Entry in the place.

« YOUHOUU ! Merci Popy, je te revaudrais sa. »
« C'est bon … sa va Ash. »
« Bisous Popynou ! »

Ash s'imaginait la tête que devait faire son informateur – un gros colosse du nom de Paul qui assurait la sécurité dans un supérette – et il éclata d'un grand rire sonore. Assis en tailleur sur son lit en fouillis, le garçon mit quelques secondes avant de reprendre son calme. Car il fallait qu'il pense sérieusement à sa mission du jour. Depuis quelques jours, il était sur une mission TOP SECRETE que le grand boss lui avait confié. Et il possédait enfin une piste sérieuse. Car on lui avait mis pas mal de bâtons dans les roues et le boss attendait toujours ses infos. Et les infos, c'était son boulot de les collecter alors ce matin pas de grasse mat'. Se levant pour aller se préparer, Ash alluma la radio et commença à se dandiner et à chanter sur un air que sa mère écoutait souvent par le passé.

« Ahoo Ahoo Ahoo Ahoo Ahoo Ahoo
Spitting in a wishing well
Blown to hell...crash … ♪ »

Et voilà, il était prêt : un jean délavé, un T-Shirt bleu cyan, un blouson kaki, une barrette dans les cheveux, des chaussettes avec des petits cœurs dessus, des basket. Un new-yorkais typiquement fauché ! Le sourire sur le visage (et non il n'arrête jamais) Ash sortit de son appartement , ou plutôt de sa chambre-cuisine-salon-bureau-penderie pour se retrouver dans sa cage d'escalier qui avait tout l'air d'un squat. En descendant il salua toutes les personnes qu'il vit et sortit dans la grande jungle qu'était New York 2 ! En route pour le comment déjà ? …

Ash était dans la place.
Touffe blonde au milieu de ce bar miteux, le jeune new-yorkais frétillait comme un poisson dans l'eau. Décontracté et sans prendre note des regards méfiants des clients habituels, il s'avança vers le bar derrière lequel un homme qui devait avoir la cinquantaine semblait roupiller. Comme un chien cherchant sa cible, il huma l'air et ne put s'empêcher de tousser. Ce bar empestait le tabac froid et moins froid et il semblait que la brume qui régnait dans les rues avait réussir à franchir la porte pour pénétrer dans la pièce exigus. C'était un bar typique de ces rues assez malfamés. Petit avec une clientèle fidèle où les nouvelles têtes étaient souvent accueillis à coup de barre de fer, le QG d'une bande. Comme Ash en avait déjà connu.
Ah ces bar si pittoresque, si charmant !

Le Fat Cat.
Drôle de nom s'était dit Ash lorsqu'on lui en avait parlé. Mais depuis qu'il était entré dans l'antre des chats, il lui semblait que le nom avait été taillé sur mesure pour les clients. Des chats de rues, des petits loubards. Y avait toutes sortes de minous ici. Les gros matous qui se tenaient plutôt vers la porte d'entrée en crachant aux moindres mouvements suspect. Ils portaient sur eux les marques des années passées dans les rues. Ash savait qu'il ne fallait pas pousser l'humour trop loin avec ce genre de matou car ils avaient tendance à sortir rapidement les griffes. On trouvait également les vieux minous qui venaient parce que l'habitude les y poussait. Le patron de bar semblait être l'un d'eux, les yeux cernés, la mine grise … Et puis il y avait aussi les jeunes minous tous fous, tous joyeux, tous mimi. Des jeunes garçons pour la plus part qui avait dut vivre une histoire similaire à la sienne. Et ces minous là tournaient autour des jolies minettes. Surement des prostitués.
Un vrai refuge de la SPA !

Ash se laissa aller quelques minutes à la contemplation de toute cette meute de chats enragés, en chaleur ou fatigués. C'était très comique et les lèvres du garçons se fendirent en un sourire sincère et éclatant de joie. La vie était tout de même rudement marrante quand on savait la voir du bon côté. Rudement marrante et rudement comique. Alors que cette remarque éclairait une petite ampoule dans son cerveau, Ash se fit accoster par le patron du bar qui semblait s'être enfin réveillé.

