Reservoir Dogs
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 Se reconnaître.

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Miguel RiveiraMiguel Riveira
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MessageSujet: Se reconnaître.   Se reconnaître. Icon_minitimeDim 8 Mar - 19:32

[ Recognize - Tesla ]


The Gem, Samedi 8 Mars 2011, 23 heures. L’endroit est littéralement bondé, les silhouettes se collent les unes aux autres, se mêlent, sont compressées dans une salle qui semble bien plus étroite qu’elle ne l’est en réalité. Toutes les minutes, un serveur fraie la foule devant vous, tenant son plateau au dessus des têtes d’une seule main. Il s’emploie alors à un fastidieux exercice consistant à atteindre ses clients sans que son précieux colis ne soit renversé par les danseurs inattentifs. C’est amusant de le regarder s’appliquer à la tâche quand on à rien d’autre à faire, que vos amis vous ont lâchés pour soirée où qu’ils sont allés draguer ailleurs, ou bien quand votre moitié vous à planté la veille et que vous cherchez à vous fuir. S’insérer dans la masse compacte, dans le Tout pour oublier le Rien. La musique bat son plein, vous fait des soubresauts, secoue votre poitrine dans une rythmique rapide et prenante. Pas de place pour le discret et le romantique, ici on fait dans le sensuel, dans l’extase. Il n’est d’ailleurs pas rare de s’éclipser pour continuer la nuit en charmante compagnie.

Dans tout ce fatras mouvant, accoudée au bar se tient une figure bien droite et immobile. Un homme de grande taille, et qui pourtant ne se distingue pas bien des autres. Il y aurait de quoi, mais il faudrait le détailler d’un peu plus près pour remarquer le costume de luxe entièrement noir qu’il porte, ses chaussures de cuir au bout de longues jambes parfaites. Il porte un petit air négligé néanmoins l’inconnu mystérieux. Sa chemise blanche est légèrement déboutonnée, dénuée de cravate, et le col dépasse de sa veste, dévoilant un morceau de cou rosé. Il possède une bonne carrure et on devine sans mal le corps élancé, le torse musclé sous le tissu impeccable. A son poignet brillent une montre et ce qui ressemble à un bracelet ou quelque chose du genre. Ses lèvres trempent posément dans la boisson qu’il tient, une simple bière visiblement. Et puis, ses cheveux sombres ne semblent pas spécialement bien coiffés … Et bien, ses goûts vous laissent pensif. Est-il quelqu’un de la haute ou un type banal qui se la joue en portant des vêtements coûteux ? De toute manière vous ne pourrez obtenir aucune réponse à vos questions, il est impénétrable, comme son regard caché derrière une paire de lunettes noires. Tiens, il tourne la tête dans votre direction. Serait-ce vous qu’il observe ou votre amie qui vient de vous glisser à l’oreille qu’elle irait bien lui tenir compagnie ? Rien de tout cela.

Derrière les verres fumés les yeux sont dénués d’expression et parcourent sans grande conviction l’endroit, ne s’arrêtant sur personne. Il semble indécis, peu sûr de lui à cet instant. Dieu sait que ça ne durera pas bien longtemps cet état d’esprit, que bientôt il se remettra à faire le malin et qu’il accostera la blonde qui s’est faufilée à ses côtés, juste là. Cela fait plusieurs fois qu’elle fait exprès de frôler le bras du latino, faisant l’inattentive. Il n’a rien remarqué.

Ou plutôt, il s’est figé dans une direction bien précise.

Un groupe venant d’arriver, déporté un peu sur sa droite. Des gens propres sur eux, banals et détendus. La classe moyenne, en somme. Et parmi eux Miguel, puisque c’est son nom, reconnaît immédiatement des traits, une façon de bouger, une voix qui lui parvient malgré les sons assourdissants diffusés par les enceintes gigantesques. Il pose un nom sur le sourire aimable qu’il discerne à peine, sur l’air légèrement fatigué, gentillet tout de même.


C’est un fantôme, n’est-ce pas ? Cela pourrait, au vu de la teinte de cette peau blafarde. Mais non. D’autres, des amis ou des collègues, au choix, lui parlent, touchent son épaule et se penchent pour l’écouter dire que oui, il va attendre un peu avant d’aller sur la piste avec elle. Cela, Riveira le devine sur les lèvres de ces gens, en plissant les yeux il à conservé l’essentiel car la scène était entrecoupée par le passage des assoiffés se dirigeant au bar. Ce n’est qu’en voyant la jeune femme tirer le spectre au centre de la salle qu’il se permet de penser que peut -être. Peut-être …

Alors il inspire une bouffée d’air saturé de chaleur, termine d’une traite son verre et le repose pour se lever, lisser rapidement son habit en se dirigeant vers eux, vers Lui. La blonde, elle, à lâché un petit soupir et se détourne pour aborder un autre, susceptible d’être plus attentif à ses avances. Il ne pouvait rester en place, et se devait de s’assurer qu’il ne s’agissait, une fois de plus, que d’une de ces hallucinations si fréquentes.


- Je peux vous l’emprunter ?

Un sourire sympathique en prime glissé à l’oreille de la demoiselle qui rougit un peu et s’écarte volontiers, ne voulant de toute manière pas contredire celui qui est taillé comme un garde du corps. Et pour cause. Il reporte alors son attention sur celui qui à fêté ses trente ans cette années. Le brun a pensé à lui dans ces moments qu'il aurait aimait préféré partager en Sa compagnie, comme souvent. Mais les regrets n’étaient pas sa tasse de thé, et il dévisagea la personne encore, et encore. Les secondes défilaient, il ne faisait plus attention à ce qu’il se passait autour, aux autres. Miguel sentait simplement son cœur tambouriner un peu plus vite, comme ranimé par Sa vue. Cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pu ressentir cela, même en se forçant, en tentant de retrouver des morceaux vécus, avec d’autres, ailleurs.

Lui paraissait si fragile à la lumière des néons. Si petit. Il s’était teint les cheveux, de nouveau. Que cherchait-il a faire, à s’oublier une nouvelle fois ? Les yeux étaient toujours d’un bleu intense et captivant.
Tu portes toujours ce tatouage de Cerbère ? Comme j’aimerais le revoir.

- Tu danses ?

Voila ce qu’il avait réussi à articuler en fin de compte. Tout le reste aurait pu paraître débile.
Il doutait que tout soit si simple, le reconnaîtrait-il seulement ? La surprise était passée dans les yeux de son vis-à-vis, mais l’ancien informateur ne pourrait pousser ses hypothèses plus loin. Il n’en avait plus l’envie à partir du moment où il avait glissé l’une de ses mains sur la taille de son partenaire, l’autre allant rejoindre sa jumelle. Le contact était extrêmement doux. Il rapprocha le corps du sien un peu plus près encore, et finit par l’enlacer étroitement tout en entamant non pas une danse effrénée, mais une plus lente et sensuelle. Il n’aurait pu suivre le rythme, son cerveau était chamboulé. Son poitrail frôlait celui du jeune russe, le ramenant des années auparavant, le jour où ils s’étaient connus tout deux.


Tu es vivant. Tu es vivant.

