Salle 1

CANDIDATS:

¤ Miguel Riveira
¤ An Sukieko

Il était là, dans cette salle étriquée, adossé contre l'une des parois blanches. En pestant il essayait d'allumer sa cigarette et ne cessait de frotter son pouce contre le déclencheur, mais c'était peine perdue, le briquet était bon à jeter à la poubelle. Il redressa alors le visage pour scanner une nouvelle fois les environs.

Seul depuis quelques minutes déjà, en face à face avec une collation à laquelle il n'avait pas touché. Il n'était pas dupe, quelque chose clochait dans l'organisation de ce concours. Ici, il était à découvert, on savait qui il était exactement, et savoir qu'on fouinait ainsi ses débris de vie l'irritait au plus haut point.

La soirée s'était passée au milieu des projecteurs et des paillettes, d'une nuée de photographes et de personnages de toute sorte venus pour garder une trace des finalistes du concours. Il n'avait pas pu assister au défilé en lui même, on l'avait bien trop accaparé dans les loges, mais au moment de marcher le long du podium il s'était découvert très à l'aise. D'un naturel orgueilleux, sentir tous les objectifs braqués sur lui n'avait pu que l'émoustiller et il avait pris des poses à peine exagérées, tout droit sorties de celles de véritables mannequins. C'est qu'il avait fière allure dans son smoking noir. Enfin, tout cela était passé assez rapidement au final, et il avait put revêtir une tenue moins excentrique, jean délavé et polo gris. Des chaussures de cuir usé et une veste brune complétaient l'ensemble, autant dire qu'il avait un air plutôt banal si l'on omettait son regard d'acier.

En voyant les noms des candidats il y à quelques jours, Miguel n'avait pu se dire une chose: le monde est bien petit. New York II est bien petite. Ce n'était pas ce qui l'arrangeait. Une ambiance pesante enveloppait les lieux, et il s'empressa d'envoyer un énième message, anxieux de savoir s'Il allait bien. Un mauvais pressentiment l'empêchait d'être tranquille, et il referma le clapet de son téléphone d'un geste sec. L'unique porte de la pièce s'était ouverte et il s'était tendu un instant, avant d'arborer un sourire en coin en notant l'entrée de quelqu'un pas si inconnu que ça.

- Tiens tiens... ça faisais longtemps, miss. T'as changé à ce que j'vois.

Sans gêne aucune, il détaillait cette petite poitrine qui était apparue sur le corps fluet. Il n'avait jamais vraiment fréquenté le cousin de Nikolaï mais l'avait vu à plusieurs reprises quand tout trois se trouvaient au Japon, quand le russe souhaitait passer des moments avec lui. Avec elle. Il se doutait qu'un jour il changerait, de toute manière à la base il ressemblait plus à une jeune fille qu'autre chose et savoir qu'il avait quelque chose entre les jambes lui avait toujours paru inconcevable. D'un air taquin, son visage mal rasé passa bientôt à un air plus sombre. Le jeu l'avait bien amusé un temps, il avait fait ça de façon détachée, pour se faire connaître et attirer Son attention, mais tout prenait une tournure bien trop sérieuse. Dangereuse.

- Bref, Niko répond pas là, ça fait vingt minutes que je lui envoie des messages. T'as réussi à l'avoir ?

Après tout, il n'avait qu'une obsession depuis quelque temps, depuis qu'il avait retrouvé une part de lui même. Ne la laisser s'échapper à aucun prix, la protéger à tout prix. Ce disant, ses doigts glissaient sur la tranche de son cellulaire, attendant de le sentir vibrer. Allez, répond.