« Qu'est ce que je vous sers ? »
« Coucou ! J'voudrais bien un jus d'orange pressé. »
« J'ai pas. »
HEIN ! Comment est ce qu'on ne pouvait pas avoir d'orange. C'était essentiel les oranges, c'était un rayon de soleil, une pluie de bonheur pour les papilles. La figure de Ash se décomposa en une moue de gamin qui sembla énerver le patron.
« Pas … pas d'orange ... »
Le garçon se laissa tomber sur la table du bar comme un flan retombant en sortant du four.
« Alors un verre de lait. »
Sa voix semblait si désespéré que la patron eut une petite once de pitié en s'éloignant de ce jeune client. Néanmoins Ash l'entendit marmonner « Quel drôle de gamin. » et cela le réconforta. On l'avait trouvé drôle, il avait amener un peu de bonheur dans le cœur si froid du barman ! BA (= bonne action) effectuée !
Il revint rapidement et posa le verre de lait.
« Voilà, sa ferra 4$ »
En sortant la monnaie, Ash demanda d'une voix désintéressée.
« Rudement sympa votre bar. Vous devez avoir une clientèle d'habitués ? »
« Oué plutôt ... »

Une belle clientèle appartenant apparemment à un même gang. Il lui restait plus qu'à rester ici pour que la reine des abeilles rapplique. En attendant, il lui restait plus qu'à tendre l'oreille.

Invité

"Cal' reviens, il est encore tôt."
"Oué, mais les affaires n'attendent pas."
Kyle regarda surpris l'espagnole sortir de la salle de bain, déjà habillée, maquillée alors que lui-même s'étirait dans les draps du lit. Les affaires, les affaires. Mais qu'est-ce qu'elle pouvait bien avoir de si important à faire à cette heure là ? Il ne devait même pas être sept heure du matin que la jeune femme comptait déjà s'envoler de la chambre du loft de Kyle McConnor, la dernière proie de la dealeuse. Mais cette nuit là, elle n'avait pas vraiment eu la tête à ses ébats intimes.
"Quand est-ce qu'on se reverra."
Jamais.
"Bientôt." Promis Cal'.
"Tu sais, je crois que je t'… Cal' ?"
Telle une ombra s'évaporant avec le soleil, la jeune femme s'était déjà glissée à l'extérieur et gouttait à la fraîcheur des matins de New York. A la liberté.

Enveloppé dans un long manteau noir, Cal' s'avançait dans les rues encore calme de la grosse pomme. Le froid venait lui rosir les joues. Toujours chaussée de ses talons, elle portait ce jour là une robe grise, mettant en valeur ses longues et fines jambes. Quelques regards de livreurs suivirent la silhouette longiligne de l'espagnole.
"Si je le retrouve, je le tue. Non avant ça, je le torture."
Toujours les mêmes pensées, celles qui l'avaient obsédé durant toute la nuit. Pedro, ce traître, ce félon, ce lâche qui avait volé l'intégralité des gains de la semaine précédente, qui s'était fait la malle et qui restait jusque là introuvable. Cal' n'admettait pas qu'on la dupe, qu'on se joue d'elle. Elle était la reine, ses sujets devaient lui obéir et non pas la tromper! La dealeuse passa toute la matinée à chercher cette vermine, alla voir tous ses contacts en ville pour les interroger. Mais rien. Elle était même allée menacer sa petite amie. Ce rat s'était terré si profondément que personne ne l'avait vu, aperçut ou même avait entendu parler de lui depuis la semaine dernière. La jeune femme commençait à se demander sérieusement s'il n'avait pas quitté le navire et s'il n'avait pas retrouvé refuge loin de NY2. C'était encore certainement ce qu'il avait de mieux à faire pour sa propre sécurité.

