Big Apple man vs little White snow, including Beauty man ~ [Ed, Lyn, please]

Invité

Résumé de l'épisode précédent, Il capo et il topolino. An après s'être fait passé pour un serveur grâce à la complicité du barman a réussi à approcher Edward Cordeiro. S'en est suivie une discussion ayant abouti à une prochaine rencontre. Un dîner au Splendide.

Université de N-Y 2 – Amphithéâtre 15b.

« All of you have to submit the report at the end of the wee-... »

La voix résonnait dans le microphone. Personne n'écoutait réellement. Le cours s'était achevé. La nuée d'élèves s'envolait dans les couloirs. An mâchouillait un chewing-gum à la cerise tout en écoutant le flot musical déversé dans ses oreilles. ''we’re living in a world of contradiction even more than you know a long long way to go '' . Une bulle se forma entre ses lèvres. Puis un claquement sec se fit entendre. La matière vint se coller contre la chair rosé sous l'oeil amusé d'un camarade. Allez, je vais t'aider. Non mais il le prenait pour un débile ? Franchement ? Il savait pertinemment ce que certains voulaient faire. Non mais il avait aucun problème avec son homosexualité et sur le campus, cela semblait être toléré. Toutefois, il n'avait pas envie de se donner en public pour la satisfaction d'un mec qui avait une copine. Enfin sûrement une copine. Il suivait de loin la vie de ses camarades étudiants après tout. Dans l'amphithéâtre, ils étaient nombreux. Trop nombreux pour connaître tous les prénoms et pour l'administration, ils n'étaient que des numéros sur des listings. An McGee's N°270318. Une photo aux couleurs mal rendues sur une carte à puce. Bienvenue dans le nouveau millénaire. C'était ringard d'utiliser les cartes d'étudiants en papier. En plus, ça donnait un air d'étudiant de l'ancien temps. Ici, on était moderne. Les professeurs ne connaissaient pas spécialement leurs élèves. Enfin on connaissait toujours les meilleurs et les plus mauvais. Ceux entre les deux, ils n'existaient pas. Ils étaient là pour valoriser ou dévaloriser mais c'était tout.

La fac pour An, c'était l'expérimentation de la solitude. La considération d'être une sorte de joli vase qu'on déplaçait partout sans se soucier de rien. Bien sur, il lui arrivait de crier stop. Même souvent, son caractère de chiot s'estompait avec le temps. Il avait appris à dire ''non''. Il est plus facile de se décider à suivre, le mouvement qu'aller en sens inverse. Peur d'être seul. Peur d'être remarqué. Non mais lui, de toute façon, il ne fait jamais rien comme tout le monde. Non maintenant quand il avait marre, il le disait. Il ne laissait plus ses problèmes trainer comme s'ils allaient s'enterrer tout seul par magie. Avant Koizumi s'en serait occupé. Sans même lui demander son avis. Malgré la distance, ils continuaient à se parler et durant leu discussion, An regrettait souvent son pays natal. Ses yeux se mettaient à fouiller le paysage urbain à la recherche d'un indice. D'une silhouette connue. Mais rien. Sac sur l'épaule, silhouette entre deux genres, l'asiatique se mit à avancer plus rapidement. La bibliothèque l'attendait comme d'habitude. Dans une heure, son téléphone sonnerait. Il rentrerait à la maison. Après avoir scrupuleusement consulté à nouveau le peu de journaux parlant d'Edward Cordeiro.

Appartement – { H -3 }

La télévision allumée remplissait le salon de musiques à la mode. Hip-hop, soul, r'n'b. Musique électronique et une sorte de rock faussement rebelle pour des adolescents en manque de violence. Pas de koto. Pas de shamisen. Le son lui était purement étranger. Au Japon, il n'avait jamais écouté de groupes occidentaux. Pourquoi faire après tout ? Ils avaient suffisamment de groupes ou de chanteurs comme ça. Peut-être aussi parce qu'à ses oreilles, les mélodies occidentales ne possédaient pas une certaine subtilité dont il raffolait. Celle d'un mélange entre le passé et le présent. La modernité des instruments traditionnels. Dans sa chambre, porte grande ouverte pour entendre la musique, le jeune homme fixait pensivement sa garde-robe. Il devait faire un choix. Mais lequel ? Il fallait qu'il trouve une tenue qui ne lui donne pas l'air trop jeune. Le lieu du rendez-vous était le Splendide. Le casino. Pas de costumes. Il était incapable d'en porter dans un tel endroit. Question d'habitude. Bien que ce soir, il n'ait personne à servir, une partie de lui ressentait le besoin d'esquisser les mêmes gestes que par le passé. Sa main droite se tendit et il bougea lentement les cintres. Allez, ne réfléchis pas trop. De toute façon, tu n'as rien à voir avec type. Hochant vigoureusement la tête, An finit par déposer sur son lit, une robe blanche lui arrivant au-dessus du genoux. Une robe suffisamment large pour laisser planer le doute sur la présence d'une petite poitrine mais aussi camoufler à l'oeil des possibles formes. Le jeune homme avait toujours choisi ses vêtements féminins avec soin. Après tout, il s'agissait des bases qu'on se devait de posséder dans le métier. En chaussure, il opta pour une paire à bout rond d'une teinte marron avec des talons convenables que des rubans d'un marron plus foncé surplombait. Un collant noir et l'affaire était joué.

Satisfait de la tournure de la préparation, An décida de passer à l'étape la plus importante. Le maquillage. Un art pour réussir une bonne transformation. Profitant de la chance d'être seul dans l'appartement, il sortit une énorme trousse comportant différents effets. Ses jambes se plièrent et il se laissa tomber à terre devant le miroir de sa chambre. Petit à petit, il fut entouré par une quantité de produits. D'abord, préparez la peau. La nettoyer pour qu'elle reçoive le maquillage. Avec choix, l'asiatique choisissait ce qu'il devait appliquer. Petit à petit, un visage différent prenait forme sous ses gestes. Toute sa féminité ressortait. Bientôt, sa peau pâle semblait différente. Ses lèvres où un léger rouge à lèvres roses avait été appliqué, donnait aussi quelque chose de différent. Un peu de mascara et pour se donner des grands yeux, An avait passé des circle lens. Un coup de peigne pour changer un peu le mouvement de sa coiffure et le tour était joué. Comme d'habitude, il avait presque passé une heure et demi juste pour le maquillage. Mais cela valait la peine. Timidement, il tendit la main pour effleurer son reflet dans la glace. Rin. Après Chiaki, Yumi, Akane, Fuyumi... Combien de femmes avait-il imaginé ? Combien d'êtres avait-il interprété ? Sur un ordre. Pour de l'argent. Juste pour l'envie d'exister un peu. Un triste sourire se glissa sur ses lèvres. À quoi bon penser à tout ça ? Se relevant, le jeune homme marcha paresseusement jusqu'à son sac de cours d'où il extirpa son téléphone portable. Son pouce trouva rapidement là où il voulait aller. Un nom s'afficha sur l'écran du portable et An plaqua l'appareil contre son oreille. Rapidement une voix se fit entendre. Celle d'un homme à priori plus vieux.

« - Ah, c'est toi ? »
« - Oui, tu sais, mon kanzashi rouge... »
« - Celui perdu à Ikebukuro ? »
« - Oui. »
« - Oublie les fleurs de sang. Elles n'ont pas besoin d'être nourries. »
« - Mais.. »
« - Il y avait du sang dans tes cheveux. »
« - C'est beau le sang sur la neige. »
« - C'est beau le sang sur des lèvres. »
« - J'ai froid. »
« - Va te couvrir. »
« - Non. J'ai froid là. À l'intérieur. J'ai froid au coeur. »
« - Arrache-le et passe-le au four. »

Un rire léger se fit entendre à cette réponse. Oui, il pourrait faire griller son coeur. Si on se construisait aux contacts des autres, alors les autres l'avaient davantage détruit. Les autres, c'était la fine particule qui recouvrait la peau. Un film qui enrobait le coeur. Quelque chose d'insupportable et dont il estimait ne plus avoir réellement besoin. Au moins, la douleur disparaitrait définitivement. Ses paupières se baissèrent et il murmura un simple au revoir avant de raccrocher. Bon princesse, il était peut-être temps de se dépêcher. An s'habilla enfin puis se détailla avec soin dans la glace. Pas de bijou, ce serait superflu. Ridicule même pour le coup. Sa main droite se leva vers ses cheveux. Kanzashi rouge. Ses lèvres se pincèrent dans une expression de dépit. Maudit sois ce jour. Un soupir s'en suivit et un sourire radieux finit par apparaître sur son visage. Ses mains passèrent de chaque côté de son visage. Son masque, il l'ajustait. Il ne fallait pas qu'il se fendille au cours de la soirée. Il était Rin. Un petit japonais sans histoire ayant débarqué à New-York 2 pour étudier tout simplement. Ou peut-être pour étudier et retrouver un membre de sa famille. Cela ferait parfaitement l'affaire. Mais qu'est-ce que ce Rin pouvait aimer ? Il adorait sortir, trainer dans les live houses, le salé et l'aigre-doux. Son genre de film préféré serait une bonne comédie et il lirait davantage de mangas que de romans. Papa travaillerait dans une banque et maman était morte. Son père était remarié et c'était sa belle-mère qui lui avait parlé de la fac de New-York 2. A la fac, Rin serait quelqu'un de joyeux, appartenant à plusieurs clubs. Petit à petit, le profil de ce nouveau personnage se construisait dans son esprit. Pour cette fois, il avait du prendre appui sur sa propre vie pour réussir à obtenir ce qu'il voulait. Habituellement, il ne faisait que se greffer sur celle des autres. A fin de coller davantage à leurs attentes. Rin devait être quelqu'un d'agréable mais avec du caractère. Quelqu'un de subtil, qui parlait à demi-mots.

Tout en mettant ses chaussures, An réfléchissait aux derniers détails. De sa petite histoire. Optant pour un sac à main, il y fourra son portefeuille, son téléphone portable, quelques effets de maquillage, un dictaphone et son mp3. Tournant rapidement à droite, à gauche, il finit par remettre la main sur ses clés. Bye bye télévision. Extinction des feux. Le silence finit par reprendre ses droits dans l'habitation. De temps en temps, les talons d'An dérangeait le tout. Tac tac tac. C'était mignon mais agaçant ce bruit. La souris finit par déserter rapidement les lieux après s'être saisie d'un manteau noir. Descendant rapidement les escaliers, An pressa le pas et fit signe à un taxi de s'arrêter. Le ciel bien sombre n'annonçait rien de bon et l'asiatique se mit à espérer que cela ne signifiait pas que la soirée serait affreuse. Calant dans la banquette arrière, il avait annoncé qu'il se rendait au Splendide. L'homme opina du chef et démarra. Floc floc. Les gouttelettes d'eau tapaient lentement contre la voiture. Ses yeux se fermèrent. Le son de la pluie l'emplissait. Il avait froid. Remontant son manteau, un frisson parcourut son corps. Le chauffeur lui lança un coup d'oeil. Ils étaient bientôt arrivés. Un sourire simple ourla ses lèvres. Merci. Ses yeux, qui paraissaient maintenant bien grands, fixèrent le visage de l'homme dans le rétroviseur. La voiture s'immobilisa sur le parking du casino. Course payée, le jeune asiatique quitta le véhicule.

Devant lui se dressait la façade du bâtiments. De voitures luxueuses se trouvaient éparpillées pendant que des hommes et des femmes en tenue coûteuse allaient et venaient. ようこそ ! Dans le monde où les anges marchent parmi les buildings, les ailes brisées. Où le faux-semblant est plus fort que la réalité. Où l'apparence mène la danse aussi bien le jour que la nuit. Où les mensonges se muent en vérité. Un sourire derrière des larmes. Une voix derrière un cri. Tu peux le faire An. Oui, il le pouvait. Un air joyeux apparut brusquement sur son visage. Son corps se mit à avancer. Un pas décidé. Une jeune femme seule attirait forcément l'attention. Encore plus dans ce genre d'endroit. Un homme s'approcha de lui demandant s'il pouvait lui être utile. Rin sourit doucement et répondait qu'il devait dîner avec monsieur Cordeiro. Les lèvres de l'homme dessinèrent un ''oh'' de surprise. Effectivement monsieur avait réservé une table pour deux. Mais la jeune personne était en avance. Que désirait-elle faire ? Rin répondit qu'il patienterait en se promenant entre les différentes tables de jeux. Lorsque monsieur arriverait, pourrait-il lui dire de le rejoindre ? Bien sur. L'employé se demandait sincèrement qui était cette personne. La fille d'un riche directeur en mal d'aventure ou d'excitation ? Elle avait quelque chose d'exotique mais d'étrange. A patte de velours, An laissa l'homme plonger dans sa réflexion. Déposant on manteau aux vestiaires, la jeune femme se mit à errer dans les allées pour finalement s'arrêter à une table de black jack. Un homme qui aurait eu l'âge d'être son père se glissa auprès d'elle, une coupe à la main. L'asiatique sursauta. Ses cils papillonnèrent en détaillant l'homme.

« - Mademoiselle... »

La coupe apparut devant lui. Se contentant de sourire poliment, il l'a pris. Il allait avoir un peu de compagnie même indésirable le temps que monsieur arrive. L'homme se mit à lui parler. Sur le coup, ses lèvres s'entrouvrirent faiblement. L'homme lui adressa un sourire bienveillant. Etait-elle étrangère ? Oui, japonaise. Et la discussion débuta. A l'intérieur, l'effervescence augmentait. On pariait des sommes folles aux tables. Des rires. Des cris. An ferma un instant les yeux. Quelque chose n'allait. Quelque chose n'irait pas ce soir.

- N’oubliez pas de rendre les rapports que vous auriez dû déjà remplir la semaine dernière, M. Cordeiro.

Un haussement d’épaules. Oui, oui, je sais. C’était pour la semaine dernière, mais ce n’est pas comme si c’était la première fois que je faisais mon boulot en retard. Bon, il avouait qu’il devrait être un peu plus sérieux tout de même, mais en ce moment, ce n’était pas son truc. Y avait des jours où il acceptait de bosser un peu plus, mais là, il retombait juste dans une sorte de crise juvénile. Il fallait qu’il se reprenne, qu’il montre qu’il était toujours le Boss, the Capo di tutti capi, en gros le patron des patrons. Un regard vers la pile de dossiers. Pourquoi y en avait-il autant d’ailleurs ? Y avait pas quelqu’un pour s’occuper de tout ça ? A la télévision, le Superboss ne faisait rien de tout ça. Il se prélassait dans un jacuzzi avec à chacun de ses bras une magnifique femme. A droite une blonde, à gauche une rousse. En gros, il ne fallait jamais croire ce qu’on voyait à la télévision. Tout était toujours embelli, idéalisé. Il ferait son propre show un jour pour montrer aux petits jeunes qui rêvaient d’avoir sa place à quel point ce boulot pouvait être chiant. Et puis, avoir été appelé la nuit précédente pour régler une affaire urgente ne le mettait pas de bonne humeur non plus. Ils voulaient qu’il fasse quoi ? Qu’il lance une attaque massive contre les Alpha, genre, lancer une bombe atomique comme celle d’Hiroshima en plein sur leur quartier général ? Sauf qu’ils se feraient exploser en même temps par le souffle de l’explosion. Mauvaise idée du coup. Un soupir traversa ses lèvres. D’un geste mou, sa main attrapa le premier rapport qui lui venait sous la main pour le parcourir rapidement des yeux. Allez, plus qu’une heure. Il pouvait faire semblant de bosser, personne était en train de le surveiller là.

Pour la peine, il commença à éplucher les journaux. Rien à propos de l’incident d’hier soir. Comme si son gang aurait permis qu’une telle information soit publiée. Cela les mettrait en position de faiblesse, et les Alpha leur auraient rigolé au nez. Pas question. Edward ne leur laisserait jamais le dessus. Pas après ce qui était arrivé. Pas après ce qu’il lui avait fait. Il ne lui pardonnerait pas. Plutôt crever. Mordillant sa lèvre inférieure, l’espagnol fouilla dans son tiroir. Et merde. Plus de chewing-gums, plus de bonbons, plus rien. Un Beretta 92, au cas où. C’était pas ça qui allait le nourrir franchement. Et il avait beau racler de fond en comble son bureau, plus une miette. Les minutes défilèrent, toujours plus lentement. Mais l’heure fatidique arriva. Son téléphone sonna. Sursautant, le brun se releva et attrapa l’appareil. C’était son réveil qui signalait la fin de la journée. Hourra ! Laissant tout en plan, il enfila sa veste de costume et prit ses quelques affaires avant de fuir loin de son bureau, sans non plus courir. Non, ça attirerait trop l’attention. Comme un félin, il fallait qu’il se glisse hors du QG, en prenant garde à ne pas tomber sur le chat qui rôdait et vérifiait que tous soient à son poste respectif. Grimpant dans une voiture aux vitres teintés qui l’attendait, il donna l’adresse de son appartement.

Une vingtaine de minutes plus tard, il poussait la porte de son appartement de luxe. Ne s’attardant pas sur les détails, de toute manière il connaissait l’endroit par cœur à présent, il se dirigea vers la salle de bain, se déshabillant au fur et à mesure. Les vêtements faisaient ainsi une sorte de chemin, comme si le Petit Poucet lui-même l’avait semé, pour conduire jusqu’à la salle de bain. Une douche rapide, tiède. Un shampooing, un gel douche, et le tour était joué, il était aussi frais qu’une rose. Il ne fallait pas qu’il montre une mauvaise image de lui à son dîner ce soir s’il voulait avoir toutes ses chances. Il se regarda un instant dans le miroir, puis appliqua une crème, trouvant son teint un peu fatigué. Un coup de déodorant, puis de parfum de luxe qu’on lui avait offert. Un saut dans le dressing à présent. Qu’allait-il mettre ? De toute manière, c’était bien plus facile de choisir sa garde-robe quand on était un homme. Ce serait évidemment un costume deux pièces. Les trois pièces avaient trop de couches selon de lui, et on arrivait à transpirer facilement. Les costumes faits sur mesure s’alignaient. Il y en avait de toutes sortes, sans non plus être extravagants. Ses mains commencèrent à fouiller. Allez, le dernier Armani qu’il s’était acheté ferait l’affaire. Deux boutons pour la veste, une chemise bleu clair, et nul besoin d’une cravate avec ça. Un deux pièces noir. Le style sobre irait très bien avec l’endroit luxueux où il allait ce soir. Rentrant la chemise dans son pantalon, il alla par la suite récupérer les vêtements qui traînaient un peu partout. Hop, dans le panier à linge sale. Et non, il ne classait pas ses vêtements par couleur, c’était évidemment la femme de ménage qui passait tous les jours qui s’en chargeait. Ce qui expliquait la propreté des lieux.

Pour ses pieds, il enfila des chaussures en cuir assez chic, avec le bout pointu. Des chaussettes grises pour ne pas trop détonner si son pantalon se relevait un peu, même s’il ne devrait pas normalement. Retour dans la salle de bain pour se sécher les cheveux et se coiffer rapidement à l’aide d’un peigne. C’est bon, il était aussi séduisant voire plus que d’habitude. Lançant un clin d’œil à son reflet, oui il était un peu stupide et alors ?, il prit son portefeuille et son téléphone. Non, quelque chose manquait à l’appel. Fouillant son dressing de nouveau, il trouva un Derringer .38 qu’il chargea avec des balles dum-dum. Ces petites choses étaient pratiques, surtout par leur taille et leur discrétion. Retirant la sécurité, vérifiant que tout marche, il glissa l’arme dans son dos. A présent, Edward était fin prêt à décoller. Et pour une entrée en fanfare sur un territoire alpha, quoi de mieux que d’avoir réquisitionné sa limousine personnelle ? Il ne passerait pas inaperçu comme ça. Après avoir pris l’ascenseur et après être grimpé dans la voiture, le Boss vérifia l’heure sur sa montre. Parfait, il ne serait ni en avance, ni en retard. Ponctuel pour faire plus court. La voiture défilait le long des avenues illuminées par les réverbères. La nuit était tombée, et s’engageait à présent tout un trafic. Pourquoi les malfaiteurs travaillaient-ils toujours la nuit d’ailleurs ? Pour être plus discrets, sûrement. Déjà, il voyait les prostituées s’aligner sur les trottoirs. Certaines d’entre elles appartenaient à son gang, d’autres aux Alpha, et d’autres encore étaient en freelance, mais elles ne faisaient pas long feu.

- Nous sommes arrivés, M. Cordeiro.

