Reservoir Dogs
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 We are the night. /PV El vértice

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MessageSujet: We are the night. /PV El vértice   We are the night. /PV El vértice Icon_minitimeMer 18 Fév - 4:37

Eliezer était donc mort il y avait trois jours de ça, et bien entendu, Malachite se foutait pas mal de savoir comment c’était arrivé. Les moyens le dépassaient complètement, lui ne s’intéressait qu’au résultat ; à savoir, il était désormais tout seul. (Il n’y avait que Mala pour croire qu’il était tout seul dans un cirque employant une vingtaine d’employés, ça ne lui faisait qu’une bizarrerie de plus, au bout d’un moment on faisait plus gaffe.) Et comme il se devait, Malachite se sentait complètement paumé, abandonné, et tout ce qui allait bien avec, avec en guest une bonne trouille qui ne le quittait pas depuis qu’il savait qu’Eliezer (alias son dieu sur terre) n’était justement plus sur terre. Penser à aller à l’enterrement ou faire respecter les dernières volontés du très regretté ? Vous lui en demandez trop, le Mala n’est pas encore passé à l’étape où on enterre ses morts, quant aux dernières volontés, soit il les connaissait pas, soit il les avait oublié, ce qui revenait sensiblement à la même chose.
Toujours est-il que le Malachite avait franchement la frousse depuis trois jours, parce qu’il était tout seul, et que tout seul, il savait pas se débrouiller. La preuve : il avait pas dormi depuis tout ce temps (ou alors vraiment debout contre un quelconque poteau des fois qu’un vilain lui saute dessus pour lui faire sa fête), quant à manger, c’était devenu un concept vague, le genre qui prend pas application dans la réalité. Oui voilà, un Malachite tout seul, ça sait vraiment pas se débrouiller (à partir d’une quinzaine de jours l’instinct de survie refait surface, disons).
Vu qu’il pensait déjà pas à dormir et à manger, trop occupé à flipper tout ce qu’il savait, inutile de préciser qu’il n’assurait plus du tout son office de cracheur de feu, et que les représentations avaient dû par la force des choses se passer de sa présence chaleureuse. Il ne savait pas du tout si on l’avait cherché (et pour être très franc, il ne s’en souciait absolument pas), en tous cas il aurait été difficile de le trouver puisqu’il se planquait dans les coins les plus inconnus du cirque, le genre d’endroits où lui seul avait l’idée de se fourrer. Il en était ressorti seulement le jour même, et marchait avec un air paumé dans le terrain vague derrière le cirque, se cognant aux ferrailles qui traînaient, sans même grimacer lorsqu’il se faisait mal. Il avait dans la main droite un briquet avec lequel il jouait vaguement, sans le regarder, passant ses doigts dans la flamme semble-t-il trop rapidement pour se brûler. S’il se brûlait vraiment et se faisait mal, il le cachait bien, l’expression fermée et peu amène, lèvres pincées et regard dans le vague.
Après une dizaine de pas, il se laissa tomber dans un coin, filant un coup de pied gratuit dans une carcasse de vélo arrivée ici on ne sait comment, l’éjectant au loin dans un bruit désagréable, grimaçant brièvement avant de replier du mieux qu’il pouvait ses longues jambes contre lui. Avec un air très absorbé, il commença à cramer les fils qui dépassaient de la couture de son jeans, pinçant un peu plus les lèvres, les yeux fixés sur la petite flammèche qui venait mourir contre le tissu dans un crépitement discret, filant parfois une petite tape sur sa cuisse quand il commençait à prendre feu. Il en résulterait quelques traces de brûlures légères sur ses cuisses, et il s’en foutait complètement (ce qu’on pouvait comprendre vu qu’il était déjà bardé de cicatrices de partout).
Il aurait bien fumé mais avait terminé tous les paquets de clopes qu’il avait pris soin de faucher avant de partir se planquer, et n’avait absolument pas envie de se relever pour en piquer d’autres (sans compter que ça faisait gueuler ceux à qui il les « empruntait », une perspective qu’il ne se sentait pas capable d’affronter présentement). Conséquence de ces trois jours d’ermitage planqué dans les tréfonds du cirque, il était plus osseux que jamais, et à peu près aussi coloré qu’un yaourt nature, parfaite incarnation du mec au bord de la syncope. Et quand quelqu’un s’approcha de lui, il ne daigna même pas relever les yeux sur lui, complètement concentré dans son œuvre de cramage de jeans.
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MessageSujet: Re: We are the night. /PV El vértice   We are the night. /PV El vértice Icon_minitimeMer 18 Fév - 5:19

Ce soir, vingt heures, la troupe du Laudanum Circus se fera un plaisir de vous accueillir en son sein pour un spectacle exceptionnel et ébouriffant, avec en première partie le célèbre pyromane cracheur de feu et sa belle femme-serpent ! N’oubliez pas de réserver vos places !