Et celle chaleur qui l’irradiait, il ne comprenait pas qu’il s’agissait du soulagement, du bonheur de le voir sur pied. La dernière vision gardée de Lui était celle d’un souffrant endormi pour une durée indéfinie, sur un lit d’hôpital. En y repensant, et pour se convaincre qu’Il n’était le fruit de son imagination, Miguel ne put empêcher ses doigts de dériver lentement durant l’échange. Remontant le long de la nuque, ils s’étaient enfouis dans la chevelure agréable, cherchant quelque chose. Ils ne s’arrêtèrent qu’à sentir une imperfection juste là. La cicatrice.

Son pouls s’était accéléré une fois de plus, signe de son appréhension. L’américain ne pouvait se détacher de Lui, détacher son regard perçant de Lui. Et Lui, avait-il compris ?
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Nikolaï KohlNikolaï Kohl
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MessageSujet: Re: Se reconnaître.   Se reconnaître. Icon_minitimeLun 9 Mar - 19:58

[Benny Benassi - Love Is Gonna Save Us]


Journée difficile au poste de police aujourd’hui, ou plutôt chou blanc. Il n’y avait absolument rien à faire, pas même un classement de dossiers qui traînerait. Tout était nickel, voire même trop. Et tous les jours, c’était la même chose. On avait beau courir après les malfaiteurs, c’était inutile la plupart du temps. Quelques affaires étaient en cours, mais on s’en chargeait sans grande conviction. Alors ce soir, ce serait la fête. On allait se faufiler dans la boîte la plus branchée du quartier et danser jusqu’au petit matin, histoire de décompresser, de s’occuper surtout. Comme ça, le lendemain, tous seront trop fatigués et verront la journée passer plus vite. Enfin, tous l’espéraient.

Une ribambelle de flics attendait donc patiemment devant les portes du Gem. Ce serait bientôt leur tour. Allez, vérifiez tous votre tenue, votre coiffure, que personne ne se voit refuser l’accès, ce serait dommage. De l’extérieur, il était impossible d’entendre ou d’imaginer le brouhaha des centaines de danseurs qui se déhanchaient sur la piste de danse. On frétillait d’impatience. Finalement, c’était leur tour ! Le videur les jaugea du regard, de la tête aux pieds, avant de leur ouvrir les portes de l’endroit clos d’où provenait de la musique. Le petit groupe de cinq personnes s’engouffra rapidement à l’intérieur, accordant un sourire ravi au gorille. Et voilà, ils étaient à l’intérieur. Difficile de reconnaître quelqu’un avec l’obscurité qui y trônait, les flashs de lumière de temps à autre et les foules compactes. Sans plus attendre, le petit groupe se dirigea près du bar, essayant de trouver une table où s’installer. Ils resteraient debout, leurs boissons posées sur une simple table non loin du bar. C’était déjà pas mal. Parmi eux, un jeune homme aux cheveux sombres et aux yeux bleu comme le ciel. Il semblait un tantinet moins enjoué, mais lançait des sourires polis, discutait avec un certain entrain. Il n’était pas bien méchant, malgré l’asociabilité dont il faisait preuve au bureau parfois. Au fond, c’était un type bien qui avait eu pas mal de tracas dans sa petite vie. Enfin ça, personne ne le savait. On le devinait juste grâce à son regard usé ou à ses mains fatiguées. En tout cas, il y a de l’ambiance, glissa-t-il. Combien de temps cela faisait-il qu’il n’était pas entré dans une boîte de nuit ? Longtemps. Trop même. Cela le ramenait si loin en arrière… à l’époque où il l’avait rencontré. Une gourmette en argent décorait son poignet. Il ne s’en séparait jamais. Malgré le métal froid, il ressentait une certaine chaleur quand ses doigts frôlaient le bijou. Mais là, ce soir, il n’y faisait guère attention. Son esprit était ailleurs, loin de ces pensées nostalgiques.

Une bière apparut devant lui, et il la prit pour en boire de longues gorgées. C’est qu’il faisait chaud ici, tout de même ! Et oui, il viendrait danser, dans un petit moment, là il ne se sentait pas l’envie. La conversation était agréable, bien que le ton des voix se haussait pour se faire entendre. On chuchotait aux oreilles des autres, on riait. L’alcool détendait les gens, même ceux les plus timides. C’était bien pour ça qu’on buvait, non ? Tapotant son verre à l’aide de ses doigts, le jeune russe, celui sur qui un autre homme avait posé ses yeux ce soir-là, avait l’air un peu plus joyeux. Il appréciait ses collègues, et comme disait son petit frère, sortir de temps en temps ne te ferait pas de mal ! Alors il l’avait fait, et il ne regrettait pas pour le moment, même s’il avait été assez réticent au début. Une main attrapa la sienne pour l’entraîner sur la piste. Il lança un sourire gêné aux autres. Il ne fallait pas qu’ils s’attendent à grand-chose, il n’était qu’un piètre danseur. Entraîné malgré lui, il se détendit face à la jeune femme qui lui avait un peu forcée la main. Alors qu’il commençait à s’habituer, à s’amuser même, il vit un homme s’approcher. Il s’écarta, pensant que ce dernier souhaitait danser avec sa jolie partenaire, mais ce fut le contraire. Un éclair de surprise passa dans ses yeux, yeux qui s’étaient posés sur la figure imposante.

Ses courbes, il lui semblait les reconnaître. Le timbre de sa voix, il ne l’avait pas encore entendue, ou alors très légèrement. Un écho lointain de son passé. Il fut pris de palpitations. Ravalant sa salive, jetant un coup d’œil à sa collègue qui lui lançait un sourire assez équivoque, il s’approcha un peu, assez pour pouvoir le détailler de plus près. La peau est hâlée, du moins il en a l’impression. Ce n’est pas facile à voir dans une boîte de nuit. Le costume est taillé pour lui aller comme un gant, les chaussures sont cirées, en cuir. Seul inconvénient : les lunettes qui cachent son regard. Ses cheveux sont ébouriffés, comme si négligés, les mains grandes. Nouveau ravalement de salive. Ce ne pouvait pas être vrai. Et si ça l’était ? Mais pourquoi ici, et maintenant ? Baissant le regard, le jeune homme n’osait pas regarder son interlocuteur. Il lui rappelait tout simplement trop son amant, son ancien amant. Celui qui, un beau jour, avait disparu. Il n’avait laissé aucune trace, sauf cette gourmette qu’il portait toujours. Il aurait dû la jeter. Ce bijou n’avait aucune valeur, non ? C’était juste un cadeau de pacotille en signe d’adieux. Alors il se persuada que cet homme là, face à lui, n’était pas celui qu’il pensait être.

Relevant la tête, il se contenta d’acquiescer. Parler semblait trop difficile pour le moment. Sa bouche était sèche. Il était tendu. Et il le fut encore plus quand une main le rapprocha du corps du plus âgé. Une autre s’était glissée contre la sienne. Ses doigts allèrent enlacer les siens, les découvrant, reconnaissant la texture, les creux. De là où il était, il pouvait à présent sentir son odeur, si familière également. Et sa voix, sa voix qu’il venait d’entendre. La musique autour de lui était assourdissante et pourtant, il ne l’entendait pas. Tout semblait si silencieux. Leurs corps étaient si proches, bougeaient ensemble, comme si cela avait toujours été le cas. Les lunettes de soleil de son comparse gênaient pourtant le brun. Quelque part, il avait envie de voir ce qui s’y cachait derrière, mais il en avait également peur. Un frémissement le parcourut quand des doigts curieux s’étaient glissés dans sa chevelure. Il les sentit toucher sa cicatrice. Dans sa poitrine, son cœur battait à tout rompre.