La portière était ouverte depuis quelques instant déjà, et lui n’avait rien remarqué. Il avait dû avoir une absence. Ca lui arrivait de temps en temps, quand il était trop plongé dans ses pensées. Masquant sa surpris, il sortit de la limousine et remercia son chauffeur. Quelques personnes s’engouffraient dans le casino. Le Splendide. S’il se rappelait bien, le nom correspondait parfaitement bien au propriétaire des lieux. Un gars narcissique à l’extrême qui, si cela était prouvé scientifiquement, mangerait certainement les organes des jeunes personnes en parfaite santé pour retrouver un tant soit peu sa jeunesse. De quoi avoir froid dans le dos. Il ne l’avait jamais rencontré, et n’avait pas envie. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, Edward évitait le plus possible de croiser un Alpha. Okay, c’était pas très réussi ce soir vu qu’il se jetait carrément dans la gueule du loup. Un autre voiture s’était arrêté, et ses deux gardes du corps en sortirent. Ah bah, il les avait oublié ces deux-là ! Ce que cela pouvait être chiant d’être toujours accompagné parfois. S’avançant, il pénétra finalement les lieux, l’air sûr de lui. Quelques personnes lui lancèrent des regards. Des chiens appartenant aux Alpha sûrement, qui avait dû le reconnaître. Arrivé devant le réceptionniste, il donna le nom de la réservation. Il chercha du regard le jeune homme asiatique, mais ne le trouva installé à aucune table. Peut-être n’était-il pas encore arrivé. Ou peut-être lui avait-il posé un lapin. On était jamais trop sûr de rien, hein. Et puis si c’était le cas, il n’aurait pas de mal à se trouver une compagne pour la nuit, il y avait de quoi se faire un joli butin dans ce casino. Pour l’instant, il était concentré sur la moustache du réceptionniste. Elle était marrante celle-là. Comment faisait-il pour faire redresser les bouts comme ça ? A coups de bigoudis ?

- M. Cordeiro, mais bien sûr, quel plaisir de vous accueillir ici ce soir. Votre invitée est partie vers les tables de jeux et vous a demandé de le rejoindre. Charmante demoiselle d’ailleurs.

Un haussement de sourcil. Comment ça demoiselle ? Soit il avait très mal regardé hier soir, mais cela l’étonnait étant donné qu’il n’était même pas bourré, soit… Oui, il ne devait y avoir que cette explication. Rin avait échangé sa place avec une demoiselle avide de sensations fortes, voilà tout. Il s’en contenterait, voilà tout. Et puis, si elle était charmante… Au moins, il ne lui avait pas refilé un thon, le jeune serveur. Il l’aurait mal pris, le Edward. D’ailleurs, il se dirigeait tranquillement vers les salles de jeux. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas fréquenté un lieu renfermant tant de vices. La frénésie du jeu était presque palpable. Observant les quelques personnes présentes, que ce soit aux machines à sous, ou aux tables de poker et de blackjack, il cherchait à deviner qui était son invitée surprise. D’après le réceptionniste, c’était une jeune fille asiatique portant une robe blanche. Ce ne devait pas être bien difficile à trouver. Les autres demoiselles avaient plutôt tendance à porter des robes noires ou rouges mettant en avant leurs atouts. Là, il cherchait juste un petit brin de fille vraisemblablement. Il finit par la repérer, un peu plus loin, arrêtée à une table de blackjack. Et déjà accompagné d’un autre homme, c’était dire si elle devait être charmante la demoiselle ! Rapidement, il s’était glissé à leurs côtés.

- Bonsoir, Rin. Tu m’attends depuis longtemps ?

Une voix posée et suave. L’espagnol sourit à l’autre homme, lui faisant ainsi comprendre que son temps imparti avec la demoiselle s’était à présent écoulé. Observant de plus près d’ailleurs la jeune asiatique, il fronça un peu les sourcils. Les traits, malgré les couches de maquillage, lui paraissaient familiers, ainsi que la coupe de cheveux bien que changée. Soit cette jeune « Rin » était la sœur ou la cousine du serveur d’hier, soit les choses allaient être d’autant plus intéressantes. Pas de poitrine abondante en tout cas, et la robe laissant cet endroit assez flou. Le Boss avait déjà plus de raisons de penser que sa théorie se révèlerait exacte. Se penchant un peu plus vers lui et ignorant l’air outré que prenait l’autre homme, il sourit.

- J’ai beaucoup pensé à toi depuis la nuit d’hier. J’étais même impatient de te revoir.

L’homme grommela un instant avant de rebrousser chemin. Les paroles d’Edward avaient été ambiguës, et n’importe qui aurait pensé autre chose quand il fit allusion à « la nuit d’hier ». C’était le but de la manœuvre de toute manière. Attrapant une coupe de champagne quand le serveur passa par là, il en sirota quelques gorgées, l’air extrêmement content. Il avait fini par le trouver, son joli brin de fille. Restait à savoir si c’était bien une fille. Une de ses mains étaient placée dans la poche de son pantalon alors qu’il étudiait calmement l’asiatique face à lui. Ce soir pourtant, son regard était loin d’être prédateur. Un peu curieux, intrigué, et puis surtout joyeux. Etait-ce Rin ou non ? Difficile de savoir, vraiment. Le maquillage était parfait en tout cas si c’était lui. Personne ne croirait qu’il était un mâle, même si on le leur disait. La tenue était appréciable également. Cette robe blanche apportait une touche de fraîcheur et d’innocence à l’endroit. Les collants noirs cachaient les jambes fines partiellement, les chaussures étaient de bon goût. S’ajoutait à cela un sac à main féminin pour parfaire l’illusion. Edward reprit de nouveau la parole.

- Je dois dire que je ne m’attendais pas à voir une jeune fille ce soir… Allons dîner, qu'en dis-tu?

Sourire charmeur, sourire enjoliveur. Le brun lui tendit son bras, lui proposant ainsi de le prendre. La soirée ne faisait que commencer.

Invité

Tout en essayant de suivre la conversation avec l'homme, An réfléchissait à des choses et d'autres. Grâce au regard que l'homme posait sur lui, l'asiatique continuait à broder sa petite histoire. Arrivé ici, il ne pouvait se permettre de dire la vérité. Il répondait sagement aux questions du plus âgé. Ce dernier sembla être intrigué par une présence un instant. Ses sourcils mimèrent de la surprise avant de se reporter sur la jeune personne proche de lui. La petite brune cligna des yeux avant de pencher délicatement la tête. Quelques mèches bougèrent pour venir se glisser devant ses yeux sombres. Un sursaut la saisit en entendant la voix de l'homme. Celui d'hier. Son visage se tourna et son corps suivit le mouvement. Edward Cordeiro. L'autre homme parut surpris, alors qu'An planta ses yeux dans les siens. Ses lèvres s'étirant dans un sourire doux. Il n'y avait rien d'exagéré dans son attitude. Tout était juste et mesuré comme le comportement d'une jeune fille ayant reçu une excellente éducation. Certes un peu rigoureuse. Quelques mots furent soufflés. D'une voix douce. Ambiguë. Il pouvait remercier ses derniers cours finalement. Les études pour devenir onnagata lui avaient apporté beaucoup, sans compter les nombres occasions de mise en pratique. Cependant, il avait surtout excellé dans la catégorie des adolescentes. Que ce soit dans le rôle de l'élève sage ou dans celui de la lycéenne cute. Mais petit à petit, il s'était tourné vers autre chose. Comment mimer parfaitement une demoiselle ? Lui ressembler au plus profond de son être. Bonne question. Il avait mis un peu de temps à trouver la réponse. Cependant, il arrivait enfin à l'effleurer des doigts.

« - Non, ne vous inquiétez pas... »

On ne reprochait pas à un homme occupé un retard même minime. De toute façon, l'asiatique n'avait pas surveillé l'heure. Il détailla le visage de l'homme à la recherche d'une réaction et le froncement des sourcils l'amusa. Bien qu'il se garda de le montrer. Lentement, son corps se tourna vers l'homme lui ayant tenue compagnie. Elle s'inclina poliment tout en remettant une mèche malicieuse en place. Elle était ravie d'avoir fait sa connaissance même si cette dernière fut brève. L'homme paraissait choqué et agacé de devoir prendre ainsi congé. Mais il s'exécuta. Etait-ce du à la réputation d'Edward ? Ou avait-il juste compris que sa présence n'était plus désirable ? À moins que cela ne soit les deux. Oubliant ces détails, An s'interrogea alors sur la réaction de l'homme arrivé. Comment l'avait-il trouvé ? Aimait-il sa tenue ? Et surtout était-il perdu ? Bien sur qu'An l'avait fait exprès. Même si son passé y était aussi pour beaucoup. Cependant c'était toujours amusant de voir les réactions des gens. Fille ? Garçon ? Est-ce que le doute se semait doucement dans son esprit ? An espérait que oui, parce qu'il n'avait pas fait ça pour rien après tout. À quoi pouvait penser cet homme ? Ses yeux noirs se posèrent avec douceur sur le visage du chef des SFU. Puis elle se mit à détailler la tenue choisie par l'homme. C'était simple mais cela se voyait que les vêtements étaient de bonne facture. En même temps, un chef de gang doit soigner son image, non ? Même il symbolise le gang. Elle fut tirée de son observation par les mots d'Ed. La phrase était remplie de sous-entendue et il était facile de l'interpréter de différentes façons. Les lèvres de Rin s'étirèrent dans un sourire.

« - Oh, vous me flattez.. Mais en êtes-vous sur ? »

Pourvu que l'autre ne s'imagine pas trop de choses. Êtes-vous sur qu'il s'agissait de moi ? Pas d'une autre personne ? Impatient de le revoir, hein ? Vil flatteur. En tout cas, l'homme n'apprécia pas réellement les paroles. De toute façon, il était perdu, il ne comprenait pas la portée de leur échange. Il leur lança un regard interrogateur. Était-elle une fille à papa.. À papa mafieux ? Enfin il abandonna les laissant en tête. An était parfaitement calme. Toujours souriante, quelques mèches brunes tombaient sur sa joue formant une sorte de charmant accroche-coeur. Entre ses doigts, la tige de la coupe presque vide. Rin eut l'impression qu'un silence bercé par la curiosité s'était installé. Enfin Rin était pas là. Il était occupé. Mayumi sourit tout en redressant ses lèvres dévoilant ainsi des dents bien blanches. Pas question de brusquer monsieur, elle bougerait quand celui-ci le lui dirait. Il n'y avait pas plus qu'adorable, An en jeune fille innocente. Merci maman d'avoir voulu une fille et d'avoir transformé ton fils en tant que tel. Merci papa pour avoir toujours fermé les yeux. Merci Dame Nature pour avoir créé toi-même ce corps caméléon. Sa tête se pencha sur le côté lorsque Edward reprit la parole.

« - Lui, non plus. » Ses lèvres dessinèrent un simple sourire. « Je vous suis... »

Lui, non plus ? Rin évidemment. Comme une grande fille, Mayumi passa son bras autour de celui de l'homme. Gentleman monsieur Cordeiro. Le casino était bien trop grand et elle n'avait pas songé une minute à s'aventurer seule. Au risque de se perdre et d'être finalement en retard, alors qu'elle était arrivée avant. Quand un serveur s'approcha d'eux, elle reposa avec délicatesse la coupe sur le plateau en argent. Jouer la jeune fille innocente dans un tel environnement lui allait parfaitement. An adorait les décalages. Elle donnait davantage l'impression d'avoir volé la permission de sortir à son père plutôt que d'y avoir été réellement autorisée. A moins que l'affreuse belle-mère ne l'ait mise à la porte pour aller batifoler avec un mauvais génie. Blanche-Neige reste loin du manoir, ce soir. Relevant son visage vers Edward, elle réalisa à quel point, il était grand. La nature avait fait d'elle une fleur fragile. Fleur. Ses paupières se fermèrent un instant avant de s'ouvrir à nouveau. Sur un carrelage des fleurs pourpres avaient été étalées. Un corps engoncé dans un kimono mordoré dansait sur un son imaginaire. Des longs cheveux de jais tombaient en cascade sur des épaules étroites. Le visage se retourna. Lèvres à peine maquillées tâchées par le pêché. Par le pire. Lentement, une main monta avant de s'abattre dans le vide. Un éclat de verre. Un bruit assourdissant. Un cri de désespoir. An sursauta d'un coup manquant de s'accrocher un peu trop à son compagnon de soirée. Reste dans le présent, sinon tu ne tiendras pas. Malgré des jambes se transformant en coton, Mayumi tint bon. Une expression joyeuse apparut soudainement sur son visage. Ses yeux cherchèrent ceux de l'homme. Ses lèvres rosées s'animèrent comme si le mécanisme avait été enfin enclenché.

« - Rin est désolé monsieur Cordeiro, il ne savait comment vous prévenir mais il ne pouvait venir. Un problème à régler avec son petit ami. Enfin il m'a envoyé à sa place, j'espère que vous n'êtes pas trop déçu.. »

Sa lèvre fut mordillée lorsqu'elle évoqua le problème. Comme si aborder la vie privée du jeune homme l'ennuyait. Au niveau du langage, An avait gardé ce défaut propre aux japonais mais pour la soirée, il l'accentuait volontiers. Cordeiro devenait une sorte de Coludeilo entre les lèvres de Mayumi. L'intonation en fin de phrase changea laissant comprendre que s'il préférait, elle pouvait partir. Mais il n'avait pas fait tant d'effort pour entendre dire qu'il pouvait s'en aller. Lui faisant les yeux de biche, elle esquissa une petite moue. Laissez-moi rester avec vous. Elle sembla brusquement réaliser quelque chose et se détacha de lui pour se place en face de l'homme. Croisant les bras derrière son dos, comme intimidée, elle le fixa. Elle avait une attitude de petite écolière bien élevée. Ses bras se décroisèrent et se croisèrent devant. Les deux mains tenant l'anse du sac. Quelques personnes s'arrêtèrent, curieux. Même si Mayumi ne voulait pas faire passager ce message-là, elle donnait l'impression de s'apprêter à faire une déclaration. Ne vous méprenez pas, An avait strictement pas prévu de confession de quelque sorte que ce soit. Comprenant d'un coup, cette possibilité, elle rougit faiblement sous les regards. En même temps, une jeune fille et un homme. Cela pouvait paraître douteux. Mayu le concédait. Ses jambes la rapprochèrent d'Edward. Elle lui lança un regard confus et observa un instant les rubans de ses chaussures. Paraissant prendre son courage à deux mains, sa petite tête se redressa.

« - Excusez-moi, je ne me suis pas présentée. Je m'appelle Mayumi. »

Des paroles intrigantes, pour une personne toute aussi intrigante. Lui non plus, de qui donc parlait-elle ? Du jeune serveur d’hier soir ? Sa première théorie aurait donc été la bonne ? Reposant la flûte de champagne au bord de la table de blackjack, il lui tendit le bras pour la conduire jusqu’à leur table. Edward ne pouvait s’empêcher de lancer des regards inquisiteurs, quoique discrets. Elle était vraiment très jolie, une taille élancée, des manières polies et un très beau sourire. Finalement, il n’était pas si déçu que ça, même s’il aurait voulu voir Rin ce soir, et non un substitut. Marchant calmement vers la partie du casino réservée au restaurant, il remarque du coin de l’œil l’air perdu de la jeune fille, bien que cela n’ait duré qu’une seconde. Il était homme à être attentif aux différentes réactions de sa partenaire, et le sursaut ne lui échappa pas. Détournant le visage un instant, il fit mine de n’avoir rien remarqué, avant de reporter son regard sur le visage de la demoiselle. Bien plus joyeux à présent en tout cas. Lui rendant son sourire, il ralentit le pas pour pouvoir mieux écouter les paroles qu’elle soufflait à présent. Problème avec son petit ami ? Intéressant tout cela !

- Oh, non. Ne t’en fais pas, je ne suis absolument pas déçu. Mais ne te sens pas obligée de rester avec moi, ça ne doit pas être très amusant pour une jeune fille de devoir traîner avec une connaissance de Rin pour le remplacer… D’ailleurs, vous faîtes partie de la même famille ? Je trouve que vous vous ressemblez !

Ses doutes s’éclaircissaient un peu plus à présent, même s’il trouvait cela étrange de la part du serveur de lui envoyer quelqu’un d’autre. Peut-être était-ce la politesse japonaise ? Ou alors la jeune asiatique voulait trouver un petit ami et Rin lui avait arrangé le coup ? Non, ce ne devait pas être ça. Vu leur conversation d’hier, il était plus probable que le serveur n’ait pas eu envie de le voir, mais comme il ne voulait pas lui foutre un lapin, il lui avait envoyé quelqu’un d’autre. Peut-être avait-il même eu peur qu’Edward ne s’énerve à ne voir personne arriver ? Il était un puissant chef de gang après tout, et on n’allait pas chercher les noises à ce genre de personne. Il réglerait ce problème plus tard. Ce n’était pas la peine de se prendre trop la tête pour ce genre de questions, alors qu’il était si bien accompagné ce soir. Et il ne fallait pas que la demoiselle se sente délaissée non plus ! Alors il allait laisser ça de côté, et se concentrer sur sa compagne. En faisant bonne impression, elle irait peut-être dire du bien de lui à Rin qui regretterait ensuite amèrement de n’être pas venu au rendez-vous et qui s’en voudra pour toujours. Oui ben non, il fallait pas trop rêver, mais le mafieux était du genre à vite perdre pied avec la réalité.

La jeune fille s’était d’ailleurs arrêtée à présent, pour se planter juste devant lui. Lui faisant un air interloqué, il ne comprit pas immédiatement pourquoi ce soudain arrêt. Il ne fallait pas lui faire ce genre de regard-là, au Edward, ou il était clair qu’il allait chercher à la mettre dans son lit. Mais il ne put s’empêcher de la trouver mignonne. Elle avait un côté assez rafraîchissant d’ailleurs, avec ses manières de fillette timide mais pas si timide que ça. On n’allait pas à un blind date sans avoir un peu de tripes, surtout que Rin ne devait avoir que peu d’informations sur M. Cordeiro. Alors oui, il ne fallait pas avoir peur de tomber sur un détraqué en acceptant un tel rendez-vous. Heureusement pour la petite, il n’était qu’un dragueur de plus, certes trempant dans des choses illégales, mais un simple dragueur pour cette nuit. D’ailleurs, que s’apprêtait-elle donc à dire ? Sûrement pas une déclaration d’amour, bien que cela lui aurait plu. Elle aurait pu être une jeune demoiselle de la famille de Rin qui aurait flashé sur Ed en le voyant dans un journal, et en apprenant que Rin l’avait rencontré par hasard dans la boîte de nuit où il travaillait, elle l’aurait supplié de lui laisser sa place afin de finalement déclarer son amour à l’homme de sa vie. Comment ça il recommençait à délirer le chef ? Il fallait dire que les gestes de la jeune fille, TOUS les gestes, portaient à confusion. Elle semblait embarrassée, et n’osait pas dire ce qu’elle avait sur le cœur. N’importe quel homme aurait été ravi d’être à la place d’Edward. Sauf que non, ce n’était pas un dramatique « Il y a longtemps que je vous aime » mais juste une présentation. Un nom soufflé. Bon, ce serait pour la prochaine fois visiblement.

- Mayumi, c’est ça ? Mayumi, Mayumi… C’est un nom japonais aussi non ? Qu’est-ce qu’il veut dire ? En tout cas, enchanté de te rencontrer Mayumi. Je ne me suis pas proprement présenté non plus. Je m’appelle Edward Cordeiro, appelle-moi juste Eduardo !

Et oui, il avait essayé de prononcer son prénom à la japonaise pour ne pas qu’elle se sente gênée. De toute manière, il trouvait cela mignon, la façon avec laquelle les japonais écorchaient un peu les noms. Le Japon était vraiment le pays de la kawaii attitude. Il n’y avait jamais mis les pieds pour le moment, mais il en avait entendu des échos, et sortir avec une jeune lycéenne ne lui aurait pas déplu. Pour s’amuser un peu, pas la mettre dans son lit bien entendu. Il n’était pas non plus pédophile le Edward. Passant une main sur sa nuque d’un air presque embarrassé, il finit par lui tendre le bras de nouveau, histoire qu’ils aillent donc dîner. Quelques personnes les regardaient comme s’ils étaient un petit couple de jeunes qui avaient leur premier rendez-vous officiel. Qu’ils sont mignons ensemble, n’est-ce pas ? Elle est jolie, mince et charmante, et lui est très beau, viril et tout aussi charmant. Le parfait couple sortant tout droit d’un Walt Disney en somme. Mais ça, c’était juste juger sur les apparences.

- J’ai une faim de loup, pas toi ? Allons-y ! Tu t’appelles Mayumi donc. Tu es étudiante ?

Autant commencer à faire connaissance. Il n’oserait évidemment pas lui demander son âge, bien que l’espagnol penche pour la vingtaine, un peu plus peut-être. Elle avait des traits assez matures, malgré sa candeur. Tout de même, Edward avait l’impression d’avoir engagé une escorte pour la soirée. Même si Mayumi avait l’air d’être plutôt contente de lui tenir compagnie, il ne savait pas si le sourire qu’elle affichait était sincère ou non. Et Rin avait très bien pu lui forcer un peu la main. Voilà qu’il se reprenait de nouveau la tête. Contente-toi de profiter de cette délicieuse soirée, Edward ! C’est pas tous les jours que tu peux avoir une si jolie fille timide à tes côtés. Etant donné qu’il était un tombeur né, le brun fréquentait souvent des personnes déjà assez enfoncées dans la débauche, qui n’hésitait pas à se jeter dans ses bras, même pour une nuit. Alors une fille un peu prude… Il en avait fréquenté au lycée, et encore, de loin. Vu ses airs de délinquant, elles préféraient ne pas trop l’approcher, hein !