Cela faisait maintenant deux heures que Jude Guelfe, directeur du fameux Laudanum Circus, regardait le prospectus de sa troupe, son regard tentant de transpercer la malheureuse feuille de papier au fur et à mesure que les minutes s’égrenaient. Sa main droite était crispée sur une clope qui se consumait à une vitesse hallucinante, ses doigts libres tapotant nerveusement sur sa cuisse repliée contre lui même. Cela faisait trois jours qu’Eliezer était mort, trois jours qu’il n’avait plus d’adjoint, trois jours qu’il n’avait plus sa tête d’affiche. Foutu Malachite d’Argence.
Il aurait du s’en douter à vrai dire. Mala suivait de tellement près Eliezer qu’il aurait été à parier que celui ci allant manger les pissenlits par la racine un peu plus tôt que prévu, le clebs allait le suivre. Unis même dans la mort, dieu que c’est beau. Sauf que lui il était dans une merde noire, les spectateurs râlaient, menaçaient de faire cramer sa roulotte (tout ça parce qu’il y avait plus le cracheur de feu, que la vie est dure), et lui savait pas quoi trop leur répondre. Faut pas croire que la mort du brave Eliezer lui avait rien fait, non c’est pas vrai, ça lui avait mis un petit coup sur le moral, il avait été brûler un cierge dans le terrain vague, après tout lui et son coéquipier avaient vécu tant de choses ensemble qu’il lui devait au moins ça, mais là y’avait du fric en jeu. Et Eliezer aurait été d’accord avec lui, quand y’a du fric en jeu, plus rien ne compte. Hormis retrouver ce foutu cracheur de feu.
Il avait même pas cherché où pouvait se cacher ce sombre abruti, déjà au courant que de toute manière il ne le retrouverait pas, plutôt occupé à se demander comment il pourrait le remplacer. Jude sursauta quand sa clope incandescente lui brula les doigts et il la laissa tomber par terre, l’air de se demander pourquoi ça faisait aussi mal. Se relevant lentement, comme un octogénaire qu’il n’était pas, il donna un violent coup de pied dans la table, la renversant et brisant tout ce qu’il y avait dessus, et il s’échappa de la roulotte en claquant la porte derrière lui, bien énervé. Il traversa le lieu d’entraînement de ses monstres d’amour comme il les appelait, hurla sur les plus doués, cogna sur les plus mauvais et finit par regagner le terrain vague, bien décidé à aller se défouler sur une pétasse qui traînerait dans le coin. Quelle ne fut pas sa surprise quand au lieu d’une pétasse il découvrit le crétin suprême recroquevillé sur lui même !
Première vérification, taré premier du nom n’était pas avec ses explosifs. Deuxième vérification, il n’était pas en train de pleurer toutes les larmes de son corps en hurlant après sa maman. Son cœur de bœuf loupa un battement, son sang arrêta de tourner une demi-seconde et Jude chargea comme un gros bourrin qu’il était. Ca commençait à chauffer sévère au niveau de ses oreilles, il ressemblait à un taureau en pleine corrida, les narines dilatées, avec un peu d’imagination on pouvait même voir la fumée s’en échapper, une veine battant désagréablement au niveau de sa tempe droite. Il pila devant le Mala, croisa les bras contre son torse, toisant le jeune homme tout pâlichon à ses pieds.

« Toi t’as de sérieux problèmes mon pote. »


Jude se força à inspirer calmement, respirant comme une forge en pleine activité et il fit craquer sournoisement ses doigts, une lueur mauvaise au fond des yeux. Collant une petite taloche sur le crâne du gamin histoire qu’il lève les yeux vers lui, il serra les mâchoires, faisant saillir les muscles déjà disproportionnés de son visage.

« Tu vas pleurer après ta mère encore longtemps ? Eliezer est mort, c’est vrai, il était gentil et tout chou, une vraie dame de compagnie, mais moi j’ai un cirque à faire tourner, tu piges ? Alors tu vas bouger ton joli petit cul et arrêter de me regarder avec ton air de chien battu. TOUT DE SUITE ! »
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MessageSujet: Re: We are the night. /PV El vértice   We are the night. /PV El vértice Icon_minitimeMer 18 Fév - 5:42

Alors oui, Malachite releva les yeux sur le terrible directeur du cirque, mais il ne prit même pas la peine de prendre une expression impressionnée. Ca faisait souvent cet effet-là d’avoir eu à supporter une mère ultraviolente et cannibale pendant une bonne partie de sa vie, on était plus impressionné par grand chose. Et l’homme le plus fort du monde en rogne, ça ne suffisait pas à lui faire peur, malheureusement. En fait, c’était à peine s’il arrivait à se souvenir de qui ça pouvait bien être ; être Malachite au quotidien c’était toute une aventure. Un peu comme traverser la vie enfermé dans une bulle de flotte, il avait la mémoire plus que franchement sélective, et ce qui pouvait paraître important aux yeux du commun des mortels, lui il s’en cognait allègrement – et la hiérarchie, ça en faisait partie. Son chef, c’était Eliezer, et point barre. (Il avait jamais vu la femme-serpent par exemple, alors que c’était difficile de louper une nana qui avait pas de jambes mais une espèce de queue de serpent à la place, quand même.)
C’est là qu’on comprend mieux comment il fait pour pas tourner franchement dingue parmi tous ces monstres humains : lui, il voit pas la différence que ça fait rapport aux gens normaux. C’est trop magique d’être Mala par moments. En l’occurrence, ça allait pas être trop magique longtemps, et son instinct surentraîné à ce genre de situations (la gueule du « toi j’vais te bouffer en salade » il la reconnaîtrait même sur Charlie Chaplin tellement il y avait eu droit) lui soufflait bien qu’il y avait baleine sous gravillon. Et autant dire qu’il en avait strictement rien à cirer. Et puis ça lui paraissait pas du tout étonnant qu’un type de la taille de Jude vienne vouloir lui taper dessus, alors qu’il faisait chétivement un mètre quatre-vingt et une toute petite soixantaine de kilos. La notion de fair-play de Malachite, y’avait tout un bouquin à écrire dessus tellement c’était … poétique. Poétique dans le sens « personne y a jamais pensé tellement c’est déconnant », évidemment. Histoire d’être plus ou moins préparé au choc, il se redressa en dépliant ses longues jambes, être au moins debout face à l’adversaire ça pouvait aider – même s’il était parfaitement conscient qu’il y avait largement de quoi perdre quelques molaires dans l’aventure, cette fois-là. Celles que sa mère avait eu la bonté de lui laisser (même en cherchant bien il avait plus jamais retrouvé une personne de chromosome XX qui frappait aussi fort que sa mère, juré).
Et si Malachite avait horreur de quelque chose dans la vie, c’était qu’on tente de lui donner des ordres alors qu’on était pas habilité à le faire. Certes, pour tout autre que lui, que Jude soit le directeur du cirque lui donnait pas mal de droits sur le plan du don d’ordres, mais toute la saveur de l’expression se situe dans le « pour tout autre que lui ». Il semblait bien au cracheur de feu qu’il avait jamais obéi à un ordre direct de Jude (normal, tout transitait par Eliezer qui aurait pu lui demander vraiment n’importe quoi), et c’était pas parce que la dame de compagnie était claqué que l’autorité se transmettait forcément au blond qui lui faisait actuellement face. Y’avait aucun legs dans le domaine, même, et Mala se trouvait très froissé que Jude se permette de lui ordonner un truc. Et encore une fois, c’était pas parce qu’il était beaucoup, beaucoup, mais alors beaucoup plus costaud que lui qu’il allait se laisser faire. Et le brun se hérissa comme un chat sauvage fâché, mécontent qu’il était de ce manque de savoir-vivre évident. (Malachite ou : comment être suicidaire.)