- Il n’y a pas de soleil ici, vous savez…

Phrase glissée subtilement pour lui faire comprendre qu’il n’y avait nul besoin de porter ces lunettes. Se reculant un peu, l’inspecteur de police le regarda un moment, de plus en plus appréhensif. Et si c’était lui ? Son cœur le reconnaissait, lui criait que c’était bien lui, mais sa raison refusait d’y croire. Pourquoi l’avoir abordé dans ce cas ? Il n’avait pas le droit de réapparaître si soudainement, de s’inviter dans sa vie quand cela lui chantait, et ensuite de l’abandonner à son profond désespoir. Ses doigts fins tremblèrent imperceptiblement alors qu’il lui retirait la paire, les glissant dans la poche de l’homme, sans pour autant croiser son regard. Il sentait l’anxiété monter, ainsi qu’un petit autre chose. Ses sentiments ne se tairaient-ils donc jamais ?

La confusion traversa son regard bleu.

Se détournant rapidement, il se mordit la lèvre inférieure, perdu. Pourquoi était-il là ? L’avait-il suivi jusqu’ici ? Avait-il cherché à le retrouver, rongé par le remords ? N’ayant rien trouvé au Japon, il aurait suivit sa trace ? Non, il ne fallait pas délirer. On n’était pas dans un conte de fées. C’était tout simplement un concours de circonstances. Son corps se raidit de nouveau. Ses doigts étaient légèrement crispés, et il se gratta le bras, gêné. Quelle attitude devait-il adopter maintenant ? Salut ! Ca va ? Oui, je vais bien comme tu le vois, je pète la forme après un coma d’un an pendant lequel tu m’as abandonné. Sinon, rien de spécial, le boulot, les amis, la famille ! Absurde, vraiment. S’excusant auprès de lui, il se retira rapidement, se frayant un chemin dans la foule pour aller jusqu’aux toilettes, espérant qu’il ne le suive pas, qu’il le laisse. Le revoir était un choc terrible. Il ne pouvait nier ne pas avoir quelques fois fantasmé sur leurs retrouvailles dans un excès de délire, mais il n’y avait jamais vraiment cru. Alors face à cette situation, le russe perdait ses moyens. Il fuyait, tout simplement, mais pouvait-on le blâmer au final ?

Arrivé dans les toilettes, quelques personnes lui lancèrent des regards inquisiteurs. Il devait probablement avoir l’air d’être au bout du rouleau, de la crise de nerfs. Le silence lui fit du bien. Reprenant lentement contenance, il alla se passer de l’eau sur le visage, avant de prendre appui sur le lavabo. Ses mains étaient posées sur les rebords et les agrippaient fermement. Ce n’était pas vrai, ce n’était pas vrai… Voilà ce qu’il se répétait à présent. La seule envie qu’il avait pour le moment était celle de fuir. Fuir le plus loin possible, car il ne voulait pas que tout recommence. Jamais deux sans trois, hein ? Oui, mais non. Il n’y aurait pas de troisième fois, car son esprit était trop fatigué pour résister, pour tenir. Pendant une époque, ils avaient été bien ensemble. Vraiment bien. Mais rien ne serait plus pareil, il fallait se faire une raison. Jetant un regard à la porte qui s’ouvrait de temps à autre, il fut soulagé de voir qu’Il n’était pas là. Pas pour le moment. Comment osait-il montrer sa face devant lui une nouvelle fois d’ailleurs ? L’indignation le prenait, mais repartait aussi vite qu’elle était venue. Miguel était vivant, il était toujours vivant. Et cette simple constatation lui faisait chaud au cœur, le rassurait, le soulageait. Pourquoi ses pensées étaient-elles si contradictoires ? Son visage était encore humide. Il était si confus, si faible aussi. Son cœur chancelait, et c’était avec difficulté qu’il ne retournait pas voir l’espagnol pour s’enfouir dans ses bras rassurants. Encore une fois, il crut que tout cela n’était qu’un rêve, et il se pinça, histoire de voir, de tester. Mais non, la douleur était réelle et vive. Sa peau commença d’ailleurs à rougir. Ce n’était pas bien difficile vu comme il était pâle.

Il s’observa quelques instants dans le miroir, remettant ses cheveux en ordre. A une époque, il avait été blond, plusieurs fois. C’était sa couleur naturelle. Maintenant, il se les était reteint en noir, comme pour s’oublier, une nouvelle fois, et ne pas attirer les regards. Depuis qu’il s’était installé à New York – 2, il s’était fait le plus discret possible, cachant ses origines comme il le pouvait. Il vivait une vie tranquille, avec son petit frère qu’il adorait. Grâce à lui, il avait surmonté bon nombre d’épreuves, et notamment sa dépression. Il arrivait d’ailleurs au terme de sa thérapie. Alors non, Miguel ne pouvait pas revenir maintenant. Pas maintenant qu’il était guéri, qu’il était libre. On n’effaçait pas son passé comme ça, ses souvenirs, mais on pouvait faire en sorte qu’ils fassent moins mal. C’était trop demander ? Dieu devait lui en vouloir d’avoir fait un truc de travers pour lui infliger ça. Une légère claque sur la joue. Voilà, ça allait mieux. Non ? La musique provenant de la boîte lui fit tourner la tête en direction de l’entrée des toilettes. Il détourna rapidement les yeux, remarquant que c’était Lui. Il ne semblait donc pas vouloir le lâcher. Fixant le fond du lavabo, un silence s’installa entre eux un court instant, avant qu’il ne décide de parler, de lui demander ce qu’il faisait là.

Son cœur ne pouvait-il donc pas s’empêcher de battre aussi vite, aussi fort ? Tais-toi mon cœur, ou Lui va t’entendre. Ses mains allèrent attraper un mouchoir d’un geste sec pour s’essuyer le visage. A vrai dire, une minute seulement s’était écoulée entre le moment où il l’avait quitté pour se réfugier ici, et le moment où Miguel l’avait rejoint. Une minute, ça pouvait paraître court, mais rien qu’en l’espace d’une minute, il avait eu envie de le quitter, de le reprendre, de le quitter, de retourner auprès de lui.


Dernière édition par Nikolaï Kohl le Dim 29 Mar - 0:58, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Se reconnaître.   Se reconnaître. Icon_minitimeJeu 26 Mar - 18:29

[Poker Face - Lady Gaga ]

Je sais bien qu'il ne fait pas jour. Mais je ne voudrais pas qu'on reconnaisse mes traits, mon visage et surtout, mon regard qui ne laisse aucun doute sur mes occupations. J'ai fait tant de mal depuis que tu t'es endormi. Il vaudrait mieux que tu ne saches jamais. Pourtant je sais, quelque part, que mes mensonges sonneront faux quand je les sifflerait à ton oreille. Il faudra que je module une tout autre musique pour te charmer, une nouvelle fois. Aucun doute que j'y mettrais tous les moyens à ma disposition, même si je devais te faire du mal un jour pour y parvenir.