Retour à la case départ. Voilà qu’ils étaient à présent de nouveau face au maître d’hôtel, visiblement ravi que M. Cordeiro ait pu retrouver la demoiselle qu’il cherchait tout à l’heure. L’homme les guida donc à leur table, où il les fit s’asseoir et leur proposa de prendre un apéritif, histoire de se mettre en bouche s’ils le désiraient. Les cartes avec les menus furent distribuées. Il en attrapa un délicatement et regarda l’asiatique dans les yeux, le questionnant du regard tout d’abord.

- Est-ce que tu veux boire quelque chose ? Si tu aimes le vin, on pourra en prendre plus tard.

On prendra tout ce que tu veux. Il était attentionné, le dragueur. Mais c’était qu’il en avait les moyens aussi. Champagne, vin rouge, caviar… L’amour ne s’achetait pas, mais un bon portefeuille pouvait aider aussi parfois. Il fallait juste savoir l’utiliser avec finesse. Quelle fille n’aimait pas se voir offrir un bijou, un bouquet de fleurs, un cd ? Très peu. Les cadeaux flattaient facilement l’ego, on appréciait, on remerciait, on trouvait cela gentil de la part du garçon. Et puis on s’attachait un peu. C’est qu’il a un côté attendrissant tout de même, à toujours vouloir me faire plaisir. Ouvrant la carte devant lui, il ne la regardait pas pour l’instant, bien plus intéressé par la jeune asiatique. Et il savait déjà ce qu’il allait prendre de toute manière. Il avait envie de poisson aujourd’hui. Et au dessert, ce serait un énorme macaron aux framboises, s’ils en ont. Au Splendide, ils avaient tendance à changer la carte assez souvent, alors peut-être qu’il n’y était plus. Ce serait dommage… Il aurait bien aimé faire goûter à Mayumi ce délicieux dessert.

Invité

Mayumi, Rin, An. Ils se mélangeaient, se confondaient en une seule et même personne. Sans-prénom. Qu'est-ce qu'un prénom à part quelque chose que les parents ont donné ? N'est-ce pas une convention à suivre pour être dans la société ? An avait changé de nombreuses fois comme s'il se cherchait inlassablement. Mais peut-être qu'An était ce qui le représentait le mieux. Sans identité physique précise. Comme si le malaise subsistait. Etait-il une erreur ? La nature avait-elle joué un vilain tour ? Il s'éteindrait sûrement sans avoir réponse à ces interrogations. Adorable demoiselle, elle marchait aux côtés d'Edward s'efforçant de donner la meilleure impression possible. Lorsque l'on accompagnait quelqu'un, il fallait faire en sorte de donner une bonne image. Surtout quand cette personne n'était pas n'importe qui. Son absence momentanée avait été bien rattrapée par un magnifique sourire. Le petit ange sauvait les apparences comme il pouvait. Etait-il doué ? Peut-être, peut-être pas. Il ne connaissait pas l'homme en face de lui. Les informations données par les coupures de journaux ne suffisaient pas pour se faire une idée sur un homme. D'ailleurs bien avisé était celui ou celle qui arrivait à percer un individu en se basant juste sur des articles. La neutralité n'existait pas dans l'information. Encore moins dans une ville contrôlée par les mafieux. Elle avait justifié l'absence de Rin en dévoilant un peu de sa vie privée. A vrai dire, An avait sorti la première chose qui lui était passé par la tête mais qui avait un semblant de véracité. Après tout, Rin était-il homosexuel ? Hétérosexuel ? Bisexuel ? Est-ce que ce genre de choses pouvait se savoir après avoir côtoyé la personne pendant une dizaine de minutes dans un endroit bruyant et bondé ? Partant du principe que le chef de SFU ne savait rien, Mayumi pouvait tout dire. Un sourire délicat apparut sur ses lèvres.

« - Cela ne me gêne pas. J'étais disponible et puis je m'ennuie un peu dans cette ville. » Une connaissance. Rapidement, non ? An ne savait comment il devait prendre ce terme. Bien sur devant une autre personne, il était plus simple d'user du terme de 'connaissance' mais cela le chiffonnait. Il y avait du lointain et de la proximité dans ce simple terme. Cependant ne montrant rien, Mayumi décida de répondre à la question. « Nous sommes cousins ! »

Préférant ne pas rentrer dans les explications de famille, Mayumi estimait que cette info suffisait. Être cousins pouvait expliquer leur ressemblance. Au moins, un peu. Et puis, An avait pas envie d'inventer une jumelle à Rin. Cela deviendrait trop compliqué à gérer. Il fallait faire attention à la profondeur de son mensonge. Si on le faisait un tantinet trop profond, on y risquait d'y sombrer. Cependant ce n'était pas le but. Compagne discrète, elle n'avait pourtant pas hésité à se planter devant lui. L'ambiguité de son geste, elle le comprit rapidement. Heureusement que les pensées d'Edward lui étaient inconnues sinon, elle aurait rougit de honte. Et puis sérieusement, voyez-vous ce brin de fille faire une déclaration enflammée ? Non, en elle, une délicatesse se promenait. Elle devait faire partie de ces fleurs bleu qui expriment leur amour avec mille attentions. Celles qui préfèrent aussi vous avouer leur sentiment dans les moments tragiques. An était semblable. Incapable de s'exprimer, il fallait décoder ses gestes. Comprendre son raisonnement. Qui comprenait aussi celui des ses aimables colocataires, identités inventées. Enfin, ce petit brin de fille avait rapidement écarté le malentendu en se présentant. La façon de faire se voulait bien formelle mais on pouvait mettre ceci sur le compte de l'extrême politesse. L'éducation collait à la peau. Qui plus est, elle se trouvait devant un homme qui était son aîné, alors agir avec le plus grand respect, elle s'inclina. En se redressant, elle lui sourit avant de cligner des yeux, étonnée par l'une des questions.

« - Vous vous intéressez à ce genre de choses ? » On demandait rarement la signification d'un prénom mais An avait déjà sa petite idée sur le sujet. Ne répondant pas, un large sourire apparut sur ses lèvres et elle lança joyeusement « Enchantée... Eduardo ! »

Bon Eduardo, c'était plus simple que Cordeiro et malgré la demande de l'homme, elle ne put prononcer les derniers mots que d'une façon craintive. Comme si elle n'en avait pas vraiment le droit. Prenant le bras de l'homme, un rire s'échappa de ses lèvres. Alors comme ça monsieur était aussi gêné ? Tant mieux, à vrai dire. Au moins, elle se sentait moins stupide. Ne se souciant guerre des regards, elle observait timidement son compagnon de soirée. Les chefs de gangs avaient des bonnes manières ! Mais ils ne devaient surement pas être tous comme ça. Oh que non ! Est-ce qu'elle avait faim ? Bonne question. An était connu pour son appétit, parfois presque de moineau. Mayumi ne devait pas être loin. Elle mangeait juste ce qu'il fallait pour satisfaire sa corpulence. Elle ne grignotait jamais et mangeait toujours équilibré. Un sourire poli fut sa seule réponse. De toute façon, elle ne savait quoi dire. La demoiselle jugeait plus poli de suivre son hôte. Elle pencha la tête sur le côté. Monsieur Cordeiro s'intéressait apparemment. Après était-ce pour faire poli ou autre chose ? De toute façon, elle s'en moquait, ce n'était pas comme si elle devait le revoir bientôt.

« - Oui, j'étudie l'art dramatique japonais. Et vous, Eduardo ? Quel métier faîtes-vous ? »

Il fallait s'y attendre n'est-ce pas ? Pour ce qui était des études de la jeune femme, An trouvait de bon de recycler ses connaissances. S'il voulait avoir l'air crédible, il fallait mieux qu'il reste sur un terrain connu. Pourtant son petit doigt lui disait que de toute façon, il pourrait très bien raconter ce qu'il souhaitait à l'homme sur le sujet. Quant au métier du mafieu, si An savait, Mayumi avait la candeur de la personne fraichement débarquée qui ne connaissait donc rien à la ville. Ni des grands qui la dominaient. Dans ses grands sombres, il y avait comme une étincelle de curiosité. Qui êtes-vous monsieur Cordeiro ? Mais n'était-elle pas terriblement chou avec ses mèches sombres qui lui tombaient sur les joues ? Ses cils fins et sa peau pâle où un rose tendre teintait délicatement ses joues. C'était un concentré d'innocence qui ne semblait même pas craindre l'homme à ses côtés. Un homme qui avait de l'assurance et qui faisait déjà adulte. De retour au hall, elle adressa un adorable sourire au maître d'hôtel. Le remerciant d'avoir prévenu Edward. Mais c'était normal mademoiselle. Quand on ignorait le pédigrée du client, on le chouchoutait au cas où. Surtout quand il s'agissait d'une demoiselle avec des bonnes manières. Imaginez qu'elle parte avec une mauvaise du lieu et aille propager son avis parmi ses amis !

An s'assit à la table tout en jetant de curieux regards autour de lui. L'endroit ne volait pas son nom. La décoration était magnifique et cela lui rappelait des souvenirs. Le temps où il passait plus ses soirées dehors avec des hommes plutôt qu'à travailler ses leçons. Il y avait une raison pour laquelle An avait choisi d'être une escort et non un escort. Les escort-girls étaient sensées avoir de la conversation, être cultivées, agréables et ne couchaient jamais. Mais être un escort-boy se rapprochait davantage de la mauvaise image du gigolo. Ce fait ajouté et son malaise lorsqu'il portait des vêtements de garçon lui avait suffi pour se faire une idée. Tout en remerciant, elle attrapa la carte des menus mais ne s'y plongea pas de suite. Elle fixait avec curiosité son vis-à-vis. Elle appréciait le vin mais pas de cocktails alcoolisés ou autre.

« - De l'eau me suffira pour le moment, merci... Quant au vin, je m'en remets à vous. »

Ses lèvres se retroussèrent dans un charmant sourire. Si Edward voulait consommer un alcool, il ne devait pas se soucier d'elle, voilà le message passé. Mais une jeune fille bien rangée n'était pas porté e sur la boisson. Elle savourait. Elle dégustait, mais cela s'arrêtait là. Elle ne faisait jamais d'excès. Ouvrant la carte, An la parcourut sans prêter attention aux prix. De toute façon, c'était monsieur qui payait et puis les petites filles riches ne se souciaient pas de ce genre de détail. Il avait envie de viande blanche et de légumes. En entrée, une salade suffirait. Se sentant observé, il redressa la tête. Ses cils battirent un instant. Qu'avez-vous monsieur ? Voulez-vous dire quelque chose ? Un faible 'oh' s'échappa de ses lèvres. Ses mains reposèrent la carte et fouillant dans son sac, elle en tira un bout de papier et un critérium. Posant le tout sur la table, elle griffonna rapidement quelques caractères et tendit le papier à l'homme. Dessus, on pouvait lire 繭身.

« - Mayumi... On peut déchiffrer ça comme le cocon de l'âme... »

Elle eut un petit sourire satisfait et reprit la contemplation de la carte. Avec l'ongle de son index droit, elle tapotait pensivement sur le papier glacé du menu. Même s'il avait déjà sa petite idée, pour quoi ne pas demander son avis à monsieur Cordeiro ?

« - Que me conseillez-vous pour une première fois ? Je suis un peu perdue face à tous ces plats ! »

Et voilà, son air adorable de demoiselle refaisait surface. Elle avait le chic pour ça. Se mordillant délicatement la lèvre, Mayumi se mit à tourner doucement les pages du menu. Comme si elle se disait allez retentons encore. Mais honnêtement, certains noms de plats étaient tellement sophistiqués qu'elle ne savait quoi penser. Ce n'était pas très explicite, tout ça. Finissant par se concentrer sur les desserts, elle parut s'y retrouver davantage. Un certain nombre l'attirait et elle se surprit à trouver dommage que le dessert ne soit qu'à la fin. Un faible soupir s'échappa de ses lèvres. Au final, elle pourrait laisser Edward choisir pour elle. Ce serait amusant de voir ce qu'il commanderait pour une inconnue. Ses prunelles fixaient l'homme. An concédait qu'il était bel homme et il comprenait parfaitement son succès au The Gem. Bon le barman avait déjà, comment dire, appuyé son impression mais en étant dans la peau de quelqu'un, il voyait les choses différemment. Au night-club, il avait pensé qu'il agissait ainsi parce que c'était un terrain de chasse facile. Mais son comportement agréable n'avait pas changé. Considérait-il comme une proie agréable ? Ou aurait-il préféré Rin ? Mayumi était douce, Rin plus distant malgré sa politesse.

« - Êtes-vous déjà allé au Japon, Eduardo ? »

Ah la curiosité. Mayumi en faisait preuve et An s'en moquait éperdument. Simplement, il fallait bien entamer la conversation par un bout et celui-ci lui paraissait le bon. En tout cas le premier qui lui était venu à l'esprit. Il fallait toujours s'intéresser à son interlocuteur, sinon vous donniez l'impression d'être égocentrique. Et comme personne n'était le centre du monde, il fallait regarder autour de soi. An réalisa qu'il pouvait tenter de poser une autre question. Pensivement, elle murmura le prénom avant de lancer

« - Eduardo Corudeiro... De quelle origine êtes-vous ? »

Là aussi, An ne s'en souciait pas mais il fallait commencer doucement, avancer à patte de velours pour arriver finalement aux sujets qui l'intéressaient. De toute façon, Mayumi n'était pas sensé connaître la mafia et encore moins l'implication dedans d'Ed. Alors comment aurait-elle pu aborder ces sujets ? Doucement, elle jeta des regards autour d'elle puis comme si quelque chose lui revenait en mémoire. Elle se pencha vers l'homme et souffla.

« - Est-ce que les taxis sont sur le soir, ici ? »

La fille à papa ne savait si elle devait rentrer trop tard ou non. Elle n'avait évidemment pas de couvre-feu mais on avait très bien lui dire de faire attention. Et puis son cousin Rin l'avait sans doute mise en garde contre de possibles problèmes. Mais là aussi, c'était une façon d'avancer doucement et innocemment vers ce qu'il souhaitait découvrir.

Cousins ? Il n’y avait rien de surprenant dans cela. Ils auraient pu aussi bien être de simples connaissances, mais la ressemblance était frappante. Dans les traits de la jeune fille, il lui semblait apercevoir ceux du jeune serveur d’hier soir, mais avait-il eu l’occasion de distinguer clairement son visage hier soir ? Dans la pénombre de la boîte de nuit et après un peu d’alcool dans le sang, il n’avait peut être pas bien regardé au final, malgré le fait qu’il l’ait fixé pendant de longues minutes, malgré le fait qu’il l’ait vu de près. Et il avait du mal parfois avec les asiatiques. Il fallait dire qu’ils se ressemblaient parfois beaucoup avec leurs visages fins, leurs yeux bridés et leurs corps si minces la plupart du temps. Plusieurs fois l’espagnol s’était demandé comment les asiatiques faisaient pour garder autant la forme. Sûrement une question de style de vie et d’habitudes alimentaires. Un jour, il se mettrait à manger des sushis, mais le poisson cru l’avait toujours rebuté jusqu’à présent. Et il ne savait pas cuisiner, encore moins des plats chinois, et les traiteurs, il ne leur faisait pas trop confiance. Il se marierait avec une asiatique qui lui préparerait des bons petits plats pour qu’il vive jusqu’à ses 100 ans tiens ! Voilà le bon plan ! Comment n’y avait-il pu pas y penser avant ? Comment ça il pensait déjà au mariage, lui qui était connu pour ses conquêtes d’un soir ? Eh bien oui, il fallait y penser ! Okay, il ne supporterait pas tout de suite d’avoir des enfants qui iraient courir partout en hurlant, okay, la fidélité c’était pas encore dans ses cordes mais un jour, un jour… Un jour le Prince en lui s’éveillera.

- Oh, vraiment ? Il y a pourtant des choses à faire dans cette ville. Je te montrerais quelques endroits sympas si j’en ai l’occasion.

Envisageait-il un second rendez-vous ? Pourquoi pas après tout ? Si le dîner se passait bien, s’ils s’entendaient bien, ils pourraient continuer à se voir. Edward lui ferait tout plein de petites attentions, il jouerait les romantiques, l’emmènerait dîner dans des endroits chics et ferait du shopping avec elle en gardant un air enjoué, même après qu’elle ait enfilé une douzaine de robes sans trouver la bonne. Il était comme ça le Edward. Quand il le voulait, il pouvait être charmant, et il savait user de son charme pour attirer les jolies demoiselles dans ses filets. Un Don Juan des temps modernes, qui recevait des lettres d’amour, ou plutôt des sms et des mails enflammés… Sauf que les lettres d’amour, elles se comptaient sur les doigts d’une main. Il avait dû en recevoir trois en tout, dont une avec une menace de mort à la fin. Le romantisme commençait doucement à disparaître en cette triste époque. La preuve ! Mayumi ne lui avait pas fait de déclaration d’amour ! Le rapport ? Aucun, c’était juste pour prouver qu’il avait raison en empruntant un cheminement totalement illogique et irrationnel. Les présentations étaient donc à présent faites. Hello, my name is Edward. Mayumi ? Nice name !

- C’est moi le plus enchanté des deux ! Je m’intéresse à beaucoup de choses dans la vie. Et puis comme j’avais entendu dire que les prénoms en japonais avaient une signification particulière, je suis toujours curieux de savoir. Ce n’est pas impoli au moins j’espère ?

N’en sachant que très peu sur les us et coutumes japonaises, le brun prenait garde à ne pas faire le moindre pas. Ce soir était le premier soir. S’il faisait bonne impression, il y aurait un second soir normalement. Edward sentit dans le timbre de voix de la jeune fille son ton craintif. Il ne comprit pas pourquoi. Avait-elle peur d’écorcher son nom ? Ou bien était-elle au courant pour son métier ? Non, il ne pensait pas… Sinon, elle ne l’aurait jamais approché, n’aurait jamais accepté de venir ce soir pour dîner avec lui. Perplexe, il n’en fit pourtant pas la remarque. Cela aurait pu paraître déplacé. Evidemment, il ne savait pas qu’au Japon, il était rare de se faire appeler par son prénom tant que les deux personnes ne se connaissaient pas un peu mieux. Mais qu’importe, ils n’étaient pas au pays du soleil levant, mais en Amérique. Et il faudrait excuser son mauvais japonais, même imité. Certes, c’était ridicule, mais la demoiselle ne se sentirait pas stupide au moins.

Le jeune couple se dirigeait donc ainsi vers le restaurant. L’atmosphère semblait détendue entre eux, et c’était d’une voix enjouée qu’Edward posait des questions. La culture des autres pays l’intéressait, ainsi que la vie des autres. Leurs vies normales. Il voulait être poli en montrant qu’il voulait en savoir plus sur son petit brin de fille, mais il était également naturellement curieux. C’était le genre de personne à se rapprocher rapidement et facilement des autres, pour autant que l’individu d’en face veuille bien s’ouvrir à lui. Peut-être était-ce là la clé de sa réussite au sein de son gang. Sa popularité était assez bonne malgré son jeune âge et son irresponsabilité de temps à autre. Il était bon en relationnel et en diplomatie, et puis, comment ne pas apprécier sa petite tête sympathique ? En tout cas, il fut impressionné par la demoiselle. L’art dramatique japonais ? Pendant un instant, il réfléchit. Il n’était pas sûr de savoir ce que c’était, mais il en avait une petite idée. Le jeune chef avait beau être intelligent et éduqué quand il le voulait, il n’avait pas beaucoup de culture générale.

- C’est le théâtre japonais, avec les masques ? Ou bien je me trompe ? Désolé, je ne m’y connais pas trop je dois l’avouer.

Un sourire embarrassé apparut sur son visage. Il n’avait jamais trop écouté en cours, et ne lisait pas beaucoup. Il ne voyageait pas tant que ça non plus, et tout ce qu’il connaissait du monde, il l’avait appris sur le tas, soit par le biais de connaissance, soit par le biais de ses conquêtes. Dans cette ville, on trouvait des gens qui venaient de toutes sortes de pays. Mais des japonaises, il n’en avait que peu fréquenté. Il y avait bien Asa, mais elle était un peu spéciale comme fille celle-là. Jolie et dangereuse. Enfin, c’était l’occasion d’en apprendre un peu plus sur le Japon, histoire de se préparer pour un futur voyage là-bas, qui sait ?

- Oh, eh bien pour ma part, je suis chef d’entreprise. Dans l’import-export. On travaille surtout sur les œuvres d’art en ce moment vu que beaucoup de galeries sont en train d’ouvrir dans la ville.