Invité

Être enchantée ou ne pas l'être ? A la lecture du courrier, An avait été perplexe. Pourquoi ? Elle ne pensait pas que sa prestation avait été réussie. Pensivement, elle s'était demandée si ce cher Edward ne se cachait pas derrière cette seconde chance. Le message de Nikolaï l'avait aussi dissuadé un moment de s'y rendre mais au final, la curiosité avait été la plus forte. Qui plus est, il était hors-de-question de rebrousser chemin maintenant qu'elle se trouvait là. Sereine, l'asiatique avait quitté son domicile pour se rendre à l'agence. Ses lèvres se mouvaient répétant les paroles déversées dans ses oreilles par ses écouteurs. Peu importait l'issue, la japonaise ne regrettait rien. Durant la soirée, cette sensation se révélait palpable. Un sourire aux lèvres, ses yeux avaient joué avec les flashs charmant les photographes présents. Tout s'était bien passé à l'exception d'un des coiffeurs qui avait suggéré de la décolorer pour la teindre en blonde. L'homme s'était fait mordre un coup avant d'abandonner son idée. Blonde, elle ? Sûrement pas ! La robe taille empire, qui lui avait été désignée, était blanche avec au bord des pétales de fleur rose. Les drapés avaient été réalisés avec soin et sa tenue dégageait beaucoup d'innocence et d'élégance. Ses pieds étaient cachés par le tissu donnant ainsi l'impression qu'elle flottait. Dans ses cheveux, un kanzashi rose pâle, touche d'exotisme, avait été glissé.

La simplicité avait été son maître mot. Rien d'exagéré, peut-être même une touche de timidité qui accentuait la fragilité qu'elle avait pu donner dans sa tenue. Heureusement, l'heure de se changer était arrivée lui offrant l'occasion de passer un large pull rouge avec une encolure en rond sur un jean skinny noir. Une tenue presque négligée comparée à celle qu'elle avait porté avant. Ses pieds retrouvant ses chaussures à talon rouge lui permettaient de gagner quelques centimètres. Satisfaite de s'être débarrassée des formalités, An s'était dirigée vers la salle qui lui avait été indiquée. Le pourquoi lui échappait mais sa curiosité s'était assagie. En entrant dans la pièce, elle ne put s'empêcher d'avoir un petit sourire amusé. Elle se demandait si le SFU savait ou si c'était simplement le fait du hasard. Cette rencontre. Tranquillement, elle s'approcha des tables.

« - Hm pas toi, je dirais. »

En tout cas, elle lui était reconnaissante de ne pas s'amuser avec son changement de genre. Il ne lui semblait pas que le compagnon de son cousin avait changé. An ne gardait que des souvenirs vagues de leurs rencontres au Japon. Elle n'avait jamais cherché à être avec eux. Par crainte de déranger, de ne pas être à sa place. Maintenant avec son travail et même certaines fréquentations, tout n'était que plus compliqué. Si elle avait dit à Niko qu'elle avait eu un rendez-vous avec Edward Cordeiro, il aurait probablement pâli d'un coup. La japonaise secoua évitant de se demander si le russe serait capable de lui arranger un mariage derrière son dos. Non, il n'oserait pas. Sinon elle n'aurait d'autre choix que de faire la jeune femme infernale. En même temps, trouver un parti intéressant dans cette ville relevait du miracle. Après avoir pesé le pour et le contre, l'asiatique estima que la sagesse devait l'emporter. Perdue dans ses pensées, elle entendit à peine les paroles de l'homme. Ses yeux se plissèrent alors qu'elle se tournait vers lui.

« - Pardon ? »

Manifestement, la tension n'était pas contagieuse. An ne savait pas vraiment d'où elle tirait son détachement. Elle était arrivée là par plaisir en quelque sorte et songeait que ceux dont se mettre en danger était le métier avaient tout prévu. Toutefois Il était facile de comprendre qu'il s'inquiétait pour son cher et tendre. Cette façon de triturer son téléphone. Son esprit bifurqua à nouveau vers une autre personne. Est-ce qu'elle devait l'appeler ? Non sûrement pas. Il ne fallait jamais faiblir devant un playboy. Sinon il allait croire que sa victoire était acquise. N'insistant pas davantage auprès de Miguel, l'asiatique prit un verre dont elle renifla le contenu. Peu convaincue, elle le reposa se faisant la réflexion qu'un bon cocktail serait le bienvenu. Ainsi que des explications. Même s'il ne fallait pas rêver. Personne n'allait leur dire ce qu'ils fichaient ici et encore moins pourquoi eux. Qui plus est, la japonaise ne voyait pas la valeur qu'elle pouvait avoir et s'excluait de ce fait des individus potentiellement menacés. Elle n'était qu'un grain de sable dans cette machine. Pour elle-même, elle se surprit à murmurer.