« Je fais ce que je veux. »

Et histoire d’affirmer très primairement sa virilité et toutes ces conneries qu’il utilisait énormément (c’était son côté animal qui ressortait énormément, Mala adorait les batailles pour la dominance, instinctivement), il cracha aux pieds du directeur. Avec une expression franchement mauvaise dans les yeux. Dans un réflexe nerveux, il ne cessait de faire jouer son briquet dans sa main, produisant une série de petits bruits agaçants sans que ce soit une menace ; il avait sûrement quelques trucs explosifs surprises comme il aimait bien dans ses poches, mais il ne les utiliserait pas, parce que ce serait trop facile pour gagner. Un peu dangereux aussi, mais il était complètement inconscient du danger, et se serait fait très facilement sauter avec Jude (s’il en avait vu l’utilité).
Et maintenant il attendait, insolent et droit face au directeur, avec son briquet qui faisait du bruit dans la main droite.
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MessageSujet: Re: We are the night. /PV El vértice   We are the night. /PV El vértice Icon_minitimeMer 18 Fév - 6:24

Tant d’inconscience dans un si petit corps, y’avait vraiment de quoi impressionner Jude. En plus d’avoir manqué trois représentations, voire même quatre parce que le directeur doutait fort que le Mala s’en aille sur scène ce soir, il avait le culot de lui tenir tête et de lui cracher à la gueule. Double erreur du pyromane sur le coup là. Jude se doutait bien que ça n’allait pas être facile d’apprivoiser l’animal, étant donné que sa fidélité à Eliezer battait celle d’un couple de moines franciscains, et en plus il n’avait jamais vu comment son ex-adjoint s’y prenait. Et d’ailleurs, même s’il avait su quelles étaient les techniques secrètes à employer sur le gamin, c’était à peu près certain qu’il n’y serait pas tenu, bien trop peu rompu à la conversation enflammée pleine de sentiments dégoulinants et franchement écœurants. Donc si Malachite comptait sur Jude pour le consoler en lui tapotant l’épaule et en lui tendant des mouchoirs parfumés à la menthe, c’était clairement loupé. Et comme quoi en plus, Jude calculait vraiment pas le cracheur de feu.
Lorsque la bave du crapaud atterrit aux pieds de la blanche colombe (c’est Jude ça, si si je vous jure), le retour de bâton fut direct. Le poing non contrôlé du géant vint s’encastrer sur la fine pommette de Mala dans un bruit plutôt grinçant et l’autre main de Jude attrapa son poignet, tout tendu dans l’objectif de pas le briser sans faire gaffe.

« Non t’as rien pigé ducon ! Si avec Eliezer t’étais la coqueluche que l’on soigne dans son pieu, avec moi t’es rien et tu vas vite comprendre que t’aurais jamais du faire ça ! »

Si Jude avait conscience de sa force plutôt importante (tout est dans l’euphémisme) et de la fragilité effrayante de Mala, il n’en était pas moins qu’il réagissait au quart de tour face à ce genre d’agressions. Comme il jugeait que le premier coup de latte n’avait pas suffit, il en enfonça un deuxième dans son estomac avant de venir le choper par la gorge pour le soulever à quelques centimètres du sol. Ca fait toujours très classe ce genre de geste, et quand on est foutu comme le directeur, c’est franchement pas très dur à mettre en application. Jude se mit alors à secouer le gamin dans tous les sens, lui hurlant des mots incompréhensibles dans les oreilles (qui étaient en fait les fameux « Cafard », « Dix », « J’te tue ») jusqu’au moment où il prit la sage décision de vérifier si sa première sommation avait porté ses fruits. Il laissa tomber le Mala à ses pieds, le poussa d’un coup entre les côtes et posa ses fesses sur un tas d’on-ne-sait-trop-quoi-et-il-vaut-mieux-ne-pas-savoir, l’air faussement calmé.
Son regard glissa sur le corps frêle de Mala et pendant au moins trois secondes (c’est vraiment très long pour lui je vous assure) il eut une petite pointe de culpabilité à l’idée d’avoir cogné le favori de son ancien ami. Ca se fait pas trop quoi. Un, deux, trois, hop y’a plus de culpabilité dans l’air, Eliezer est retourné se ronger les os, et Jude continue de reluquer son employé. Il ne sait pas encore trop comment il va réagir, il a bien peur qu’il fasse le con et lui saute dessus dans l’idée de contre-attaquer et il risque franchement de se faire mal le mini cracheur de feu. Parce que c’est pas pour dire, mais Jude c’est une montagne de muscle, derrière laquelle se cachent des organes de Polly Pocket. Autant dire que pour lui faire mal à mains nues, c’est carrément du suicide ou un coup à se péter les phalanges soi-même. Un dernier regard au corps effondré à ses pieds et il grogna d’un air mécontent, presque désireux que la situation tourne mal.

« Tu vas avoir mal petit, c’est pas une bonne idée. Toi, moi et les autres rigolos du cirque, on forme une meute, MA meute. C’est moi le chef, c’est moi qui suis le pouvoir. »

Jude, ou comment se persuader que si les autres arrivent à régler des problèmes juste en discutant, il peut le faire aussi. Sauf que de toute évidence, il tombe que sur des barjes pour qui la communication est un concept aussi flou que pour lui. A quoi bon faire des efforts, hein, je vous le demande. Et à en voir la gueule de Mala, Jude se fit la réflexion qu’il pouvait lui refoutre un coup dans les côtes, histoire de.
Ce qu’il fit, d’ailleurs.
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MessageSujet: Re: We are the night. /PV El vértice   We are the night. /PV El vértice Icon_minitimeMer 18 Fév - 6:48