C’était mal de mentir, mais il n’allait pas lui dire qu’il était chef de gang. Et puis, il y avait une part de vrai dans ce qu’il disait. Le gang importait et exportait beaucoup de choses, comme des armes, de la drogue, et oui, même des œuvres d’art. Des contrefaçons surtout, et puis quelques-unes qui auraient été volées et qui seraient tombées entre leurs mains après un passage rapide sur le marché noir. Ces petites choses se revendaient à un prix d’or, et elles partaient comme des petits pains. Enfin, comme il le pensait, Mayumi ne savait rien de son métier. Il était possible qu’elle vienne tout juste de débarquer. Le nom Cordeiro n’était pas inconnu de la presse, ni même son visage. Pourtant, on avait beau parler de lui, il n’avait jamais été directement impliqué dans une affaire illégale. C’était pensif qu’il s’assit face à la jeune japonaise. Avoir quelqu’un qui ne savait rien de lui était bien agréable. Elle ne le regardait ainsi pas avec méfiance ou convoitise. Oui, elle était vraiment rafraîchissante. C’était le genre de fille inaccessible pour lui. Belle, innocente, gentille. C’était sa première impression de Mayumi en tout cas. Son attention se reporta sur la jeune fille, ainsi que sur la carte où des plats tout aussi sophistiqués les uns que les autres s’étalaient. Pas d’alcool ? Très bien. Juste une bouteille d’eau plate s’il vous plaît, une demi-bouteille oui. Il verrait plus tard pour le vin. Après avoir rapidement choisi ce dont il avait envie de manger, il regarda la jeune fille. D’ailleurs, elle ne lui avait toujours pas dit quelle était la signification de son prénom. Peut-être était-ce quelque chose de trop personnel ? Mais non. Mayumi sembla lire dans son regard, et rapidement elle écrivit deux idéogrammes sur un petit morceau de papier. Idéogrammes qu’Edward avait du mal à déchiffrer.

- Le cocon de l’âme ? C’est vraiment très joli je trouve…

Laissant la jeune fille choisir ce dont elle désirait, il sortit un stylo de marque de sa veste pour écrire sur le papier blanc. Visiblement, il essayait de reproduire les signes. Et ce n’était pas du bon travail. Même un gosse japonais de quatre ans devait mieux écrire que lui tellement les traits étaient maladroits et tordus, mais il était fier de lui et plia le papier pour le glisser dans sa poche, en prenant le soir d’écrire Mayumi en dessous. Sinon, il ne s’en rappellerait pas. Haussement de sourcil à la question. Que conseiller ? Eh bien, il ne savait pas trop. Il ne venait que rarement au Splendide. C’était un territoire ennemi après tout, et s’il avait décidé de venir ici, c’était bien pour provoquer le chef du casino.

- Mmh… Laisse-moi voir. Je dirais une salade en entrée, celle avec les cœurs de palmiers. Elle est très fraîche. En plat, le poisson est pas mal, mais les viandes aussi. Ca dépend de ce que tu préfères ? Je comptais prendre du poisson pour ma part. Ils font une délicieuse sauce qui va avec.

Edward lui fit un grand sourire, l’air content de son choix. Manger était un grand plaisir pour lui, et quand la nourriture était bonne, il n’en ratait jamais l’occasion. Et pour tout avouer, il ne comprenait pas trop non plus tous ces noms sophistiqués. Tout ce qu’il retenait des noms, c’était l’ingrédient principal, c’est-à-dire bœuf, loup, poulet, canard. Le reste, c’était de la broderie de la part des chefs cuisiniers pour faire croire que leurs plats étaient encore meilleurs grâce à des noms complexes. Reposant la carte à présent, il avait aussi choisi son dessert le fameux macaron aux framboises, il put se concentrer pleinement sur la jeune fille qui lui tenait compagnie ce soir. Une fois encore, il admira sa candeur et sa beauté. Edward était très sensible au physique des personnes qu’il côtoyait. L’habit ne faisait pas le moine, certes, mais l’ambiance que dégageait une personne dans ses gestes, son sourire, et la façon dont elle s’habillait pouvait parfois en dire beaucoup sur elle.

- Non, je ne suis jamais allé au Japon. J’aimerais bien ! Ca a l’air d’être un pays très intéressant, avec toutes leurs coutumes et leurs traditions. Tu arrives de là-bas j’imagine ? Pourquoi être venue à New-York 2 ?

C’était vrai ça… Pourquoi être venue ici ? Une question qui avait des centaines de réponses à vrai dire. Car malgré sa réputation, la ville se remplissait davantage de jour en jour. Elle représentait un nouveau départ, elle représentait l’espoir de jours meilleurs en ces temps de crise. Pourtant, il n’y avait rien à espérer dans cette ville. Mais si c’était pour les études, il comprenait parfaitement. Les facultés étaient bonnes ici. Le jeune chef leur servit de l’eau dans leurs deux grands verres. Les petits, c’était pour le vin. Et ce serait du vin blanc pour ce soir, c’est léger.

- Je suis mi-espagnol, mi-anglais, mais j’ai toujours vécu aux Etats-Unis en fait.

Le mélange des deux avait son charme. De sa mère, il avait hérité le côté raffiné dont il savait faire preuve parfois, ainsi que les yeux verts. De son père, il avait hérité la peau basanée et le caractère jovial. Un beau métissage en quelque sorte, et grâce à ça, il savait parler l’anglais et l’espagnol. Et dieu savait qu’Edward n’était pas très doué en langues étrangères. C’était bien pour cela qu’il n’avait jamais trop bien réussi en français. Ses parents avaient toujours été des personnes très attentionnées envers leur fils, qui lui-même était devenu quelqu’un d’affectueux et d’attentionné. La question que posa ensuite Mayumi était déjà plus corsée. Que voulait-elle donc dire par là ? L’espagnol mit donc un moment à comprendre le sens qui se cachait derrière ses mots.

- Ils le sont, la plupart du temps. Mais si cela t’inquiètes trop, je peux te raccompagner chez toi après. Ca ne me dérange pas.

Et non, il n’allait pas la kidnapper ou cherchait à l’harceler sur le trajet du retour. Edward était un gentleman, et comme tout gentleman qui se respecte, il ferait tout pour que la jeune fille rentre chez elle en toute sécurité. Il s’en voudrait vraiment s’il lui arrivait quelque chose sur le trajet du retour, surtout que Mayumi n’était pas censée l’accompagner, mais qu’elle avait bien voulu venir remplacer son cousin. D’ailleurs, comment ce dernier avait-il pu jeter dans la gueule du loup une fille aussi charmante que ça ? Non mais il n’allait pas se plaindre non plus le brun, il en était très content même. C’était juste étrange. Quelques instants plus tard, le serveur revint pour savoir s’ils avaient finalement choisis. Il lança un regard interrogatif à la japonaise. Oui ? Non ? Tu veux qu’il revienne plus tard ? Ca ne me dérange pas moi tu sais.

Invité

- Il est là Boss.
Une petite phrase bien simple et pourtant tellement vague. Qui était là? Redressant le visage de la poitrine opulente d'une jolie rousse, le chef des lieux leva un regard curieux. La rouquine se mit à gémir, non mais ne t'arrête pas comme ça narcisse, continue encore un peu. Attend ma jolie, je suis occupé tu vois et tournant la tête complètement vers l'homme qui accompagnait le jeune serveur qui venait de l'avertir, il plissa légèrement ses yeux bleu. Si on lui disait que c'était son ''patron'' qui était là, il se sentait prêt à faire un meurtre. Combien de fois leur avait-il dit que le chef Alpha n'était pas son supérieur mais simplement un allié hein? Lui, il ne participait pas aux feux d'artifices, il avait assez donné du côté du terrain pour le reste de sa vie. Maintenant, c'était un patron, il menait son entreprise, un casino parce qu'il ne savait pas faire dans les trucs plus clean bien entendue, et puis il s'en mettait plein les poches. D'accord, le clan Alpha s'en mettait plein la gueule aussi mais vue ce qu'ils avaient dépensé pour lui et les avantages qu'il en tirait, c'était un bien petit prix à payer. Un clan ou l'autre, il avait simplement choisit le premier qu'il avait croisé. Alpha? Okay, j'ai un projet. Ça marche? Super. Pas plus de question, pas de prise de tête, il avait foncé simplement, parce qu'il n'arrivait plus à faire autrement.

Repoussant donc la demoiselle, qu'il avait décidé de prendre avec lui pour quelques heures, toute une soirée, c'était bien trop long tien, il grogna. Mais de qui diable parlait-il? Le chef du clan ennemis? Edward Cordeiro. Ouais, il connaissait son nom, même s'il écorchait le nom avec un plaisir maladif. Avait-il quelque chose contre le dit homme? Non, pas vraiment. Ennemi, oui bien entendue, ils l'étaient mais c'était normal, puisqu'il était un des protégés des Alpha mais ce n'était pas si grave. Non? Peut-être.

« Il est ici, dans mon casino? »

Ça n'avait rien d'étonnant, en fait en terme de puissance, Lynton ne faisait pas le poids, il en était conscient. Hors, il y avait un bon moment que ce genre de détail ne le dérangeait plus. Tu es plus grand, plus fort et tu peu me casser la gueule? Super, mais faudra m'attraper mon kiki. Ouais et là, il courait vite le blondinet. La fuite, c'est pratique, ça garde en forme et puis, ça le faisait rire. Et puis, il n'avait pas tellement le choix, il était en pleine partie. Un jeu très important se jouait depuis quelques années, celle du bon et du salaud. Il était le salaud bien entendue mais c'était parfait ainsi, il n'avait rien contre se salir un peu et puis, il n'avait pas besoin d'une ovation lorsque la fin arriverait.

Dans tous les cas, le chef du gang ennemi était là et ça inquiétait visiblement son personnel. Est-ce que l'homme dérangerait le casino? Non mais c'est vrai, puisqu'ils étaient ennemis, il aurait bien pu vouloir venir foutre le bordel ici. C'était légitime, le blond aurait compris, après tout, il aurait fait pareil à sa place. Sauf qu'il était accompagné et ça, sa rassurait le proprio. On ne fait pas de scène devant une dame, bien sur que non. Et puis, cet Edward, il n'avait rien d'une brute sans cervelle. Il avait du courage même. Pas que venir ici soit si courageux mais pour venir mettre les pieds dans un casino appartenant au clan ennemis, ou tout un tas d'homme baraqué se baladait, puisque l'endroit appartenait au moins en partie aux Alpha, fallait avoir une paire de couille. Comment ça Lynton flattait l'espagnol? Quoi? Il n'était pas totalement espagnol? Non mais qu'est-ce qu'il en avait à foutre hein. Envoyant un regard de mépris au jeune brun qui venait de le reprendre, il grogna et abandonna sa compagne. Tant pis pour la rouquine, il avait envie d'une autre proie. Bien entendue, celle-ci se mit à couiner pour finalement taper du pied et lui lancer quelques mots salé au visage. Le propriétaire se contenta pourtant de sourire, lui embrassant la main pour filer simplement. Alors voilà Miss, la soirée est terminé, vous désirez qu'on vous appel un taxi? Le personnel était de haute qualité ici mais la jeune femme ne semblait pas d'humeur à remarquer ce genre de chose. Bientôt elle quittait les lieux, emporter dans sa robe trop ajusté et son manteau de fourrure sur le dos, ne laissant derrière elle qu'un grand ''humpf''. Revenez quand vous voulez. Oui mais non.

Tant pis. C'était une grande perte selon le croupier de la table trois, qui avait eut les yeux fixé sur elle depuis le début de sa pause, rêvant de remplacer son boss pour nicher son nez dans sa poitrine mais pour le dit boss, ce n'était rien. Cruel? Non, il manquait simplement de mémoire, d'envie aussi. Glissant une main dans cheveux, s'assurant que le haut de ses mèches blondes étaient toujours retenue par un élastique noir, il donna un petit coup de tête, repoussant une mèche qui tombait sur son visage, taquinant son nez. Alors, il était ou hein? Bah oui, il avait lâché une femme pour voir le visage d'un homme mais ça ne faisait pas de lui quelqu'un d'étrange. Il avait beau tiré vers les femmes en premier, il n'avait rien contre un peu de compagnie masculine de temps à autre. C'était rafraîchissant, amusant et puis, c'est lui que ça regardait. Sauf que là, ça n'avait aucun intérêt sexuel son truc. Il se préoccupait de son casino? Non, ça allait. Alors il observait pour le compte de son clan? Du tout, qu'est-ce qu'il en avait à foutre lui des Alpha hein? Mais qu'est-ce qu'il lui voulait alors?

Lançant un coup d'oeil à l'homme, assis avec une jeune femme, qui lui tournait le dos d'ailleurs en ce moment, il plissa encore un peu plus les yeux, une main lui caressant le bout du menton. Alors c'était de ça qu'il avait l'air le chef SFU? Pas mal. Il avait de la gueule. C'était le minimum à faire que de remarquer les points fort des autres. Ouais mais comparé à Lynton, il ne faisait pas le poids. C'est ce que le blond en pensait hein. En réalité, ils étaient à l'opposé. L'un; baraqué, brun, teint basané et yeux vert, l'autre; mince, blond, teint de pêche et yeux bleu. Trouvé les similitudes. C'étaient deux hommes. Bravo, nous avons un gagnant! Et un cris de joie retentissait dans le casino, une femme venant de gagné. Mais même ce bruit n'attira pas l'attention du patron, qui observait l'autre des yeux. Qu'est-ce qu'il voulait faire? Ont devaient les expulser? Non mais c'était quoi cette idée débile hein? Grognant à nouveau, attrapant même le brun par le col de son uniforme, ajusté d'ailleurs tien, il planta ses yeux claire dans les siens, sifflant.

« Le premier qui me les fou dehors, je le renvois et je l'envois à Miko, pour qu'elle lui arrache les couilles! C'est clair?! »

Son assistante était bien connue, d'ailleurs elle devait errer dans la bâtisse, son air sévère au visage, son corps voluptueux attirant les regards et en fait, bien que délicieuse pour le regard, elle était venimeuse la petite. C'est pour ça qu'il l'avait choisit tien. Elle était froide, arrogante et ne cherchait qu'a s'en mettre plein les poches et il adorait ça. L'amour ne comptait plus, il n'existait pas. Il était mort. Repoussant le jeune homme, qui s'empressait de décollé, laissant le patron soupirer tout en s'assurant, encore une fois, que ses cheveux tenait.

« Que des imbéciles... Je devrais refaire le personnel. »

Il disait ça mais il ne le ferait pas. Il le savait. Le grand brun qui l'accompagnait, vêtue tout de noir, n'ajouta rien à ce qu'il disait. Lui aussi, savait que c'était des paroles en l'air. Lynton n'aurait pas la patience, il n'aimait pas travailler. Il n'aimait que s'amuser. Allons allons, il devait se concentrer. Qu'allait-il faire? Jetant un regard à l'homme, qui semblait se la couler douce, pas inquiet pour une seconde hein. Lissant son pantalon blanc, qui lui allait à ravir bien entendue, il esquissa un sourire de prédateur. Quand on ne sait pas quoi faire, alors il faut déranger. C'est ce qu'il ferait. L'ennui, très peu pour lui et puis il n'arriverait pas à penser à autre chose pour le moment. Se tournant vers l'homme qui le côtoyait, puisque Evan était en congé ce soir et que la grosse brute le remplaçait, il l'interrogea du regard. Je suis beau? Mais quelque chose dans ce même regard imposait une réponse positive. Si tu dis que je ne suis pas assez bien, je te castre. Eh ouais, vous l'avez deviné, les couilles, c'était un truc très important dans le monde de Lynton. Machos? À peine, à peine! Sa chemise violet foncé tombait parfaitement sur lui et son veston du même blanc crémeux que son pantalon, n'avait encore aucun pli. Ça va boss. Bien, bien. Dernier ajustement, on frotte les dents, on regarde le doigt. Rien dessus? Parfait! Une petite menthe, pour l'haleine et une main replaçait une mèche pour que ses pieds se mettent finalement en route.

On parlait à la table occupé par le grand manitou SFU. Normal. Est-ce que les taxis sont sur ici? Normalement mais il la raccompagnerait? De bien nobles paroles dans la bouche d'un homme aux mains couverte de sang et de je ne sais quoi d'autre, parce que son clan devait bien traîner dans la merde de temps à autre aussi hein. Un sourire charmant à la bouche, le blond arriva, comme sortit de nulle part, se posant devant leur table, un peu plus près de la jeune femme que de l'homme. Il fichait quoi là lui? Il s'apprêtait à répondre quand ses yeux effleurèrent la jeune pousse qui accompagnait le chef. Sa bouche perdit toute trace de sourire un instant et ses yeux caressèrent le visage fin aux traits asiatique. Japonais. Il avait adoré le Japon. La nourriture était goutteuse, les tissus délicat et ses habitants, tout simplement délicieux. Il adorait leur moeurs, leur politesse et puis ce côté gamin qu'ils avaient tous. Un petit sourire ourlant le coin droit de sa bouche, lui donnant un petit air séduisant, il s'inclina poliment devant celle-ci. Qui aurait pu croire qu'une brute comme Cordeiro traînerait avec une petite fleur telle que celle-ci. En fait, il avait imaginé une belle blonde, le type femme fatale, qu'on ne peu s'empêcher, instinct de mâle oblige, de déshabiller des yeux tous les deux minutes. Mais non, il avait un type bien plus intéressant en sa compagnie.

« Bonsoir... »

Ses paroles s'adressaient davantage à la jeune femme qu'à l'homme, qui pourtant devait l'intéressé davantage. Soyons logique, il était là pour qui hein? Edward bien entendue. Sauf qu'il venait de trouver le meilleur moyen de se faire remarquer, de déranger et de s'assurer que le chef savait qui était le roi ici. Parce qu'avec le grand blond, tout n'était jamais qu'une question de jeu, d'opportunité. La compétition, même si elle était injuste, ça l'excitait. Envoyant un regard amusé, une lueur de moquerie à l'intérieur, au brun, il inclina uniquement la tête dans sa direction avant de ne s'emparer gentiment d'une des mains de la jeune fille, en effleurant simplement la peau. Un baiser souffler, pas posé hein. Il fallait bien savoir qu'un baise main, c'est exécuté sans le moindre contact direct avec les lèvres. Les prunelles bleus cherchèrent celle foncé, un petit sourire sucré à la bouche. Jolie demoiselle, elle avait une aura de mystère, quelque chose de pure mais d'intrigant. Pourquoi des cheveux aussi court et puis ce petit air légèrement garçon manqué? Il adorait cela dit.

« Mademoiselle... »

Et déjà, il relâchait simplement la main, se redressant pour sourire tout bonnement au couple qui lui faisait face. Il les dérangeait? Tant mieux! Ramenant ses mains ensemble, il se dit qu'il était temps de se présenter, alors que son garde du corps, la grosse brute de plus tôt avait bel et bien une utilité, approchait une chaise.

« Je suis Lynton Ashlow, heureux propriétaire des lieux. Quand j'ai appris que Monsieur Cor...Cordei... Enfin, que vous étiez là, j'ai réalisé qu'il serait bien impolis de ma part, de ne pas venir vous saluez. Et puis, vous êtes en TRÈS bonne compagnie à ce que je vois. »

Mais un serveur attendait, l'air inquiet et le patron l'effleura du regard avant de ne se pencher pour s'asseoir, sa chaise se trouvant entres celles du couple. Il se tourna alors vers Edward, l'air faussement concerné.

« Vous n'avez rien contre un peu de compagnie? J'avais une envie folle de vous rencontrer. »

Croyant avoir trouvé la meilleure excuse, il offrit un sourire content au brun avant de ne s'asseoir, tirant sa chaise plus près de la jeune femme. Super! Il pouvait s'asseoir un peu avec eux. Quelle chance. Voilà ce qu'il vivait en ce moment mais en réalité, il ne pensait qu'a se rapprocher de la jeune personne. Quelle fleur délicate, il en aurait bien mordiller les pétales. Est-ce qu'elle était comestible ou au contraire, elle contenait des toxines de défense? Il aurait aimer savoir. Ed aussi n'est-ce pas? Bien sur que oui et effleurant l'homme du regard, parce qu'il ne semblait plus tellement se soucier de lui, il esquissa un autre de ses rapides sourire. Attendez une seconde, le monsieur s'apprêtait à parler n'est-ce pas? Bah, Lynton allait le devancé et c'est bien ce qu'il fit, d'une voix joyeuse, l'une de ses mains glissant près de celle de la dite jeune femme.

« Quelle délicate petite fleur vous avez là Monsieur Cord... Cordi... Enfin. Une très joli petite Lily... j'adore le blanc. »

Posant sa joue dans la paume de sa main, un petit air rêveur et taquin à la fois au visage, il esquissa un petit sourire énigmatique en direction de la dite fleur. Mais de quoi diable se mêlait-il. Il jouait avec le feu le patron et le serveur se racla la gorge, attirant son attention, mais avant, celui-ci lâcha une tirade sans aucune logique, ni intérêt. Il avait l'habitude. Poète raté, il aimait bien offrir ses pensées aux autres, qui n'en avait rien à faire la plupart du temps. Que voulez-vous, c'est dur la vie!

