chemise rouge passaient inaperçus, ou presque. Les manches quand à elles étaient remontées à la va-vite sur de longs bras où se dessinait une belle musculature bronzée. Repliée dans la poche intérieure de son haut, une paire de lunettes de soleil noires. Ses cheveux étaient ébouriffés, comme s’il y avait une tempête dehors et que le vent soufflait fort, alors qu’il n’en était rien. Et puis, sur sa mâchoire sa barbe recommençaient déjà à pousser. Il était obligé de la raser pour son second travail, mais ne le faisait jamais dans ses jours de congé.


- Gracias, tio !

Le barman venait de déposer un grand verre empli de liquide et de menthe devant lui, qu’il s’empressa de goûter, tout content. Et voila que l’autre se penchait vers lui pour glisser discrètement à son oreille « Madre de Dios, mira que Guapetona esta entrando... ». Les trois points de suspension ne sont pas de mise, puisque José Muñoz resta littéralement figé tout près de lui en détaillant une femme qui venait de passer l‘entrée, visiblement. Levant un instant les yeux au ciel, le brun le repoussa tout d’abord vers ses quartiers afin qu’il reprenne son service sans trop s’attarder, et, le nez dans son verre, il tourna le visage vers la silhouette. Silhouette qui venait de s’asseoir pas très loin de lui à vrai dire. Un mètre, tout au plus, juste assez pour faire connaissance. Car oui, il voulait déjà la connaître. Parce qu’elle était belle ? Attirante, séduisante avec sa peau hâlée et son air détaché ? Peut être. Mais plus que tout, la vision de cette longue chevelure de feu ondoyante l’avait figé dans son élan.

Toussant un peu, il reposa sa boisson sur le bar et détourna le visage. Il venait de se rendre compte qu’il dévisageait la petite depuis cinq bonnes minutes au moins. Qu’allait-elle penser de lui franchement ? L’espagnol se fit tout petit pendant un moment, avant d’oser à nouveau l’observer en coin avec un peu plus de discrétion. Jamais il n’aurait cru un jour trouver quelqu’un qui Lui ressemblait à ce point. Il fallait qu’il bouge, dise quelque chose.


- Hum... c’est la première fois que vous venez ici, non ? Je ne vous ai jamais vu auparavant.

Autant aller se pendre tout de suite, ce n’était vraiment pas une bonne phrase d’approche. Qu’aurait-il pu baragouiner d’autre ? La présence de la demoiselle l’intimidait, le rendait maladroit, comme s‘il était adolescent à nouveau. Un sourire léger étirait ses lèvres, lui donnant l’air d’un jeune vieux gentillet. Ses longs doigts tapotaient nerveusement contre le bois de qualité. Et les mots s’échappèrent tout seul tandis qu'il la fixait de ses yeux chocolat au lait.

- Excusez-moi, me llamo Jack Alvarez. Je suis un habitué du coin alors...heu... je vous paie un verre, señorita ?

Il était en train de la draguer là ? On aurait pu croire. Mais non, pitié, le regardez pas comme ça ! Voila qu’il rentre légèrement la tête dans les épaules, priant qu’elle ne le prenne pas pour un détraqué.
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Elisabeth HowardElisabeth Howard
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MessageSujet: Re: Wanna Drink Something (With Me) ?   Wanna Drink Something (With Me) ? Icon_minitimeDim 14 Juin - 23:29

On sent, parfois, comme ça, qu’il est venu l’heure de prendre les choses en main. C’est ce que se disais l’agent Howard, membre des FO de son état, et qui présentement s’ennuyait ferme au poste. Bien que s’ennuyer ne soit certainement pas le premier terme que la jeune femme vous aurait servi si vous lui aviez posé la question : non, on pouvait carrément dire qu’elle s’emmerdait joyeusement. Quelle idée avait-elle eu, sachant qu’aucune mission ne l’attendait, d’avoir un élan de compassion pour ces pauvres agents « normaux » et d’aller leur tenir compagnie? Parce que faire tourner son stylo dans ses doigts, gribouiller dans un coin de feuille, regarder Renji perdre définitivement son calme avec sa partenaire, et toutes ces petites choses qui font passer le temps, ça allait trois minutes, mais après, il fallait avouer que ça finissait par taper sur les nerfs, et la jeune femme n’était pas forcément du genre patiente. Et les heures s’étiraient lentement. Un peu trop. Pour finir, Eli sentit que son seuil de tolérance était dépassé, et planta là ses compagnons de calvaires, sans un mot, sans une excuse, comme à son exécrable habitude. Tant pis pour Renji, ses sautes d’humeurs, Aed et sa délicate mission, et le sergent et le commissaire et tout ce petit monde. Qu’ils aillent voir ailleurs si elle y était.

Une fois rentrée, douchée, changée et ce genre de broutilles rituelles accomplies, la métis se rendit compte d’une chose cruciale : elle n’était absolument pas d’humeur pour une habituelle soirée repas/télé/dodo, à vrai dire, elle détestait ça. La perspective du repas y étant tout de même pour beaucoup : les expériences culinaires d’Elisabeth n’étaient pas toujours comestibles, et son four avait une fâcheuse tendance à transformer tous les innocents aliments qu’elle lui confiait en charbon immangeable. Et les plats surgelés et autres sandwichs, ça va un peu, mais c’est vite lassant. Un vague nuage de cafard se pointait à l’horizon, accompagné de ses séquelles habituelles : humeur massacrante, spleen, déprime. Avec un soupir, la jeune femme se passa la main dans les cheveux dans un geste de lassitude mille fois répété : il fallait vraiment qu’elle se change les idées. Et même si trainer dans les bars n’était pas une de ses activités principales, un verre un peu serré, un alcool un peu fort et éventuellement une compagnie plaisante seraient idéals pour la sortir de ses idées noires qui commençaient peu à peu à reprendre la forme de ses anciens fantômes. Quand la silhouette de Sean se dessina sous ses paupières closes, elle se leva, attrapa son sac, ferma la porte au nez des années mortes et fuit pour une soirée de plus.

L’idée qu’elle ne fut pas vraiment vêtue pour une soirée festive en ville n’effleura pas l’anglaise : peu habitué à la coquetterie, elle ne regardait en général que le confort des vêtements qu’elle avait sur le dos. Son pantalon beige près du corps était d’une coupe légèrement trop stricte pour se marier à la perfection avec son chemisier sombre et sans manches plus décontracté, laissant visibles ses bras halés. Et si le contraste était plaisant à l’œil, il n’en était pas moins le signe, avec l’absence totale de maquillage sur son visage, que la jeune femme était loin d’attacher une grande importance à sa mise. Le seul détail qui la gênait à vrai dire était sa crinière : étant partie un peu précipitamment, elle n’avait pas pris le temps de les tresser. Triomphants, ses cheveux semblaient la narguer de leur liberté retrouvée en ondulant victorieusement jusque ses hanches et soulignant le moindre de ses mouvements d’une cataracte embrasée. On aura vu plus discret.

Il fallait croire qu’Elisabeth, ce soir, était maudite : le restaurant dans lequel elle se rendait généralement les soirs noirs, était fermé. Ce devait être ce que l’on appelait la théorie de l’emmerdement maximal avec la tartine de confiture qui retombera toujours du mauvais côté. Vaguement dépité et même découragée, la jeune femme envisageait de rentrer afin de se noyer tranquillement dans sa solitude quand elle fut attirée par une musique étouffée et vaguement hispanique provenant d’un autre des bars se trouvant dans la petite rue. Il fallait avouer que ce n’était pas franchement ce qui manquait dans le quartier : ils poussaient comme des champignons. Jugeant qu’après tout elle n’avait pas grand-chose à perdre, la métis se décida à se noyer dans de l’exotisme ibérique : après tout, cocktail pour cocktail, tous saoulent de la même façon. La porte poussée libéra une vague d’effluves sucrés et épicés, des rires, de la musique entrainante et ce bruit de foule qui mêle brouhaha confus des conversations, frottements de tissus et bruits de chaises ou de pas. Un bref instant submergée par l’agitation, Eli décida que l’ambiance n’était pas désagréable. Son regard de jade fit rapidement le tour de la pièce. Lambris sombre et couleurs chaudes, plantes en pot disséminées ça et là afin d’offrir un peu de l’atmosphère de la côte ouest (comme on s’en serait douté au vu du nom de l’établissement), illustrations colorées, petites tables et bar de bois travaillé. Sur l’ensemble flottait cette odeur reconnaissable entre toutes mêlant alcool, sucre, fumée, sueur et effluves alimentaires, ici entrecoupé de la fragrance particulière du bois.