« - Est-ce qu'il oserait vraiment...» Son visage se tourna vers Miguel et d'une voix plus forte. « Si tu étais un chef de gang, tu ferais disparaître un policier tout en sachant que l'histoire risque de remonter à son supérieur ? »

Très sérieuse, elle fixa l'homme un moment. Elle savait vaguement qu'il n'était pas réellement clean voir même plutôt louche par certains côtés. Bien sur, s'il faisait quoique ce soit à son grand frère de coeur, il était hors-de-question de revoir le jeune espagnol. Certes la mesure se montrait radicale mais le choix serait vite fait et An ne voulait pas accepter un sacrifice veillant à assurer la position du jeune chef. Parler toute seule n'était pas forcément une bonne idée mais elle l'oubliait un peu. De toute façon, ce n'était pas écrit clairement sur son visage à qui elle songeait. Cela pouvait être n'importe qui.

« - Je me demande à quoi il pense... »

Et elle, à nouveau dans l'agence, repensait un peu trop à lui regrettant de ne pas l'avoir croisé durant la soirée. Il avait sûrement une jolie femme à draguer. A cette idée, ses lèvres dessinèrent une petite moue agacée. Elle se faisait du mal pour rien, il était sûrement passé à autre chose. Un soupir s'échappa de ses lèvres. Sa main droite glissa dans ses cheveux alors qu'elle sermonnait pour sa bêtise.

Il n’avait peut être pas changé, pourtant il n’était plus le même. Le jugement du japonais, de la japonaise, le laissait indifférent, cependant il ne pouvait s’empêcher de se demander pourquoi elle pensait ça de lui, et avec tant de naturel. Au final elle ne le connaissait pas, ne l’avait jamais connu, et n’entendait sans doute que la surface de l’histoire, des histoires plutôt, il y en avait eu tant. Innombrables remous qui avaient secoué ses proches, comme toujours, à cause de son tempérament qui fonctionnait comme un tremblement de terre, se propageant à tous ceux qui l’approchaient. Nombreux étaient ceux à en avoir fait les frais et généralement il savait contrôler cette force, pourtant certains souvenirs amers restés gravés à jamais, et c’était bien pour cela qu’il était à fleur à peau à cet instant, prêt à bondir au moindre geste brusque. Il avait pourtant fallu qu’il change certaines de ses règles de conduite pour ne plus réitérer les mêmes erreurs.

Visiblement An ne semblait pas le moins du monde inquiète, ce qui fit froncer les sourcils de l’hispanique. Il n’avait pas été le seul, pourtant, à se faire filer dans cette histoire, et d’après ses sources tous les candidats l’avaient été, se rendre ici sans un minimum de précautions était de la folie. lui-même portait discrètement sur lui une arme à feu de calibre léger, qu’il avait caché dans son sac de sport. Elle était à présent sagement rangée dans son dos.

- Tu devrais faire plus attention, l’organisation de ce concours et vraiment louche. Je suis sûr que ça va mal tourner.

Son regard brun était à l’affut. Soupirant légèrement, Miguel se mit à faire quelques pas dans la pièce, revenant là où il était, tournant en rond comme un lion en cage. Il n’avait aucune raison de demeurer là, à attendre, attendre quoi et pourquoi, il ne savait pas, l’issue du challenge lui était complètement égale à présent, après qu’il ait réglé ce qui lui tenait le plus à cœur. Alors ? La remarque de l’asiatique le laissa froid et il s’immobilisa, guettant encore et toujours la porte par laquelle ils étaient tout deux entrés. Un rire nerveux dépassa ses lèvres en s’imaginant le pire, et il fixa la petite silhouette innocente.

- Non mais qu‘est-ce que tu crois… des agents de police crèvent chaque jour sans raison, un de plus un de moins, ça ne change strictement rien pour les gangs. Enfin, la séquestration est beaucoup plus appropriée pour les poulets. On les fait chanter, on leur fait cracher des infos, d’autant plus quand ils viennent fouiner sur ton terrain, et on les balance contre de l’argent. C’est pas plus réjouissant, crois-moi.