« Le blanc pour les fleurs, le noir pour les brutes. La vie n'est pas si mystérieuse que ça, la beauté se voit a l'oeil nue. Et ce blanc est un éclat d'espoir dans un monde bien terne. Ça vous va a ravir... Oh, est-ce que vous avez passer commande? Roy, apportez leur notre meilleur alcool. Vous alliez commandé du vin, du champagne? Je vous l'offres! La nourriture est vraiment délicieuse et ce n'est pas pour me vanter bien sur ha ha! »

Et parce qu'il aimait bien accaparer la conversation, il se pencha en direction de la jeune femme, l'une de ses mains glissant dangereusement près de la sienne. S'approchant de son visage, il souffla près de son oreille. Bah quoi, il voulait lui parler et lui proposer quelque chose sur le menu. Pas la peine de tenir compte de ce que monsieur l'espagnol racontait, il savait mieux que quiconque ce qui était délicieux ici, n'est-ce pas. Mais si! Il y vivait pratiquement. Et puis, il se fichait bien que Edward ne sois pas complètement espagnol, lâchez le avec ce détail!

« Je recommandes le lapin, il est délicieux. Sa viande est terriblement tendre et puis sa petite sauce est légèrement sucré, sa fond dans la bouche. Il n'y a rien de meilleur. »

Invité

Retenant toutes les informations données, elle s'appliquait à ne pas y répondre de suite. Mais il nota qu'Edward dissimula son métier. En même temps, ce n'était pas le genre de choses qu'on disait clairement. Bonjour, je suis le leader d'un des clans de la ville. N'ayez pas peur. En même temps, c'était effectivement un chef d'entreprise quelque part. Mais il faisait des commerces autre que l'art. N'est-ce pas ? C'était amusant. An se demandait pourquoi il lui paraissait comme n'importe quel homme. Surement plus dragueur que la moyenne. Cependant il avait de bonnes manières, il se montrait gentil. Rien de bien particulier donc. En fait, elle était surtout curieuse. Ce genre d'hommes pouvait clamer haut et fort qu'il était, il était surement craint et personne n'aurait envie de se le mettre à dos. Même Mayumi, s'il lui avait dit la vérité, qu'aurait-elle pu faire ? A part, acquiescer poliment et se taire ? Pourquoi tenait-il à donner une bonne image de lui ? Il fallait qu'il fasse attention ? Et puis elle avait enfin donné la signification de son prénom. Elle lui adressa un superbe sourire comme remerciement avant de lui lancer un regard perplexe. Certes, elle avait le nez à moitié plongé dans la carte, mais en relevant le nez, elle aperçut son vis-à-vis entrain d'écrire son prénom. Elle eut envie de rire, trouvant ce geste à la fois enfantin et adorable, mais s'en garda.

Décidément, cet homme s'avérait bien étrange. Mais Mayumi parla à nouveau demandant conseil pour le choix des plats. Sagement, elle écouta la réponse. Pourquoi pas ? Il ne lui semblait pas avoir goûté les coeurs de palmier, c'était l'occasion d'essayer. Pour les viandes, elle n'avait pas de préférence. Mais elle n'avait pas envie de poisson. Alors en attendant de se faire une réelle idée, elle décida d'enchainer les questions. Bon, il n'était jamais allé au Japon. On éjecte cette information. Cependant il y eut une question en retour. Tout à fait légitime d'ailleurs.

« - Oui ! En fait, je suis juste de passage. J'accompagne mon oncle durant un de ses voyages d'affaire. Comme j'ai quelques jours de vacances, il m'a proposé de le suivre pour visiter la ville. »

Mayumi était comme le vent, elle disparaitrait et ne reviendrait jamais. S'en allant vers d'autres terres. Ce choix était plus sur que les études. Car effectivement, un de ses oncles résidait aux Etats-Unis. Il n'était pas très apprécié dans la famille à cause de ses avis bien tranchés mais personne ne le cherchait. Il avait du charisme, de l'argent. Tout ce qu'il fallait pour vivre sans peur de la matriarche. An et lui étaient très proches. Il voyait An comme l'enfant qu'il aurait adoré avoir. Petite question sur les origines pour se renseigner comme ça. Joli métissage tout de même. Ce qu'elle laissa échapper. L'égo masculin aimait bien être flatté après tout. Et puis elle avait fini par l'interroger sur les taxis. Cependant la réponse l'étonna. Ses yeux se baissèrent mimant l'embarras.

« - Je m'impose déjà, je ne souhaite pas abuser de votre gentillesse... »

Et puis surtout, s'il avait le malheur de découvrir que Mayumi était un garçon, cela n'allait pas le faire. L'intervention du serveur la tira de ses pensées et lui demanda avec une extrême gentillesse de repasser plus tard. Une silhouette apparut d'un coup à leur table. La tête du petit brun se redressa longeant le corps de l'homme. Ses cils papillonnèrent en voyant le sourire s'effacer, un problème ? Apparemment, non puisque ce dernier revint tout de suite après. Les lèvres faiblement entrouvertes sous la surprise, elle inclina la tête en retour. An avait pas fait de recherches sur Lynton Ashlow, alors évidemment le monsieur lui était inconnu mais elle avait le sentiment qu'elle n'allait pas tarder à faire sa connaissance de toute façon. Ce fut sur un ton incertain, qu'elle souffla un timide bonsoir. Le manège, qui était entrain de se dérouler, la déroutait. Elle avait le sentiment que le nouvel arrivant cherchait davantage à énerver Ed qu'autre chose. Elle regarda ce dernier, l'interrogeant silencieusement. Ce fut donc de la surprise qui apparut sur son visage quand monsieur Ashlow prit sa main. Mais un sourire doux prit place. Le baise-main ? Cela faisait toujours un petit quelque chose d'y avoir droit. Sans le vouloir, ses joues s'empourprèrent faiblement et il ramena sa main sur la table. Cependant au fond, An était exaspéré. Il ne pouvait pas être tranquille ? Et l'impression d'être dans de beaux draps se confirma quand l'homme se présenta. Pourtant une phrase attira son attention, pourquoi est-ce qu'il insistait sur la compagnie qu'il représentait ?

Minute, minute, il ne voulait pas être mêlé à leur petit jeu. Mais Mayumi ne savait pas qui était Edward en réalité, elle ne pouvait pas trouver cela foncièrement louche. Laissant son vis-à-vis se débrouiller avec le nouvel arrivant, elle lançait des regards amusés au garde du corps qui n'avait pas l'air enchanté de la situation. Doucement, elle constata que Lynton se rapprochait d'elle. Elle cligna des yeux. Non mais s'il vous plait, laissez-moi en dehors de tout ça. Sauf qu'il n'y coupa pas évidemment. Ça aurait été trop beau pour être vrai. Les yeux grands ouverts fixant avec un air de chiot perdu l'homme, il se demandait clairement ce qu'il lui tombait dessus.

« - Je... »

Je ne suis pas une fleur. Mais il se garda bien de le dire, affichant tout au plus, un charmant petit air buté. Immédiatement, An retira sa main pour la placer sur ses cuisses. Esquissant un coup d'oeil méfiant en direction de Lynton, il reposa son regard sur Edward. Quand il parlait de brutes, il parlait de lui, n'est-ce pas ? L'envie de rire le surprit mais il réussit à se retenir. Non, il n'oserait tout de même pas... Et puis rire subtilement, l'air de rien, ce n'était pas possible. Enfin il exagérait avec sa touche d'espoir. Deux baratineurs pour le prix d'un. An, tu as touché le jackpot. Ses cils papillonnèrent un instant avant de finalement regarder à nouveau monsieur Ashlow. Malgré lui, ses joues s'étaient teintées d'un léger rose pâle. Même si cette présence l'agaçait, il fallait avouer qu'il y avait de quoi être troublé. Elle avait l'impression d'être submergée par le flot de paroles. Elle avait un peu de mal à suivre mais elle ferait avec. Prenant un petit air embarrassée, elle souffla au blond.

« - Je … Pas d'alcool pour moi, merci... Peut-être qu'Eduardo... »

Mayumi ne boit pas. Mais monsieur Cordeiro pouvait très bien vouloir boire quelque chose. Et An aimait pas spécialement ça, non plus d'ailleurs. Elle avait parlé d'une petite voix, fragile où la timidité et la douceur transparaissaient. Aux autres tables, on devait se demander ce que faisait un être aussi effacé qu'elle avec ces deux hommes. Sentant un regard sur elle, elle tourna faiblement la tête. Ses yeux croisèrent ceux d'une femme d'une trentaine d'années. Il y avait dans ses prunelles, une expression qu'il connaissait bien. Tu n'es qu'une potiche. Tu ne vaux rien. Tu ne connais pas ta place. Avant An aurait baissé les yeux, envahi par la honte. Il aurait quitté la table en présentant ses excuses. Mais Mayumi connaissait sa place. Ses droits et malgré sa fragilité, elle ne plierait pas. Tournant à nouveau sa tête vers ces messieurs, elle leur adressa un sourire presque lumineux. Avant de se pencher à nouveau sur la carte, elle n'avait pas réellement fait son choix. Toujours pas. Ses mains se saisirent encore une fois de menu mais le reposèrent rapidement, presque découragée. Lorsqu'ils étaient allés au restaurant avec Richard, ce dernier choisissait pour lui. Pas que cela l'enchantait particulièrement mais comme il se rendait dans des endroits qu'il connaissait bien, il savait ce qui valait la peine ou non. Un souffle courut sur sa peau et son visage s'inclina en direction de celui de l'homme. Ses yeux sombres parlaient pour lui. Veuillez ne pas vous approcher autant monsieur. De la retenue. Voilà ce dont il devait faire preuve. S'il s'énervait, adieu la jolie image de la petite Mayumi. Bien plus préoccupé par la proximité du visage que celle de la main, elle tourna sa tête en direction d'Ed. Sa tête glissa en direction du serveur, quelques mèches brunes tombant sur sa joue.

« - Et bien une salade avec des coeurs de palmiers suivie de lapin... »

Sa petite tête se releva en direction d'un jeune homme. Le serveur griffonna le tout sur son carnet se tourna vers Edward. Monsieur désire ? Elle estimait qu'elle s'était bien débrouillée. Une recommandation de chacun de ces messieurs. C'était ce qui lui paraissait le plus sage. An avait pas prévu de devoir jouer à un tel jeu mais il ne pouvait faire autrement. Entre le propriétaire des lieux et le chef des SFU, il n'était pas grand chose. Un faux pas était si vite arrivé. D'ailleurs devait-elle se présenter ? Ou Edward allait-il le faire ? Elle se rappelait le plus souvent, que lorsque quelqu'un venait les interrompre, quand elle se trouvait avec un client, ce dernier la laissait se présenter. Bon le mafieux n'était pas un client mais faire preuve d'initiative ne faisait pas de mal.

« - Merci pour votre conseil monsieur Ashlow... Permettez-moi de me présenter, Mayumi Sukieko. »

Monsieur Ashlow parce qu'elle n'avait pas l'autorisation de l'appeler autrement. Elle était bien élevée, la petite. Sa tête s'inclina poliment. Il y avait d'un coup une once de dureté dans son attitude. Comme si elle s'apprêtait à grimper dans la tour de la forteresse pour s'y enfermer. Un serveur apparut pour voir si tout allait bien. Il devait essayer de faire bonne impression. Il s'empara de la bouteille d'eau plate. Pendant qu'il l'ouvrit, An lui adressa un sourire signifiant juste 's'il vous plait'. Le jeune serveur lui sourit en retour et la servit avant de s'éclipser tout en leur souhaitant une agréable soirée. Les doigts d'An s'emparèrent du pied du verre et doucement le portèrent à ses lèvres. Ce n'était qu'un simple geste mais de la façon dont il était exécuté, il en disait long sur ses habitudes. Celles d'aller dans des restaurants où on était aux petits soins pour vous. Ses lèvres se trempèrent dans l'eau laissant le liquide frais dévaler dans sa gorge. Délicatement, elle reposa le verre devant elle. Maintenant, il allait faire la conversation aux deux. Pas par envie mais par politesse.

« - Est-ce que vous vous intéressez aussi à l'art monsieur Ashlow ? »

Il fallait bien se raccrocher aux branches comme on pouvait. Pour s'en sortir, Mayumi avait choisi un sujet basé sur la réponse qu'Edward lui avait donnée. Savoir faire la conversation était une qualité dont la jeune femme essayait de faire preuve. La venue de Lynton contrecarrait un peu ses plans et la façon dont il souhaitait bouger ses pions mais que cela ne tienne. Ses grands yeux sombres scrutèrent ceux de l'homme un instant avant de se plonger dans ceux dans son vis-à-vis.

« - Préférez-vous la sculpture, la peinture ou un autre type d'art, Eduardo ? Il y a des jeunes artistes prometteurs à New-York 2 ? »

An buta encore sur le r, le transformant en un semblant de l. Bon il ne faisait pas d'effort non plus mais ce n'était pas grave. Puisqu'on parlait An devait se faire un plaisir de revenir sur une question posée. Il se rappelait le sourire embarrassé que l'homme avait abordé. Pourtant, il n'y avait pas de quoi. Personne n'avait la science infuse, après tout. En y réfléchissant bien, c'était étrange de voir un homme aussi haut placé laisser transparaître un semblant de gêne. Est-ce qu'elle avait l'homme et non le chef en face d'elle ? An se souvenait que son père adoptait des attitudes diamétralement opposé lorsqu'il était à la maison et au bureau. Pour le pire le plus souvent.

« - Pour répondre à votre question, je me n'intéresse pas au théâtre No, celui avec les masques mais davantage au Kabuki. Si vous craignez de vous ennuyer durant une pièce traditionnelle, il existe de pièces avec une intrigue beaucoup plus contemporaine. Si un jour, vous avez l'occasion de vous rendre à Tokyo, je vous conseille de vous rendre au Kabukiza ! »

Une lueur brillait dans ses yeux lorsqu'il parlait de sujet. Il avait caressé l'espoir de devenir un oyama. Cet espoir avait été brisé par sa grand-mère. Elle n'avait vu l'intérêt que de marier au plus vite An pour éviter une mauvaise publicité pour la famille. Marier mais pas à n'importe qui. Il fallait quand même que monsieur ait un certain nombre de chiffres sur son compte en banque. Il n'avait beau pas être une fille, on voulait tout de même qu'il fasse un beau et bon mariage. L'amour ? Ce n'était qu'un plus mais pas indispensable. Peut-être est-ce que s'il était né fille, il aurait été autorisé à une personne qu'il aimait. Mais le coeur ne suivait aucune logique et il aurait pu être amoureux d'un mec sans le sou. Donc cela n'aurait rien changé à sa situation. An essayait de penser ainsi pour se remonter le moral.

Quelques jours seulement ? Ils ne se reverraient donc peut-être pas finalement. C’était combien de temps, quelques jours d’abord ? Deux, trois au grand maximum ? Edward masqua néanmoins son dépit. Un gentleman ne montrait jamais son mécontentement devant une demoiselle, c’était impoli. Mais si la ville lui plaisait, elle pourrait toujours y revenir, n’est-ce pas ? Bien que lui ne voyait pas ce qu’il pouvait y avoir de plaisant dans un tel endroit. Si les circonstances n’avaient pas fait de lui ce qu’il était aujourd’hui, il se serait bien garder de venir à New York – 2. Comment ça il avait eu le choix ? Non mais il ne faut pas le dire ça, qu’il avait envie d’être un parrain comme dans le film du même nom, à l’époque. Il était juste bien trop débile et fonçait sans réfléchir. Le Edward d’aujourd’hui était plus mature et intelligent. Vraiment ? Il remercia en tout cas la jeune fille pour son compliment. Il fallait dire qu’il en était plutôt fier de ce mélange entre un espagnol et une anglaise.

- Oh non, tu ne t’imposes absolument pas. Et ça me fait plaisir.

Le serveur repartit aussi vite qu’il était venu. Les sourcils du brun se froncèrent. Quelque chose n’allait pas. Il avait été si pris par le moment qu’il avait presque, oui presque, oublié qu’il était sur un territoire ennemi. Les Alphas… Ah, mais bien sûr. Son but premier n’avait-il pas été de venir les taquiner sur leur territoire ? Un homme grand, blond, au corps fin venait de débarquer à leur table. C’était qui lui ? Non mais qu’est-ce qu’il leur voulait franchement, avec sa tête de midinette ? Sec le chef de gang ? Pas du tout. Il se contenta d’un sourire poli envers le nouveau venu, et d’un haussement de sourcil au baisemain. On ne touchait pas la proie des autres comme ça impunément, il le savait ça ? Pour qui il se prenait, avec ses grands airs mh ? Lynton Ashlow ? Non, ce nom ne lui disait absolument rien. Un Alpha, ça ? Ca avait tout juste un joli visage. Ca devait plus penser à la manucure de ses ongles qu’au calibre de son arme. Et c’était quoi cette façon d’écorcher son nom comme ça ? Ouais, il était pas japonais lui hein. Il ne prononçait pas du tout de la même façon mignonne que Mayumi. Comment ça, ça se voyait et qu’Ed racontait des conneries pour l’enfoncer le blond ? Hmpf, n’importe quoi. Non mais je t’assures Lynton, t’avais pas besoin de venir me rencontrer hein. J’en serais pas mort. T’aurais aimé hein ?

- Enchanté Monsieur Li… Lipton ? Quel nom charmant vraiment.

Dans tes dents d’abord. Et non, ce n’était pas pitoyable. Comment ça c’était Monsieur Ashlow ? Et puis, comment pouvait-on deviner quel était le prénom et quel était le nom, hein ? Edward était juste surpris pour le moment, il avait besoin de se remettre dans la course et de se montrer meilleur que ce blondinet sans intérêt. Mais en le voyant s’installer, il sut que se débarrasser de ce vers gluant ne serait pas une tâche aisée. Mais qui disait vers disait pêche, et petit insecte finirait bien par se faire manger par plus gros poisson que lui. Pour le moment, il restait donc silencieux et se contentait d’observer les agissements de ce Ashlow, surtout ses techniques de drague. Tu te trompes, mec. Ce n’est pas la bonne façon de faire. Il fallait avouer que le jeune chef était légèrement agacé par sa présence. Lui qui avait voulu déranger les Alpha s’en mordait un peu les doigts. Mais il ne fallait pas qu’il révèle son statut à la charmante Mayumi. Cette dernière partirait dans quelques jours, ce n’était pas la peine de lui gâcher la soirée. Comme ça, elle en garderait un souvenir parfait, inchangeable. Et quand elle sera plus âgée, elle se souviendra de cette soirée parfaite en compagnie de M. Edward, tout comme lui se rappellerait d’elle. Peut-être. Allons Edward, retrousse-toi les manches et bats-toi. Tu es un homme ou non ?

- Appelez-moi juste Edward si vous avez du mal. Elle est exquise n’est-ce pas ? Et je suis certain que la beauté de Mademoiselle Mayumi perdurera plus longtemps qu’un simple lys.

Cette situation était plutôt contraignante et compliquée. S’il ne cherchait pas à se battre pour l’attention de Mayumi, la japonaise risquerait de penser qu’elle lui déplaisait et s’intéresserait plus à l’autre blondinet. Mais s’il cherchait trop à faire la compétition, elle risquerait de se sentir comme un vulgaire trophée que les deux hommes voulaient s’approprier. Or, ce n’était pas ce que recherchait le basané. Finalement, venir ici avait vraiment été une erreur, même si au départ, il n’était pas prévu que ce soit la jeune fille qui l’accompagne mais son cousin. Comment faire pour se défaire de ce charmant jeune homme baratineur ? Surtout qu’il venait de l’appeler une brute. Non mais en avait-il vraiment l’air ? Le brun était quelqu’un de doux et aimable quand il le voulait, et contrairement à ce que l’on pouvait imaginer d’un chef de gang, il était loin d’être une brute sans cervelle. Certes, la cervelle, il n’y en avait pas beaucoup, mais il ne se fâchait que rarement et ne faisait jamais preuve de violence. Pour le moment, il n’avait pas eu l’occasion de se salir les mains. Pour quoi faire ? Il y avait des gens bien plus compétents que lui pour ce genre de tâches.

- Du vin blanc sera parfait. Un Chardonnay de la ville de Neuchâtel, année 2005. Et je ne doute absolument pas de la qualité de la nourriture. La dernière fois que je suis venu, elle était délicieuse.

M. Ashlow avait dû être absent la dernière fois que le Cordeiro était venu empiéter sur le territoire, mh ? Sinon, il serait venu le déranger, non ? Et oui, le brun s’y connaissait en vins. Il avait apprit à en apprécier les subtils saveurs, comment le déguster, avec quoi. Cela lui donnait un petit air sophistiqué, non ? Et une brute, est-ce que ça s’y connaissait en grands crûs, hein ? Ses yeux émeraude fixaient Lynton avec une pointe de malveillance. En effet, un peu plus de retenue. Il se croyait où, Monsieur le gigolo ? Il ne voyait pas qu’il dérangeait aussi Mayumi ? Si à la limite la japonaise aurait été moins mal à l’aise à cause de sa présence, et s’il cherchait un peu moins à la draguer, Edward l’aurait invité avec plaisir à leur table. Ce n’était pas tous les jours qu’on dînait avec son ennemi. Il n’allait quand même pas manger avec eux aussi le Lynton hein ? Hors de question que ça arrive. Edward trouverait bien une parade pour le faire partir le plus rapidement possible.