Fidèle à sa nature directe, la jeune femme vint s’installer directement au comptoir, les chevilles tranquillement croisées, ses yeux sombres errant sur la carte des spécialités sans trop s’y attacher. Elle avait sentit peser sur elle le regard tout d’abord du barman puis de l’homme assis à environ un mètre d’elle sans vraiment s’y attarder. Non pas qu’elle n’y accorda aucune importance, mais plutôt qu’elle estima du droit d’un habitué de lorgner un éventuel nouvel arrivant, surtout quand il était doté d’une chevelure aussi peu discrète que la sienne. Aussi fit-elle mine de ne pas le remarquer, jusqu’à soit qu’il se décide à lui parler, soit qu’il se détourne et trouve un autre sujet d’occupation plus intéressant.

- Hum... c’est la première fois que vous venez ici, non ? Je ne vous ai jamais vu auparavant.

Elle sourit brièvement de la banalité de la phrase d’approche avant de déposer son regard sur son interlocuteur indiscret.
Il lui plut immédiatement. Pas tant par la beauté dure et rugueuse des formes âpres de son visage mangé par une barbe récente, pas tant par la teinte chaleureuse de ses yeux et le négligé harmonieux de sa coiffure, pas tant par son allure générale décontracté et hispanique que par sa voix. Une voix grave, rocailleuse, vaguement voilée, qui roulait les « r » comme autant de roches andalouses. Une voix chaude, fascinante.
Toutefois, Elisabeth le sentait sur ses gardes, nerveux, comme… intimidé ? Etait-elle si effrayante ? Il lui semblait pourtant avoir laissé son arme à la maison, et un bref instant de concentration lui confirma l’absence de la bosse familière du holster. Etrange.

- Excusez-moi, me llamo Jack Alvarez. Je suis un habitué du coin alors...heu... je vous paie un verre, señorita ?


Jack ? Etrange prénom pour un espagnol, qui d’ailleurs parlait à demi dans sa langue natale. Ce qui ne gênait pas Elisabeth, qui se débrouillait assez bien en espagnol et en arabe, alors qu’elle ne savait que baragouiner lamentablement en allemand par exemple. Par contre, l’air gêné de cet hispanique agréable était autrement plus dérangeant. Elle eut un rire franc et chaleureux, vaguement amusée par sa réaction, et décida de se laisser aller à un peu de familiarité, histoire de le mettre à l’aise.

- Encantada, Jack. Je m’appelle Elisabeth Howard, et non, je n’étais jamais venue ici.

Elle laissa glisser son regard de jade sur les boissons, puis sur le verre de Jack, avant de rejeter négligemment en arrière son agaçante crinière qui se laisser aller à glisser sur ses épaules. Sa boisson à lui dégageait des effluves de menthe alcoolisée. Du get 27? Probablement. Après tout pourquoi pas, et puis elle tenait assez bien l’alcool, alors…

- Hum… et bien merci de votre proposition. Serait-ce abuser que de vous demander la même chose ?

Incroyable, elle était poli bien que vaguement moqueuse. De toute façon, elle avait réellement besoin de compagnie ce soir. C’était une belle soirée d’été, où la moiteur de la journée est levée par un vent frais, où des effluves de fêtes résonnent un peu partout et où on oublie un peu où l’on est, ce que l’on fait, qui l’on est et où on se laisse aller. Et bien, Elisabeth avait envie, pour une fois, de se laisser aller. Elle avait envie d’entendre encore un peu la voix de cet homme, si agréable, d’oublier et la guerre et la mort, et le travail et la décadence, et cette ville et ce pays, et le monde enfin. Elle prit distraitement sa commande en remerciant le serveur, un homme au fort accent argentin qui coulait des regards en coin à l’espagnol. Amusant. La métis sirota distraitement quelques secondes, appréciant la sensation de fraicheur et de chaleur mêlées de l’alcool et de la menthe, avant de réaliser qu’il serait peut-être temps de relancer la conversation. Ce qui, mine de rien, n’était pas simple. Elisabeth n’était pas naturellement bavarde et babiller distraitement de la météo avec un inconnu en papillonnant des cils était loin d’être dans ses compétences. Elle scruta un long moment l’espagnol de ses yeux sombres qui ne cillaient pas. Son accent, tout à l’heure, l’avait intrigué, et plus que son avis sur la météo –oui, la soirée est chaude, oui, cela continuera demain, du moins c’est ce qu’ils ont dit à la télé-, l’anglaise désirait savoir d’où il venait et ce qu’il faisait si loin de chez lui, tout en se demandant si elle ne dépassait pas là les bornes de la discrétion voire de la politesse. Après tout, quelle importance ? Sa nature directe lui avait bien des fois attirée la désapprobation de ses pairs, ce ne serait qu’une fois de plus. Bizarre de se dire qu’elle n’avait pas envie, pourtant, de déplaire à ce Jack.

- Vous êtes bien loin de l’Andalousie.

La jeune femme continuait de le scruter, attentive. Peut-être touchait-elle là à un sujet pénible. Le fait qu’il ait abandonné les côtes dorées de l’Espagne pour une ville aussi pourrie dans un tel pays était pourtant intrigant. Elle-même se demandait parfois ce qui avait poussé Vladimir à la trainer ici, bien qu’elle ait tout d’abord adoré ce pays…
Un bref instant, sa curiosité lui sembla déplacée. A la vérité, elle l’était, mais la fascination mâtinée de respect que la métis entretenait vis-à-vis du pays d’origine de son interlocuteur la poussait à l’indiscrétion.
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MessageSujet: Re: Wanna Drink Something (With Me) ?   Wanna Drink Something (With Me) ? Icon_minitimeLun 15 Juin - 14:10

Depuis qu'elle était arrivée, l'espagnol avait eu le temps de la détailler plus en profondeur, et plus il remarquait certains détails, plus il lui trouvait de points communs avec une personne connue, évanouie. Les cheveux lâches donnaient l'envie d'y glisser une main pour en démêler les mèches pourpre, la tenue, loin de se vouloir séduisante, laissait planer un doute quand aux activités de la jeune femme en dehors des moments comme celui-ci. Une secrétaire peut être ? Non, bien trop sobre, pas même un touche de maquillage. L'idée qu'elle puisse être assignée à un poste ingrat effleurait l'esprit du brun. Non, vraiment, elle était trop jolie pour ça. Pourtant, en y regardant d'un peu plus près, il avait noté à la courbe des bras une musculature certes discrète, mais bien présente et entretenue. Le teint bronzé ne devait pas être complètement naturel, lui non plus, et chacun sait que cette teinte s'obtient par un travail en extérieur, souvent difficile. C'est d'ailleurs à l'époque du moyen âge que les filles de bonnes famille avaient une peau qu'on comparait au lait pour leur couleur et leur douceur. Celle de la rouquine était elle aussi suave qu'elle le laissait présager ?

Voyons Jackie, ne réfléchis pas à des choses pareilles, elle te regarde ! Imagine si elle lisait tes pensées...

Ses yeux s'étaient détournés un instant, confus. L'autre avait l'air amusée plutôt, ce qui lui enleva immédiatement un poids. Il n'aurait voulu pour rien au monde s'attirer les foudres ou l'indifférence de cette beauté. Tout à fait son genre. Dommage qu'il n'aie aucune liberté de ce côté-ci, mieux valait au contraire s'éloigner de ceux qu'on appréciait pour leur éviter les disgrâces d'un métier peu convenable. Et puis, de toute manière, tu n'aurais eu aucune chance, elle à au moins dix ans de moins que toi. S'il avait su que c'était justement le cas, il aurait eu une moue dépitée. Il n'était pas bien difficile de titiller sa fierté orgueilleuse . Le rire de la jeune femme le détendait cependant, et il put enfin entendre sa voix, l'écouter prononcer un mot en espagnol, et apprendre son nom. Tout cela en moins de cinq secondes chrono. Autant dire qu'il frétillait de joie sur sa chaise !