Toucher la marque au creux de la nuque était facultatif. C'était lui, ses yeux clairs portaient cet air perdu qui ne tromperait pas. Et Il doutait. Le plus âgé ne cilla pas, cessant simplement de danser pour lui permettre de retirer ce qui cachait des prunelles brunes, sombres, bordées de longs cils noir. Il ne montra aucun signe de faiblesse, le jaugeant sans se détourner, contrairement à son partenaire. Qu'est-ce qui pourrait bien passer dans cette petite tête ? Allait-il l'insulter, le frapper, pleurer même ? Tout cela était trop excessif. Nikolaï Khol avait toujours été mesuré, même dans les pires moments. C'était ce qu'il avait aimé chez lui, parmi d'innombrables qualités trop peu mises en avant. Pourtant, le latino s'attendait à tout.

Il avait commis l'irréparable en s'éloignant de lui sans mot dire, comme ça. L'agent de police d'autrefois était quelqu'un s'extrêmement gentil et généreux, mais cela avait du être trop, même pour lui. Se sentir abandonné par l'être chéri était une chose à laquelle Miguel avait goûté, et il comprendrait parfaitement qu'on ne veuille plus de lui, même en rêve. Il comprendrait, certes, mais ce n'était pas ce qui le ferait reculer.

Alors, quand le jeune brun quitta la piste de danse, il resta immobile juste un instant, le temps de le laisser croire qu'il ne le suivrait pas, avant de marcher tranquillement sur ses pas, poussant les quelques personnages qui lui barraient le chemin en se trémoussant de cette manière stupide. Les insultes ne l'atteignaient pas, de toute manière, qui aurait osé se frotter à lui ? Il avait l'air tout droit sorti d'un film de gangster. Il n'y songeait pas, se concentrant sur ce qu'il pourrait bien dire, faire, une fois face a lui. L'espagnol n'avait pu se débarrasser de cette envie de le contrarier, le gêner. Le rendre en colère, se faire détester. Dans les meilleurs moments, il était resté arrogant et sournois, obsédé et possessif. Insupportable en somme. C'était à se demander comment une personne avait pu l'accepter pendant de longs mois auprès d'elle.

Arrivé dans les toilettes, il ne jeta qu'un coup d'oeil fermé aux quelques hommes présents. Ce fut comme s'Ils étaient seuls. L'absence de son, hormis celui de l'eau qui coule et s'égoutte, mesurait les secondes qui les séparaient des mots. Une voix lui parvint. Il lui sembla y déceler la lassitude, la fatigue. Une pointe de colère, et une pincée d'autre chose.
Il ne faut pas trop espérer mon grand. Il ne tarda pas à répondre sur un ton qui se voulait calme et assuré. Pour le rassurer ? L'amadouer ? Il ne savait pas lui même. C'était sorti ainsi.

- Je me suis installé ici, pour mon job. Ça fait plus de 18 mois.

Il ne retourna pas la question immédiatement. C'était à se demander s'il avait le droit de l'interroger, de s'intéresser de nouveau à sa vie, alors qu'il l'avait laissé aux portes de la mort. Il n'hésita pas longtemps. Non, décidément, il n'était pas capable de jouer le désintéressé, celui qui aurait tout mis de côté.

- Et toi... qu'est-ce que tu deviens ?

Pourquoi être venu jusqu'ici ? Aurait-il entendu dire que l'Informateur s'en était parti aux States ? C'était trop espérer, non, ce n'était pas la bonne réponse. Alors quoi ? Cette ville atteignait un taux de criminalité pire encore que celui de la ville nippone d'où ils venaient, ce n'était pas un bon endroit pour se remettre de ses blessures physiques, psychiques. Contrairement à d'ordinaire, l'homme de main n'avait pas bougé d'un pouce pour Le rejoindre. Il préférait se tenir près de la porte, au cas où. Au cas où il Lui vienne l'envie de prendre ses jambes a son cou, de rejoindre ses amis, de partir. Comme ce qu'il lui avait fait expérimenter. L'autre paraissait de surcroît si faible et déconcerté que l'espagnol ne se sentait pas la force de seulement se rapprocher de lui, de réduire les mètres qui les séparaient. Il avait l'impression que d'une seconde à l'autre, il pourrait le briser par une parole maladroite, un geste trop vif.

- Tu vas bien, alors... ?

Maladroit. Il ne se souvenait pas s'être un tant soit peu soucié de quelqu'un ces temps-ci. Il ne se rappelait pas non plus de la dernière fois ou il aurait prononcé les mots "Comment vas-tu ?", ou "Merci". A quoi bon ? Il n'était entouré que de collègues aussi distants qu'il l'était avec eux.
Riveira n'avait aucune idée de ce qu'il s'était passé après qu'il ait quitté le Japon. Boucler son passé et ne plus le rouvrir, au risque de rendre les choses plus dangereuses encore. Pour lui. Pour eux. S'était-il bien remis de l'incident ? En gardait-il des séquelles ? Pouvait-il exercer normalement une activité quelconque ? Un trou derrière le crâne, ça ne se réparait pas facilement. Lui même n'avait pas expérimenté cela, malgré les nombreuses marques présentes sur son corps.


- Tu m'as ... manqué tout ce temps.

Voila, tu l'as dit. C'était difficile à avouer, à s'avouer, tout de même. Ses poings s'étaient resserrés dans le vide, par appréhension. Il n'y tint plus. Nikolaï semblait s'effondrer, comme une pile de château de cartes. Rarement il l'avait vu dans un tel état. Alors il s'avança à pas lents, se postant non loin de lui. Plus près encore. Voila, c'est ça. Il murmurait sans s'en rendre compte, avait baissé la voix pour ne pas effrayer l'animal blessé qu'était devenu le russe. A présent je peux poser ma main sur ton épaule, l'effleurer seulement. Ne t'inquiète pas, je ne vais pas te prendre dans mes bras. Pas tout de suite. Ça va aller...

- ... Tu es ici depuis longtemps... ? Et... combien de temps es-tu resté endormi... ?

Autant de questions qui surgissaient à son esprit troublé. Ses doigts étaient remonté le long de la nuque, et se glissaient maintenant entre les mèches noires, redécouvrant leur texture douce. Si pâle. Il était si blanc, plus encore qu'avant. Il prenait des médicaments sans doute.

- Pourquoi venir ici... ?