Croire que Malachite ne s’attendait pas du tout à une réaction violente, c’était franchement mal le connaître. En fait, plus que de le savoir, il le cherchait, parce que c’était à peu près le seul mode de communication qu’il maîtrisait. J’te provoque, tu frappes, je frappe en réponse jusqu’à ce qu’un des deux déclare forfait, tout cassé dans son petit corps, c’était toute son enfance au Mala, et y’avait que comme ça qu’il envisageait les relations humaines. (Je vous raconte pas la gueule d’un citoyen lambda quand il mettait en pratique ses supers techniques de communication sur lui.) Y’avait qu’avec Eliezer que ça s’était pas passé comme ça, parce qu’il avait su s’y prendre autrement. Y’avait bien eu deux ou trois claques sur le museau de Malachite pour qu’il se tienne tranquille, mais pas de grands affrontements à coups de pieds et de poings. Il faut dire qu’il valait mieux éviter, parce que le cracheur de feu était peut-être franchement mince, mais il savait très bien cogner, et d’un coude de coude, il était capable de faire sauter quelques dents. Merci qui ? Maman.
En attendant, Mala avait très mal à la pommette (et un bleu de plus pour la route), à l’estomac, et il laissa échapper un grondement agressif quand le directeur l’attrapa à la gorge pour le secouer, ce qui passa totalement inaperçu parmi les hurlements. Assourdi et tout concentré sur la douleur qui irradiait dans son corps, il resta sagement par terre là où Jude l’avait laissé tomber, mettant en application la théorie du Mala-paquet pour quelques instants – le temps de s’en remettre un peu quoi. Sa tête bourdonnait, il était un peu plus assommé qu’il ne voulait bien le croire par le coup de latte de Jude, et s’il entendit le directeur parler, il fit exactement comme si ça n’avait pas été le cas. Quand le pied du colosse (n’ayons pas peur des mots) le frappa à nouveau dans les côtes, tous les petits muscles du cracheur de feu se contractèrent d’un coup, et sans même qu’on sache comment il était foutrement possible de passer de la position horizontale à bipède en aussi peu de temps, il sautait à la gueule de son soi-disant supérieur (y’a que lui qui est convaincu que Jude n’a aucun pouvoir sur lui), toutes griffes dehors. Un coup de coude pointu dans la gueule, ça fait toujours du bien, et c’est ce que mangea le blond, de même qu’un coup de pied sérieusement vicieux vers les parties, que Malachite loupa toutefois de quelques centimètres, frappant à l’intérieur de la cuisse.
Il était parfaitement au courant que la situation allait très mal tourner, et même pire, il n’attendait que ça – rien de mieux que se faire casser la gueule pour vous détourner d’un deuil, parole d’Argence – et il avait bien intégré que si sa mère avait été un adversaire plus que respectable durant son jeune temps, celui-là était encore plus coriace. Mais il s’en foutait complètement. Il se fichait pas mal de savoir qu’il allait sortir de là avec la gueule de quelqu’un qui a passé une semaine complète dans un malaxeur-compresseur, qu’il allait peut-être récolter encore quelques cicatrices dans l’aventure (faudrait qu’elles en chevauchent d’autres, commençait à plus y avoir de place sur son corps pour de nouvelles marques).
Suicidaire ? … Non, juste inconscient. Complètement inconscient. Sa main droite, qui n’avait pas lâché son briquet fétiche (un briquet avec des motifs de rayures de zèbre, qu’il rechargeait régulièrement pour pas avoir à le jeter), se referma en poing, enserrant le briquet dans une poigne ferme et déterminée. Et ledit poing, renforcé à l’aide du briquet, vint s’abattre avec force sur le visage de Jude, Mala grimaçant agressivement, complètement absorbé par le désir de faire mal.
Une force assez insoupçonnée dans un corps aussi mince, d’ailleurs, Malachite était un garçon très surprenant quand il voulait (et même quand il voulait pas, en fait). Il poussa un nouveau grondement incontrôlé, menace diffuse mais réelle :

« T’es PAS mon chef ! »

Et là on touche à quelque de très profond dans la psychologie du Mala. Même si ça paraît très con qu’un employé dise ça à son directeur.
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MessageSujet: Re: We are the night. /PV El vértice   We are the night. /PV El vértice Icon_minitimeMer 18 Fév - 19:11

Les bijoux de famille, argh. Ca c’était le truc à ne pas faire, principalement quand on avait un passé aussi sexuellement familial que Jude. Les organes vitaux comme il disait, c’est ce qui l’avait mené loin dans la vie, d’abord avec sa grand-mère, ensuite avec Alcide, euh non peut-être pas, puis y’avait eu Elephant Man, le flic résistant et pas mal d’autres. Il se souvenait d’ailleurs jamais de leur prénom (c’est une habitude chez lui), préférant hurler des « Cafard ! » quand il était sur le point de jouir ou des « J’te tue » quand il virait dans le sadisme sexuel profond. Comme quoi on ne change pas sa nature, ni son vocabulaire d’ailleurs. Toujours est-il que quand le pied de Malachite vint percuter sa cuisse suite à un ratage bienheureux, il ne put s’empêcher de laisser s’échapper un soupir soulagé. Bon pour le spectateur non averti, ça ressemblait plus à une cocotte-minute qui arrive à terme et ça signalait vraiment rien de bon pour le Mala sauvage.
La jambe de Jude céda quelques centimètres à son agresseur par pur reflexe douloureux, tandis qu’il remontait sa main vers son visage (là où il avait pris le coude du cracheur de feu, faut suivre) dans un geste de défense. Un grognement de rage monta dans sa poitrine et il plissa les yeux, désormais profondément énervé. Il avait essayé d’être gentil avec son employé, de le remettre pas trop brutalement dans le droit chemin, mais si Jude avait quelque chose en horreur, c’était bien qu’on lui résiste (paix à feu le flic). Il repoussa le poing de Mala quand il s’approcha de son visage, le tordit dans un brusque élan de colère et à l’autre bout du cirque on entendit le craquement écœurant qui en découla. Jude attrapa le gamin par les jambes, le souleva comme un paquet de cacahouètes, et le balança sur son épaule, revisitant son numéro d’homme le plus fort du monde. Il fit la toupie quelques secondes, histoire de bien remuer son homme et le jeta à terre, à bien cinq mètres de là. Le taureau était à nouveau de sortie, Jude se remit à cavaler comme si sa vie en dépendait, appuyant bien fort à chacun de ses pas, faisant trembler tous ce qui encombrait le terrain vague. Si on était sourd d’une oreille, on pouvait interpréter les cliquetis métalliques comme une joyeuse petite musique d’ambiance… une marche funèbre en l’honneur de Malachite.
Le bœuf sauta sur le cracheur de feu toujours à terre, posa ses fesses si musclées et si élégantes sur l’estomac du pauvre homme et il approcha son visage du sien, tous crocs dehors, avec une attitude franchement agressive sur les bords. Pas que sur les bords, d’accord. Le directeur commença alors à grogner, à ponctuer ses bruits sourds d’insultes bien senties (pas sûr qu’il existe un mec aussi vulgaire que monsieur), badigeonnant de salive sa victime. La séance thérapie c’était fini, Jude appliquait maintenant ce qu’il savait faire de mieux, à savoir cogner sans se préoccuper des dommages causés sur la petite gueule de Mala. Il finit toutefois par se redresser, appuyant encore plus de ses quatre-vingt quinze kilos sur le corps frêle qu’il calait entre ses jambes. Un coup de poing à droite, un coup de poing à gauche, un autre sous le menton, un sur le museau, ah pour le moment rien de cassé, sauf peut-être le fameux poignet, et Jude retrouva l’usage de la parole, se mettant à beugler comme un banquier.