- Elisabeth... c'est très joli comme nom. J'ai une petite cousine qui porte ce nom. La même chose ? Ningun problema ! José, ramène deux Mojito par ici, porfa' ! Y no me mires asi, hombre...

Oui, il avait eu le temps de terminer le sien depuis. Et le voila qui commençait à donner des informations. Étaient-elles vraies, fausses ? Sincère ou Menteur ? Lui seul pouvait le savoir, et pourtant, vu sa dégaine et son air, on aurait pu lui accorder la bénédiction sans problème. Le tout était de savoir manier les mots à la perfection, on peut facilement s'emmêler les pinceaux avec un instant de distraction. Le barman revenait avec leurs boissons et il put reporter toute son attention sur la charmante compagnie. Howard... américaine, anglaise ? Il penchait pour la seconde option vu l'accent que portait la demoiselle. Un accent dont il connaissait tous les secrets à vrai dire. Serait-ce une coïncidence de plus ? Josééé, arrête de nous fixer comme ça, tonto ! Non je drague pas, c'est pas vrai... Lançant simplement un regard vaguement courroucé au patron du West, il s'en détournait bien vite pour une occupation bien meilleure.

- ... huh ?

La question avait fusé de nulle part, le déstabilisant quelque peu. Loin d'être découragé, ou même déprimé par la question, son sourire s'était élargi, laissant entrevoir une dentition parfaite. Il se raccrocha aussitôt au fil de la conversation, enthousiaste qu'on lui laisse ainsi l'occasion de raconter sa vie, chose qui n'arrivait que très rarement, pour deux raisons: Un, ceux qui le connaissaient évitaient de le faire babiller trop longtemps en entretenant la discussion, et Deux, les inconnus qu'il abordait étaient bien vite agacés par le fait qu'il soit si détendu dès le premier abord, et fuyaient bien vite, en général. Voici un petit aperçu de ce qu'il leur faisait subir:

- Et bien, je suis impressionné que vous ayez deviné du premier coup mes origines ! Il faut dire qu'en Amérique on trouve tellement de racines hispaniques différentes, je vous félicite, ça me fait très plaisir ! Vous avez déjà visité l'Espagne peut être ? Enfin, pour répondre à votre question, vous avez raison, c'est un peu l'autre bout du monde. En fait ça fait un bout de temps que j'ai pas revu mon pays, je suis ici depuis... heu... dix-sept ans, voila ! Je vous laisse deviner mon âge ! Ah non, je vais pas vous le dire, vous allez me prendre pour un vieil attardé qui s'attarde sur les jeunes et jolies fleurs comme vous ! Pour en revenir au sujet, mon oncle m'a traîné ici pour que je bosse dans son restaurant, j'ai une formation de serveur et de cuisinier voyez-vous et lui avait de grand rêves alors il m'a un peu forcé la main... m'enfin, ça fait un bout de temps que j'ai dévié du chemin. Je reste sur le continent parce que ma soeur s'est installée à Los Angeles avec son mari, je me sens plus tranquille en étant dans le même pays qu'elle, surtout depuis le grand attentat.

Hop, on reprend sa respiration et une gorgée d'alcool, le temps de laisser sa pauvre interlocutrice assimiler les trop nombreuses informations, débitées rapidement. Le plus important, qu'il avait noyé dans ce flot de paroles, était qu'il n'avait pas précisé son métier présentement. Il n'avait pas eu le temps de rebondir assez rapidement pour trouver. S'il lui disait qu'il était serveur, elle viendrait peut être un jour le voir dans son soi disant restaurant ? Trop risqué. Restait à espérer qu'Eli ne serait pas curieuse à ce point. Seulement, l'homme de main sentait qu'il avait envie qu'elle devienne plus qu'une connaissance, et il n'avait que rarement expérimenté cela. Serait-ce une bonne idée ? Autant lui renvoyer la balle, avant toute chose. Son index traçait des courbes sur le comptoir avec les quelques gouttes d'eau condensées de son verre.

- Et vous, Lissa - vous permettez que je vous appelle ainsi ? - Vous avez des origines anglaises, no ? Mais si ce n'était que ça, votre peau ne serait pas si bronzée, les britanniques ont plus tendance à rougir sous le soleil.

L'indiscrétion ? Pour sa part, les limites qu'imposaient ce mot étaient bien plus larges que pour la rousse. Libre à elle de se confier, ou non. Toutefois, les verres presque vides laissaient penser qu'elle serait plus apte à le faire. Et une entraînante musique de guitare et de maracas parvint alors aux oreilles de Jack. Une belle occasion, n'est-ce pas ? Il se pencha alors vers la jeunette pour ajouter, taquin.

- Lissa, vous savez danser la salsa ?

Et si ce n'était pas le cas, nul doute qu'il lui apprendrait volontiers.
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MessageSujet: Re: Wanna Drink Something (With Me) ?   Wanna Drink Something (With Me) ? Icon_minitimeMer 17 Juin - 10:58

Il avait visiblement repris du poil de la bête, et semblait plus détendu, profitant de l’occasion pour lui servir un compliment sur son prénom. Le regard calme de la jeune fille suivait ses yeux noisette qui la détaillaient, s’attardant sur ses cheveux, sa tenue, la courbe de ses bras. Elle-même ne se gênait pas pour le dévisager tranquillement. La courbe de sa mâchoire, son nez droit, ses cheveux ébouriffés. Il ne fallait qu’une seconde pour tout enregistrer. Les plis de sa chemise, l’usure de son jean, sa posture décontracté et son sourire presque enfantin qui tissait des rides amicales au coin de ses yeux. Sa peau sombre, à l’éclat vaguement caramélisé. Sa barbe jeune qui lui mangeait les joues, les soulignant et adoucissant un peu ses traits âpres et francs. Il était beau, une de ses beautés brutes et franches, taillées par le soleil et le vent, une beauté rude et rugueuse, sans aucun artifice.
Sa question fusa, et un instant, Jack sembla déstabilisé, surpris. Elisabeth continuait de le scruter, attentive. Mais son expression figée disparu en un temps record, pour muer, au grand soulagement de la jeune femme, en une figure ravie, un éblouissant sourire en tranche de courge agrafé sur la figure. Visiblement, l’espagnol avait peu souvent l’occasion de trouver un interlocuteur attentif. Et en effet, l’homme débita, et une longue tirade jaillit de sa bouche en un flot ininterrompue. Fascinée, l’anglaise écoutait les mots rouler et buter parfois sur l’accent rocailleux qui ne s’accordait pas toujours aux sonorités trainardes de l’américain. La prononciation et la langue se livraient un combat ardu mais mélodieux à l’oreille, vaguement chantant et nettement plus ensoleillé. L’âpreté de sa voix avait quelque chose de vaguement hypnotisant.

L’homme confirma ses soupçons sur son origine, visiblement ravi de voir qu’elle connaissait l’Espagne et ses divergences de prononciation d’une région à l’autre. Avait-elle déjà visité ? Oui, en effet, elle y avait passé six mois avec Vladimir et en avait gardé un souvenir enchanteur. Mais, soucieuse de ne pas interrompre son interlocuteur, Elisabeth se contentait de ponctuer la tirade de Jack par de brefs hochements de tête pour ses questions, une grimace amusée à la remarque sur son âge, et continuait de lui offrir toute son attention. Personne ne savait écouter avec autant d’intensité que la métis, à croire qu’il était en train de lui délivrer des informations confidentielles d’une importance cruciale. A la vérité, la jeune femme enregistrait tout et le notait dans un coin de sa tête, ainsi que tous les détails sur son apparence qu’elle avait pu relever. Cet homme l’intéressait, son physique, sa voix, son histoire. Mais l’attention absolue qu’Eli offrait à l’espagnol avait également ses revers, pour lui tout du moins. Aussi notait-elle les failles de son discours, les zones d’ombres. « Dévié du chemin » ? Aussi n’était-il plus dans la restauration, et il s’était bien gardé de dire ce qu’il faisait à présent. De plus, l’expression en elle-même prêtait à interprétation, ses connotations péjoratives interloquaient, choquaient presque dans son discours enjoué. C’était amer, presque. Elle eut le vague pressentiment que c’était là la partie la plus importante de son discours. Aussi accueillit-elle la remarque en haussant brièvement les sourcils, mais ne releva pas. Plutôt discrète par nature, elle n’irait pas le presser de questions sur un sujet peut-être intime : non, elle se contenterait de redoubler d’attention quand il serait évoqué.