Regardant à présent Mayumi, il fut tiré hors de ses pensées par la voix du serveur. Ce serait un simple loup grillé et mariné dans sa sauce beurrée. Pendant qu’il passait commande, la japonaise s’était donc présentée. Ah oui, il avait oublié de la présenter à ce charmant propriétaire de casino de luxe, mais en même temps, il ne connaissait que son prénom. Sukekio ? Charmant vraiment, même s’il n’en connaissait pas la signification. Edward décida qu’à partir de maintenant, il allait prendre une attitude plus détachée. Ce n’était pas la peine de se crêper le chignon avec Lynton, ce dernier finirait bien par s’en aller, qu’il le veuille ou non. Un simple associé des Alphas ne faisait pas le poids, et il lui ferait rapidement comprendre. Le serveur qui s’était éclipsé revint avec la bouteille de vin blanc que le chef des SFU avait commandée. Oui, c’est bien celle-ci, merci. Attrapant le verre dans lequel se trouvait un fond de vin blanc, il le sentir une première fois, histoire de s’imprégner de son odeur. On remue un peu le vin dans le verre, avec délicatesse, puis on le sent de nouveau avant d’en boire une petite gorgée qui va rester un moment en bouche. Délicieux, c’est parfait. Le serveur hocha la tête et remplit son verre, avant de s’adresser à la demoiselle. Et vous ? Non, pas de vin ? Oh mais faîtes-le goûter à Monsieur Ashlow, j’insiste.

L’art… Question piège. Oui, Lynton… T’intéresses-tu à l’art ? Masquant aisément sa surprise, Edward fit mine de réfléchir un moment à la question de la japonaise. Que préférait-il ? Il ne savait pas trop. Ce n’était pas le genre de choses qui attirait son attention. Est-ce que les comics pouvaient être perçus comme de l’art ? Probablement pas. Ce ne devait être qu’un vulgaire divertissement aux yeux des artistes.

- Je préfère la photographie si nous devions parler d’art. Le fait que le photographe puisse transmettre ses sentiments grâce à une photo, sans la retoucher, c’est magnifique. Celles en noir et blanc sont celles que je préfère.

Sa voix était peine de sincérité. Pour de vrai Ed ? Tu t’intéresses à la photographie ? Depuis quand mon petit ? Mais ce n’était pas totalement faux. Alors que la sculpture et la peinture l’ennuyaient, il montrait un peu d’intérêt pour les photos. Et il en avait d’ailleurs quelques-unes accrochées dans son appartement, c’était pour dire. Comme quoi, il n’était pas complètement en terrain inconnu. Il aimait les photos, mais serait bien incapable d’en prendre de jolies. Hé ! Ce n’était pas parce qu’on était chef de gang qu’on ne savait pas apprécier l’art ! L’art était quelque chose d’ouvert à tous, pour peu qu’on y jette un coup d’œil. Et il se rappelait très clairement des fois où sa mère l’avait traîné au British Museum. Qu’est-ce qu’il en avait bavé de ses journées à voir des dizaines et des dizaines d’œuvres d’art. Peut-être cela allait-il lui servir ce soir finalement ?

- En ce moment, les peintures de Ruth Malvina font fureur. Elle utilise un mélange subtil de couleurs très colorées et apaisantes. C’est peut-être bien pour ça que tout le monde veut une de ses œuvres dans son salon. Pour ce qui est de la sculpture, les allégories à la féminité de Smith Cohen sont magnifiques. J’ai entendu dire qu’il y avait une exposition sur Picasso à la Galerie Agora d’ailleurs.

Sauvé ? Il l’espérait. Et comment savait-il tout ça ? Eh bien à force de remplir des dossiers sur ce qu’il se passait dans son gang, il avait retenu quelques informations, surtout quand sa secrétaire ne lui laissait pas un instant de répit. Alors il savait un peu près ce qu’il se passait dans le monde. Et on ne prenait pas une couverture d’homme d’affaires travaillant dans l’import-export sans connaître un peu l’art, mh ? Bon après pour l’exposition de Picasso, il n’en avait pas la moindre idée, et c’était complètement inventé. Mais il avait entendu dire, ce qui voulait dire qu’il était possible voire probable que cela soit vrai. Allez, on tamponne le front couvert de sueur imaginaire sur notre grand combattant de ce soir, j’ai nommé Edward Cordeiro ! Et l’on continuait sur l’art, pour parler à présent de théâtre. Le jeune homme n’avait jamais eu une conversation aussi intellectuelle dans sa vie, il en était certain. Ka… Kabuki ? Qu’est-ce que c’était que ça, exactement ? Un truc plus contemporain, c’est ça ?

- Je vois. Kabukiza, right ? Je prends note, je prends note.

Ce qu’il fit. Ressortant le bout de papier de Mayumi, il griffonna rapidement le mot aux intonations si lointaines et étrangères. Il pourrait toujours y jeter un coup d’œil, ça ne ferait pas de mal. Rangeant le morceau de papier légèrement froissé, il regarda le blond avec une pointe d’amusement. Son agacement avait laissé place à un certain calme. Après tout, ce n’était pas la peine de faire le gamin et de réclamer toute l’attention de la brunette. Il allait agir de manière distinguée et montrer à ce vers gluant qu’on ne la faisait pas à lui.

- Je suis certain que tu dois être très douée ! J’aimerais bien te voir jouer dans une pièce… peut-être qu’un jour, j’irais faire un petit tour au Japon. Et toi, Lynton ? Tu es déjà allé là-bas ?

Il le tutoyait déjà comme s’il était un grand ami. Si cela n’avait pas été pour Mayumi, il était certain que lui et le blond auraient pu être amis. Ils auraient pu partir à la chasse ensemble et ensuite comparer leurs différentes trouvailles. Mais tous deux étaient intéressés par la même jolie jeune fille. Laisse tomber, Lynton. Elle est trop bien pour toi, et trop bien pour moi aussi par la même occasion. Edward le savait, un type comme lui ne pouvait pas fréquenter une jeune japonaise aussi gentillette et sophistiquée. Non pas que cela lui déplaisait, loin de là. Mais c’était comme ça, il fallait bien s’y faire. C’était un peu une sorte de La Belle et La Bête, même si le brun était loin d’être aussi laid qu’une bête. I’m still handsome, right ?

Invité

Monsieur Lipton? Non mais il n'avait pas écouté lui hein. C'était son prénom Lynton, Ashlow it's the name ~ Ouais mais bon, finalement il s'en fichait bien, on le lui avait fait des centaines de fois, le coup du lipton. Son prénom ressemblait à cette marque et alors? C'était très mature tien. Pourtant, il souriait avec amusement, comme si c'était la meilleure blague qu'il ai entendue de la soirée, ce qui était loin d'être le cas bien entendue. Un nom charmant il disait? Eh bien, c'était gentil. Tout ça était faux, le jeu qui se jouait ici sautait aux yeux et la pauvre jeune fille qui se trouvait près d'eux, devait étouffer sous les hormones mâles qui se combattaient. Tant pis. Il n'allait pas se priver pour autant. Gardant précieusement à la bouche, son énorme sourire, charmé par tout ça, parce qu'un rien l'amusait en dehors du mot lipton, il inclina gentiment la tête en direction du chef des SFU. D'ailleurs, la demoiselle, elle savait avec qui elle dînait là? Sûrement pas, sinon la pureté n'aurait été qu'une façade chez elle, ce qui ne serait pas plus mal remarquez. Il avait toujours aimé les petits jeux. On se déguise, on endosse un rôle et puis on joue! Au final, seuls ceux qui jouaient avec trop de sérieux, étaient perdants. Lyn ne perdait pas, il était un gagnant. Et très bon comédien!

« Merci beaucoup Monsieur! C'est très gentil de votre part. »

Omettant le nom de famille, parce qu'il n'arrivait pas à le dire correctement et qu'il ne tenait pas à endosser le rôle immature de la vengeance démasqué, il se contenta de sourire joyeusement. Il jouait avec le feu, il le sentait lui lécher les doigts et franchement, il prenait son pied! Non seulement la situation était délicate, d'ailleurs le boss étaient bien agacé à côté de lui hein, mais en plus, la jeune femme était délicieuse. D'ailleurs, elle avait quelque chose d'intrigant, il avait un intérêt plus profond que celui d'agacer le chef ennemis. Elle était différente. Oui, c'était le mot et la caressant du regard, il s'obstina à ignorer Edward. Plus longtemps qu'un lys? À coup sur. Mais la question était de savoir si ce lily là était un 'un' ou un 'une'. Il y avait quelque chose de masculin dans ses traits, non? Difficile de le dire mais c'était intriguant, comme un puzzle! Ouais, il aimait les puzzle le Lynton, depuis tout petit, il aimait bien en faire le dimanche, ça le détendait et puis ça avait beau être un sport de pantouflard, Miko l'embêtant toujours à ce sujet, lui il trouvait que c'était classe. Dans ses vieux jours, il ne serait pas égaré, il pourrait faire des puzzle tranquillement, en connaissant bien le fonctionnement.

Se remettant d'aplomb, parce qu'il perdrait du terrain le moulin à parole, il se mit à parler d'alcool, se proposant de le payer. Eh oui, une âme généreuse se cachait sous ses traits lifté récemment et un petit sourire sucré à la bouche, il avait acquiescer lorsque la jeune fleur avait annoncé ne prendre aucun alcool. Ça, c'était l'erreur non? Elle jouait un rôle, il en était presque certain. Aucune jeune fille bien élevée, n'aurait refuser un verre de vin, un seul suffisait et on ne refuse jamais quoi que ce sois de la part de son hôte. Sauf qu'elle était japonaise et là, sa changeait la donne. Rah, elle voulait lui faire des nœuds au cerveau hein? Se tournant vers l'homme, agacé par le mystère entourant la jeune femme, enfin plutôt par lui-même, qui ne trouvait pas la clé à l'énigme, il acquiesça sans vraiment faire attention. D'accord, d'accord, comme il voulait hein. Décochant un regard au serveur, qui s'empressa de déguerpir, en quête de la bouteille convoité, il reprit son charmant petit sourire. C'est d'ailleurs là qu'il en avait profité pour se rapprocher de la dite fleur et lui susurrer des mots bien peu tendre, à l'oreille. Le lapin c'est bon, j'adore le lapin, est-ce que tu es un lapin? Pardon, une lapine?

Et voilà qu'elle se présentait, Mayumi. Très joli. Son visage ne mentit pas à ce sujet et son sourire prit un plis moins dure, moins superficiel. Le serveur revint alors et versa de l'eau à la jeune femme, s'occupant ensuite du chef des SFU. On lui proposa d'en prendre un verre mais sincèrement, le blond ne préférait pas. Esquissant un sourire à moitié gêné et polis, il secoua doucement la tête, ses cheveux blond dégageant une légère odeur de lavande. Non non, vraiment. Préférant attraper le verre que lui tendait le grand homme aux bras énorme qui se trouvait un peu plus loin, il y avait à peine quelques secondes de ça, il sourit avec plaisir. Toujours content, chose normale chez lui, il sourit et porta le verre d'alcool à sa bouche après l'avoir lever joyeusement dans les airs.

« À votre santé mes amis! »

Il se permettait un peu trop de liberté, ils n'étaient pas ses amis, surtout pas avec Edward mais à quoi bon. Avalant une rapide gorgée, il reposa son verre sur la table sans un bruit, fait étonnant puisqu'il l'avait fait avec un élan trop exubérant. Sauf qu'une question piège l'attendait et qu'il parut surpris. Mais la surprise n'a rien de déplaisant, même que c'est ce qui le tenait en vie depuis des années. Les yeux pétillant de plaisir, visiblement ravis par cette question mais surtout de l'attention qu'il recevait, il posa son menton sur son menton, se penchant de nouveau vers la jeune Mayumi, la détaillant comme si elle était le plus beau diamant qu'il n'avait jamais vue. Pourtant, il n'avait pas à faire beaucoup d'effort pour que ce sois crédible, elle avait vraiment un petit quelque chose qui l'intriguait, qui lui donnait envie de continuer ce petit jeu. J'adore le lapin. La chasse au lapin c'est encore mieux. ~

« L'art? Pas tellement pour être franc. Je n'ai aucun talent et malheureusement, je ne sais apprécié correctement l'art des autres. »

Il avait lancé ça avec un naturel déconcertant. Il aurait pu attraper la perche qu'on lui tendait mais franchement, il n'y connaissait rien et il n'avait aucune envie de perdre des plumes à cause de ça. Et voilà que la perche était tendue à Edward. Souriant avec moins de plaisir, le propriétaire des lieux se tourna vers lui, à nouveau. Et lui hein? Il aimait les photos en noir et blanc, wow. Presque impressionné, Lynton le fixait, les yeux légèrement plissé, acquiesçant à un rythme régulier, un peu comme si la réponse le fascinait. Nullement essoufflé, l'espagnol se faisait un plaisir de continuer sur sa lancé, laissant le parasite presque admiratif. Il savait se battre, il devait au moins lui accorder cette qualité. Intéressant, intéressant. Sauf que là, la conversation se mit à déraper, du point de vue de Lynton du moins. La jeune femme revint sur un sujet précédent, ne concernant que le couple. Elle tentait de l'isoler? Tut tut, vilaine fille! Elle lui lançait un défi en fait et il se ferait un plaisir de le relever. Attend un peu que je t'attrape!

Il l'aurait fait, il n'y avait pas a douté, Lynton ne perdait jamais de temps mais pour le moment, il se garda bien de le faire, trop surpris par le leader qui s'empressait de noter le nom donné sur une serviette. Non mais heu... c'était sérieux ça? Un large sourire à la bouche, pas très loin d'éclater de rire devant le ridicule de la situation, il regardait l'espagnol, incrédule. Ses yeux étaient clair: Tu veux rire mon vieux? Non mais il ne riait pas le Edward et Lynton se contenta de sourire comme un gamin, ses yeux se refermant sous l'immense sourire qui exposait des dents bien blanche. Aller, du calme Lyn, reprend toi! Se raclant la gorge, redescendant sur terre, d'humeur toujours légère, il leva un sourcil en entendant l'homme lui parler et relâchant son verre, qu'il tripotait du bout des doigts, il acquiesça. Le japon? Il connaissait! En fait, il n'y avait pas beaucoup de pays qu'il ne connaisse pas. Non seulement pour le boulot mais aussi pour la fuite. Dans la vie, on fait ce qu'on peut, comme on le peut et ça, il en était peut-être le premier conscient.

« Oui, pendant presque une année. Magnifique pays! »

Se tournant doucement vers la jeune femme, il esquissa un petit sourire malicieux, avant de ne lancer plus bas, d'un ton caressant.

« Les japonais sont pourtant ce que j'ai apprécié le plus. Ils sont... comment dire... délicieux. Homme et femme ont cette délicatesse comme inné et leur éducation est emprunte d'un tel respect, qu'on ne peut que les aimer. »

Il inclina alors gentiment la tête, comme si le compliment était uniquement réservé à la jeune femme. Mais il l'était quelque part non? Bah oui tien! Il jouait franc jeu cela dit. Ed avait profité de l'art, lui il profitait de sa connaissance du pays d'où venait cette jeune pousse. Libérant alors sa main, se tenant bien droit, il approcha une main de la jeune femme et avant qu'elle ne puisse dire ou faire quoi que ce sois, posa une fleur dans ses cheveux, celle qui avait été boutonné à son veston. C'était une vieille habitude qu'il aimait tenir. Vieux jeu? Ouais et alors? Ça plaisait à certaine femme! La fleur, d'un jaune pâle, allait à ravir dans les cheveux et profitant de la surprise général, Lynton se rapprocha rapidement pour suivre la ligne du visage délicat de la jeune femme de son index, celui-ci terminant sa course au milieu de sa mâchoire. Il souffla alors plus bas, conscient que son ennemis l'entendrait.

« Un pure délice pour les yeux... »

Et hop, il se redressait, l'air content, comme de rien. Il avait fait quoi? Non mais rien du tout! Il avait simplement posé une fleur dans les cheveux d'une jeune femme. Pas de mal, pas d'abus, il avait les mains clean! Se passant une main dans les cheveux, les détachant pour laisser les mèches rebelles glisser en direction de son visage, il esquissa un sourire plus charmeur alors qu'il se tournait vers Edward. Il tirait sa révérence le boss. Ce soir, c'était la brute qui gagnait, le serpent blond se retirerait. Pourquoi? Hm, parce qu'il avait eu droit à un aperçu rapproché de la jeune femme et cette pomme d'adam, que l'on ne voyait que si on y faisait vraiment vraiment attention, l'avait convaincue de prendre du recul. On court après un lapin, quand on sait que c'est un lapin. Quand on court et qu'on fini par attraper un chat, on est parfois à court de mot. Hors, Lynton détestait être à court de mot, il voulait savoir avant de continuer. Il s'inclina alors dans un geste théâtrale, une main dans son dos, l'autre s'avançant vers la table, paume vers le plafond.

« Sur ce, je vous souhaites une délicieuse soirée dans mon casino. »

Allait-il vraiment se retirer ainsi? Non quand même pas et se redressant, inclinant la tête en direction de son ennemis, il se tourna enfin vers la jeune Mayumi. Enfin, là c'était peut-être un 'le'. Bon, il n'avait pas des yeux à rayon x ou encore moins la capacité de voir à travers les vêtements, bien qu'il aurait apprécié mais sa mâchoire avait quelque chose de trop énergique pour appartenir à celle d'une femme. Posant une main sur le dossier de sa chaise, il se pencha rapidement, ses cheveux les protégeant des yeux furieux, ou pas, du compagnon officiel de soirée de la jeune demoiselle. Se penchant à son oreille, pas celle près de lui mais l'autre, ses lèvres chaudes effleurèrent le lobe alors qu'il chuchotait, sa main libre s'empressant de se poser contre l'une de ses cuisses. Il écarquilla les yeux, à moitié chemin dans ses paroles, lorsqu'il rencontra quelque chose qui ne devait pas être là. Il n'était pas fou hein? Il avait bien sentit une masse chaude et douce, quelque chose typiquement masculin, terriblement bien dissimulé, tant qu'on était pas un pervers qui aimait toucher. Lui, il était de cette trempe visiblement.

« Bonne fin de soi- »

Un sourire amusé et à la fois terriblement content, glissa alors sur ses lèvres et se contentant de glisser un léger shhh à la jeune femme, qui n'en était pas complètement une finalement, il hésita mais se rappelant la présence d'Ed derrière lui, qui ne tarderait pas à se lever pour lui expliquer comment se tenir en présence d'une jeune femme, il s'empressa d'achever son petit discours privé. Sa main, n'étant pas la bienvenue à cet endroit, il s'amusa à effleurer la masse que les cuisses dissimulait pourtant très bien, afin que le message sois clair. Je sais.

« ... soirée. Nous nous reverrons lundi soir. »

Une invitation et un ordre. Le petit sourire malicieux qui pendait à ses lèvres, n'avait rien de rassurant d'ailleurs et sans plus attendre, il se redressa, l'air content. Encore une fois, il inclina la tête et tapotant la tête de Mayumi, sachant qu'il avait découvert son petit secret, il rit tout bas. Est-ce que Ed savait? Peut-être, rien ne l'étonnerait venant de cet homme. Il forçait ses conquêtes masculines à se vêtir en femmes? Aller savoir, de toute façon, peu importait. Mayumi était jolie, homme ou femme, ça n'importait jamais sauf lorsqu'on désirait une descendance. Et là, Lynton passait son tour avec plaisir.

« Amusez vous bien ce soir! Au plaisir de vous recroiser Edward. »

Attrapant son verre, toujours sur la table, ne renvoyant pas un regard à l'invité du chef, il lança sans plus de cérémonie, tout détaillant le liquide de son verre.

« Une fleur est une fleur, peu importe son odeur, peu importe sa forme. Elle n'a pas de sexe, elle est simplement belle et fascinante. »

Sur ce, il se mit à rire et un petit signe de main envoyé au couple, il s'éclipsa avec son garde du corps, follement amusé. Tout ça promettait, vraiment. Quelle belle soirée! Un sourire béat à la bouche, lorsqu'il arrivait à ne pas rire, sous le regard inquiet du garde du corps, il se retira vers le fond du casino, dans son lounge privé.