Il se cachait bien de dire qu’il tenait tout cela de source sûre, puisqu’il avait lui-même opéré dans ce genre de missions. Son ton était d’ailleurs un peu trop assuré pour être innocent, et cependant s’il étalait tout cela c’était bien parce qu’il craignait que la chose ne devienne réalité. Ignorant tout de ce que la jeune fille savait, il ne lui prêta que peu d’attention lorsqu’elle murmura pour elle-même. lui-même était trop occupé à pianoter sur son téléphone dernier cri, tentant de le joindre une nouvelle fois. Cela ne servait à rien, et un juron glissa hors de sa bouche.

- Putain… Qu’est-ce qu’ils attendent, hein ? J’en ai rien à secouer des résultats. Pourquoi on est séparés explique-moi, y’a aucune raison de pas réunir les quatre finalistes ensemble pour l’annonce ! Si ça continue je me barre et je fouille l’agence. Toi tu ferais mieux de rentrer chez toi, ça va pas se passer comme ça, c’est moi qui l’dit.

Le voila qui montait seul sur ses grands chevaux, au comble de la tension. Il ne restait jamais calme bien longtemps quand quelque chose le mettait en rogne. D’ailleurs, pourquoi sa supérieure ne répondait-elle pas non plus depuis quelques jours ? Ce n’était pas normal. Elle tâchait fréquemment de l’éviter, lui et l’autre garde du corps, pour des escapades, mais ça ne durait jamais bien longtemps, et elle finissait toujours par le prévenir de ses activités. Cogitant encore un moment, son air se fit plus sombre. Elle aussi avait participé à ce jeu. C’était la dernière fois qu’il avait eu contact avec elle. Tout serait donc lié ? De rage, son poing s’abattit violemment sur la porte métallique, la faisant vibrer un court instant.

Se tournant, se retournant, prenant différentes poses, Ash se regardait sous toutes les coutures dans le miroir de la petite loge qu’il occupait. Ce qu’il y voyait lui tirait un petit sourire satisfait. Ce n’était pas tout à fait ça, mais le résultat était plus qu’acceptable. Edward lui avait gracieusement prêté, sans qu’il ne le sache (on ne dérange pas son boss pour si peu) un costard cravate de bonne facture classique, noir et blanc. Le jeune Lenny avait emprunté ce costume pour l’occasion car il n’était pas question de négliger sa tenue pour sa première mission en équipe. Tenue class exigée pour le défilé de mode de la prestigieuse Elite Agency. Le regard azur de Ash se posa sur les manches tombantes de sa chemise blanche. Aïe, seul petit hic de ce costume, la taille ! Edward devait bien faire deux ou trois taille de plus que lui. De plus, le boss était un peu plus massif que le frêle informateur, mais bien sur il ne s’agissait que de graisse ! Ash avait donc dut retrousser ses manches mais aussi le bas de son pantalon pour l’ajuster à sa petite taille. Il avait mis à profit tous ses talents de couturier pour ajuster l’élégant costard à son corps. Au moins il n’était pas totalement ridicule ! Le jeune garçon découvrait que le costume lui allait plutôt pas mal gommant un peu ses traits enfantins et rehaussant sa maigreur. Certes il ressemblait un peu à un pingouin, mais un pingouin mafieux ! Il avait adopté une coiffure stricte sans les petites barrettes et autres chouchous habituels. Un Ash métamorphosé pour l’occasion. Il fallait dire aussi que l’enjeu était de taille. Aujourd’hui c’était sa première mission avec les SFU en tant qu’homme de main et non en tant qu’informateur. Le boss lui faisait confiance et il ne fallait pas qu’il le déçoive. Cela faisait des semaines que tout le gang bossait en vue de cet évènement. Le droit à l’erreur n’était pas permis.

Le regard du new yorkais s’attacha quelques secondes aux cernes marquées qui entouraient ses yeux bleus au reflet grisâtre. Seul souvenir de la salle passe qu’il venait de traverser … Les derniers jours n’avaient pas vraiment étaient baignés de rires et de joie pour le petit informateur. Ash était pommé et cette mission devait lui permettre de se reprendre en main autant sur le niveau professionnel que personnel.
Souris à la vie, et la vie te sourira.
Un sourire triste passa sur le visage du jeune garçon qui finissait de boutonner sa veste. Oui papa … Souris Ash et va annoncer la bonne nouvelle au gagnant. Souris et fait semblant que tout va bien. Aller en avant Ash ! Rajustant pour la énième fois sa veste, le garçon finit par enfin sortir de la petite loge laissant ses affaires de rechanges dans un coin de la salle.