« UN ! DEUX ! TROIS ! QUATRE, CINQ, SIX, SEPT ! ET HUIT ! NEUF ! ET DIIIIIIIX ! »

Le compte y était, décidément on oublie pas comme ça son passé, et là ça faisait dix bons coups de latte dans la gueule pour Mala. Et si ça suffisait pas, Jude se sentait suffisamment en forme pour passer aux dix à droite, dix à gauche, jusqu’à atteindre la centaine, ce qui était un nombre relativement correct, il faut l’avouer.
Un joli hématome commençait à bleuir sur la pommette de Jude, encerclant délicatement son œil, et sûr que quand il verrait ça dans son miroir, ça n’allait pas lui plaire. Mais alors, dans le genre vraiment pas du tout. Restait à savoir si Mala préférait finir noyé dans le bassin des alligators ou étranglé sur la place publique pendant que son briquet favori serrait écartelé avec grand plaisir.
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MessageSujet: Re: We are the night. /PV El vértice   We are the night. /PV El vértice Icon_minitimeMer 18 Fév - 20:12

Malachite passa du grondement de colère au cri aigu de douleur quand Jude lui tordit le poignet en ne s’encombrant absolument pas de la notion de douceur, et son corps mince se plia en deux dans un réflexe idiot pour échapper à la douleur. Quelques instants plus tard, il était sur l’épaule du directeur sans savoir comment il était arrivé – ce qui lui arrivait très souvent, il finissait par ne plus se poser de questions quant aux itinéraires empruntés – et pour terminer cet échange mémorable, il exécuta un vol plané dans une superbe envolée de grandes jambes absolument pas contrôlée. Il en était à essayer de se redresser histoire de voir venir l’adversaire que le concerné était déjà sur lui, l’écrasant de tout son poids franchement conséquent. Mala, tout mouillé, ça tapait difficilement dans la soixantaine de kilos, alors il était pas près de déboulonner le blond de là où il s’était posé. (Peut-être en le voulant très fort, mais le cracheur de feu n’était actuellement pas du tout en état de réfléchir, vu le déluge de coups dans la gueule qu’il mangeait actuellement.)
Il sentait très clairement ses dents grincer sous les chocs successifs, et ses yeux avaient de plus en plus de mal à mettre au point dans des temps normaux, quant à savoir s’il entendait ce que criait Jude, rien n’était moins sûr. Malgré les impacts qui lui pleuvaient dessus, son poignet protestait vivement contre le traitement qu’il avait reçu, irradiant de douleur, et Mala le bougeait le moins qu’il lui était possible, abandonnant l’idée de parler après s’être mordu la langue plutôt fort à cause d’un coup de poing de Jude (le numéro sept, peut-être).
S’il avait pu desserrer les mâchoires, il aurait soupiré de soulagement quand le directeur arrêta de le frapper, mais tous ses petits muscles étaient contractés par réflexe, et il se contenta de rester allongé au sol (comme s’il avait le choix vu la masse assise sur son pauvre petit corps qui allait certainement sortir de l’aventure couvert de bleus. Dans un grand effort de volonté et un dernier élan de provocation, il se redressa brutalement à l’aide de ses abdominaux, son front venant percuter violemment celui de Jude. En l’occurrence c’était parfaitement stupide de faire ça, mais on aura compris que c’est pas le genre de trucs qui arrête Malachite. De une parce que le mec à qui il tentait de foutre un coup de boule était beaucoup plus costaud que lui (et partant de là on pouvait raisonnablement se dire que ses os étaient sûrement plus solides que les siens), et qu’ensuite il était en dessous. Et dans la vraie vie, les coups de boule, ça marche pas comme dans les films. C’est simple : c’est toujours celui qui est au-dessus qui gagne.
Et dans ce cas-là, c’était pas Mala. C’est ainsi que le cracheur de feu réussit à s’assommer un peu plus tout seul, retombant sur le sol en grimaçant avec l’impression que sa tête allait imploser (on rigole pas avec les termes techniques quand on est un expert en explosifs de tout genre). En fait, il était même tellement sonné qu’il en lâcha son briquet (même si ça faisait très mal à son poignet, qui était au mieux foulé, au pire pété, il ne savait pas trop encore), et secoua un peu la tête dans l’espoir que le décor arrête de tourner autour de lui tout seul. (Pas sympa le décor, comme s’il avait besoin de ça en plus.)
Il poussa un nouveau grondement, encore moins convaincant que les précédents (Mala grondait souvent, mais il avait pas vraiment la carrure qui allait avec, ça faisait un peu bébé tigre), et jeta à Jude un regard noir plutôt convaincant quand on savait qu’il y voyait tout flou (un mélange de larmes dans ses yeux et de système oculaire qui avait un peu pâti des coups de latte sur la gueule). Il tenta bien un dernier coup de genou vicieux – loupé, de là où il était il ne pouvait rien toucher, à peine le dos – puis se rendit compte de ce que tout le monde savait pertinemment depuis le début ; il n’était pas vraiment de taille face au directeur.
Donc le Malachite resta silencieux mais ne bougea plus, en apparence dompté, sérieusement calmé par tous les kilos qui lui pesaient dessus – en fait il avait très clairement du mal à respirer et concentrait toute son énergie dessus.
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MessageSujet: Re: We are the night. /PV El vértice   We are the night. /PV El vértice Icon_minitimeJeu 26 Fév - 19:40