Invité

L'art était un sujet de conversation comme un autre. Pas seulement parce qu'au fond, An aimait ça mais aussi parce que c'était la seule chose qui lui passait par l'esprit. D'un autre côté, tout s'enchainait tellement bien, non ? Pas besoin de forcer le passage en quelque sorte. Tranquillement, il hocha la tête à la réponse d'Edward comme si cette dernière l'intéressait pourtant certaines choses le faisaient tiquer. Enfin Mayumi n'en savait rien alors autant garder cet air attentif comme si finalement la confidence mensuel arrivait. La réponse de Lynton lui parut terriblement honnête et sans le vouloir gagna son intérêt. Agissait-il ainsi parce qu'il était chez lui ? La jeune femme se contenta d'un sourire amusé alors qu'elle comparait les deux réponses. Il devait sûrement y avoir une trace de faux dans les paroles de l'espagnol, quant à l'anglais, on ne pouvait faire plus simple. La plupart des gens se dissimulait derrière une réponse comme s'il fallait absolument aller dans le sens de l'interlocuteur ou le satisfaire en répondant par l'affirmative. Très démagogique, non ? Passant une main dans ses cheveux, elle était revenue sur le kabuki donnant quelques indications à son vis-à-vis.

En toute franchise, An fut aussi étonné par la geste d'Ed. Il se demanda même plusieurs fois, s'il n'avait tout simplement pas rêvé. Non, il venait bien de noter. Qui sait ? S'il allait au Japon, cela pourrait toujours servir. Une question tomba. Une question adressée au propriétaire du casino. La curiosité du petit brun fut piquée. Sa tête se pencha doucement comme pour écouter avec attention. Il avait vécu pendant un an au Japon ? Ses paupières clignèrent un moment alors qu'il réalisait un possible danger. En le voyant se tourner vers elle, Mayumi baissa légèrement le regard comme gênée. Délicieux ? Vil flatteur... Une main se leva et sa bouche s'entrouvrit mais aucun son n'en sortit. Une fleur dans ses cheveux ? Ses yeux sombres le dévisagèrent comme s'il avait du mal à croire que dans son genre, il était aussi sérieux. Edward et Lynton, des opposés, n'est-ce pas ? L'un plus réservé, davantage dans les mots, l'autre plus expansif et dans l'action en quelque sorte. Ce n'était pas facile de savoir sur quel pied danser. D'ailleurs, ses sens passèrent en alerte rouge lorsque le doigt se mit à longer sa mâchoire. Alerte rouge, alerte rouge. Cependant c'était trop tard et cela aurait bien été trop suspect de vouloir retirer cette main comme si de rien était. Il aurait donné une facette de panique et ils se seraient demandés la raison. Une teinte pourpre se mit à habiter ses joues donnant plutôt une expression de gêne. Sauf qu'An ne se forçait pas. C'était même ça, le problème.

« - Merci... »

Voilà tout ce qu'il avait réussi à murmurer du bout des lèvres, ses yeux plantés dans ceux du blond. Déjà, le corps du propriétaire se redressait et An espérait donc enfin de la tranquillité. Attrapant son verre d'eau, il se contenta de boire avec l'envie de se faire le plus discret possible. L'annonce polie le soulagea mais le petit brun aurait du être conscient qu'il ne fallait pas crier victoire trop tôt. Le blond était un homme plein de surprises. Hélas pour lui. Un faible couinement s'échappa de ses lèvres alors que le souffle chaud caressait sa peau. Elle avait l'impression que tout le monde les observait. En même temps, la scène ne pouvait pas être manquée. Monsieur Ashlow surplombait son petit corps et avait un geste qui pouvait porter à confusion. Mayumi eut envie de le repousser mais n'osant pas, elle garda une certaine réserve. Jusqu'à ce qu'une main baladeuse lui fasse écarquiller les yeux. Ses sourcils se froncèrent légèrement. Le salaud. En caressant sa mâchoire, il avait du se douter de quelque chose et là, il ne faisait que confirmer son véritable sexe. Le petit eut très envie de le mordre pour lui expliquer sa façon de penser toutefois, il resta sage. Pourquoi ? Parce qu'il ne ferait que davantage attirer l'attention. Sage, il écouta les mots prononcés en se retenant de grogner.

Comme s'il avait le choix ? Le ton employé voulait absolument tout dire. Absolument tout. Pourvu que le blond ne dise rien. Sinon, il aurait été bon pour les ennuis. Son visage se tourna, une expression offusquée peinte dessus. Mentalement, il se répétait salaud et il y avait fort à parier qu'il aurait adoré pouvoir le dire clairement. An digérait très mal le geste déplacé qui venait d'avoir eu lieu. Non mais il se prenait pour qui ? Sérieusement ?! Distraitement, il écouta les paroles échangées. Et manqua de s'étouffer aux dernière paroles de Lynton. Non mais il n'avait qu'à le dire clairement aussi. Qu'il était en réalité un garçon. Mayumi tourna le visage en direction d'Edward. Ses yeux auraient pu envoyer des éclairs de reproches tellement ils étaient noir. Emplis de colère. Mayumi avait son petit caractère après tout. Même si c'était An qui ressortait précisément à ce moment-ci.

« - Vos connaissances ont des manières un peu cavalières d'agir, si je puis me permettre. »

Sous couvert de ses mots, il y avait des reproches dissimulés. Bien sur, An savait qu'il n'y avait aucun lien amical entre le SFU et l'Alpha mais qu'est-ce que Mayumi en savait ? Et puis, n'était-ce pas sa faute de s'être habillé en fille alors qu'il aurait du venir en garçon ? Peu importait. La jeune japonaise était étrangère à tout cela. Alors qu'un serveur approcha avec leurs plats, elle se leva d'un coup, l'air décidé. Non mais elle allait avoir une petite discussion avec le propriétaire. Gardant une démarche, malgré tout très féminine – des années d'entrainement - , il suivit les traces de Lynton sans prêter attention aux regards que les autres clients lui lançaient. Des regards de curiosité. Quelle était leur relation ? Que faisait-elle avec Edward ici ? Qu'est-ce que Lynton Ashlow lui avait murmuré ? An avait l'impression qu'il aurait pu entendre toutes ces interrogations dans l'air du casino. Mais droit, le port de tête fier malgré l'humiliation, il continuait à avancer. Ses talons claquaient contre le sol dans une sorte de son mécanique et ferme. Ce fut la silhouette du garde du corps qui attira son attention et le guida. Le brun se rendit à sa hauteur et se planta devant lui, conscient qu'il serait le cerbère à passer.

« - Puis-je parler à votre patron ? »

Son ton n'avait aucune trace de la douce Mayumi. Non, là, c'était le caractère d'An qui parlait. Celui qui s'était fait marcher sur les pieds par toute sorte d'hommes et qui avait décidé que cela ne recommencerait plus. L'homme parut hésitant et il profita de cet instant pour pousser la porte, la refermant dans un claquement derrière lui. C'était une partie privée et alors ? Le garde du corps avait réalisé trop tard que la jeune femme était rentrée mais lui-même ne savait quoi penser. Est-ce que son patron la connaissait en réalité ? Passant une main dans sa nuque, il adressa un regard hésitant à la porte et s'il la virait alors qu'il ne fallait pas ? Imaginez les histoires. Alors il décida d'attendre. Pendant ce temps, An s'était planté devant le blond, les bras croisés, ne montrant aucunement l'intention de bouger d'un pouce. Ses yeux se plantèrent dans les siens et il lâcha.

« - J'exige des excuses et je n'ai pas l'intention de vous revoir. »

Comme s'il était en position d'imposer ses choix, n'est-ce pas ? Vu son attitude, peut-être qu'Edward croirait volontiers Lynton surtout lorsque ce dernier pointerait ses caractéristiques masculines.

Pourquoi tout le monde le regardait-il avec surprise ? Cela ne leur arrivait jamais de noter des petites choses qu’ils ne voulaient pas oublier le moment où ils rentreraient chez eux ? Edward avait normalement toujours sur lui un petit carnet où il notait tout et n’importe quoi, sauf que là, manque de chance, il l’avait oublié chez lui. Toussant, il reprit sa contenance. Oui eh bien il n’était pas encore tout à fait mature dans sa tête, mais ça ne saurait tarder ! Un jour, petit Edward deviendrait grand ! Regardant Lynton d’un air suspicieux, il ne fit pourtant rien. Il flirtait outrageusement, voilà tout. Sous son nez en plus. Non mais il n’avait pas peur des représailles lui ? Il devrait… Valait mieux pas marcher sur les plates-bandes de l’espagnol, car malgré son apparence calme et sympathique, il pouvait s’énerver quand il le voulait. Hé ! Il avait le sang chaud après tout. Hausser la voix n’était pas un problème. C’était juste qu’il n’aimait pas faire cela. Et il ne laisserait pas sa Blanche-Neige se faire enlever. Lynton, un prince ? La bonne blague. Edward avait beau être un beau-parleur, un dragueur, il était un bien meilleur prince charmant que ce blondinet ! Sur quoi se basaient ses critères ? Eh bien déjà, les princes blonds, c’était révolu depuis que Shrek était sortit au cinéma. Ensuite, Lynton flattait bien trop pour pouvoir être sincère, et en plus, il piquait les conquêtes des autres ! C’était un comportement digne d’un prince ça ?

Grognant dans son siège à l’attitude désinvolte du propriétaire des lieux, il fronça les sourcils quand ce dernier se décida à partir. Si vite ? Il ne voulait pas le taquiner encore un petit moment ? Mouais, c’était suspicieux ça. Et là… Non mais qu’est-ce qu’il faisait ? Ecarquillant les yeux devant ses gestes déplacés, bien qu’il ne puisse pas voir ce qui se tramait sous la table, il resta bouche bée devant tant d’insolence. Non mais il croyait faire quoi là ? Ca devenait du n’importe quoi ! Okay, peut-être qu’Edward n’aurait pas dû amener Mayumi dans un tel endroit, mais il n’aurait jamais imaginé que l’Alpha se permettrait de s’imposer de la sorte. Il faisait quoi là, encore ? Il lui mordillait l’oreille ? Non mais il avait perdu la tête ce mec ! Il n’avait aucune retenue, aucune éducation ?

Alors que le blond se retirait, Edward se contenta de regarder la jeune fille, sans rien dire. Trop choqué pour dire quoi que ce soit, il fallut attendre un moment avant que l’information ne monte jusqu’à son cerveau. Sérieusement, il se prenait pour qui le Lynton ? On ne traitait pas une personne comme ça, encore moins une ravissante jeune fille comme la japonaise. Il sentit également les reproches dans les paroles de la jeune femme. Oui, évidemment, il aurait dû faire quelque chose. Il s’était mal comporté envers elle aussi, il aurait dû agir. Mais il avait tout bonnement été trop choqué. D’accord, il faisait lui aussi ce genre de choses parfois, mais pas dans un restaurant de luxe, ni devant la personne qui accompagnait sa proie. Et puis, Mayumi était une fille si sophistiquée et gentille, et charmante.

Cette dernière était partie. Attrapant sa veste et le sac de Mayumi, il la suivit, courant presque pour rattraper la petite tornade qui était déjà planté devant le garde du corps. Passant entre les mailles du filet sans aucun problème, il lui avait suffit d’un regard noir envers le garde du corps. Comment ça tu ne veux pas me laisser passer ? Mais si tu vas le faire, sinon je vais exploser ta cervelle de moineau. Tu crois que j’ai pas d’arme sur moi ? Bien sûr que j’en ai une ! Si, si, toute cette conversation avait eu lieu à l’aide d’un simple échange de regards. Fortiche le Ed hein ? Arrivant donc dans une nouvelle pièce, il regarda la scène qui se déroulait devant ses yeux. Mayumi, énervée ? Qui l’aurait cru ? Qu’avait donc fait Lynton pour qu’elle s’énerve autant ? S’avançant dans la pièce, veste coincée contre un bras, sac à main féminin dans une main, il lui décocha une droite phénoménale, les sourcils froncés, les dents serrées. Bon, y avait plus sérieux quand même, mais pour le moment, il ne pensait pas du tout à sa classitude le Edward. Secouant son poing, c'est qu'il n'y était pas aller de main morte tout de même, il le regarda avec une lueur de colère au fond des yeux. Regarde bien mon air de tueur, hein? C'est pas tous les jours que ça arrive, et t'as touché le jackpot là.

- Pour un dragueur de ta trempe, tu devrais savoir qu’on ne traite pas les femmes irrespectueusement. Et qu’on ne vole pas celles des autres.

Se tournant vers Mayumi, il lui donna son sac à main et posa sa veste de costume sur les frêles épaules de la jeune fille, comme s’il voulait chasser les mauvais esprits, aka Lynton. Bon, il était sur un terrain glissant. C’était comme se jeter dans la gueule du loup, et déjà il pestait, se disant qu’il aurait dû se maîtriser. Pas comme s’il était le chef du gang adverse et qu’il venait de frapper le patron du casino, non non. Bon, on s’éclipse vite, hein Mayumi ? J’ai pas envie que ça se finisse dans un bain de sang. Surtout que ses propres gardes du corps avaient débarqué à présent en remarquant l’absence de leur chef à la table. C’est que tout cela tournait au vinaigre. N’était-ce pas toujours pour une femme que les guerres se déclenchaient ? C’était romantique comme pensée, hein ? Si la situation n’était pas aussi tendue, il l’aurait bien sortit sa blague, mais ce n’était ni l’endroit, ni le moment. Se penchant légèrement sur la japonaise, il avait les mains posées sur ses épaules.

- Je suis désolé. Il n’est qu’une vulgaire connaissance. Allons-y, tu veux bien ?

Pas comme s’il lui laissait le choix. Se tournant vers Lynton, il lui décocha un regard noir. Il ne savait pas encore tout de l’histoire, et s’il avait su tout ce que le blond avait osé faire sous ses yeux, notamment au niveau de la main baladeuse, il ne lui aurait pas foutu son poing dans la gueule, mais aurait fait pire. Certes, il n’était lui-même pas vraiment mieux dans son genre, mais le chantage, surtout envers des personnes aussi innocentes que Mayumi, hors de question. Ok, peut-être que s’il avait su que la japonaise faisait tout ça pour enquêter sur lui, il aurait été un peu moins offusqué, mais justement, il n’en savait rien.

- Si j’étais toi Lynton, je surveillerais tes arrières. S’il y a bien un truc que je supporte pas, c’est qu’on se comporte mal avec les gens, surtout les femmes.

Menace à peine déguisée. Etait-il sérieux, ou cherchait-il à faire bonne figure devant la japonaise ? Non, il n’était pas ce genre de personnes. Sa menace était tout à fait sérieuse. Si le blond cherchait à revoir la jeune fille alors que cette dernière ne voulait pas, il lui ferait passer un mauvais quart d’heure, pas comme s’il n’en avait pas les moyens. Et puis, ne partait-elle pas bientôt de toute manière ? C’était ce qu’elle lui avait dit en début de soirée non ? Ah non, elle restait seulement quelques jours, avec son oncle. Oui voilà. Guidant la jeune japonaise vers la sortie, il grogna une dernière fois en direction de Lynton, espérant qu’il les laisserait tranquille à présent.

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Who am I ? Just a dream .
Sent to take you, shake you, make you scream .

Tentative d'évasion? Total success! Enfin, c'est ce que le patron de l'immense casino pensait alors qu'il se laissait aller contre son grand bureau en bois. Posant ses larges mains sur la surface lisse derrière lui, un sourire hantant le coin de ses lèvres retroussé dans un air de pure satisfaction, ses fesses avaient pris un appuis relativement léger contre le meuble. N'avait-il pas poussé sa chance un peu loin en osant toucher de cette façon l'invité du chef des SFU? Miko lui aurait crié que si, qu'il était le pire des imbéciles. Mais en même temps, si on lui faisait sauter la cervelle, elle s'en mettrait plein les poches la petite dame et ça, sa ne lui déplairait pas. Après tout, si elle était là, ce n'était pas sans raison et la belle gueule du blond ne suffisait pas, Miko voyait bien au delà de ça. Définitivement. Et franchement, c'est pourquoi elle avait le droit de rester près de lui.

Ne réfléchissant pas tellement à son geste, ni au regard furieux que Edward lui avait lancé, Lynton se contentait plutôt de rire tout bas, redressant une main devant lui pour la regarder attentivement. Il avait bien sentit un organe masculin n'est-ce pas? Oui, complètement. Ça n'avait rien de choquant en fait, Mayumi, si c'était son réel prénom tien, avait un charme bien à elle. Il continuerait d'utiliser le genre féminin, puisque c'est ce que voulait le garçon mais sincèrement, fille ou garçon, lui il n'avait pas de réelle préférence. Enfin, pas tellement et il savait pertinemment que si l'invité du SFU n'avait finalement pas été une énigme, garçon dissimulé sous un masque de femme, il l'aurait probablement oublié une fois le seuil de son bureau passé. Hors, là c'était bien différent. Ce n'était pas tellement la question du pourquoi qui le hantait mais plutôt la réalisation qu'il était tombé sur un filon d'or. Cette idée de se travestir aurait dégouté plus d'un homme, peut-être même qu'Ed n'aurait pas aimé? Mais dans son cas, le blond se trouvait complètement intrigué. Lui-même n'avait pas grand chose à voir avec la normalité, quoi qu'il ne soit pas en position de dire que Mayumi sois anormal aussi. Seulement différente quoi. Et il allait profiter de cette différence? Oui, complètement. Pourquoi ne pas rendre l'utile, agréable! Il ne connaissait rien à l'art mais elle, elle avait un charme intéressant, sa compagnie ne lui déplaisait pas au contraire et puis, Edward serait bien embêté aussi non? Peut-être.

Sauf que voilà, une tornade se trouvait devant son bureau et il entendit clairement la question posé à son garde du corps, question qui tenait davantage de l'ordre d'ailleurs. Son sourire ne pu alors que prendre un peu plus d'ampleur. Excellent, le jeu se corsait, c'est qu'elle avait du caractère la petite, comparé à ses réactions de plus tôt. Elle lui plaisait de plus en plus.

Such a moon - rare - we shouldn't waste .
Very soon - ah - I'll have a taste .

Bien entendue, la grande brute qui remplaçait Evan n'était pas assez futé pour comprendre son boulot correctement et la jeune femme rejoignit la porte sans mal. Lynton salua pourtant sa chance, sachant pertinemment que si ça avait été son petit Evan, elle n'aurait jamais passé le seuil, sous peine de se faire tirer un pied ou un organe du genre. C'est que son petit chien de garde était agressif. Enfin, tout ça l'arrangeait au final et il se redressa alors que la porte s'ouvrait en coup de vent, la jeune tornade se glissant dans la pièce. Un grand sourire éclairait alors le visage de son hôte, visiblement content de revoir sa petite fleur. Parce que dans tous les cas, elle restait une fleur, une bien jolie fleur... Planté devant lui, les bras croisé, elle tenait davantage de l'enfant que de l'adulte. Adorable petite gamine en furie. L'envie de lui tirer une joue et de rire joyeusement, lui vint mais franchement, ça aurait été pousser les choses encore plus loin et pour jouer correctement, il devait la laisser évoluer tout à son aise aussi. Ce serait catastrophique si elle décidait de ne plus jouer, parce qu'il ne la prenait pas au sérieux. Il se contenta donc de la regarder, follement amusé, terriblement intéressé, pratiquement hypnotisé.

Elle exigeait des excuses? Rien que ça. Si Evan avait entendue ça, quelle expression aurait eu son petit chien? Hm, cette idée l'amusait et il se contenta de sourire avec encore plus d'entrain. Enfin, il devait penser à cette réclamation et sérieusement, non? Oui, surement. Les excuses étaient possible, il le savait, il n'était pas d'homme aussi peu orgueilleux que le blond, cette mauvaise habitude masculine l'ayant quitté quand il avait délaissé sa part d'humanité. Ne pas la revoir? Hm, il y songeait. Mais franchement, pour tout dire, ça ne l'arrangeait pas et la moue qui se glissa sur sa bouche, en disait long à ce sujet. Hm, non là je ne crois pas que ce sois possible petite fleur. Malgré tout, c'est un sourire qu'il lui renvoya, comme si tout allait bien, qu'elle était venue discuter de tout et de rien avec lui. De toute façon, il n'était pas loin d'un rendez-vous secret entre amis, non? Lui croyait que si. Mais Lynton croyait toujours ce qu'il voulait.

« Hm alors je suis sincèrement désolé? Mais malheureusement, je ne peux accepter la dernière réclamation- »

C'est tout ce qu'il avait réussit à dire, l'idiot lui servant de protecteur, laissant passer Edward jusque dans son bureau. Mais étonnamment, si l'arrivée de Mayumi avait réjouit le blond, la présence d'Ed ne changea pas grand chose à la donne. Il se contenta de tourner les yeux vers lui, à la fois étonné de le voir et amusé. Alors il jouait les preux chevaliers? Intéressant, c'est qu'il avait une âme noble pour un womanizer. C'était pour impressionner la demoiselle? Elle en avait sûrement vue d'autre, c'était bien dommage tout ça. Ramenant alors ses yeux sur la jeune pousse qui se tenait toujours bien droite devant lui, prête à le tuer avec son regard, il ouvrit la bouche pour finir son petit discours, sur le point de sortir une longue tirade semi-poétique bien à lui. Sauf que le destin, ou plutôt le mauvais tempérament du SFU, en décida autrement. Au lieu de raconter des âneries, Lynton se prit une droite direct sur la mâchoire. Il en avait vue des pires cela dit, l'armée à quelque chose de bon, on ne peut jamais avoir aussi mal que lorsqu'on se fait défoncer la gueule par des ennemis. Merci mon capitaine de nous avoir laisser prendre par les ennemis, maintenant ma mâchoire semble s'être fortifié!