Là où il se trouvait aussi. Il se pencha un peu plus vers son interlocuteur qui gardait obstinément le visage rivé au sol. Était-ce une simple coïncidence ? Il ne voulait pas le croire, mais il devrait s'y résigner.
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MessageSujet: Re: Se reconnaître.   Se reconnaître. Icon_minitimeMar 7 Avr - 23:52

[KISS - I Was Made For Loving You Baby]


Ne prends pas cet air si confiant alors que je suis sûr le point de craquer. Les yeux fermés l’espace d’une seconde, le jeune inspecteur de police essaya de calmer sa respiration, son pouls. Son cœur ne voulait pas se taire visiblement, mais qu’avait-il à dire ? Que oui, il avait toujours des sentiments pour lui, que cela ne s’effaçait pas comme ça, mais aussi qu’il lui en voulait terriblement. Comment aurait-il dû interpréter cet abandon, lui qui avait tout sacrifié pour l’espagnol, qui l’avait suivit, qui avait enduré tant d’épreuves pour rester à ses côtés, malgré son sale caractère, malgré ses piques… ? Alors comment osait-il donc revenir ? Comment pouvait-il encore le regarder en face, le toucher ? Qu’il aille se terrer bien vite, se cacher avant qu’il n’explose. Peut-être n’en était-il pas capable au final. Malgré toute sa bonne volonté, il se sentait faible face à cet homme. Pourquoi l’aimer Lui ? Cette question, il avait arrêté de se la poser pendant un certain temps, voyant qu’il était inutile d’y penser. Les raisons, il y en avait plusieurs, mais elles étaient si subtiles, si enfouies au fond de Miguel que dans les plus mauvais moments, ils ne se voyaient plus. C’est comme si le russe les perdait de vue. Ses qualités… Il y en a si peu enfin de compte.

Dix-huit mois… Alors cela faisait donc plus d’un an qu’il vivait ici. Cela coïncidait avec son départ, avec ce que lui avaient dit les infirmières. « Il n’est plus venu après le début du mois de Mars ». Et tous deux côtoyaient la même ville sans même le savoir, sans même avoir pris la peine de chercher l’autre. Pour quoi faire ? Recommencer les mêmes erreurs ? Se retrouver de nouveau au fin fond d’un gouffre, sans aucune issue. Lui en avait choisie une. Sa porte de secours, c’était de l’oublier. Mais là, le revoir… Il avait l’impression d’avoir défoncé une porte ouverte, que tous ses efforts n’avaient servie à rien… Strictement à rien. Un château de cartes qui s’écroulerait après la première bourrasque, un radeau qui se retournerait dès la première vague…


- Je suis venu ici pour m’échapper.

M’échapper de ta présence si oppressante, si omniprésente, si malsaine. M’échapper de ces rêves qui sans cesse me tourmentaient. Mais arriverais-tu à comprendre ? Culpabilises-tu la nuit, avant de fermer tes paupières, de m’avoir laissé ainsi ? Se remettre sur pied après cet incident, avec si peu de soutien, avait été difficile. Il y avait eu son petit frère, le seul être qu’il chérissait autant qu’il pouvait, parfois même plus que sa propre famille, mais ce dernier avait été préoccupé par des problèmes familiaux et par un mariage arrangé. Nikolaï ne voulait pas être un fardeau pour les autres. Il était juste le petit flic gentil sur qui on pouvait compter. Le petit flic qui à présent était plus détaché mais qui ne voulait pas jouer les blessés en mal d’affection.

Se redressant, il faisait à présent face au brun, le mesurant, le détaillant. Encore une fois, c’était un nouvel homme qui lui faisait face. A chaque séparation, à chaque retrouvaille, il changeait. Et lui stagnait et devenait pis encore. Quel genre de travail faisait-il à présent ? Costume noir, cravate, chaussures cirées, lunettes noires… Non, il n’était pas bien difficile de deviner, sauf s’il avait une nouvelle fois encore fait une reconversion dans une autre branche. Miguel, tremper dans l’honnêteté ? Non, jamais. Ca aussi, il avait appris à l’oublier un peu avec le temps, à l’accepter. L’amour rendait aveugle, hein ? Quelle mauvaise blague. Pourquoi avait-on inventé un sentiment si contradictoire, si difficile, si douloureux ? Il n’en voulait plus à présent. C’était bien la raison de son célibat constant. Quelques copines de temps à autre, histoire de montrer que oui, il n’avait plus de problème, que oui, il avait surmonté son coma, ses peurs.

S’il allait bien ? Non. En avait-il seulement l’air, avec son air pâlichon, sa surprise à peine masquée ? Il restait éloigné. A trop s’approcher, il craignait s’accrocher. Une boîte de nuit, des toilettes… Quelle ironie du sort. N’était-ce pas dans un endroit similaire qu’ils s’étaient rencontrés, qu’ils avaient consumé leur première nuit ensemble ? Les souvenirs étaient toujours aussi vifs dans cet esprit, et aucun médicament, aucune thérapie ne lui ferait oublier ces derniers. Il fallait bien que le jeune inspecteur s’y résout.


- Oui, ça peut aller…

Autant que possible. Non, aucune complication, oui, il vivait normalement, tranquillement. Si tranquillement avant que tu ne viennes tout déranger… Mais ça a toujours été comme ça, hein ? Miguel avait toujours eu le chic de tout bouleverser dans son esprit. Dans une ville si grande, il n’aurait jamais pensé le retrouver. Il aurait plutôt pensé que l’espagnol se serait exilé dans son pays d’origine, retrouvant ainsi les quelques membres de sa famille. Vraisemblablement, il avait eu tort. Il ne le connaissait pas encore si bien que ça. Des zones obscures restaient encore. Des zones qui ne s’éclairciraient jamais, et dont il n’avait pas besoin de toute façon. Alors quand il entendit parler, murmurer des paroles qui ressemblaient à de la tendresse, il serra les dents. Surtout ne pas lui dire que lui aussi, il lui avait terriblement manqué, trop même. Plus que de raison. Un aveu déstabilisant, mais il ne fallait pas qu’il tombe dans le piège. Ses lèvres étaient sèches. Il ravala sa salive, ainsi que ses paroles.

- Miguel, arrête s’il te plaît… Arrête.

Une profonde inspiration pour oublier sa présence, pour éviter de craquer face à lui. Ce n’était pas le moment. Glissant ses mains sur son visage, il se cacha ainsi les yeux. Tout cela n’était qu’un rêve. Lentement il se calma, et consentit à rouvrir les yeux de nouveau. Il ne le regardait pas en face pourtant. Comment aurait-il pu ? C’était se jeter dans la gueule du loup, dans ses bras. Assez. Il ne souhaitait plus être utilisé, usé jusqu’à l’os. Une légère pression sur son épaule, une main grande et chaude. Le russe ne se sentit pas la force de la repousser. Comme il aurait aimé la sentir, cette main sur son épaule, à son réveil. A tous ses réveils.

- … depuis quelques mois à peine. Une pause, il réfléchissait en gardant les yeux rivés sur le carrelage. Un an… Deux mois et demi de rééducation, et je suis venu ici.

Des doigts s’étaient glissés dans sa fine chevelure, timidement au début, puis avec plus d’assurance. Non, arrête ça. Il prit la main du brun pour la retirer, mais la garda néanmoins dans la sienne, enserrant étroitement ses doigts. Ca y est, il s’accrochait. Il avait été perdu si longtemps pendant son absence. Pathétique. Il en arrivait même à se mépriser parfois. Pour l’instant, il n’engageait pas la conversation, se contentait de répondre aux questions posées. Non, qu’il ne s’approche pas plus de lui ou alors son odeur lui parviendrait, son parfum épicé et enivrant…

- Il n’y a pas de raison particulière… J’avais juste besoin de changer d’air.