Les couloirs de l’agence étaient encore en effervescence après le défilé et des commis couraient de par et d’autre apportant des paquets ou cherchant un responsable. C’était une véritable ruche bourdonnant d’énergie. Le concours s’était bien déroulé et on avait désormais nos deux gagnants. Il ne manquait plus qu’à leur annoncer la nouvelle. Et ça, c’était la mission de Ash ! Cherchant du regard des connaissances, le jeune mafieux se demanda ou étaient passé ses coéquipiers. Eux ils avaient le côté musclé de l’opération et lui la partie discrétion. Enfin, pas de temps à perdre, le timing entre eux devait être parfait sinon on courait droit au désastre. S’avançant avec rapidité dans les couloirs, Ash arriva rapidement au niveau de la première loge où se trouvaient Wright Angel et Hwan Hye Rim. Il regarda le petit papier entre ses mains … Oui c’était bien eux les deux gagnants. Un alpha et un inconnu. La mission semblait simple d’apparence mais le jeune informateur était tout de même tendu alors qu’il s’apprêtait à frapper à la porte. Un coup sec faisant vibrer la porte retint son geste. Oulah c’est qu’on s’énervait dans cette pièce. Plus tôt ils seraient parti mieux sa vaudrait pour la suite de la mission. Prenant une grande expiration, Ash frappa quelques coups contre la porte et … rentra.

« Bonjour mister Wright, mister Hwan … euh »

Relevant son nez du papier, Ash piqua un fard en voyant le changement de sexe de ce dernier Hwan. Mais plus que cela, ce qui fit virer son teint au rouge, ce fut la ressemblance plus que troublante de ce ou cette jeune inconnue avec Mayumi. Le souvenir de cette soirée chaotique le remplissait de gêne. Avalant avec difficulté sa salive, le jeune informateur reprit ses esprits avant de se corriger.

« Ou plutôt miss Hwan … ou qui que vous soyez. »

Pas étonnant qu’il n’ait pratiquement rien trouvé sur cette jeune beauté si elle faisait le yoyo entre fille et garçon. Ce qui troubla le garçon, c’est que Hye Rim et Wright semblait se connaitre… L’informateur avait enquêté sur l’alpha. Il était plus connu sous le nom de Miguel Riveira et c’était le garde du corps de leur boss. Comment un aspirant mannequin et un mafieux pouvaient se connaitre ? Avait-il fait connaissance au cours du concours ? Etrange tout de même …
Dégainant son plus beau sourire remplie de joie, d’innocence et de chaleur, le jeune Ash s’avança de quelques pas dans la pièce remplie d’une étrange tension avant d’annoncer avec sa voix chatoyante.

« Félicitation à vous deux, vous êtes les grands gagnants du concours Elite Agency ! Votre prestation a fait l’unanimité dans le jury. Vous avez gagné 10 000 $, un voyage fantastique dans les îles mais surtout un contrat avec notre prestigieuse agence de mannequinat ! Nous vous assurons déjà de grandes carrières. »

Son discours terminé, Ash observa avec attention les réactions des deux gagnants. Maintenant qu’ils avaient gagné, allé hop hop qu’ils rentrent chez eux vite fait bien fait, sans faire d’histoire. Le jeune new yorkais observait notamment l’alpha qui semblait monté sur des ressorts, prêt à lui sauter à la gorge. En jeune mafieux, Ash portait à sa ceinture un gun offert par la maison. On ne savait jamais … surtout avec un alpha dans la même pièce !

Invité

Louche ? Avec des flics et des mafieux, cela ne pouvait pas être autrement. De toute façon , dès qu'elle avait rencontré Edward durant la première sélection, elle avait compris que quelque chose clochait. Elle ne le voyait pas perdre son temps dans ce genre de concours. Qui plus est, s'il gagnait sa tête ne serait que sur tous les magazines de la ville. An doutait qu'il souhaite ce genre de publicité. Pensivement, elle écouta l'espagnol se contenant de hocher la tête. Franchement, la façon dont il s'exprimait laissait croire qu'il connaissait bien son affaire. L'asiatique décida que les occupations professionnelles ou même extra-professionnelles de Miguel ne la regardaient pas. Pour une fois, la sagesse la rattrapa mais cette absence de curiosité n'était liée qu'à une seule chose. Ses propres fréquentations. Déjà que son boss n'était pas au courant. Heureusement sinon il y avait fort à parier que cela aurait pu se révéler problématique. Les hommes critiquaient les femmes mais au fond, ils apportaient leurs tourments. An se demanda d'un coup s'il y avait des gens qui étaient vraiment prêts à payer pour des flics. Combien pouvait valoir un flic hm ?