Cling cling.
La sonnette d'entrée du Fat Cat retentit dans la salle saturée d'odeur de cigarette. D'ailleurs la reine en avait justement une à la bouche. Quelques poignés de mains, quelques bises aux habitués du coin, puis elle se tourna vers le bar. Elle ne remarqua même pas le petit blond assit là.
"Salut Ed, une tequila pour moi."
"Ça marche ma belle."
Cal' alla s'installer à sa place, dans un coin de la pièce. Elle était seule, d'habitude elle était entourée d'hommes. Il était trop tôt, les chats des rues ne sortaient que plus tard. L'espagnole aimait ce bar, d'apparence miteuse mais ou elle se sentait bien. Elle y avait passé des centaines de soirées, y avait prit ses plus grosses cuites, avait même couché dans l'arrière sale. C'était en quelque sorte sa maison, son refuge, le monde à l'opposé de ses parents. C'était pour cela qu'elle l'aimait.
"Tient voila, et arrête de faire cette tête d'enterrement. Tu vas le retrouver ce Pedro. J'ai toujours dit qu'il était pas très futé ce ptit, alors te fais pas trop de mouron."
Ed posa le verre sur la table, esquissa un sourire qui sur son visage donnait plutôt l'impression d'un rictus. La patron avait en quelque sorte adopter Cal' depuis le temps qu'elle venait, il savait tout de ses trafics et lui cédait même volontiers son arrière salle. La dealeuse vida son verre d'un trait.
"Il a pas intérêt d'avoir dépensé un dollar de cet argent, sinon, je te jure que je lui coupe ses bijoux de famille à ce …."
Des menaces qui étaient loin d'être anodines dans la bouche de l'espagnole. Ed voulut changer de sujet.
"Et ce concours, il avance ?"
Cal' le regarda avec des yeux ronds, elle l'avait presque oublié. Le concours lancé par l'agence de mannequin Elite. Le concours auquel elle s'était sentie tenue de participer par fierté avant tout, après qu'une de ses bourgeoises qui devaient tout à papa et maman ne lui ait fait remarqué qu'il ne suffisait pas d'être "bien foutue pour devenir quelqu'un, en l'occurrence prétendre à devenir mannequin." Elle avait bien souligné qu'elle comptait participer au concours Elite et qu'elle pensait avoir de sérieusement chance de gagner elle. Il n'en avait pas fallut plus à la farouche espagnole pour déclarer qu'elle allait y participer également et qu'elle lance un défi silencieux à cette hija de puta. Tout cela devant le regard éberlué des compagnons respectifs des deux femmes.
"J'ai déposé mon formulaire d'inscription, on verra bien."
A vrai dire, ce concours avait perdu beaucoup de son intérêt ces derniers jours. Maintenant que l'espagnole était focalisé sur sa vengeance.
"Dit moi c'est qui ce petit blondinet là bas ? Je l'ai jamais vu ici."
Le regard gris de Cal' venait de se poser sur le jeune homme assis au bar et sirotant son verre de lait. Il était plutôt jeune, et il ne ressemblait pas à la clientèle habituelle du Fat Cat.
Quelques murmures et un sourire sur les lèvres de Cal' plus tard, Ed repartit derrière son bar alors que l'espagnole se levait et allait s'asseoir près du jeune blond dans sa légère robe grise. Ignorant que celui-ci cherchait des informations sur elle.

"Alors comme ça on cherche à en savoir plus sur la clientèle du bar jeune homme?"

La voix suave de Cal', teintée des accents chauds de son pays natal alla tirer le blondinet de son verre. Enfin une distraction, quelque chose qui pourrait lui faire oublier les affaires quelques minutes. La reine ne se doutait pas une seule minute que c'était un des informateurs des SFU qui se tenait devant elle.

Cling cling.
Tiens un minous venait de partir laissant entré un courant d'air froid qui fit trembler le jeune informateur. Il se sentait plutôt bien ici, si l 'on oubliait l'odeur de tabac froid, le bar était plutôt charmant. Ash sirotait toujours son verre de lait sous les regards quelques peu moqueurs des autres clients. Ici il y n'y avait pas de demi portion. Le message était clair, on buvait dés les aurores de l'alcool ou bien pour les plus sages un café bien serré mais pas du lait … pas ce breuvage de femmelette. Le liquide blanc contrastait avec la couche de crasse qui s'accumulait sur la table de bar, Ash se demanda si les services d'hygiène osait encore venir contrôler ce type d'établissement. Un bar qui cachait un petit trafic, c'était devenu une banalité dans les rues du Bronx, tellement banal que les autorités ne semblaient plus y prêter grande attention.