Un mensonge, mais l’espagnol avait-il besoin de connaître ses raisons ? Ils n’étaient plus ensemble, il n’avait pas l’obligation de lui parler de tout. Et même si tous deux auraient été encore une paire, chacun avait le droit de garder ses secrets. Alors non, il n’était pas venu le retrouver. Oui, il avait déjà abandonné espoir depuis un bon moment déjà. Et non… Il ne désirait pas qu’ils se remettent ensemble.
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MessageSujet: Re: Se reconnaître.   Se reconnaître. Icon_minitimeVen 17 Avr - 21:59

[Give me another chance - Big Star ]


Fuir était une option confortable lorsque les choses devenaient trop dures à supporter. Seulement, il valait mieux se traîner sur un cours d'eau tranquille, propice à l'oubli, au pardon, et tout au bout du chemin, à un épanouissement personnel. On ne portait pas son choix sans arrières pensées le long d"un sentier tortueux barré par les ronces et les difficultés. Il devait y avoir autre chose derrière la présence du jeune russe dans cette ville, un secret bien plus lourd, certainement. Y avait-il ici quelqu'un à suivre, à aimer ? Ou au contraire une cible à éliminer ? C'était les hypothèses les plus vraisemblables au premier abord. Se lancer dans le métier d'inspecteur à peine sorti d'un déception amoureuse et de graves blessures n'avait rien de sensé aux yeux de Riveira.

N'empêche, quelle question idiote. Il était évident que son interlocuteur n'était pas au meilleur de sa forme, et depuis qu'ils étaient face à face, c'était encore pire. Ces traits tirés, autrefois détendus et enjoués, ne mentaient pas, pas plus que le teint plus pâle encore que d'ordinaire. De fines veinules bleues ressortaient même sur le cou dénudé, le garde du corps venait de les apercevoir à la lumière du néon grésillant.

C'est vrai, tu as de quoi t'inquiéter, p'tit Niko. Tu te rappelles, j'en suis certain, de cette soirée où je t'ai traîné dans un endroit semblable, dans une cabine, pour abuser sans contraintes de ton corps tatoué à l'encre noire. C'était du chantage, certes, n'empêche que ça n'avait pas semblé te déranger tant que ça. Tu as du en voir d'autres, c'est sûr. A ce que j'ai pu glaner sur toi, tu faisais la pute auprès de ton ancien boss, tout ça dans l'espoir de démanteler un réseau. Le pire, c'est que t'as réussi, en partie. Tu devrais pas en être fier. Je me suis déjà demandé comment j'avais pu vouloir de toi à l'époque. Tes idéaux de justice me révulsaient. Je les trouve toujours surréalistes. Il y à tellement de points sur lesquels on ne s'entend pas. Heureusement, on peut encore se comprendre.

Dire qu'il pensait ne plus jamais le revoir. Ce sentiment, ce n'était pas la première fois qu'il l'expérimentait, qu'ils l'expérimentaient. A croire qu'ils étaient voués à se retrouver, à chaque fois. Des aimants qui se collent, se repoussent, se rapprochent. Se lient et se délient.

Et comment pourrais-je arrêter de te fixer ? De te chercher pour te perdre, de te retrouver et te reprendre, de t'abandonner et de t'attraper, une nouvelle fois ?

Le brun ne se comprenait pas, lui et son irrésistible envie de Le revoir, de se rassurer de Le voir respirer, marcher. Le russe pourrait pleurer, l'insulter et lui cracher des mots durs, c'était ce qu'il méritait après tout. Il pourrait se venger, Miguel lui tendrait l'instrument de torture, certainement. Cependant, rien de tout cela ne pourrait l'empêcher de lui vouer des songes et des pensées. Il se sentait à ce moment là si faible qu'une partie de lui lui intimait de se débarrasser de ce Lui qui accaparait son être sans le vouloir. Peut-être pourrait-il alors guérir de ces maux stupides qu'on nommait Inquiétude, Culpabilité. Amour ?

Il pouvait à présent sentir des doigts fins autour des siens. Il serra avec toute la douceur dont il était capable cette paume dans la sienne, et son pouce se mit à caresser un poignet. De temps à autre il frôlait un morceau de métal froid, et, paradoxalement, ce contact le réchauffait. Un an. L'aveu était déstabilisant. C'était beaucoup plus qu'il ne s'était imaginé. Douze mois d'une vie, envolés, par sa faute. Il ne s'était pas pardonné, pas encore. Il était probable qu'il ne se pardonne jamais. Alors pourquoi s'entêter à revenir auprès de Lui ? Ce devait être son égoïsme qui faisait la part des choses. Ou alors, l'envie était plus forte que la raison ? Il souleva la main de l'inspecteur Khol et la porta a ses lèvres, pressant sa bouche contre. Un long baiser tout juste poli qui se termina bien vite. L'agent de police avait brisé le geste, visiblement décontenancé. Au moins, ils étaient deux à perdre leurs moyens, de manières bien différentes. L'un nerveux ouvertement, l'autre troublé dans le montrer le moins du monde. Et pourtant, quiconque connaissait l'ex-informateur aurait pu immédiatement se moquer de son air calme et sérieux. Si fébrile en réalité.


- Alors dehors, c'est pas un lieu très romantique pour des retrouvailles.

Les toilettes étaient sans cesses traversées par des hommes de gabarit et d'âges différents, qui ne se gênaient pas pour leur lancer des regards appuyés. Que faisaient deux mecs, dont un trop louche pour être honnête, à discuter entre la rangée de lavabos et celle des toilettes ? On ne voulait pas vraiment savoir au final, mais ils bouchaient le passage. Miguel entama le premier mouvement pour rejoindre la grande salle. Immédiatement, une rythmique tonitruante lui agressa les tympans. Ce que c'était désagréable. Ses mains cherchèrent à tâtons le paquet de Marlboro sensé se trouver dans l'une des poches de son pantalon. Rien à faire. Il du hausser la voix pour que l'Autre le dépanne.

...

L'air frais faisait du bien. L'odeur pesante de l'alcool et de la sueur s'évanouissait à l'extérieur. Adossé contre une paroi décorée de lambeaux d'affiches colorées, le grand brun fumait tout en détaillant la silhouette résolument plus fine à ses côtés. Nikolaï était juste là, à quelques mètres, et pourtant il ne pouvait se résoudre à se rapprocher plus. L'homme de main venait déjà de faire preuve d'un culot extraordinaire en inscrivant son nouveau numéro de téléphone sur la main de son ex, d'une écriture rapide et difficilement lisible. Il se triturait à présent les cheveux, appréhensif sans le vouloir. Ses prunelles jetaient des coups d'œil rapides vers Lui, avant de retourner contempler le trottoir.


-- Fais en ce que tu souhaites. Je t'avoue que j'ai pas des milliers de possibilités. C'est ça, où me rentrer dans la tête que tu n'es plus rien pour moi. Je préfère encore... jouer les désespérés.