Perdue dans ses pensées, elle fixa le plafond. Demain, elle avait rendez-vous toute la journée avec un barman. Jeune, la trentaine. Devait-elle acheter une nouvelle robe en sortant ? Cependant ses interrogations étaient entrecoupées par les paroles de l'espagnol. Un soupir s'échappa de ses lèvres. Finalement, peut-être que ce n'était pas une bonne idée de sortir avec un hispanique. S'ils avaient tous le sang aussi chaud, elle finirait par craquer. Cependant, An concédait des points à l'homme. Il aurait été plus logique de les réunir et annoncer les gagnants. La presse aurait fait des photos des vainqueurs et tout aurait été fini. Alors qu'elle saisissait un verre, le bruit émanant du coup de poing sur la porte la fit sursauter. Dans un petit cri, elle lâcha ce qu'elle tenait. Mais est-ce que quelqu'un avait pensé à son petit coeur ? La japonaise soupira à nouveau. Elle était certaine que dans leur couple, Nikolaï contrebalançait parfaitement le caractère son compagnon. Reculant pour éviter de mettre les pieds dans le liquide, son corps se tourna pour faire face à Miguel.

« - J'ai encore une petite chose à faire avant de partir. »

Un instant, elle eut l'impression que le russe lui aurait dit de rentrer aussi. Sauf que cela aurait été trop simple. Il devait être là. Sa tête se tourna en direction de la porte. Allons bon, qu'allait-il se passer encore ? Mais un sourire malicieux glissa sur ses lèvres en voyant le nouvel arrivant. Croisant les bras, An fixa le blond, visiblement satisfaite. Celui qui l'avait quitté d'une manière peu conventionnelle au The Gem qui travaillait pour celui qui allait faire du mal à son grand frère. SFU, hm ? Elle allait devoir renommer ce clan. Tranquillement, l'asiatique s'approcha, jaugeant le nouvel arrivant. Costume trop grand. Comme un enfant qui essayait de jouer à l'adulte. Ses lèvres se pincèrent légèrement. Dans dix ans, il pourrait sûrement se permettre de s'habiller ainsi. Le discours arriva et la tête de la japonaise tomba doucement sur le côté. Prix alléchant, n'est-ce pas ? De l'argent sale à tous les coups. Est-ce qu'organiser des concours permettait de blanchir de l'argent ? Il allait falloir qu'elle se renseigne auprès d'une certaine personne. Plus proche du blondinet, elle se pencha vers lui, ses yeux sombres se plantant dans les siens.

« - Pourrions-nous voir les deux autres candidats ? Nous aimerions fêter notre victoire avec eux... Nous avons le sens du partage, voyez-vous... »

Une petite fête organisée tous ensemble, quoi de plus sympathique, hm ? Peut-être qu'ils pourraient même inviter une certaine personne en guest star. Elle se redressa et fouillant dans la poche arrière de son jean, elle prit son portable. L'allumant, An regarda les deux hommes.

« - Vous permettez.... » Elle lui offrit un joli sourire. « Mister Lenny... »

L'appareil en main, An se glissa contre la porte, juste derrière Ash. Levant une jambe, sa chaussure vint prendre contre le dos du jeune homme qu'elle poussa au milieu de la pièce. Certes ce n'était pas très agréable comme technique, surtout avec les talons mais ce n'était pas grave. Cherchant un numéro précis dans son répertoire, An lança joyeusement à Miguel.