Esperanza Javier Carax plus connue sous le nom de Cal'.
Sa cible, surement la plus facile puisque les autres se cachaient sous de fausses identités. Elle lui apparaissait de ce fait plus sympathique et il avait été charmé par ses photos. Elle était belle, très belle même … peut être au goût du Boss. Elle était d'origine espagnole et avait laissé toute sa famille là bas pour venir aux États Unis. Ici, elle avait monté, d'après ses infos, un petit trafic très rentable. Voilà c'était à peu prés tout ce que savait Ash de la belle européenne et c'était loin d'être suffisant.

Le jeune new-yorkais s'étira en baillant longuement (c'est pas bien de bailler en ne mettant pas sa main devant sa bouche ! Vilain Ash). Il voulait rigoler, parler, sympathiser avec tous ces minous mais il devait rester discret. Bah les blagues attendraient. Il était entrain d'en préparer une bonne à l'attention de Edwardo ! Il lui faudrait déjouer la garde rapproché de Alicia et ce serait le gros fou rire. On rigolait vraiment trop chez les SFU !

Cling cling !
Oulah une minette enragée venait de faire son entrée. Platoniquement, Ash se retourna vers la porte d'entrée et il la vit. Cal', la reine des abeilles ou plutôt des minous. Elle serra quelques poignées de mains et fit quelques bises. Une vraie planque de mafieux, sa devenait excitant ! Retournant vers son verre de lait, Ash se fit la remarque qu'elle avait pas vraiment l'air sympathique. Mais qu'à cela ne tienne ! Il apprit le que le barman somnambule portait le jolie nom de Ed et qu'il semblait sacrément tenir à la « belle ». Sous ce visage de pierre, il y avait un petit cœur tout moue qui battait, c'était trop émouvant ! Ash ne put réprimer un petit sourire tandis qu'il entendait le dénommé Ed préparait la commande de sa protégée. C'était sa New York II aussi, des belles relations aussi improbables que magiques. Notant la position de sa cible, le petit informateur continua à bailler en regardant son verre. Elle avait prit place à une table à l'arrière de la salle et tendit l'oreille pour entendre la conversation. On parlait d'un certain Pedro … Pedro ? C'était pas le mec que tout le monde cherchait, un de ses amis lui en avait parlé. Bah possible, mais c'était pas avec les informateurs qu'elle avait mis sur le coup qu'elle allait le retrouver son Pedro. Au moins ses bijoux de famille serait sauvé. Puis la conversation se porta sur le concours. La cause de sa présence ici. Un concours de mannequins, sa ressemblait bien au boss sa ! Le reste de la conversation ne lui parvint pas étouffé par les miaulements d'une des minette qui répondait à un des minous. Continuant à jouer son rôle de chat mal léché (bah quoi fallait bien se fondre dans le décor), Ash arborait sa tête des matins difficiles, focalisant son regard vitreux sur son verre de lait. Valait mieux se faire discret maintenant que le chef de la meute était dans les parages.

Hein heinnn. C'était à lui qu'on parlait. Pour en être totalement sûr, Ash regarda derrière son épaule et ne vit personne. Bah oui, sa devait être lui qu'on parlait. Délaissant du regard son verre de lait, le jeune blondinet le reporta sur la belle femme qui venait de l'accoster. Sa jolie cible avait fait le premier pas … ALERTE DE TYPE 1 ! C'était jamais bon quand les cibles venaient directement à lui. Baissant les yeux, et oui c'était un garçon timide le petit Ash, il répondit d'une voix cristalline et encore enfantine.