Mais Jack se tut, but tranquillement une gorgée. Elisabeth l’imita. Fascinée par le flot de parole, elle en avait oublié son verre qui réchauffait entre ses doigts. La boisson était agréable, fraiche. Il serait dommage de la gâcher. L’espagnol traçait distraitement des lignes abstraites sur le bois sombre, visiblement pensif, avant de reprendre :

- Et vous, Lissa -vous permettez que je vous appelle ainsi ? - Vous avez des origines anglaises, no ? Mais si ce n'était que ça, votre peau ne serait pas si bronzée, les britanniques ont plus tendance à rougir sous le soleil.

Sourire nostalgique. Lissa. Cela faisait si longtemps… Sean l’appelait autrefois ainsi. C’était probablement de ses surnoms le plus intime, mais également son favori. Bizarrement, dans la bouche de cet homme étrangement sympathique, il ne la dérangeait pas, alors qu’elle aurait corrigé n’importe qui d’autre.

- Je vous en prie, Lissa ira à la perfection. Quand à mes racines…

La question sur ses origines était plus délicate. La plupart des enfants élevés par un seul parent ne connaissaient pas le père qui s’était joyeusement tirés en laissant la mère assumer seule. Le cas de la métis était un peu plus délicat et également diamétralement opposé. Cela dit, elle ne se plaignait pas et estimait avoir eu une enfance heureuse. Aveugle mais heureuse.

- Mon père était anglais, et vous avez raison, c’est ma nationalité actuellement.

Demi-nationalité pour être exacte, elle bénéficiait également maintenant du plein statut américain. Elle reprit plus doucement, comme indécise, pesant chaque mot. Elle n’avait pas vraiment l’habitude de parler d’elle-même, et cela se ressentait facilement.

- Quand à ma mère… je ne sais pas. Il n’a jamais voulu m’en parler. Egyptienne, peut-être, ou tzigane, ou bien… en fait, je n’ai jamais su le deviner.

Ses suppositions balançaient actuellement entre indienne d’Asie (mais sa teinte de cheveux clamait le contraire) ou des origines plus arabes. Pas facile de deviner d’où l’on vient simplement en s’observant. Elle se demandait vaguement ce qu’en aurait dit son interlocuteur.
Elisabeth fut tirée de ses pensées par une musique ibérique entrainante. Les yeux de Jack s’étaient brusquement mis à briller. Elle eut brusquement un mauvais pressentiment… et comme pour le confirmer, l’homme se pencha en avant, un air mutin sur le visage.

- Lissa, vous savez danser la salsa ?

Eli eut une mimique mitigée. Ses cours de danse étaient lointains, mais grâce au ciel, son professeur avait eut l’idée de s’écarter un peu des directives laissées par son père (pour qui la valse était la seule danse digne de ce nom) et lui avait enseigné à se mouvoir au rythme du tango langoureux et de la flamboyante salsa, voire même quelques bases du fier flamenco. Et si l’adolescente avait aimé à s’unir à ces rythmes entrainants et même à effectuer quelques figures acrobatiques qui caractérisaient ces danses, la femme se demandait à présent ce qui lui restait de ces cours anciens. Mais la musique était tentante, et son partenaire enthousiaste. Eli soupira, sourit cependant.

- Soyez indulgent.

A dieu va, puisqu’il le faut. L’anglaise se laissa glisser du tabouret haut perché, retombant sans un bruit sur ses escarpins non moins haut perchés. Elle eut une moue dubitative : si ses chaussures étaient certainement adaptées, nul froufrou pouvant atténuer ou adoucir le mouvement de ses hanches, sauf éventuellement l’ondulation lourde de sa chevelure de feu qui semblait s’en donner à cœur joie.
Après une ultime hésitation et un gros effort de mémoire (la dernière fois qu’elle avait dansé datait d’au moins cinq ans) Elisabeth posa sa main dans la paume de l’espagnol qui referma ses doigts, victorieux. Elle faisait minuscule dans la grande patte forte et calleuse, il devait avoir un métier physique. Eli n’était pourtant pas particulièrement petite ou frêle, mais elle ne pouvait décemment pas rivaliser avec le bon mètre quatre-vingt dix et la carrure de Jack.

Ses premiers pas furent hésitants. Se glisser dans le rythme, onduler avec la musique, se souvenir des pas. Heureusement, son partenaire était un excellent guide, doublé d’un bon danseur. La main sur sa taille l’aidait en douceur à exploiter pleinement la mesure rapide. Au bout de quelques minutes cependant, le corps de la jeune femme semblait retrouver ses repères et elle reprit de l’assurance. Son corps musclé et souple, taillé pour l’action et parcouru par le sang vif des pays du sud pouvait donner sa pleine mesure. La lumière tamisée donnait à la scène des notes sanglantes et parait la chevelure ondoyante d’un éclat carmin, alors qu’elle accompagnait les mouvements harmonieux de l’anglaise d’une flamme vivace plus belle et plus mouvante que toutes les robes andalouses. Jack sembla se rendre compte du changement et s’adapta avec souplesse.
C’est à partir de ce moment qu’ils commencèrent réellement à danser. Retrouvant ses vieux réflexes, Elisabeth se pliait à chacun des messages de son cavalier qui menait avec une assurance tranquille. Prudents et vaguement surpris, les autres danseurs s’écartèrent afin de leur ménager un cercle confortable au milieu de la piste. Pleinement confiante, la métis abandonnait son poids aux bras halés qui la soutenaient sans peine pour les figures les plus complexes. Très bon danseur, Jack l’entrainait sans difficulté dans un rythme à deux, la faisant tournoyer habilement. De son côté, la jeune femme n’était pas en reste. Plus souple qu’une liane, elle se tordait sans difficultés et s’adaptait avec plaisir à chaque mouvement, telle une voltigeuse de cirque. C’était un bal corporel brûlant et endiablé où chacun tour à tour s’enroulait autour de l’autre en d’harmonieux mouvements, soulignés par le vivant étendard de feu qui se mouvait avec Elisabeth. C’était une lutte de grâce où l’un se mouvait tout en force et l’autre tout en légèreté dans une lumière écarlate. Le regard vert qui ne cillait pas ne lâchait pas les yeux sombres de l’espagnol, lors même que les talons claquaient avec élégance pour renchérir la musique rythmée. Ses hanches se mouvaient avec une violence délicieuse pour suivre le crescendo, et elle se transformait en une vivante courbe pour suivre et souligner les lignes plus dures du corps masculin qui la complétait.
Enfin, dans un point d’orgue sublime, la jeune femme enroula sa jambe autour de celle de son partenaire qui glissa ses mains sur ses hanches afin de la soutenir, alors qu’elle basculait souplement en arrière, son dos délicatement incurvé et sa chevelure dégringolant comme une coulée de métal en fusion.

Ils restèrent ainsi quelques secondes, haletants, alors que mouraient les derniers accords de guitare, sous le regard médusé des spectateurs. Le barman lui-même n’avait cessé d’astiqué le même verre pendant toute leur danse. Elisabeth sourit, empoigna la main puissante de Jack qui la redressa. Vaguement grisée, et plus par la danse que par l’alcool, elle se permit un petit rire. Cela faisait longtemps qu’elle ne s’était pas amusée comme cela. La métis repoussa sa crinière rebelle en arrière, tentant en vain de convaincre les boucles brulantes de rester en place.

- Vous êtes bon danseur.