« - Tiens, tu voulais demander des explications, non ? »

La scène avait un côté jeu du cirque. Mais en même temps, il fallait que l'espagnol évacue la tension qu'il accumulait et quoi de mieux, que le SFU. Parcourant les numéros, elle finit par trouver celui qu'elle cherchait. Là ou à l'autre bout de la ville, il ne croyait tout de même, qu'il allait s'en tirer comme ça. Cependant au moment d'écrire le message, de la contrariété s'empara d'elle. Qui était-elle pour lui ? Un amusement, assurément et puis elle était la petite soeur de coeur du flic à qu'il allait faire du mal. Quel homme soutenir ? Son choix fut fait et l'esprit plus clair, elle écrivit. Il n'y avait rien à perdre, puisque rien avait été gagné. Pourtant, elle repensait à l'homme et plus au chef de gang. À ce rendez-vous où elle avait pu le comprendre. Néanmoins, elle ne pouvait pas trahir le russe. Envoyé. Ses yeux se fermèrent. Un sentiment d'insatisfaction grandissait dans son coeur. Elle n'aimait pas cela. Elle avait fait le bon choix pourtant, n'est-ce pas ?

Miguel haussa un sourcil quand un nain passa la porte. Combien aurait-il donné pour une cigarette ! Non, pour une bouffée de nicotine, même. Il était à cran et son caractère explosif ne tarderait pas à faire des dégâts au moindre doute. D’ailleurs, ce petit là, il avait l’air parfait pour se défouler, nan ? Son air totalement gêné en observant la japonaise le mettait aussitôt sur la liste des Suspects dans l’esprit de l’hispanique qui se contenta de noter le moindre comportement du nouvel arrivant, ses mimiques et sa voix légèrement tremblante.

Dans tous les cas, l’air béat du blondinet lui tapait d’ores et déjà sur le système. Il n’en fallait pas plus pour qu’il monte sur ses grand chevaux et il partit d‘un rire grinçant à la nouvelle.

- Méga cool, j’aurais jamais cru entendre ça un jour ! Sérieux, An, tu m’vois faire le beau gosse dans un pub à la télé ? Carrément classe !

Et ses propos ironiques ne faisaient qu’ajouter à la Menace qui se dégageait de lui, de sa carrure musclée, de ses yeux brillants, de cet air qui semblait affirmer qu’il était capable de Tout. Pas qu’il n’appréciait pas les récompenses, loin de là, mais pour en profiter il devait d’abord s’assurer que son compagnon de voyage pour les caraïbes était hors de danger, ce dont il doutait fortement. Aussi, au vu de la situation, il ne fut nullement surpris par le petit jeu de la brunette et fit craquer ses phalanges d’un air sadique en fixant le bout de chou.

- Alors petit, on s’est perdu en chemin ? La crèche c’était un peu plus loin…

Ni une, ni deux, il choppait le garçon au collet et le plaquait durement contre une paroi, ne lui laissant aucune chance de s’éclipser ou de ramener du secours. D’un geste expérimenté, il palpa rapidement le corps fin. Mollets, torse, cuisses, hanches … Ah ! Il avait ce qu’il cherchait et brandit l’arme à feu du gamin, faisant tinter le cran d’arrêt avant de lui pointer l’embout glacé entre les deux yeux. Il se pencha alors sur lui, avec la curiosité malsaine d’un tueur en série qui déguste la peur de sa proie avant le moment fatidique.

- Mmh… Tu le connais An ? D’où il sort ce marmot ? T’as l’air d’en savoir plus que moi, alors balance ce que t’as, tu sais que c’est pour la bonne cause.

Il était loin d’une entente parfaite avec le garçon, la garçonne, mais s’il y avait bien un point sur lequel ils n’auraient pu diverger c’était le bien être, et surtout la sécurité, de Nikolaï Khol. Apparemment, le grand brun n’avait pas eu tord de s’inquiéter, et il se blâma une seconde de n’avoir pas directement cherché à Le rejoindre dans les bâtiments. A présent, il fixait avec rage ce certain Lenny, adolescent qu’on envoyait visiblement en pâture. Savait-il au moins dans quel pétrin il s’était mis ? Le voix de Riveira était monstrueusement sombre. Son regard, particulièrement malsain.

- Ils sont où les deux autres, mh ? Je te préviens sale mioche, si tu me dit pas tout sur cette connerie d’histoire, je t’explose la cervelle. J’suis au courant, vous avez fouillé nos identités à tous les quatre, et ça va pas se passer comme ça.