« Ouéé il est super … cool ce bar. Très … pittoresque ! »

Pittoresque ? Mais qu'est ce que sa voulait dire ce mot !? Ash l'avait entendu à la télévision, le reporter avait dit sa au gérant d'une auberge et celui ci avait été très content. Enchainant rapidement pour ne pas laisser le trouble qu'avait installé le mot pittoresque durée, Ash reprit :

« Ah au fait, on s'est pas présenté ! Bonjour moi je m'appelle Ash ! Et toi ? »

Le tutoiement avait fusé, Ash ne vouvoyait personne et personne ne vouvoyait Ash. Maman disait que c'était une forme de respect de vouvoyer quelqu'un mais Ash n'aimait pas dire « vous » alors il disait « tu » (toute façon en anglais c'est you alors nah !). Maintenant qu'elle était là, autant sauver les apparences !

Invité

Un mignon petit blondinet, voilà une espère rare dans le bar mal famé. Cal' était intrigué par la présence de ce canari dans le nid grouillant de carnivore. Il avait une tête un peu pommé, comme la plus part des gens ici bas, mais son visage gardait les traces de l'enfance et des sourires, chose plus rare. Elle n'était pas comme ça, elle n'avait plus aucune trace de son enfance, elle avait tout quitté en prenant ce bateau qui l'avait mené jusqu'à New York. Plus aucune trace de son Espagne natale, de sa Barcelone. Il ne lui restait que les lettres de son frère. La jeune dealeuse sourit en voyant le garçon baisser la tête et rougir. Il fallait dire que c'était plutôt mignon, l'espagnole étant plutôt habituée aux comportements inverse du blondinet. Et lorsqu'il répondit de sa voix claire, Cal' rigola.
Pittoresque … oui on pouvait dire ça, il correspondait très bien aux rues mal famés qui l'entouraient. Le Fat Cat était un de ces bars qui se fondait dans le décor, qui faisait partit des lieux, comme sa clientèle.

« Attention à ce que vous dites jeune homme, j'en connais un qui serait capable de vous tailler les oreilles en pointe s'il venait d'entendre ce que vous avez dit au sujet de son bar. »

Elle désigna d'un petit geste de la tête le patron du dit bar « pittoresque » avec un sourire malicieux. Oh elle exagérait, Ed n'était pas un gros dur malgré son apparence, et il n'était pas du genre à s'offusquer pour si peu. Le fait qu'on traire son bar de n'importe quel adjectif était le cadet de ses soucis tant que les affaires marchaient bien. Mais ça, le garçon n'en savait rien. Et la dealeuse avait envie de jouer, de taquiner ce petit naïf perdu, gentiment. Elle s'était assise sur le tabouret à gauche de celui de l'informateur et était tourné vers lui, croisant ses longues jambes. Elle avait légèrement oublié l'affaire de Pedro, ce qui était déjà bien. Le blondinet enchaîna rapidement, quelque peu gêné.
Enfin pas si gêné que ça finalement, puisqu'il la tutoya d'ambler. Nouveau sourire de la part de la dealeuse. Elle était amusée par la naïveté de ce garçon et par sa spontanéité. Pas sûr qu'il fasse long feu s'il restait dans les quartiers mal famés de New York 2. Mais après tout, chacun avait sa place dans cette ville.

« Ici on m'appelle Cal'. Enchanté Ash. »

Nouveau sourire, charmeur. Et voilà l'opération séduction venait de commencer. Cal' ne pouvait pas s'en empêcher, elle aimait la compagnie des hommes, les chercher, les séduire. C'était naturel pour cette femme à hommes. D'habitude, elle n'avait pas beaucoup de mal à arriver à ses fins. Alors, elle aimait se lancer des défis. Elle trouvait Ash mignon, un petit oiseau tombé dans le repère des chats, et son instinct -ou sa curiosité- l'avait poussé à prendre le petit sous son aile. La dealeuse était bien loin de s'imaginer que dans l'histoire, c'était elle la cible, et qu'elle facilitait même la tâche à l'informateur.