Remarque bien en deçà de la réalité, dite à la Eli, de manière neutre et spontanée. Elle n’avait pas vraiment le sens de la vie sociale, elle disait ce qu’elle pensait et qui lui paraissait important, taisait beaucoup de choses. Elisabeth écoutait plus qu’elle ne parlait, en général, et cette fois-ci ne faisait pas exception: cette phrase toute simple n’était qu’une ouverture proposé à Jack, s’il voulait converser de son apprentissage de la salsa, ou bien des vertus comparées de la version cubaine et portoricaine de cette danse, ou que savait-elle encore. Cet homme lui plaisait, et l’anglaise était ravie d’avoir, pour une fois, la possibilité d’avoir une relation normale avec quelqu’un, saine en quelque sorte. Pas de sang, pas de guerre, pas de meurtres. Pouvait-elle seulement imaginer à quel point elle se trompait? Probablement pas.
Surement enthousiasmé par leurs performances, on remettait un album de danse hispanique. La sniper avisa du coin de l’œil trois hommes qui commençaient à s’agiter de manière un peu trop virulente, dans le dos de son cavalier. Pour l’instant, le tapage était recouvert par la musique, mais déjà deux serveurs s’approchaient, leur demandant probablement de se calmer. La métis se détourna, ce n’était pas son problème. Et si l’ambiance et l’alcool tournaient la tête de quelques imbéciles, c’était monnaie courante et elle ne se faisait pas trop de soucis. Elle entraina toutefois en douceur Jack dans un coin un peu plus tranquille, vers le comptoir. Le propriétaire des lieux ne semblait pas non plus s’inquiéter outre mesure: il était visiblement habitué. Se désintéressant de la chose, Elisabeth reprit tranquillement et un verre et son souffle après leur performance, laissant José lancer un ou deux commentaires à l’espagnol dans un demi-sourire amusé.
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MessageSujet: Re: Wanna Drink Something (With Me) ?   Wanna Drink Something (With Me) ? Icon_minitimeVen 17 Juil - 12:37

Que pena le daba esta chica ! Ainsi donc elle n'avait pas connu sa mère. Sûrement quelque chose de difficile à vivre dans l'enfance, mais Jack ne pouvait s'avancer là dessus. Contrairement aux idées que se faisaient la plupart de ses collègues actuels et aux rumeurs courant au sein du clan, il n'avait pas buté son père alcoolo un jour ou il battait sa mère à mort, non. Le brun avait eut une jeunesse des plus banales, tant que cela pourrait paraître déconcertant, et que vous ne le croiriez pas s'il vous le révélait. Comment s'était-il retrouvé dans le milieu alors ? C'est une toute autre histoire. Et plutôt que de creuser la conversation dans cette voie là, il préféra changer de chemin pour ne pas rendre la rousse amère ce soir. S'il y avait une chose qu'il savait faire mieux que les autres, c'était certainement les réconforter durant un temps.

A son plus grand bonheur, Elisabeth avait accepté sa proposition et se levait à présent. Une main délicate et douce se posa dans la sienne, et en écho à ce geste on put entendre des sifflements admiratifs de derrière le bar. Ce con de José n'en avait pas fini de l'enfoncer ce soir... certes, le mal-rasé s'était trouvé une magnifique partenaire mais il n'avait - pour le moment - aucune idée mal placée. Jack l'entraîna sur la piste de danse, se frayant un chemin parmi les tables cerclées de bavards et de buveurs, il atteint un carré de parquet libre. Ici les femmes ne restaient pas tard, et hormis les jeudis soirs il n'y avait pas grand monde qui investissait cette petite piste de danse. Une chance pour eux, car à peine entamé les premiers pas, le grand andalou n'hésitait pas à l'investir entièrement.

Ses doigts toujours refermés autour de ceux de sa partenaire, il commença avec des mesures simples, au rythme de la musique. Leurs corps se frôlaient, parfois la longue chevelure rouge venait flatter son torse. Et il la faisait tourner, cette petite anglaise, la ramenant ensuite tout contre lui. Il ne put remarquer qu'entre deux tempo qu'elle n'était pas grande, mais que ses gestes, dans l'élan, étaient de plus en plus précis et vifs, comme un feu qui se ravivait au fil des minutes. Elle en avait dans le ventre, c'était le moins que l'on puisse dire. Ils se séparaient, visages légèrement baissés et tournés l'un vers l'autre, puis se rapprochaient à nouveau dans cette façon de faire qui n'était pas sans équivoque. Pourtant, Alvarez gardait son sourire dénué de mauvaises intentions, regard planté dans celui de sa partenaire. Quand il était assez proche d'elle, il lui soufflait des compliments à l'oreille, sur sa manière de se mouvoir. Oh, bien sur, il avait tendance à fixer peut être un peu trop longuement les hanches de la demoiselle qui bougeaient de cette façon si sexy, mais qui aurait pu en lui en vouloir ? Il n'était qu'un pauvre bougre d'hispanique sans grandes joies dans la vie. Lui même s'en donnait à coeur joie, cela faisait longtemps qu'il n'avait eu l'occasion d'en faire autant, et lorsqu'il pressentit la fin de la musique il glissa son bras derrière la jeune femme pour la soutenir, s'immobilisant soudainement. Légèrement essoufflé, il lui sembla avoir le tournis un instant et se redressa, l'air content.


- Vous voulez rire ? C'est vous qui leur avez cloué le bec à l'assemblée ! Et à moi aussi d'ailleurs, je ne pensais pas que vous suivriez aussi bien.

En effet il avait pu remarquer les regards posés sur eux et ramena sa compagne de la nuit du côté du bar, retrouver leur verres glacés. Tout enthousiaste, il ne semblait plus vouloir se détacher d'elle à présent. Un vrai pot de colle. Il l'aurait rencontrée quinze ans auparavant qu'il l'aurait draguée subtilement, mais là il se contenta de se rasseoir à ses côtés en ignorant le barman qui tentait en vain de lui faire des signes.

- Où avez vous appris à danser comme ça ? Sérieusement ! Moi c'est en m'entraînant avec mes soeurs et en allant faire la tournée des bars quand j'étais jeune, alors j'ai une excuse, mais vous, vous avez pas l'air de beaucoup sortir, je me trompe ?

Elle l'intéressait, et il n'hésitait pas à poser directement des questions pour en apprendre un peu plus. Il avait l'air gentillet ainsi, désintéressé et détendu. Seulement d'autre choses lui passaient par la tête, informations rassemblées grâce à une observation constante et très précise de l'endroit où il se trouvait. Comme des données informatiques. Il savait par exemple que ce soir, José avait déjà servi trente et un mojitos et quarante six bières, répartis sur les trente quatre personnes se trouvant dans l'établissement, sans compter les autres alcools bien sûr. Il y avait trois employés, ce qui faisait trente sept personnes en tout. Trente cinq maintenant que ce couple vient de sortir. Et à la table derrière eux se trouvaient trois personnes qui bossaient pour un petit gang au service des Alpha, connu pour la violence dont ils pouvaient faire preuve. Ils avaient déjà commandé onze boissons en tout et s'échauffaient lentement mais sûrement. L'un deux allait frapper le serveur s'il ne s'écartait pas rapidement, et risquait même de sortir le poignard caché dans son dos.

Tout cela ne sembla pas préoccuper Jack pour le moment, il ne fallait pas faire preuve de trop de méfiance ou Howard devinerait sans tarder na nature. Cependant il était fébrile. S'il avait pu se débarrasser du trio gênant pour son clan, il l'aurait fait sans tarder, c'était une aubaine de les trouver là réunis. Seulement le hasard avait fait qu'il se trouve de la compagnie au même moment, et pas des moindres. Il se contenterait de les laisser filer pour le moment. La discussion continuait, des sourires étaient échangés, des coups d'oeils.

Et un verre de vodka vola dans leur direction.
Bien qu'ayant le dos tourné au projectile, les bons vieux réflexes de l'homme de main firent leur travail. En une demi seconde il l'avait sentie venir, amorçant le mouvement sensé protéger Eli. L'objet éclata contre son omoplate, répendant ses éclats brillants sur le sol. Quelques uns s'étaient fichés dans sa peau mais il ne fit qu'émettre un léger grognement. Il était habitué à bien plus mais la matière cristalline était l'une des plus douloureuse.


- Lissa, vous n'avez rien ?