Tant pis pour la fierté. Elle était moindre comparée à ce qui le taraudait à cet instant. Rares étaient ceux qui pouvaient se vanter d'avoir vu un jour le chien enragé dans ce pitoyable état. Tellement acculé qu'il en devenait sincère, demandeur. Dépendant. Il aurait fait un carnage si on le mettait face à lui même. L'espagnol avait toujours obtenu ce qu'il désirait, il n'était en aucun cas préparé à être frustré, mais on s'était amusé a mettre une chose hors de sa portée. Il était conscient qu'une vie normale n'était pas pour lui, pas plus que tout ce qu'elle sous entendait. Une relation unique et développée était proscrite. Pourquoi s'acharner quand on sait ce qui nous attend, quoi que l'on puisse faire ? Miguel n'avait pas la réponse, mais il savait une chose: son amant ne l'avait pas totalement rejeté, malgré ce qu'il venait d'avancer. La preuve, il la pointa du doigt, et la frôla de son index. Cette gourmette accrochée au bras du jeune homme voulait tout dire, n'est-ce pas ?

- Tu ne m'as pas encore tout à fait oublié. Je considère ça comme une invitation d'ailleurs.

Un bracelet, signe d'un lien fort. Ils avaient eu la même idée ce Noël là, et ils l'avaient tout deux conservé malgré le temps qui s'était écoulé. Alors, jamais deux sans trois, n'est-ce pas ?
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MessageSujet: Re: Se reconnaître.   Se reconnaître. Icon_minitimeSam 9 Mai - 17:30

[You're My Thrill - Billie Holiday]


Le silence s’installe un moment entre eux. Qu’y avait-il à dire franchement ? Ce n’était pas le genre de Nikolaï de lui envoyer des insultes, des réprimandes à la figure. De toute manière, il ne s’en sentait pas la force. Il semblait perdre ses moyens, son assurance et son calme. Comme il aurait aimé que tout ceci ne soit qu’un rêve, parmi les milliers d’autres qu’il avait fait. Il se réveillerait le lendemain, seul dans son lit, seul avec ses pensées. Mais avec le temps, il avait décidé que cela était pour le mieux, que leur relation ne marcherait pas. Elle était vouée à l’échec, il fallait bien se faire une raison. Alors à quoi bon espérer, vouloir toujours ce que l’on ne pouvait posséder ? S’ils s’étaient rencontrés dans des circonstances différentes, dans des rôles différents, ils n’en seraient certainement pas là aujourd’hui. Non, il ne serait pas là à éviter son regard, son toucher. Il ne chercherait pas à le repousser, comme il le faisait. Sa colère semblait s’être atténuée pour le moment. Ou plutôt il trouvait cela inutile de se fatiguer pour rien.

Des lèvres humides sur sa peau le firent reculer, et il dégagea sa main. Il s’était laissé entraîner par l’instant, par les douces caresses, les paroles murmurées. Il était faible et minable. Sourcils légèrement froncés, il ramena sagement sa main le long de son corps et se mordit l’intérieur de la joue. Ne pas montrer ses sentiments. Ne pas le laisser lire dans ses yeux, lire sur son visage un amour qui ne s’était pas encore éteint. Les braises étaient encore chaudes. Un souffle et elles se raviveraient. Et ça, il ne pouvait pas se le permettre. Miguel n’en valait pas la peine, voilà ce qu’il se disait, chaque jour, chaque minute. Il l’avait lâchement abandonné, parce que fuir était toujours plus facile. Lui aussi en avait commis des erreurs dans leur relation mais il avait tout fait par la suite pour que cela marche entre eux. Et maintenant… Maintenant, il était fatigué. Il avait trente ans, et était toujours célibataire. Il ne contactait presque jamais sa famille qui ne voulait pas de lui, n’avait pas d’enfants. Il y avait An, mais il finirait par partir quand il aurait trouvé la personne faite pour lui.

Finalement il releva le visage. Pourquoi aller dehors ? Avaient-ils vraiment besoin d’un cadre romantique ? Il le suivit pourtant, l’air renfermé sur lui-même. Au passage, il attrapa sa veste et s’excusa auprès de ses amis. Non, il ne comptait pas revenir. Ils se verraient demain, au poste de police. Ses doigts allèrent fouiller dans la poche arrière de son jean, duquel il sortit un paquet de cigarettes. Arrivé à l’extérieur, il en sortit une pour lui, l’alluma et jeta le paquet à son ancien amant. Une bouffée de nicotine, voilà de quoi il avait besoin. De quoi se calmer les nerfs. Alors qu’il allait enfouir son autre main dans une de ses poches, il sentit Miguel la tirer. D’un air qu’il se voulait absent, il le regarda griffonner ce qui semblait être son nouveau numéro de téléphone. Comme à son habitude, l’espagnol ne ressentait pas la moindre gêne et faisait tout ce qu’il voulait. Nikolaï avait envie de lui hurler d’arrêter, de s’en aller, de le laisser tranquille dans sa petite vie pitoyable mais tranquille. Il n’avait pas besoin de ce numéro, n’avait pas besoin de Lui. Ses yeux bleus parcoururent un moment le numéro de téléphone. Il le mémorisa sans peine après l’avoir lu plusieurs fois, et redressa le visage en entendant la voix grave du brun s’exprimer.

- … Je n’en veux pas. Je ne veux pas de tout ça, une nouvelle fois. Qui te dit que je n’ai pas tourné la page ? Que pour moi, tu n’es plus rien…

Plus rien qu’un souvenir ineffaçable. Depuis quand Miguel avait-il donc laissé cette trace indélébile en lui ? Depuis quand exactement avait-il réussi à s’accaparer son cœur ? Ne lui rendrait-il jamais ? Il continuait à faire son égoïste, malgré son âge. La maturité dont il devrait faire preuve ne semblait pas exister chez lui. Non, les valeurs communes ne faisaient définitivement pas partie de sa personnalité. Moralité, étiquette, fidélité, loyauté… Tout cela n’était que des mots en l’air pour lui.

Il fit un pas en arrière quand Miguel s’approcha pour frôler son poignet où était accrochée la gourmette. Baissant le regard, il se détourna de lui. Nouvelle bouffée de nicotine. Fumée grisâtre s’élevant dans l’air pour disparaître. Silence. Il hésita à lui rendre le bijou, là, tout de suite. Cela marquerait alors définitivement la fin de leur histoire, il le savait. Il n’y avait pas de geste plus symbolique que ça, et pourtant… Peut-être ne voulait-il pas faire de mal à son ancien amant et confident. Non, la raison était tellement plus simple et absurde. Lui qui clamait si haut et fort vouloir en termine avec cette histoire n’arrivait justement pas à s’en débarrasser. S’il le désirait si ardûment, n’aurait-il pas dû jeter tous leurs souvenirs ? Comme cet attrape-rêves, accroché au-dessus de son lit, ou bien comme cette photo qu’il gardait précieusement dans le tiroir de son bureau, au poste de police. Ou encore cette gourmette qui ne le quittait jamais, avec gravé dessus ce nom, son nom.

Il aimerait tant lui poser des questions, lui demander pourquoi il s’acharnait, s’accrochait ainsi. Lui demander des explications aussi. Pourquoi es-tu partit ? Pourquoi m’as-tu laissé seul ? Et le russe ne regrettait pourtant pas. Il ne lui en voulait pas d’avoir été kidnappé par sa faute, de s’être pris une balle dans la tête, d’avoir frôlé la mort et d’être resté des mois entiers dans le coma. Non. En étant à ses côtés, il savait qu’ils n’étaient pas en sécurité, en aucun cas. Mais ce qu’il lui reprochait était la douleur qu’il avait ressentie pendant cette longue année sans lui.