Lorsque Malachite cessa de bouger après moult grognements et tentatives de rébellion (à savoir un coup de boule qui l’avait lui même assommé et une caresse dans le dos… là Jude n’avais pas vraiment compris), le directeur s’autorisa un bref sourire satisfait. Il aimait particulièrement ce moment où l’animal s’avouait vaincu, où il lâchait enfin prise et qu’il rendait hommage à l’incroyable puissance de son agresseur. Oui c’est tout fleuri tout beau, mais c’était réellement ce que pensait Jude à ces instants là. Aurait-il été un poil plus intelligent qu’il aurait pris conscience qu’un Mala sauvage c’est instable et que dès lors qu’on desserre un peu sa prise, ça fait volte face, ça se remet à cogner, et qu’il vaut mieux assurer une domination constante. Sauf que non Jude n’était pas particulièrement intelligent, il était vicieux et malin certes, mais seulement quand ça avait un intérêt direct, et quant à prévenir la suite des événements, il en était complètement incapable. Il relâcha donc la pression qu’il exerçait sur le buste fin de Mala, écartant les jambes et se soulevant un peu, le regard fixé sur l’autre sombre abruti qui paraissait complètement à l’ouest. Aussi, quelle idée d’essaye de le cogner avec sa tête dans une pareille position. C’était de l’inconscience tout simplement.

Jude bascula donc sur le côté, laissant enfin Mala respirer (c’est qu’il devenait violet le p’tit chou), inspirant lui aussi plutôt agressivement devant cette dépense soudaine d’énergie. Il continuait de sourire sadiquement, tout fier de lui, attention il avait maîtrisé un gamin foutu comme une cigarette light, c’était de l’exploit hein ! Bref, il souriait, assis dans le dépotoir qu’était l’arrière de leur cirque, chopant le briquet du cracheur de feu au passage, jetant des coups d’œil autour de lui, dans l’espoir que personne n’ait assisté aux quelques coups qu’il avait mangé et qui lui laisseraient sûrement de jolis bleus. Passant enfin à Mala, toujours écroulé à ses pieds, il se demandait comment Eliezer avait pu le contrôler, son ex-adjoint n’étant pas franchement un cogneur, et une petite pointe se ficha au niveau de sa poitrine. Quelle connerie que la mort d’Eliezer, il aurait pas pu faire un peu gaffe, apprendre à cogner comme le faisait Jude, massacrant son agresseur nocturne, et rester en vie à contrôler Mala et à rameuter des spécimens pour le cirque ? Dans l’esprit étroit du « strongest man on Earth » (oh yeah que c’est pas beau dans un texte en français mais que c’est classe), l’idée qu’il puisse s’agir d’un suicide ne l’effleurait même pas, il ne songeait pas qu’il y avait peut-être un rapport avec la lettre qu’il avait retrouvé le matin de la mort de son ami, non pour lui c’était forcément un assassinat. Pourquoi Eliezer aurait-il voulu mourir ? Non, c’était complètement absurde, le monde était laid soit, mais il y avait tellement de gens à manipuler que ça en valait presque la peine. Et puis déjà le principe du suicide, c’était carrément un concept pour Jude.
Il finit toutefois par se relever, flanquant un coup de pied dans les côtes de Malachite au passage, histoire de lui montrer qu’il pouvait encore prendre s’il faisait chier, et, le briquet toujours au poing, il lui tendit sa grosse main pour l’aider à se relever. Dit comme ça, ça pourrait paraître… gentil ? de la part du directeur, mais c’était juste qu’il avait pas envie de voir son cracheur de feu crever à ses pieds, sachant qu’il y avait représentation dans peu de temps. Et effectivement, quand il l’apostropha, c’était pas gentil du tout :

« Allez bouge toi, on est pas en train de prendre le thé j’te signale. T’as l’intention de bosser ce soir ou faut que j’te colle une nouvelle branlée ? Quoique vu ta gueule, on va peut-être attendre demain. »


Les sourcils froncés, les lèvres plissées dans une moue qui ne faisait que renforcer son côté « homme ténébreux et super attirant » (désolé, il a pas eu sa dose de compliments aujourd’hui, j’essaye de combler ça), il se tenait campé sur les deux poteaux qui lui servaient de jambes, la main toujours fermement tendue en direction de Malachite. Le gamin avait trois secondes pour lui répondre et se relever, ou Jude s’en chargerait lui même. Ah non, plus que deux tiens. Grognant légèrement, il détendit son corps, persuadé de sa supériorité et de la future obéissance de son homme.