Et il sortait ça d'un ton plus que naturel, comme si ça arrivait tous les jours. C'était le cas, mais elle ne devait pas le savoir ! Quel idiot il faisait. Cependant il n'était pas temps de papillonner devant la britannique, dans le bar les clients s'étaient écartés, la baston avait commencée, et les rabats joies prenaient le dessus malgré la carrure des employés. L'espagnol souffla à sa compagne de rester là et s'y lança à son tour, résigné à calmer les choses. Les coups fusaient, il pouvait sentir des os craquer quand il frappait le nez de ses adversaires, ou bien leur mâchoire. Viser la tête, c'était ce qui les immobiliserait le mieux. José s'était caché derrière son comptoir, lui faisant pleinement confiance, l'encourageant même: le brun avait plus d'une fois sauvé le bar de la destruction totale. Et il empoignait l'un des garnements et l'envoyait valser a l'autre bout de la pièce, et il frappait a tout va, s'occupant des deux autres avec des gestes fluides et maîtrisés. Il avait fait ça toute sa vie, ce n'étaient pas des jeunots qui allaient lui apprendre la vie. Malgré son âge il se tordait en tout sens pour éviter les frappes et les rendre au centuple, faisant preuve d'une souplesse qu'il avait cachée durant la danse. Ce n'était pas bon d'exposer toutes ses cartes le premier soir, mh ?

Une dizaine de minutes plus tard, trois corps gisaient, éparpillés dans le bar. Ils se feraient bientôt jeter à la rue, tuméfiés et honteux. Nul doute que Jack les reverrait bientôt et devrait en finir réellement avec ces délinquants de bas étage. Fixant la scène sans expression particulière, son visage était tâché de quelques gouttes de sang. Son sourcil droit portait une déchirure, et il pouvait clairement sentir sa blessure au niveau du dos. Malgré cela, il avait l'air en pleine forme, et reprenait tranquillement son souffle et sa posture bancale. Ce n'est qu'alors qu'il se souvint de sa rouquine et la chercha des yeux un instant, lui faisant un petit geste contrit, l'air un peu mal à l'aise.


- Ha ha... on peut dire que c'était une autre sorte de danse.

Et maintenant ? Que lirait-il dans son regard, la peur, la curiosité ? Elle l'accablerait de questions, elle fuirait en courant ? Rien ne pouvait être bon. Il avait commis une grosse gaffe, mais elle était nécessaire. Si elle lui coûtait une nouvelle connaissance... tant pis.
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MessageSujet: Re: Wanna Drink Something (With Me) ?   Wanna Drink Something (With Me) ? Icon_minitimeSam 26 Sep - 17:03

[Court, et en retard. Je suis inexcusable.]

Il est parfois amusant de constater à quel point une bonne ambiance et une soirée sympa peut se dégrader à toute vitesse. Particulièrement quand on s’appelle Elisabeth Howard et qu’on venait à peine d’admettre que oui, on s’amusait bien et que oui, on commençait à se détendre. Dans ce genre de cas, c’est le destin qui s’acharne à vous le faire payer.
L’instant précédent, l’anglaise écoutait tranquillement son partenaire de danse babiller, avec son accent si particulier et sa bonne humeur contagieuse. L’instant précédent, il posait des questions sur ses capacités de danseuse. Non, elle ne sortait pas beaucoup, mais plus jeune, elle avait prit des cours. Et alors qu’elle le relançait subtilement sur sa jeunesse, histoire de l’écouter parler et de pouvoir noyer sa vie dans l’alcool et une conversation intéressante, tout s’était cassé. Le rouage de la bonne humeur s’était distordue, l’horlogerie ne fonctionnait plus.

Et du coin de l’œil, la sniper avisa un projectile volant dans leur direction. Elle ne fit même pas attention à ce que c’était: déjà, sa main volait vers sa hanche, l’autre vers son dos, elle empoignait la crosse de son arme… n’empoignait rien du tout. Eli resta une fraction de seconde ainsi, stupidement. Elle était désarmée. Pas de holster, pas de semi-automatique, pas de fusil. Et un grognement interrompit ses réflexions. Jack, faisant montre de plus de présence d’esprit qu’elle, venait de s’interposer. Elle maudit son manque d’à propos et son réflexe qui au lieu de la sauver l’avait mise en mauvaise posture, et se redressa d’un bond, son regard vert survolant rapidement l’assemblée, bien qu’elle sut déjà d’où provenait la menace: savait-on jamais, elle avait pu louper quelque chose.

- Lissa, vous n’avez rien?

Il était calme. Elle aussi.

- Non.

Et malgré les éclats de silice plantés dans son dos, l’andalou se lança dans la bataille, en lui intimant de ne pas bouger. Il paraissait évident qu’il maîtrisait les subtilités de l’art du combat. Un cuisinier, hein? Et bien, cet homme devait, dans sa vie, manipuler autre chose que des casseroles.
La sniper se résolut à lui obéir. Il n’était pas vraiment obligé de savoir qu’elle se battait aussi bien que lui: ne lui restait plus qu’à espérer qu’il n’avait pas vu son mouvement caractéristique de quelqu’un habitué à porter une arme. Généralement, les gens la fuyaient après ça, et comment leur en vouloir? Ceci dit, Jack ne semblait pas non plus immaculé, au vu de sa facilité à se défaire d’adversaires plus nombreux que lui. Il était visiblement au-dessus des autres, qui n’étaient pourtant pas amateurs. Loin de là. Alors qu’elle admirait une esquive particulièrement habile suivie d’un crochet bien ajustée, un quelconque soulard échauffé par l’ambiance se dit qu’elle représentait peut-être un adversaire facile, et visiblement très alléchant. Quelle idée stupide.
La seule réponse qu’elle lui fournit fut un coup de pied fouetté. Simple, banal, sans fioriture, mais un coup de ce genre, quand on porte des escarpins, devient immédiatement bien plus dangereux. On croit que les talons sont de vulgaires accessoires de modes, mais chaussés aux bons pieds, ils deviennent des armes meurtrières. Sonné, l’homme chancela.
Elisabeth se coula contre lui, vive comme un serpent, et frappa. Au plexus solaire. Un seul coup, une grâce létale. L’homme s’écroula. L’anglaise recula doucement, le regard sombre, les cheveux défaits, un air un peu sauvage placardé sur le visage.

Jack avait presque fini. Il se retourna vivement, frappa. Rapide. Fort. Et beau à sa manière, de cette façon que ne peuvent voir ou comprendre que ce qui ont connu le feu du combat. Les yeux verts le parcoururent rapidement: il se tenait droit, pas de cassures, mas son dos devait le lancer. Il présentait également une plaie sanglante au visage mais pour un combat en telle infériorité numérique, il s’en sortait bien. Vraiment bien. Pourquoi alors avait-il l’air aussi… inquiet? Alarmée, Elisabeth observa une nouvelle fois les lieux: il ne semblait pas rester quoi que ce soit de menaçant. En fait, il ne restait pas grand-chose: la plupart des clients avaient promptement plié armes et bagages. Seuls restaient l’argentin au bar et quelques serveurs éparpillées. Alors, à quoi devait-il cette expression de gène?

- Ha ha… On peut dire que c’était une autre sorte de danse.

La jeune femme le fixa une seconde, placide, avant de lâcher dans un soupir:

- Quand je disais que vous étiez bon danseur.

Elle secoua la tête, laissant à plus tard questionnements et inquiétudes. Remettant à plus tard la seule inquiétude valable: qui était vraiment Jack? Car non, son habileté à réduire en bouillie quelques adversaires ne représentait pas du tout une tare aux yeux de l’anglaise, c’était même le contraire. La question pourtant restait: avait-il menti? Et même si c’était le cas… pourquoi s’en offusquerait-elle? Elle réalisa avec un léger choc que non, elle ne le connaissait pas, même si sa compagnie semblait si naturelle, si agréable. Non, elle ne le connaissait pas et le fait qu’elle lui aie dit la vérité n’engageait en rien l’hispanique. Sa vie lui appartenait, de quel droit lui demanderait-elle des comptes? Mais pour l’instant, il y avait plus important. Deux trois mots échangés avec un serveur, et la rouquine entraina d’autorité un Jack déboussolé dans l’arrière boutique. Alors que le pauvre devait bien se demander ce qui lui valait ce geste, elle coupa court à toute interrogation:

- Il faut désinfecter tout ça, et du vrai aseptisant vaut mieux que la vodka que contenait ce verre.