« Alors, que fais tu Ash dans le coin ? »

Parce qu'après tout, personne n'était vraiment ici par hasard. Que ce soit ces prostitués qui minaudaient avec leurs petits amis du moment, ces drogués qui venait de se perdre dans la contemplation de l'extérieur en buvant un café ou un verre de vodka. Ou même les personnes qui venait la trouver elle, la reine de ce coin. Cal' maitrisait son monde, ce bar était son royaume, son refuge. Elle n'acceptait aucun intrus, et malgré sa façade souriante et avenante, elle voulait savoir ce que faisait cet oiseau dans l'antre des chats, ce qu'il cherchait ?
Aucun de ses lieutenants n'étaient arrivé, la journée venait à peine de commencer.
Son téléphone portable vibra, la dealeuse s'en saisit.

« Excuse moi … j'en ai juste pour une minute. »

Elle se tourna, posant un coude sur le bar et regardant le message que venait de lui envoyer Alfred.

- Pedro introuvable Joan a la marchandise. Je serais au FB dans 10 minutes.
Cal' ne t'énerve pas
Alfred -

Cal' soupira, son homme de main n'était vraiment pas à l'aise avec la nouvelle technologie, il ne comprenait décidément pas que les sms n'étaient pas des télégrammes et qu'il pouvait aussi bien faire des phrases avec sujet, verbe, complément que d'abréger certains mots. Tous les sms que lui envoyaient l'homme ressemblaient à des messages codés du temps de guerre froide. Enfin, l'important c'était qu'il était efficace et très loyal. Et puis qu'est ce qu'il croyait, qu'elle s'énervait pour un rien ? Bon c'était vrai qu'elle s'était un peu emporté pour la trahison de Pedro, et que son sang d'espagnole était plutôt chaud. Mais tout de même ... La dealeuse lui répondit brièvement, attendit de recevoir l'accusé de réception avant de se retourner vers son jeune ami.

« Je suis désolé, mais les affaires sont les affaires, et elles n'attendent pas. »

La jeune espagnole sourit, elle avait dit ça sur ton si désinvolte et charmeur qu'elle pouvait se faire pardonner n'importe quel retard ou comportement. Et son charme l'avait bien aidé pour mettre en place son petit trafic et son réseau d'influence. Elle comptait dessus pour se qualifier à la prochaine manche pour le concours de la boîte de mannequin Elite et rabattre son caquet à la bourgeoise de Manhattan. Un peu superficiel, peu être, mais tant que les résultats étaient là, c'était tout ce que voulaient Cal'.

Un sourire ? La reine des abeilles venait de lui sourire ? A lui. Trouble … A New York, les gens souriaient peu, quasiment jamais à vraie dire. Ou il s'agissait de faux sourires, de sourires de convenance, des sourires sans aucun sentiment. Mais Cal' venait de lui sourire d'une manière bien différente, avec la sincérité des femmes du sud portant le soleil dans leur regard. Avec la légèreté qui manquait à cette ville entourée d'une chape de plomb. Car ici personne n'était totalement libre, et même si les hommes essayaient de se persuader du contraire, tout le monde devait obéir à des lois qui les dépassaient. Une banale promenade dans la mauvaise rue et on vous retrouvait une balle dans la tête le lendemain. Violation de territoire. C'était cela New York, à la fois si attrayante et tellement dangereuse. Ash n'était pas attiré par le danger, au contraire dés qu'il pouvait l'éviter il le faisait et il s'arrangeait toujours pour l'éviter. C'était ainsi qu'il survivait et qu'importe l'honneur, seul la vie compte au final. Son trouble s'effaça lorsque le rire de l'espagnole répondit à ses mots. Le rire était quelques choses de communicatif chez Ash et celui ci se mit également à rigoler laissant son trouble derrière. Prenant les mots au pied de la lettre, le blondinet cessa de rire et toucha machinalement ses oreilles rondes s'imaginant sa tête avec des oreilles en pointes … Non sa ne lui irait pas. Jetant un coup d'œil au patron qui semblait avoir reprit sa sieste à l'autre bout du bar, Ash poussa un soupir de soulagement. Il ne l'avait pas entendu.