« Allez ! Au passage, je veux te voir ce soir dans mon bureau, évite d’oublier, ça me plairait pas. »

Et il ne lui avait toujours pas rendu son briquet, pauvre otage d'un Jude qui n'hésiterait pas à l'épingler et le disséquer. Comme Alcide, exactement.
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MessageSujet: Re: We are the night. /PV El vértice   We are the night. /PV El vértice Icon_minitimeSam 28 Mar - 1:36

Malachite ne retint pas un soupir de soulagement quand le poids considérable qui était figé sur son estomac dégagea la place et lui permit enfin de respirer normalement. Il passa une main sur son visage endolori (enfin pour le moment c’était plus carrément engourdi qu’endolori, les bleus et tout ce bordel là viendraient certainement plus tard, joie), et il grogna sourdement, mais pas d’agressivité cette fois. La réaction exagérée de Jude quant à sa victoire ne lui parut absolument pas surfaite et étonnante, il était trop occupé à recenser combien de temps il lui faudrait avant d’être complètement remis de cette petite aventure. Et Mala était un type monotache, strictement incapable de faire plusieurs choses à la fois. Il se redressa lentement, avec précaution, et resta en position assise en soufflant profondément, les coudes appuyés sur ses genoux écartés, précautionneux et souffreteux.
Etonnamment, il ne grogna pas à nouveau quand le pied du directeur prit contact plutôt peu sympathiquement avec ses côtes, se contentant de grincer des dents, et il releva son regard sombre sur lui, muet. L’ordre parvint bien à son cerveau, mais son froncement de sourcils perplexe disait assez sans qu’il l’exprime à voix haute qu’il ne le comprenait pas exactement. Il finit quand même par poser la question, sans prendre la peine de prendre un ton craintif, respectueux, ou même effrayé. Comme vous vous en doutez, pour effrayer un Mala il fallait vraiment mettre la dose, vu qu’il avait vécu avec une mère cannibale et était marié à une femme qui ne crachait pas sur une petite tranche de mec de temps en temps. La maison du bonheur dis toi.

« J’ai rien compris. Je dois y aller ce soir ou pas finalement ? »

Et oui, pour qu’un Malachite comprenne, il fallait donner des ordres clairs, nets et précis. Un coup oui, un coup peut-être, il arrivait pas à comprendre, et comme il n’avait pas intégré le concept de l’insubordination ou de la prise d’initiatives, il n’hésitait pas à redemander des précisions, comme maintenant.
Le regard sombre du cracheur de feu s’arrêta sur la main tendue de Jude, alors que son propriétaire se demandait sincèrement ce qu’il essayait de faire passer comme message, dans ce cas précis. Il finit fort heureusement pour lui par se rendre compte qu’il lui offrait de l’aide pour se relever avant la fin du temps qui lui était imparti, et posa ses doigts trop fins (comme tout le reste de son corps) dans le battoir qui servait de main au directeur, sans une once d’hésitation. Manifestement, se faire casser la gueule dans les règles de l’art c’était pas un motif pour se méfier dudit casseur de gueule selon d’Argence, un truc à noter quelque part.
Il jeta un regard torve au briquet prisonnier des battoirs de son supérieur, une petite moue aux lèvres, mais ne commenta pas, ou alors à peine d’un petit haussement de sourcils. Il avait beau être limité, il avait parfaitement compris que Jude ne lui rendrait pas, ou en tous cas pas maintenant, et comme Malachite détestait perdre son temps, il ne lui demanda rien. A noter en passant que le cracheur de feu avait une notion de la perte de temps tout à fait particulière. Noyé dans son comportement général, on y faisait pas vraiment gaffe, parce qu’il avait tellement de particularités que c’était pas recensable, mais s’en rendre compte au hasard comme ça faisait toujours un effet bœuf.

« Oui oui, j’y serais. »

L’air absent et distrait avec lequel il avait dit ça n’était pas vraiment convaincant, c’était parfaitement le même ton qu’un sale gosse pouvait prendre pour dire « oui m’man j’f’rais mes devoirs » ou un truc du même acabit.
Du poignet, Malachite frotta sa pommette meurtrie, sans laisser échapper une seule grimace ce coup-ci ; résistant à la douleur, le cracheur de feu.
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MessageSujet: Re: We are the night. /PV El vértice   We are the night. /PV El vértice Icon_minitimeLun 6 Avr - 13:40

Bien, le petit avait fait le bon choix. Jude avait déjà perdu l'espoir de finir cette conversation à l’amiable, s’était déjà préparé à choper Mala pour le foutre sur son dos et le traîner vers le cirque, quand il sentit cette petite chose qu’était sa main se placer dans la sienne. Il exerça une légère pression vers lui pour remettre d’aplomb le pyromane, c’était pas bien dur vu ce qu’il pesait, et lâcha immédiatement sa main pour plaquer ses poings contre sa taille. Il resta un moment à le regarder, se demandant sérieusement s’il était en train de se foutre de sa gueule ou s’il était vraiment demeuré. Il avait pas semblé au directeur avoir été particulièrement peu clair, et en plus de ça, il avait horreur qu’on conteste ses ordres. Alors même si on ne comprenait pas le message, on acquiesçait et on allait demander la traduction ailleurs. Jude finit par soupirer, n’ayant même plus envie de le cogner pour faire rentrer l’ordre dans son petit cerveau de moineau, et c’était pas une histoire de compassion, juste qu’il allait finir par le briser en deux et que c’était pas bon pour les affaires, et il finit par secouer la tête comme un chien qui s’ébroue.

« J’explique. Tu retournes au cirque, tu ne vas pas à la représentation ce soir, tu viens dans mon bureau à la place. Cirque, représentation, bureau. Tu piges là, ou faut que je foute les verbes à l’infinitif ? »

Jude soupira une nouvelle fois, vraiment épuisé par la connerie du monde et tendit son dos pour virer une raideur qui s’y était vicieusement figée. Il mordilla une fois ces lèvres, attendit patiemment que le cracheur fasse demi-tour et exécute immédiatement ses ordres, mais fut une nouvelle fois déconcerté par l’immobilité de l’homme. Et là, il comprenait pourquoi Eliezer ne l’avait jamais mis en présence de Mala. Jude pensait que c’était pour le protéger, pour s’en garantir la propriété, et Jude n’avait jamais trouvé à redire à ça. Tout le monde savait que dans les cirques ou dans les troupes quelconques, les employés servent de putes, et vu le joli minois de Malachite, il avait été effectivement préférable de le garder sous tutelle. Surtout que Jude n’était pas du genre à capter le principe de l’homogamie. Sauf que là, à cet instant précis, en voyant Mala rester figé et le dévisager avec aussi peu d’hésitation, il pigeait qu’Eliezer l’avait pas laissé à l’écart pour le baiser. Ce genre de comportement, Jude les réglait à coups de poings et de pieds, à coup de règlement de compte dans toute la grandeur de l’art, et Eliezer n’avait pas eu envie de voir son protégé revenir les deux jambes fracturées. D’ailleurs Mala ne s’en rendait sûrement pas compte, mais Jude y était allé doucement, il avait su s’arrêter avant de faire vraiment du mal, et ça c’était juste parce que le souvenir de son adjoint l’en empêchait. Ca n’aurait tenu qu’à lui qu’il aurait fait passer le message dans le sang et la sueur. Bon disons aussi que Jude n’était pas trop con, enfin du moins pas assez pour ne pas se rendre compte que Mala ne fonctionnait pas à la peur. Et que s’il voulait capter son attention et sa « confiance » (avec beaucoup de guillemets), il allait devoir changer ses méthodes d’enseignement.