José les avait installé dans une pièce adjacente aux cuisines, une salle de bain munie d’une pharmacie pas très bien équipée, mais c’était déjà ça de pris. La pièce était blanche, et emplie de l’odeur de l’huile et de l’alcool.
Elle dénicha on ne savait trop comment une pince à épiler, de quoi désinfecter et des pansements. L’anglaise fit glisser le baroque somptueux de sa chevelure derrière son épaule.

- Puis-je?

Il devait avoir mal, mais si c’était le cas, il le cachait bien. Et elle prenait tout ça aussi bien que s’il venait de gagner une partie de fléchettes, et non pas d’étaler joyeusement trois mecs entrainés. Sa décontraction était au moins aussi bizarre que le contraste entre les dires et les gestes de Jack. Ces deux là s’accordaient bien, dans le genre hors-normes. Elisabeth Howard s’installa tranquillement et commença à ôter les morceaux de verres.
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MessageSujet: Re: Wanna Drink Something (With Me) ?   Wanna Drink Something (With Me) ? Icon_minitimeJeu 15 Oct - 20:56

Certains détails sont impossibles à cacher à un regard aguerri. Les coups de l'anglaise, ses gestes maîtrisés n'avaient pas échappé au brun, et bien qu'il se demanda d'où cela pouvait provenir, il était encore beaucoup trop tôt et ce n'était visiblement pas le moment des questionnements. Après tout, lui-même avait usé de son éloquence et son naturel pour se déguiser en trentenaire banal, et à présent qu'il s'était trahi sans le vouloir, il pouvait affirmer sans grandes chances de se tromper que la demoiselle avait deviné son jeu. Elle même était en dehors du lot des Communs, restait à savoir de quel côté: les bons, les mauvais ? Tout cela avait une tournure beaucoup trop manichéenne selon l'avis de l'andalou qui se contenta d'une moue dubitative quand il se fit entraîner par la Belle. Après tout, peu importe l'endroit auquel on appartient, chacun à ses motivations et nul ne saurait se montrer assez objectif pour en juger la valeur. La seule chose qui était certaine, c'est qu'elle ne faisait pas partie de son clan, il en connaissait les moindres membres, de près ou de loin, étant le plus ancien d'entre eux, et la rouquine devenait donc automatiquement un opposant. Alpha, Police, rien de tout cela n'importait.

Je, Tu, Nous sommes la Meute. Tout ce qui s'oppose à la Meute doit disparaître. Et voila qu'il songeait à ce roman policier qu'il était sur le point de terminer ! Reprend toi Jackie ! Je sais, c'est pas évident quand une Merveille de son genre s'autorise à te soigner. Il avait toujours fait ce genre de choses lui-même, n'ayant aucune confiance dans les médecins fourvoyés qu'on lui envoyait après des missions sanglantes, cependant dans le cas présent, il n'avait pas même au le temps de protester, et refuser lui aurait paru très déplacé.


- Je vous en prie, gracias.

Quelle maîtrise de soi ! Elle n'avait pas tremblé une seconde, et dans ses trente huit années d'existence, rares avaient étaient les fois où le brun avait croisé le chemin de femmes de cette condition. Dans le métier elles étaient rares, mais celles qui survivaient parmi les rangs masculins bardés de cicatrices pouvaient se vanter d'en tenir la plupart à la laisse, tant elles avaient une force de caractère et une volonté inébranlables. Est-ce qu'Eli aussi est une dure à cuire du genre ? Il aurait bien aimé demandé, mais c'était encore trop impoli. Tellement plongé dans cette réflexion, il en avait oublié de mimer la douleur alors que les plus gros éclats étaient retiré de son épaule. Un léger rire franchit ses lèvres, plutôt.

-Vous avez fait ça toute votre vie, n'est-ce pas ? Vous permettez que je vous facilite la tâche ... ?

Ce disant il avait déboutonné sa chemise aussi pourpre que la chevelure de son interlocutrice, et la déposa sur le rebord de l'évier. Il savait parfaitement le risque qu'il prenait à cet instant, mais l'attitude inchangée de Howard à son égard lui donnait envie de pousser le vice plus loin, et en effet, son dos musclé dévoilé faisait étalage de ses multiples marques. Anciennes et brunies, récentes et encore rosées, deux ou trois comme souvenir de balles, davantage en forme de coup de couteau, insignifiantes ou véritables balafres, elles parcouraient la peau bronzée comme des morsures ineffaçables, ne laissant aucun doute quand à sa Nature.

Je suis un peu comme Toi.

Une façon de dire les choses sans les prononcer, de tâter le terrain et voir jusqu'où peut aller la provocation. Car ce n'était rien d'autre que de la pure Provocation. Il le savait. Il le savait et fixait son reflet dans le petit miroir de l'armoire à pharmacie, tentant de deviner quelles expressions passeraient sur le visage de la Jolie. Tout à l'heure elle n'avait pas cillé, ferait-elle de même ?

- On se ressemble plus qu'on ne le pense.

Elle semblait en avoir terminé avec sa blessure, et lui ne souhaitait pas de pansement, c'était gênant quand posé sur une articulation. Aussi il prit la peine de se retourner, lui faisant face désormais. Il scrutait les prunelles vertes, si brillantes. Depuis quand lui renvoyait-on ses souvenirs en pleine figure sous l'allégorie d'une jeune femme ? Il en était véritablement troublé. Il ne fallait pas perdre pied, se raccrocher aux réalités et y faire face, Anticiper.

- Voila pourquoi je vous propose de rester un cuisinier raté, et de vous considérer comme la meilleure partenaire de danse que j'ai eue. Ça vous convient ?

Nul besoin d'en savoir davantage pour s'apprécier, le reste n'en vaut certainement pas la peine. Et, lui souriant, il prit entre ses doigts l'une des mains délicates de la dame, y déposant un long baiser du bout des lèvres. Un accord tacite, celui de la Trêve, si tant est qu'on peut en instaurer une, et de jouer son second rôle sans se poser beaucoup plus de questions. Jack espérait vraiment qu'elle accepterait.

Comment pourrait-il se résoudre à éliminer ce brin de fille ?
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MessageSujet: Re: Wanna Drink Something (With Me) ?   Wanna Drink Something (With Me) ? Icon_minitimeDim 8 Nov - 18:19

Elisabeth officiait sans dire un mot. Ses doigts habiles étaient rompus, malheureusement, à l'art des premiers soins, et si elle n'avait rien d'un médecin, elle avait tout du moins l'expérience de l'enfer. Il fallait parfois se former sur le tas, et improviser, sous peine de voir un ami, un amant, un compagnon mourir à nos pieds. Il fallait parfois retrousser ses manches et plonger dans le frisson de l'incertitude, sans savoir si on parviendra à sauver qui que ce soit. Fort heureusement, la blessure de Jack, si elle n'était pas belle à voir, n'avait rien des blessures souvent mortelles qu'elle s'était efforcée, tant bien que mal, de comprimer, de limiter, en attendant un médecin. Les lèvres des multiples plaies étaient nettes, aucune artère n'était touchée, c'était superficiel bien que probablement douloureux. Douloureux… mais il ne bronchait pas. Pas une grimace, pas un frisson. Alors que la jeune femme se faisait cette réflexion, un rire léger s'éleva. Elisabeth releva la tête et ses yeux capturèrent dans le miroir le visage de l'espagnol. Serein, bien qu'un peu amer. Un regard à la fois pensif et dur. Elle comprit alors que c'était là probablement le vrai visage de son cavalier d'un soir. Les masques s'effritaient petit à petit. La magie était finie.

- Vous avez fait ça toute votre vie, n'est-ce pas? Vous permettez que je vous facilite la tâche…?

La chemise pourpre tomba, comme un ultime paravent entre leurs deux natures. Il la posa sur le rebord de l'évier trop blanc, comme une tache de sang dans un cadre trop parfait.
Elisabeth ne bougea pas, pendant quelques secondes. Ses yeux si verts parcouraient le dos large et marqué, suivant les ruisselets de souffrance qui déchiraient la peau halée. Il y en avait de toutes sortes. Il y avait toutes sortes de douleurs affichées devant elle. La brûlure d'une balle, le tranchant d'une lame. Douleurs récentes et douleurs anciennes, stigmates légers ou profondes cicatrices. Qu'avait-ils fait au Ciel pour qu'ainsi leur route se trace en lettres de feu et de sang?