Il y a toutefois une différence entre encaisser et ne pas sentir le coup. Le propriétaire du casino n'était qu'un homme au final et si la force du chef ennemis ne l'impressionnait pas, il avait tout de même réussis à le faire reculer sous le coup. Son corps, projeté près de son bureau, il sentit sa nuque se cogner contre le bois et grimaça un peu, un petit sourire au coin des lèvres, comme s'il relevait là de sa propre maladresse. Un goût métallique se propageait déjà dans sa bouche. Du sang. Il ramena une main contre ses lèvres et découvrit le liquide cramoisie.

You scream .
But there's nobody to hear. It doesn't matter .

Vint alors le petit discours moral sur sa mauvaise conduite. On ne traite pas les femmes ainsi, enregistré! On ne vole pas celle des autres, erreur, erreur. Redressant la tête, il se contenta de sourire avec amusement. Un peu tordu le Lynton? Eh ouais! Qui avait raconté à cette grosse brute d'Edward, que Mayumi était SA femme? Il ne s'avançait pas un peu? Mais le jeu continuait et Edward jouait son rôle avec brio. Un peu plus et Lynton aurait applaudit. Cette façon qu'il avait de tendre son sac à la demoiselle, si on pouvait l'appeler ainsi bien entendue, et de lui mettre sa veste sur les épaules. Bravo, bravo, bellisimo!

Légèrement sonné par le coup, essuyant le peu de sang qui s'entêtait à couler de ses lèvres, le propriétaire des lieux, se redressa doucement. Derrière le couple qui lui faisait face, et qui lui semblait bien mal assortis pour le coup, les chiens de garde d'Ed faisaient face au sien. Pauvre homme, il ne ferait pas le poids, peut-être qu'Evan devrait lui trouver un nouveau remplaçant? Hm, ce n'était pas vraiment le moment de penser à des trucs pareil. Si la bagarre éclatait, lui aussi prendrait des coups. Bon, ça ne l'inquiétait pas tellement, il savait se défendre le joli cœur, s'il le voulait hein, mais ça amoche bien un visage les combats et franchement, ça ne lui disait plus grand chose. Lançant un coup d'œil aux trois hommes, montrant les crocs afin de défendre leur employeurs respectif, le message que renvoyait le visage de Lyn était clair. Pas de connerie les mecs, je suis à la retraite hein, on reste sage. Après tout, ils étaient des gens civilisés. Enfin, lui du moins. Ed, pas sur, pas sur.

Se redressant complètement, il leva une main en signe de paix. Je ne ferais pas de faux mouvement, t'énerve pas Eddy. Tout va bien. Une vulgaire connaissance, c'était le titre qu'il lui avait donné il y avait quelques secondes et ça suffisait à faire encore sourire Lyn. Hm, alors ils n'étaient plus des inconnus? Ça méritait un toast! Mais le regard noir était de retour et au lieu de lancer son idée avec énergie, le blond resta sur place, histoire de ne pas énerver davantage le fauve qui lui faisait face. Des menaces? Hm, il était marrant le chef des SFU finalement. Se passant une main dans les cheveux, le plus naturellement possible, l'autre maculé de sang, il se contenta de rire tout bas. Le coup avait du déranger un peu sa matière grise, il ne faisait plus tellement de sens le petit Alpha, parce que bon, se marrer dans un moment pareil... c'était presque de la provocation. Et pourtant, il riait et avec amusement.

« Ha ha, je crois que tout ceci est une mésentente mon cher ami. Non c'est vrai, vous n'êtes qu'une vulgaire connaissance, pardon... Mais je n'ai rien fais de mal, je ne me suis pas mal comporté, je suis toujours terriblement polis envers les femmes. Je suis certain que Mayumi sera d'accord avec moi, je n'ai lésé aucune femme ce soir... Mayumi? »

Son sourire avait quelque chose de malsain. Je sais quelque chose que tu ne sais pas Eddy, Eddy. Ce n'est pas ta femme, Eddy, Eddy. Ce n'est pas même une femme, Eddy, Eddy.
Mais il se gardait bien de le dire, de un parce que la jeune femme, homme, appelez la comme vous voudrez, avait du faire ça dans un sens bien précis et de deux, parce que bien qu'il soit un salaud, Lyn ne rapportait jamais les infos des autres. D'ailleurs, s'il voulait connaître un peu mieux les activités des SFU, c'était pour son propre bénéfice, au diable son clan, ce qu'il en avait à foutre lui... Lillianne n'avait aucune emprise sur lui, il n'y avait pas de femme capable de l'asservir, ni d'homme d'ailleurs. Non, Lyn ne se soumettait pas, il se contentait de passer, de jouer et de s'amuser un max. Là, il prenait son pied. La jeune femme serait d'accord avec lui bien entendue. Il lui envoya d'ailleurs un regard pétillant de malice. Tu veux que Eddy sache? Mais il n'aurait rien dit, il testait simplement, les humains sont si facilement manipulable, si facilement malléable. Et elle entrerait dans le jeu, refermant le piège sur ses adorables chevilles, laissant Lynton se pourlécher les babines comme il se devait. Il ne pouvait en être autrement.

Tell me no - tease - before we kiss .
Nice and slow - ah - I live for this .

Avançant alors d'un pas, remettant un peu d'ordre dans sa tenue, parce que le coup l'avait décoiffé un peu, il se racla la gorge, sachant que la jeune femme n'aurait d'autre choix que de soutenir ses paroles. Aller, un peu de bonne volonté Mayumi, sois une bonne fille. Je suis gentil non? Approchant encore un peu de l'espagnol, il se calma pourtant pour prendre un air plus sérieux, plus dur. Ça existait vraiment chez lui cet air? Bah ouais mais c'était relativement rare. Il était donc énervé? Pas vraiment, plutôt agacé. Qu'Edward vole à la rescousse de sa compagne, d'accord mais qu'il ose s'imposer de la sorte, alors qu'ils venaient de se rencontrer, parce que bon à voir les questions qu'ils se posaient tout au long de leur rendez-vous, ils ne se connaissaient pas, c'était inacceptable non? Qui était le gentleman ici? Lynton optait pour la troisième réponse: Aucun de ses deux individus. Eh ouais, tu perd des points Eddy! Moi je n'ai rien à perdre. Lancer des paillettes dans les yeux des autres, ce n'était plus son fort, surtout celles en plastique et reluisante. Non, il se contentait d'impressionner par sa personne. D'accord, ce n'était pas efficace à 100% mais c'était mieux que de se ruiner en mensonge et d'omettre dix milles trucs le concernant. Il avait déjà donné donc. Ses yeux passaient de la jeune femme à l'homme qui la tenait sous sa protection et Lynton esquissa un petit sourire, parlant d'un timbre caressant, alors que le chef SFU annonçait presque leur départ.

« Vous partez déjà? C'est dommage... Vous comptez ramener votre femme chez vous, Edward? J'espère qu'elle est d'accord. Sinon, vous lui passerez peut-être les menottes? »

Là, il se remit à sourire, amusé. Il ne pouvait faire autrement et reculant d'un pas, il se lécha la lèvre du haut, cueillant le peu de sang restant. Mayumi ne serait pas d'accord, il était prêt à en mettre sa main à couper. Elle avait du caractère, il suffisait de voir comment elle c'était glissé dans son bureau pour exiger ses excuses. Eddy, tu saurais la tenir? Hmm, pas sur, pas sur. Et c'était ce qui l'amusait. Il y avait matière à conflit entres ses deux là. D'un côté parce que Mayumi était un peu forcée de prendre un minimum la défense de Lynton, de l'autre, parce que la jeune femme ne s'en laissait pas imposer. Edward n'avait pas réalisé qu'elle avait ce côté de battante hein? Amusant, follement amusant! Et il attendait la suite, salivant déjà sur ce qui lui serait servit.

Wait 'til you're really afraid .
You're gunna - ah – ah!

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Des excuses, était-ce gonflé ? Trop demandé ? Non, il ne le pensait pas et quand bien même, qu'y avait-il de plus indécent que le geste de l'homme ? An attendait oubliant petit à petit son rôle. Quoique Mayumi pouvait avoir l'air gentil mais cela dit, elle pouvait très bien avoir son petit caractère quand un homme avait des gestes déplacés envers elle. Bras croisés, il fixait Lynton omettant presque qu'Edward restait seul à leur table. L'inquiétude le rongeait à vrai dire. Qu'est-ce le blond ferait de sa découverte ? Il n'avait aucune raison de le dire au chef de SFU mais il pouvait très bien laisser quelques mots s'échapper histoire de le mettre dans une mauvaise passe. Certains aimaient mettre les autres dans ce genre de situation même s'ils n'avaient rien à y gagner. Juste pour leur petit plaisir. Oui, c'était tout à ça. An ne connaissait pas cet homme et donc il n'avait aucune raison d'avoir confiance en lui. Tout comme, il n'en éprouvait pas pour l'espagnol avec qu'il dînait. Ses lèvres s'entrouvrirent afin de protester. S'ils se voyaient, cela créerait des soupçons. En même temps, cet homme ne savait rien de lui, non ? Alors devait-il réellement en avoir peur ?

Heureusement l'asiatique ne réussit pas à en dire plus évitant que la tornade hispanique ne sache ce qu'il ne devait pas savoir. Dès lors tout se passa très vite et la jeune femme cligna des yeux. Il ne réalisa la scène qu'une fois le coup envoyé. Ses yeux sombres se posèrent sur Ed, alors qu'il se trouvait abasourdi par l'attitude du SFU. Bien trop choqué pour lui hurler dessus en disant qu'il ne lui avait rien demandé. De quel droit, prenait-il un rôle qu'il ne lui avait pas été attribué ? Monsieur, vous vous êtes trompé de casting. Pas d'admiration ou de "merci, mon preux chevalier" dans le regard de la jeune personne. De l'incompréhension s'y lisait. Tout aussi estomaqué par les paroles de son compagnon de soirée, il passa une main dans ses cheveux. Sans réagir, elle l'avait laissé poser sa veste sur ses épaules et avait pris son sac par automatisme.
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« - Êtes-vous en mesure de dire ce genre de choses, Eduardo ? Et soyez correct, je ne suis pas votre femme. »

Et elle aurait pu ajouter qu'elle ne le serait jamais car elle était déjà fiancé ou que son père n'aimerait pas ce genre d'hommes. Qui draguait allègrement au The Gem et donnait des leçons de moral ? Suivez mon regard. Ses yeux s'assombrirent face au manque de respect dont l'homme avait fait preuve. Appelle-t-on une inconnue sa femme ? De quel droit utilise-t-on la notion de propriété ? Mayumi donnait l'impression d'avoir tout avoir. Une bonne situation, de l'éducation, alors se jetterait-elle au cou du premier venu juste parce que ce denier avait des bonnes manières ? Non. Elle ne se laisserait jamais passer la bague au doigt par quelqu'un qui faisait parler ses points même pour la défendre. Les intellectuels ? Oui, elle préférait ceux qui usaient des armes psychologiques. Une vulgaire connaissance ? N'avait-il pas autre chose durant le repas ? Son visage se tourna en direction de la porte. Allons bon, la petite armée personnelle arrivait pour secourir son chef bien aimé. N'était-ce pas merveilleux cette dévotion ? Pas de réponse. Elle avait le sentiment qu'Ed décidait pour elle. Son regard dériva vers Lynton, sa lèvre saignant. L'espagnol ne le savait pas et n'avait pas besoin de le savoir mais la situation était absolument inconfortable pour elle. Loin, elle laissait l'homme parler, un mélange d'agacement et d'ennui se mêlant dans son esprit. An avait envie de rentrer, regarder un talk-show ou de de se laisser glisser dans un bon bain.

Ses pas s'arrêtèrent pourtant sous les mots. Comment ça aucune femme ? D'une, voulait-il faire tomber sa couverture ? Et de deux, de quel droit disait-il ce genre de choses ? S'il n'avait pas mis sa main au niveau de l'entrejambe aurait-il su ? Son corps se retourna. Elle donna son sac à Edward sans se soucier de son regard. Rapidement, ses pas avancèrent vers le blond et ce fut la gifle. Le dos de sa main droite vint rencontrer sèchement la joue de l'homme, faisant preuve d'une force indécelable. Elle en avait giflé beaucoup d'hommes dans sa vie et An vous dirait que la bonne technique était le dos de la main et non la paume. Un bon revers faisait encore plus mal qu'une gifle classique. Ces mots qui n'auraient été rien pour d'autres, lui faisant terriblement mal. Autant de coup de poignards reçus en peu de temps. Il avait envie de hurler qu'il savait qu'il n'était pas une femme. Que la nature avait été odieuse avec lui. Pourtant calme, ses yeux brillaient retenant des larmes qui ne demandaient qu'à s'échapper. Il le détestait. Il les détestait. Ces hommes avec leurs grands airs. Avec leur assurance et leur force. Aucun moment juste un regard aussi sombre que la nuit. Peu lui importait à cet instant. Le propriétaire du casino pouvait le menacer, le faire chanter, cela ne changerait rien. Son corps se tourna et elle humecta ses lèvres, un air dur se dessinant sur son visage. Hors de question de rentrer avec le SFU, il mourait d'envie de pleurer enfermé dans l'habitacle de la voiture. Une seule solution, un taxi. Lynton, ne se tairait-il donc jamais ? Les blagues les plus courtes étaient les meilleures. Laissant son petit caractère s'exprimer, An se dirigea vers le bureau du propriétaire des lieux.

Son sourcil droit s'arqua en entendant les questions que le blond posait à l'espagnol. Lui passer des menottes ? Etait-ce un trip SM de très mauvais goût ou alors une façon très déplaisante de dire qu'Edward devait le museler ? Dans l'immédiat, l'asiatique n'aimait ni l'un, ni l'autre. Prenant ses aises, elle retira le manteau de l'espagnol et le pose avec soin sur le dossier du fauteuil. Il avait été tenté de renverser tout ce qui se trouvait sur le bureau mais ne le fit pas. Comme si Mayumi s'était trouvée dans le bureau de son père, elle s'installa dans le fauteuil. Sa main gauche se saisit du combiné et composa un numéro de téléphone. Bientôt, un homme légèrement endormi lui répondit. Passant une main dans sa nuque, ses doigts libres s'amusèrent à triturer des mèches de jais. Elle paraissait habituée à sa situation et ne s'en formalisait pas. Les deux hommes ne semblaient même plus exister et alors que son regard se perdit dans le vide. Elle parla.

« - Oui, bonsoir pourriez-vous m'envoyer un taxi au Splendide ? D'ici 15 minutes ? Parfait, merci. »

Et elle raccrocha. Ses jambes se croisèrent alors qu'elle bougeait machinalement quelques objets ici et là. Lasse, Mayumi soupira et se leva tranquillement. Tout en dirigeant vers la sortie, elle reprit son sac des mains d'Edward. Sa silhouette prêtait à confusion et malgré les sous-entendus proférés par Lynton dans le bureau, An gardait la tête haute. En silence, il dépassa les gardes du corps et tourna pour se rendre aux toilettes laissant ses messieurs. Sans un mot. Même pas une indication de lieu. Allez tous vous faire foutre. Mais une jeune fille de bonne famille ne disait jamais ces mots même si elle les pensait très fort. Le temps s'écoula et tout en fixant le cadran de son téléphone portable, calé un coin des toilettes, il attendait. Les chiffres tournaient encore et encore. Bientôt le laps de temps le séparant de l'attente disparut. Doucement, il quitta les toilettes, se faisant discret, le petit brun évita d'attirer l'attention.

A la prochaine messieurs ~

L'espagnol haussa un sourcil aux paroles de Lynton. Il n'avait lésé aucune femme ce soir? En était-il au moins sûr? Ce n'était pas l'impression que donnait Mayumi, à s'être levée ainsi de table pour aller lui parler. Abasourdi, il se contenta de froncer les sourcils, comprenant difficilement les paroles qui se cachaient derrière ce sourire malsain. Se reculant légèrement, il se renfrogna doucement. Ce n'était pas du tout le message qu'il voulait faire passer. Evidemment qu'il ne pensait pas que Mayumi était sa femme, loin de là. Il n'imaginait même pas rencontrer de nouveau l'asiatique après cette soirée. Cela avait juste été une façon de parler. Baissant légèrement les yeux, c'était à son tour d'être mal à l'aise. Son irritation était à présent partie. Les espagnols avaient le sang chaud, et il s'était emporté, chose qu'il n'aurait pas dû faire.

- Ce n'était pas ce que je voulais dire...

L'homme se tut à présent. De toute manière, aucun autre son n'aurait pu sortir de sa bouche en voyant ce qui se passait. Mayumi s'était avancée avec détermination pour gifler avec force le blond. Haussant un sourcil, Edward les regarda tous deux d'un air intrigué. Il ne comprenait vraiment pas ce qui se passait entre les deux. Il se doutait que Lynton avait eu quelques gestes déplacés tout à l'heure, mais y avait-il autre chose? Yeux plissés, il se contenta de rester à sa place, silencieux. De toute manière, il avait été bien remis à sa place par les deux, et n'allait pas se faire enfoncer davantage encore. Broyant un peu du noir dans son coin, il écouta ce qu'il se disait. Mayumi était résolument agressive malgré ses airs de anges. Qui aurait pu donc s'en douter? Mais il était vrai qu'il ne fallait jamais sous-estimer les jeunes femmes. Edward avait entendu des histoires qui faisaient parfois vraiment froid dans le dos. Par exemple une jeune femme qui avait caché des crevettes dans les anses du rideau le dernier soir avant de se séparer de son mari. La maison sentait tellement mauvais et son mari et la nouvelle épouse ne trouvant pas l'origine de la puanteur n'arrivaient pas à revendre la maison. Eh bien elle la lui racheta pour pas un sou, jeta les rideaux et put vivre tranquillement dans son ancienne nouveau. C'était bien pour ça qu'il faisait toujours attention à ses conquêtes. Il ne prenait jamais de jeunes filles qui pourraient facilement tomber amoureuses. C'est que cela devenait une plaie après. Il avait beau être un tombeur, briser le coeur des autres n'était pas non plus son hobby.

- Mayumi... ?

Cette dernière s'était avancée pour téléphoner, s'installant tranquillement derrière le bureau du blond. Confus, il la regarda simplement. Que pouvait-il faire d'autre? La retenir? Non, franchement pas son genre, surtout quand la soirée était foutue en l'air de la sorte. Tant pis, on ne pouvait pas tout avoir dans sa vie. Edward restait planté là comme un idiot, à regarder Mayumi, puis Lynton. Lâchant de nouveau un soupir, il attendit donc que la jeune japonaise parte. Autant ne pas rajouter de l'eau sur le feu, il avait déjà fait assez mauvaise impression comme ça. Ca lui apprendra à venir titiller l'ennemi sur son propre territoire tiens! Bonne leçon à retenir. Par contre, si un jour l'idée lui venait de vouloir se débarrasser d'une jeune fille trop collante, il pourrait l'inviter ici. Il serait au moins sûr que le blond se chargerait de la faire changer d'avis.

Laissant la japonaise lui reprendre le sac des mains, il la regarda filer sans rien dire, avant de se tourner vers Lynton. Jetant un regard circulaire au bureau dans lequel ils étaient, il se dirigea vers le mini bar pour attraper un verre et se servir un whisky. Le buvant d'un trait, il pouvait sentir le liquide ambre réchauffer sa gorge. Un bon remontant, ça faisait du bien. Reposant le verre, il fit de nouveau face au blond. Certes, ils n'étaient pas partis sur de bons termes, mais il était certain qu'au fond, si lui et Lynton s'étaient connus sur des termes plus amicaux, tous deux auraient été de bon amis. Ou pas. Lui souriant gentiment, il se dirigea vers la sortie d'un pas nonchalant.

- Bon eh bien le lapin s'est échappé hein? Je vais y aller du coup. Bonne soirée.

Qu'y avait-il d'autre à ajouter? Faisant un signe de tête à ses gardes du corps qui étaient venus le 'secourir', il sortit de la pièce et se dirigea à pas lent vers sa table. Il sortit ensuite son portefeuille pour régler les plats qu'ils avaient à peine manger et s'en alla la tête haute. Un homme devait aussi parfois apprendre à perdre. On ne pouvait pas toujours être le grand vainqueur, mais la prochaine fois, il ne se laisserait pas se faire marcher sur les pieds de la sorte. Dans sa berline noire, il repensa à Mayumi. L'espagnol aurait aimé la voir pour lui présenter ses excuses. Il s'en voulait d'avoir fait passé un si mauvais moment à la jeune japonaise. Soupirant, le che de gang se demandait comment rattraper le coup. De toute manière, il ne fallait pas trop espérer. Et il valait mieux lâcher prise. Il crut voir au loin la fine silhouette de la jeune fille, mais secoua bien vite la tête pour chasser cette illusion.

- Ramenez-moi chez moi.

[Désolée, c'est un peu coouurt!]