« Ce soir dans mon bureau, t’oublies pas ou j’viens te chercher. »

Exit les menaces, Jude avait intégré que ça ne marcherait pas et après un vague signe de tête, il tourna les talons. Plaquant ses mains dans ses poches après avoir allumé une clope avec le briquet de Mala, un vilain sourire déchira son visage et il se mit à rire sourdement. Il tourna légèrement le visage en direction de son employé et laissa échapper dans un souffle, fier de lui.

« Avec un peu de chance, tu pourras récupérer ton briquet. »

Et désormais, Jude était sûr de l’obéissance de Mala.
Restait plus qu’à savoir s'il se trompait.
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MessageSujet: Re: We are the night. /PV El vértice   We are the night. /PV El vértice Icon_minitimeMer 8 Avr - 2:45

Malachite était patiemment en train de détailler dans sa tête tous les endroits auxquels il avait mal, et cherchait avec beaucoup de sérieux s’il avait un remède contre ça quelque part dans ses affaires – évidemment mal rangées. Ca expliquait un peu son air vide, limite bovin face à Jude, mais pas son manque flagrant de frousse alors que tous les autres employés tremblaient face au directeur qui avait franchement les poings légers. Non, le manque de frousse c’était plus profond, et peut-être qu’un jour le directeur aurait droit à l’intégrale de l’histoire de Malachite racontée le concerné lui-même … Un truc bien plus effrayant que les muscles les plus forts du monde couplés à la patience la plus courte de la région. Il renifla un peu de sang, essuya son nez sur sa manche sans aucun scrupule, fronçant légèrement les sourcils en écoutant ce que disait Jude. Il ne fronçait pas des sourcils parce qu’il n’aimait pas être pris pour un attardé ; ce genre de sentiments c’était trop lui demander. C’était simplement une marque de concentration, quelque chose dont Eliezer avait appris à se contenter de la part de son protégé ; il avait une nature un peu idéaliste et trop gentille au fond, ce rouquin d’Eliezer.
Mais Malachite ne lui avait jamais donné de vrai sourire ; il ne savait sourire qu’en grimaçant, en montrant les dents, le genre de choses qu’il ne faisait qu’avant de charger. Il n’avait pas le réflexe de tous les autres humains de répondre aux sourires qu’on pouvait lui faire, ne renvoyait que passivement un regard sombre et vide, un coup d’œil qui ne voulait rien dire, désintéressé et détaché. Et c’était surtout en ça et pas forcément pour ses capacités – pourtant spectaculaires – de cracheur de feu qu’il avait sa place parmi les autres monstres du cirque Laudanum.
En l’occurrence, Jude n’avait pas demandé de sourire, et si Mala avait pris la peine de réfléchir à la question, il se serait sûrement dit qu’il y aurait peu de chances que ça fasse partie de ses requêtes un jour. Il se contenta d’acquiescer gravement au décodage des ordres effectué rapidement par le directeur du cirque. Si le cracheur de feu perçut la grosse note de moquerie dans les propos de son supérieur, il n’en montra rien, parfaitement neutre, les yeux de nouveau partis à la dérive sur le sol, pensif et silencieux. Il ne releva pas les yeux sur Jude quand ce dernier confirma encore une fois son ordre, réprimant un mouvement agacé. Il ne fallait lui donner un ordre qu’une fois ; une fois que c’était clair il comprenait parfaitement !

« C’est bon, j’ai compris l’idée. »

Les longs cils noirs se redressèrent quand il entendit parler du briquet, et il porta sur Jude un regard ouvertement mauvais, qui laissait présager d’autres problèmes de la part du cracheur de feu. C’était un peu trop ténu pour lui coller une nouvelle raclée sur ce motif-là, mais la menace était bien présente. Malachite n’était pas encore tout à fait aux ordres, il faudrait encore deux ou trois leçons pour qu’il intègre bien qui commandait et qui devait obéir.
Et c’était dans ces moments-là qu’on pouvait apprécier à fond l’intelligence sociale dont avait fait preuve Eliezer en évitant absolument de laisser Jude et Malachite en présence plus de cinq secondes, juste assez pour que son co-directeur ait une idée de l’allure de leur cracheur de feu pas plus. Il s’était sûrement douté de toutes les idées vaseuses que s’était fait son associé sur cet étrange comportement, mais ça ne l’avait pas empêché de continuer , ils avaient besoin d’un cracheur de feu en bon état de marche, et plutôt en forme. Et Malachite n’était pas tellement attristé de la mort d’Eliezer, c’était surtout qu’il se sentait … désoeuvré et abandonné.
Et s’il n’était pas mort, il en aurait beaucoup voulu à Eliezer pour cet abandon aussi soudain qu’infâme, et le sentiment qui le tenaillait, ce n’était pas tant de la tristesse que de la frousse. Qu’est-ce qu’il allait devenir ? Il n’était pas conscient de grand-chose, mais il savait très bien qu’il ne ferait pas long feu tout seul largué dans le vaste monde. Il pouvait toujours essayer de s’enfuir du cirque et recommencer à vagabonder … Il soupira, ramena quelques mèches de cheveux en arrière, et se souvint des ordres de Jude. Après avoir brièvement serré les mâchoires en ignorant la douleur qui irradiait par vagues sourdes et vicieuses, il partit vers le cirque d’un pas détendu, avec dans l’idée de piquer un paquet de clopes au premier qui passerait et d’attendre sagement le soir.
S’il n’oubliait pas de passer dans le bureau du directeur comme demandé.
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