Il est un peu comme moi…

Sa main se porta machinalement à son flanc droit que l'horreur avait marqué à jamais. Elle comme lui étaient tombés bien bas. Elle comme lui faisaient partie de la lie. Ceux qui ont les mains sales. Ceux qui les ont plongés dans la merde et le sang. Elle leva les yeux pour croiser un regard brun qui la fixait dans le miroir. Jack la testait. Il voulait savoir où étaient ses limites, il voulait savoir s'ils faisaient partie du même monde. Un monde où pour survivre, il fallait éliminer ses congénères. Le doute n'était plus permis: lui comme elle faisaient partie de la même espèce. La pire, assurément.

- On se ressemble plus qu'on ne le pense.

Les yeux de jade se voilèrent un instant, alors qu'un sourire amer tordait le beau visage de la jeune sniper. Ses souvenirs lui revinrent comme une gifle en pleine face. Viser, tirer, tuer. Et les visages surpris, et les corps derrière elle. Viser, tirer, tuer.
Souffrir.

- Je le crains fort.

Jack pivota, lui faisant face. Pendant une brève seconde, ils se fixèrent sans faux semblants. Durs, tristes. Sans masques. Le tableau devait être surprenant. Elle, droite, chevelure de feu et regard glacé, les bras croisés avec force autour de son corps. Comme si elle craignait de se déliter. Lui, visage calme et regard bouillonnant. Assit dans une posture décontracté que démentait sa peau striée de blessures. Deux tueurs face à face, si semblables et si différents. Parce que Elisabeth savant pertinemment qu'il n'œuvrait pas pour le même camps, ce qui faisait d'eux rein d'autre que des adversaires. Peut-être eurent-ils conscience de ce fait en même temps, mais Jack l'avait probablement déjà anticipé.
Cela ne dura qu'une poigné de secondes. Ensuite, Jack sourit et prit sa main glacé dans la sienne.

- Voilà pourquoi je vous propose de rester un cuisinier raté, et de vous considérer comme la meilleure partenaire de danse que je n'ai jamais eu. Ca vous convient?

Il déposa un long baiser sur sa main mate, sous le regard sombre de la jeune femme. Faire semblant jouer un rôle, et profiter simplement de l'autre sans se poser de questions. Les questions, on se les poserait plus tard. Elisabeth sourit, retrouva son expression habituelle.

- Désolée, mais je refuse de vous considérer comme un cuisinier raté.

Elle adressa un clin d'œil au grand espagnol.

- Je suis sûre que vous cuisinez très bien.

De toute façon, il n'est pas très difficile de bien cuisiner selon les critères de l'anglaise, laquelle ne se nourrissait que de plats surgelés souvent carbonisés par ses soins. Quel était le dernier, déjà? Charbon de carotte à la semelle de viande en sauce. Bon, il ne restait plus beaucoup de sauce. Ce n'était pas sa faute si elle n'avait jamais su utiliser un four! Elle eut un rire léger.

- Enfin, ne vous flattez pas trop. Moi-même confondant régulièrement "cuire" et "brûler", je ne suis pas sûre d'être très bien placée pour juger.

La trêve était signé, nul besoin de chercher plus loin. Jack resterait Jack, un homme sympathique et attirant, à la voix fascinante et qui dansait très bien. Un ami, peut-être. Un souvenir qu'elle chérirait, sûrement. Ca, c'était à lui de voir. Elle allait lui laisser le choix, c'était plus simple. Car après tout, après les révélations de la soirée, libre à lui de désirer la sécurité en ne croisant plus la route de cet ennemi potentiel. C'est un sentiment qu'elle comprendrait. Elle le fixa un instant puis fourra un papier avec son numéro dans la poche de la chemise rouge, avant de sortir de sa poche à elle une pince et de retenir en arrière sa flamboyante crinière.

- Et bien, c'est à vous de voir pour la suite, monsieur le cuisinier. Je vous souhaite une bonne nuit…

Elle planta ses yeux vert dans les pupilles de Jack, le sondant sans ciller. La rappellerait-il? Probablement pas. Mais à présent, la décision lui appartenait. Elisabeth Howard se détourna avec un drôle de sourire, un peu amer, attrapa sa veste et partit sans se retourner.
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MessageSujet: Re: Wanna Drink Something (With Me) ?   Wanna Drink Something (With Me) ? Icon_minitimeMer 18 Nov - 21:56

Elle n'avait donc rien d'une femme banale, et elle le lui confirmait en quatre mots presque douloureux. La demoiselle n'avait que peu réagi, démontrant par là même qu'elle avait compris, peut être un peu trop tôt sans doute, la nature de son Compagnon d'un soir. Bonsoir. Et une bras porté trop près autour d'une taille fine, en geste défensif de son ventre, de son Sein, trahissait subtilement une blessure encore brûlante de souffrance. Elle avait souffert, et c'était une chose qui se lisait dans des iris aux éclats brisés, davantage encore lorqu'ils sont aussi clair et miroitants que ceux de l'anglaise.

Ils s'échappent, veulent se soustraire, mais n'y parviennent pas, et ils s'observent, se jugent encore un peu, juste une question de curiosité. L'impétuosité enflammée contre la plénitude tellurique. Quand enfin elle daigna prononcer quelques paroles de plus, l'andalou, sincèrement surpris, en vint à hausser un sourcil. Encore tout proche de la jeune femme, son souffle caressait le bout des jolis doigts fins qu'elle n'avait pas retirés.

Aussitôt cependant il fut soulagé. L'animal, très encourageant. Il lui offrit en retour son plus beau sourire, accompagné d'un regard rieur.


- Et bien, j'en suis flatté, mais ne jugez surtout pas avant d'avoir goûté, c'est une des premières choses à savoir dans le domaine.

Visiblement, toutes les femmes n'ont pas ce talent inné, et cela semblait être le cas d'Elisabeth qui se dépréciait en continu, sous l'air réprobateur du grand brun, l'air de blablater Mais non, ne dites pas ça, vous ne devez pas être si nulle que ça quand même... si ? Ah bon... enfin, non, je n'y crois pas !

- Dans ce cas je pourrais peut être vous donner quelques conseils, si ce n'est pas trop déplacé ? Vous verrez, il y à des recettes vraiment impossibles à rater, c'est moi qui vous le dit . Et vous pouvez demander à José, il est bien placé pour savoir que je suis digne de dispenser des trucs à ce sujet !

La plaisanterie et la bonne humeur étaient revenues se faire une place après le climax de violence de tout à l'heure, d'autant plus qu'à présent, les faux semblants n'était pas exagérés, et complètement assumés. Transparents. Quelle situation excitante ! Jack n'allait que rarement jusqu'à ce point dans des relations neuves, alors il en était tout émoustillé, plus encore quand ses yeux chocolat puirent suivre la trajectoire d'un bout de papier atterrissant dans son haut abandonné. Que c'était romantiqueee ! Il avait une touche là, non ?

- Buena noche señorita Howard ! Rentrez bien surtouuut !

Le ton s'envolait, tout comme son coeur dans sa poitrine. Ah, les femmes ! Capables de nous faire faire les pires folies.

Une fois rhabillé, et avec une bière de plus au fond du gosier, notre ami mal rasé se retrouvait dehors, à détailler à la lumière blafarde d'un réverbère les chiffres sombres et droits ornant son petit trésor. Sortant son vieux téléphone portable, il enregistra lentement le numéro, y associant le nom
Eli Bonita sans hésitation aucune. Le clapet se referma, et ses lèvres laissèrent s'échapper un filet de fumée âcre. Le ciel était couvert cette nuit, noir d'encre.




Ainsi donc, il avait le droit d'utiliser un Joker, ou de déclarer la partie Finie. Le choix allait être vite fait, pour lui qui ne manquait pas une occasion de se sociabiliser. D'autant plus quand la personne est si charmante, si intéressante, si bien fout- ... stop Jackie. Tu as d'autres chats à fouetter. Plus particulièrement un gros Mattou. Il a attendu un peu trop longtemps avant que tu ne te décides à t'occuper de lui, celui-là. Hu hu.
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