- Je ferais mieux d’y aller à présent.

Nikolaï ressentait le besoin de s’éloigner à présent, de rentrer chez lui, et de se coucher. La fête était finie pour lui. Il n’avait aucune envie de retourner parmi ses amis, et se doutait de toute manière que Miguel ne le laisserait pas filer entre les doigts si facilement. Chez lui, il serait en sécurité. Loin de Lui. Jetant le mégot à terre, il l’écrasa de son talon avant d’enfiler sa veste. Le froid le faisait frémir. Ou bien était-ce plutôt la proximité du brun ? Il n’en savait trop rien, mais une minute de plus ici et il allait perdre la tête et lui retomber dans les bras. Cela serait bien trop risible, il fallait qu’il se ressaisisse, garde un peu de dignité tout de même.
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MessageSujet: Re: Se reconnaître.   Se reconnaître. Icon_minitimeMar 26 Mai - 13:47

[ Too much of anything - The Who ]

La fumée âcre lui remplissait les poumons. La nicotine s'infusait dans ses veines, le calmant, l'empêchant de s'emporter comme il lui arrivait si souvent. Ses sautes d'humeur pouvaient partir à la vitesse d'un tir par balle, sans prévenir, et blesser aussi sûrement que le plomb celui qui avait provoqué un trouble chez lui. La défense par l'attaque, c'était ce qu'il privilégiait au risque d'être touché, au risque de voir le coup se retourner contre lui. C'était la stratégie des forts pour cacher leurs faiblesses, certainement, la stratégie instinctive et primaire d'un animal. Mais il devait se contenir, ne pas laisser la chien prendre le pas sur l'homme, pas en Sa présence. Que penserait-il de lui ?

Un pincement au coeur lui fit détourner le visage. Depuis quand le russe était capable de mots aussi blessants, de questions sans réponses ? Heureusement, autre chose venait contredire totalement ce qu'Il avançait.
Ce ne sont que des paroles en l'air, n'est-ce pas ? Tu veux m'éloigner, t'éloigner, mais tu n'y arrives pas. Tu es trop faible, ou trop gentil. Cela revient au même. C'est ce que je préfère chez toi, tu le sais, mais tu ne parviens pas à changer.

Tant mieux.

Le brun n'avait que peu changé au final, pour ce qui était de son caractère en profondeur. Il n'avait pas eu grand chose dans la vie malgré sa volonté inébranlable de profiter de Tout et de Rien, alors il considérait qu'au moins, la personne qu'il aimait, qui l'aimait ? Méritait qu'il s'attarde sue elle et cherche a la ravoir, se l'approprier. D'ailleurs, dans quel quartier vivait-Il à présent ? Était-il seul ? L'idée saugrenue de chercher une nouvelle fiancée lui serait t-elle venue après le départ de l'espagnol ? Autant d'interrogations que Miguel ne pouvait poser, ni maintenant, ni plus tard. Il devrait deviner par soi même et s'appliquer a gratter une nouvelle fois l'esprit de l'inspecteur. Lui même ne parlait plus à présent, restant bien droit dans la ruelle, ses yeux bruns rivés sur le trottoir. Le bâton bourré de tabac arrivait à sa fin, et il le jeta d'un geste ample dans une bouche d'égout, se tournant vers son interlocuteur.

- Je t'accompagne. Tu habites dans quel coin ?

Aucune discussion possible. Il se souvenait parfaitement avoir trouvé par une nuit le russe écroulé dans une ruelle du Japon, poursuivi par des anciennes connaissances, et puis, ce n'était même pas la raison qui le poussait à passer un peu plus de temps avec Nikolaï. Oh, n'allez pas croire qu'il jouait les gentleman romantique, la réponse se trouve plutôt dans la deuxième partie de sa phrase. En quelque sorte, son ex serait obligé de lui répondre, et s'il ne le faisait pas, le garde du corps verrait bien dans quels quartiers les mènerait le taxi. Car oui, ils allaient prendre un taxi. Riveira s'était avancé afin d'en héler un, et afin d'être sûr qu'il s'arrête il n'avait pas hésité à se placer sur la chaussée, l'obligeant a freiner violemment. Ceci fait, et sans prendre en compte la dangerosité de son geste, banal à ses yeux, il se tourna vers son acolyte, lui ouvrant la portière arrière. Ce qu'ils pouvaient être chouettes ces véhicules jaune canari qui parsemaient la ville morne et grise.

- Après toi.


Quelques minutes plus tard, l'ambiance était lourde sur la plage arrière de la voiture. Le plus jeune s'était collé contre la vitre, l'autre l'observait du coin de l'oeil, sagement assis sur la place de droite. Les voix se faisaient presque murmures, comme si une entité inconnue aurait pu capter leur conversation et les punir d'être réunis, une nouvelle fois. Le latino répondait par bribes détournées a des questions placées pour briser le silence. Les attitudes étaient loin d'être détendues, elle aussi. Comment en étaient-ils arrivés là ? A se comporter en parfait inconnus, ou simples connaissances.

- Je suis garde du corps, une personne célèbre. Je me débrouille.

Et là, il avait une bonne raison de ne pas lui révéler l'identité de son employeur. Quelle chance ! Dire qu'a un moment, le grand brun avait songé à quitter le monde de la corruption pour une vie plus saine. Il y était presque parvenu, avant que son passé ne le rattrape. Non, décidément, il y a des choses qu'il ne pourrait effacer ou fuir, il était bien trop tard pour cela.

Le trajet fut somme toute silencieux. Miguel aurait eu tant de choses a demander, à raconter, mais rien ne sortait de sa gorge serrée. Et quand le taxi se stoppa le long d'une rue du Brooklyn, il put clairement sentir son rythme cardiaque s'accélérer. Était-ce la dernière fois qu'il verrait Nikolaï ? Non, plutôt, comment pourrait-il le revoir ? Il le surveillerait bien attendu, attendrait un message de sa part, juste un, et il prendrait cette opportunité à bras ouverts. Seulement, le trentenaire avait-il la force et le courage de tout recommencer ? De pianoter quelques mots sur son téléphone pour les envoyer au numéro gravé sur sa paume ?

Miguel en doutait.

Il avait amorcé le geste de sortir son portefeuille, mais déjà l'autre l'avait devancé, chose qui le laissa pensif. Ainsi, Il le connaissait toujours aussi bien. C'était une bonne chose. Une demande lui fut formulée d'une voix ferme, un regard lui était accordé. Il dévia le sien, son visage tentant de masquer la colère et l'indécision qui s'emparaient de lui. Et puis, il hocha lentement le menton en signe d'approbation.


C'est d'accord, je ne chercherais pas à te voir tant que tu ne donnes pas de signe. Cela veut dire que tu me laisse une chance, ou que tu ne veux plus rien ? Ce n'est pas ce soir que je saurais.

Le corps fin quitta sa place, la portière claqua. Et le moteur vrombit à nouveau, emportant l'homme en costume cravate dans un autre lieu, une autre vie, une autre histoire. Il n'était déjà plus tout à fait le même que lorsque le russe l'avait trouvé, quelques minutes plus tôt.
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