Qui d'autre que Ash aurait put croire à la véracité de cette menace ? N'était pas une de ses menaces que l'ont susurrées aux petits pour qu'ils se tiennent tranquille ? Ash était quelqu'un d'apparence simplette, limpide comme l'eau de roche, inoffensif comme la mouche vous tournant autour mais aussi terriblement chiant. Cal' l'avait elle déjà catalogué dans la case « imbécile heureux » ? La jeune femme s'était installée à ses côtés sur un tabouret, semblant vouloir continuer la conversation. Le SFU restait sur ses gardes laissant son regard se balader dans la salle encore peu fréquenté. Il ne semblait pas y avoir de menace. La dealeuse était peut être juste curieuse. Un peu trop curieuse ? Mais Ash n'était pas vraiment en position de dire de quelques qu'il est curieux.

Cal', c'était tout de même un nom bizarre. Enfin Ash savait que le vraie prénom de l'espagnole était Esperanza. Espoir. C'était surement ce que cherchaient les matous attroupés autour de la belle, un peu d'espoir dans cette vie. Le sourire de la jeune femme augmenta encore un peu plus la bonne humeur du new yorkais. Il en oublia presque la raison de sa présence ici … jusqu'au moment ou Cal' lui posa la question. Pas si innocente que sa cette petite conversation. Esperanza J. Carax, se doutait elle qu'il était ici pour elle ? Pour obtenir des informations sur son compte afin de noircir les pages d'un dossier qu'il constituait dans un des bureaux des SFU. Surement pas. Il valait mieux pas. Car ici, on était pas dans le territoire des SFU. Il s'agissait d'une sortes de No man's land entre SFU et Alpha. Ash n'avait aucune envie que la situation tourne au vinaigre pour lui, surtout qu'il n'avait prévenu personne de son infiltration.

« Je noie mon chagrin dans un verre de lait ! Ma copine m'a plaquée hier. »

Il caressa du bout du doigt le tour de son verre à moitié remplie du breuvage blanc. Sa serait tout lui sa, noyer son chagrin dans un verre de lait ou de jus d'orange. L'alcool, très peu pour lui. Il adressa un sourire amusé à l'espagnole. Elle devait soit le prendre pour un menteur soit pour un vraie gamin. Ash aimait jouer de sa gaminerie, c'était même l'un de ses jeux préférés et il s'y adonnait fréquemment. Et puis, est ce qu'on avait besoin d'une raison pour se trouver à un endroit précis ?

« Sa faisait une semaine qu'on été ensemble ... »

Une moue triste se dessina sur sa figure enfantine. Ash n'avait jamais eut de copine, enfin pas de petite amie. Juste quelques passades. Cal' avait tout l'air d'être une croqueuse d'homme, ses vêtements, sa posture, sa façon de parler, tout semblaient laisser penser qu'elle aimait charmer et jeter après. Un peu comme le boss au final. Ash croyait en l'amour, l'amour avec un grand A. Il l'attendait, essayait de le provoquer. Il y avait quelqu'un mais … c'est une autre histoire.

Le portable se la belle se mit à sonner, Ash lui adressa un clin d'œil amical, comme si ils se connaissaient depuis des années. Cal' s'en saisit et se retourna pour lire son message. Le jeune informateur aurait bien aimer connaître le contenue de ce sms. Un amant ? Un amoureux ? Un de ses sous-fifres ? La nouvelle n'avait pas l'air de la réjouir en tout cas, un soupir, quelques secondes pour renvoyer un message et elle se retournait déjà vers lui.

« Oui c'est ce qu'on dit en effet. »

Ash lui rendit un sourire. Le charme s'opérait, il était fatal mais le blondinet gardait la tête sur les épaules. Buvant une nouvelle gorgée de lait, il remarqua que la jeune femme n'avait pas à boire.

« Tu veux boire quelques choses ? Et toi qu'est ce que tu fais ici ? Une peine de cœur ? »

Il semblait évident lorsqu'on voyait Cal' que ce n'était pas le genre de fille à s'apitoyer sur elle même après une rupture. Elle devait surement être celle qui casse que le contraire. Cette conversation avait une apparence anodine et bien innocente, mais derrière les mots amicaux se cachaient deux personnes cherchant à obtenir des informations sur l'autre.